Triple Champion de France 2ème Division Production, Ronald Garcès n’avait jamais eu l’occasion de remporter une épreuve du Championnat de France. Une lacune que le natif de l’Aude a tôt fait de rattraper cette saison en imposant son Audi R8 LMS Ultra à six reprises. Six succès qui lui permettent de coiffer une première couronne de Champion de France de la Montagne Production.
Cela fait de nombreuses années que Ronald Garcès s’illustre en Course de Côte. Voilà maintenant une quinzaine d’années qu’il affronte les tracés d’épreuves régionales et nationales, et après avoir accroché le titre de Vice-champion de Ligue Midi-Pyrénées à trois reprises, en 2010, 2012 et 2013, il venait jouer les premiers rôles sur le Championnat de France en 2014. Avec sa Seat Léon Supercopa, il terminait en effet à la deuxième place du Groupe A, avant de remporter le Trophée FFSA de ce même groupe l’année suivante.
En 2016, Ronald Garcès rejoignait le club fermé des pilotes évoluant dans la classe reine du GTTS en alignant une BMW 1M Vortex. Par la suite, la Silhouette sera remplacée par une Porsche 997 Cup avec laquelle Ronald remportait un premier titre de Champion de France de la Montagne 2ème Division Production. Deux autres titres suivront en 2018 et 2019 avant qu’il ne s’attaque, durant la courte saison 2020, aux deux championnats. Résultats : Deux titres de Vice-champions acquis au volant de son Audi R8 LMS Ultra, en 1ère et 2ème Division.
Objectif : Le titre de Champion de France
Il était donc logique pour Ronald Garcès de se relancer sur une campagne de France avec la ferme intention de coiffer la couronne de Champion de France « Clairement, après les résultats enregistrés en 2020, j’estimais qu’il y avait un coup à jouer et que je pouvais légitimement prétendre au titre. »
Au départ de cette saison 2021, Ronald Garcès avait comme atout de bien cerner le maniement de l’Audi avec laquelle il avait eu l’occasion de disputer le championnat la saison précédente : « Le Championnat 2020 s’est cantonné à trois meetings, mais cela m’a permis de bien comprendre le comportement de ma voiture. De ce fait j’étais en confiance car je savais à quoi m’attendre en ce qui concerne le potentiel de l’auto. » La pause hivernale était donc consacrée à quelques ajustements mais rien de révolutionnaire en ce qui concerne les améliorations apporter à l’Audi.
Mais pour confirmer que tout était en ordre sur sa voiture, Ronald Garcès s’engageait sur la Pujada Arinsal, épreuve andorrane qui à la mi-juin ouvrait le calendrier du Championnat de France de la Montagne 2ème Division. Malheureusement, sa participation se soldait par une sortie de route qui allait occasionner d’importants dégâts sur son Audi : « Je me suis fait piéger par un problème d’évacuation d’eau sur mes pneumatiques. En clair, ils n’étaient pas conditionnés pour évacuer toute la pluie sur la route. C’est plus tard que Philippe Planeix, de chez Michelin, m’expliquera que les pneus, dans la configuration adoptée, étaient plus adaptés à des conditions mixtes qu’à une route détrempées… Et en ligne droite, je suis parti en aquaplaning. La voiture a décroché d’un coup et j’ai heurté un rocher à l’arrière avant de taper un poteau à droite. Je me retrouve alors avec un demi-train arrière gauche arraché, plusieurs pièces mécaniques endommagées et des éléments de carrosserie à refaire. Dans mon esprit, vue l’étendue des dégâts, ma saison s’arrêtait là. »
Pour Ronald Garcès il paraissait en effet improbable de trouver des pièces pour effectuer une réparation dans les plus brefs délais, d’autant que le coup d’envoi du Championnat avait lieu le week-end suivant à La Pommeraye : « J’ai immédiatement quitté l’Andorre et dès le dimanche soir j’ai fait un bilan de ce qu’il y avait à faire sur la voiture. »
Mais l’esprit de compétition reprenait ses droits, et c’est en véritable guerrier que Ronald s’attaquait à la réparation de sa voiture : « Je suis parvenu à trouver les pièces auprès de différents teams, mais il a fallu que je me déplace la nuit pour aller les chercher afin de réparer dans la journée. Autant dire que les heures de sommeil étaient limitées. »
Parvenir à rejoindre La Pommeraye tenait presque du miracle, et c’est un Ronald Garcès sur les rotules qui abordait l’épreuve angevine : « J’ai terminé le remontage de la voiture sur place, et je n’ai absolument pas eu le temps de faire la moindre reconnaissance. De ce fait, dans mon esprit, je ne me voyais pas me battre pour la gagne, j’espérais au mieux repartir avec quelques points en poche. » Au final, Ronald plaçait son Audi au deuxième rang derrière l’Alpine A110 d’Anthony Dubois : « C’était quasi inespéré car je n’étais pas vraiment en confiance, et je suis conscient que je profite de l’abandon de Yannick (Poinsignon). »
S’il n’avait pas été obligé de jouer un joker à La Pommeraye, Ronald Garcès savait qu’il se devait de signer un résultat probant à Vuillafans. La mécanique allait en décider autrement : « Les essais se sont bien passés et sur la première montée de course une transmission a cassé à la sortie d’une épingle. La roue arrière s’est délestée et quand elle a retouché le sol, l’impact a fait rompre la transmission. » Une casse qui signifiait un abandon et un coup au moral pour le pilote de l’Audi. : « C’est sûr que j’espérais mieux d’une course comme Vuillafans que j’apprécie particulièrement. On repart sans le moindre point et bien évidemment le doute s’installe. »
Premier succès, suivi de cinq autres !
Le début de week-end à Dunières n’allait pas arranger les choses. Lors des essais l’embrayage de l’Audi se mettait à patiner, ce qui allait contraindre Ronald à changer cette pièce indispensable durant la soirée : « Avec Nico (Granier) et Stéph (Garcia) nous avons réussi à changer l’embrayage ce qui n’est pas une mince affaire sur cette voiture, et ce qui nous a valu de terminer à 3h00 du matin. » Ronald pouvait alors penser que cette saison 2021 ne serait pas celle de la réussite tant il semblait faire preuve de malchance. Mais finalement, dimanche, c’est lui qui se hissait sur la plus haute marche du podium en remportant sa toute première victoire sur une manche du Championnat de France de la Montagne : « Bien évidemment ça restera un souvenir marquant, d’autant que ce succès a été acquis dans la douleur. »
Le combat était donc lancé, et Ronald Garcès devait faire face à un Yannick Poinsignon qui comptait bien défendre chèrement sa peau. Sur la Course de Côte de Marchampt, le duel tournait à l’avantage de l’Audi qui devançait la BMW d’une seconde trois : « Je pensais sincèrement que sur un tracé comme celui du Beaujolais ça allait être compliqué. Ce n’est pas la course sur laquelle je suis le plus à mon aise. Ce ne fut pas facile, d’autant que je découvrais le comportement de l’Audi sur ce parcours, mais le résultat est là. »
En 2020, Ronald Garcès avait eu l’occasion de prendre part au Mont-Dore au volant de son Audi. Une participation qui s’était soldée par deux deuxième places. Cette année, sa connaissance du tracé lui permettait de s’illustrer puisqu’il s’imposait au final avec plus de sept secondes d’avance sur Yannick Poinsignon : « C’est un écart qui est trop important, je pense que Yannick commençait à avoir des problèmes sur sa voiture. En ce qui me concerne, le seul petit bémol c’est que je ne suis pas parvenu à améliorer mes chronos de l’année précédente, mais les conditions n’étaient peut-être pas les plus favorables. »
Yannick Poinsignon hors-jeu, la concurrence n’était pas réellement au rendez-vous à Chamrousse, ce qui finalement ne faisait pas les affaires de Ronald Garcès : « C’est toujours compliqué d’aborder une course quand tu n’as pas de concurrent direct. Tu as toujours tendance à rentrer dans un faux rythme et c’est là que tu commets des fautes. Sur le papier, la victoire semblait acquise, mais il fallait être au bout. » Finalement, tout se passait pour le mieux pour Ronald qui signait là son quatrième succès consécutif.
A Turckheim, Ronald trouvait sur sa route un adversaire de taille en la personne de Nicolas Werver qui, à domicile, se présentait comme l’un des favoris. Ronald aurait pu ne pas se préoccuper de la course du pilote alsacien qui cette année n’était pas inscrit au championnat. Mais pour le pilote de l’Audi, gagner sans panache n’a pas la même saveur, et il tenait à défier l’octuple Champion de France : « C’était important d’aller chercher un succès, c’était un défi personnel de battre Nico sur ses terres. La course était motivante et j’ai pu pleinement m’exprimer », confie Ronald qui accrochait l’épreuve alsacienne à son palmarès.
Le titre en poche, Ronald Garcès aurait pu aborder la Course de Côte de Limonest en adoptant une allure de sénateur. Mais là encore, il tenait à conclure la saison avec panache en allant chercher un ultime succès : « Je me retrouvais dans l’état d’esprit de Chamrousse, sans pression, mais ce n’était pas facile. Sur la première montée d’essais, Christophe (Poinsignon) est devant moi, et même si c’est un pilote hyper rapide, les performances de nos voitures respectives faisaient que je n’étais pas à ma place. Il a donc fallu que je me booste pour finalement m’imposer. »
Victoire avec l’équipe de France aux Masters
Pour conclure en beauté cette saison 2021, Ronald Garcès participait aux FIA Hill Climb Masters, sur lesquels il intégrait l’équipe de France aux côtés de Geoffrey Schatz, Fabien Bourgeon et Kevin Petit. A titre personnel, il lui était difficile d’aller chercher un résultat, son Audi étant engagée dans une Catégorie 1 où l’on retrouvait les Mitsubishi Lancer, véritables Bergmonsters de la discipline : « Ça s’annonçait difficile, mais les vérifications allaient un peu plus compliquer mon week-end. Je me suis vu refuser aux vérifs sous prétexte que mon bas de caisse n’était pas conforme. A l’issue de longue tractations, les commissaires ont accepté que je me présente avec une auto en conformité avant le lendemain 8h00. Là encore, on a bossé toute la nuit pour découper la caisse en alu, replaner, rajouter les renforts, ce fut un travail de fou qui nous a obligé à nous coucher à 6h00 du matin pour se lever une heure après. A 9h00 j’étais au départ, mais pas dans les meilleures conditions. Et même si j’ai pu dormir entre les montées, cela ne m’a pas laissé de temps pour étudier mes acquis et mes vidéos. »
Malgré tout, Ronald ne cachait pas son immense joie de participer à une telle fête, quel que soit le résultat final : « Je n’avais aucune prétention dans la Catégorie 1, mais l’Audi figurait dans le Groupe 2 et là je pouvais espérer jouer quelque chose. Mais je n’ai pas compris pourquoi deux Mitsubishi figuraient dans ce groupe. Elles étaient intouchables, sur un parcours aussi raide avec de grosses relances. Malgré tout je parviens à accrocher le podium du groupe. »
Mais la plus belle satisfaction de ces FIA Hill Climb Masters reste la victoire de l’équipe de France dans la Coupe des Nations. Et Ronald a joué un rôle important dans ce succès : « Au départ de la troisième montée, je me suis rendu compte que nous étions bien placés pour la Coupe des Nations qui, je le rappelle, se joue à la régularité. Geoffrey et Fabien étaient alors à deux dixièmes, Kevin à trois, et j’étais le plus mal placé avec un écart plus important entre mes deux premières montées. J’ai donc joué le collectif pour essayer de réduire l’écart entre mes deux meilleures montées, et finalement c’est moi qui signe le plus petit écart de l’équipe, c’est une belle satisfaction. »
« C’était juste grandiose ! » lâche Ronald lorsque l’on évoque ce week-end au Portugal. « L’organisation, l’ambiance, le nombre de spectateurs et, cerise sur le gâteau, la victoire sur la Coupe des Nations, c’est fabuleux. Nous avons l’habitude de faire un sport individuel, et rouler en équipe, avec des garçons que je côtoie sur les épreuves, mais qui ne sont pas des adversaires puisqu’ils roulent en Sport, c’était vraiment génial. »
Champion de France de la Montagne 2021
Impliqué dans la victoire de l’équipe de France sur la Coupe des Nations, auteur de six victoires sur le Championnat et Champion de France de la Montagne Production, Ronald Garcès tire un bilan plus que positif de cette saison 2021 : « Je pouvais difficilement rêver de mieux, c’est vraiment top ! D’autant que la saison était mal partie, qu’elle fut difficile, mais le résultat est là et je le savoure pleinement. »
Ce titre de Champion de France, Ronald veut bien évidemment le partager avec ceux qui l’ont accompagné cette saison : « Un immense merci à Anouk, ma compagne, la Carrosserie Granier et tout particulièrement Nicolas, Claire de NCR Méca, Stéphane Garcia et Julie ainsi que tous mes autres partenaires : Teknic, Michelin, le Garage Ramon, 1 victoire 1 arbre, LID’A, MC Design, Expertise Contrôle, RS Events. Également un clin d’œil particulier pour l’incroyable entraide à Braga : Dan Bourgeon, Jean-Pierre Gley, Laurent Lafosse, Manu et pour ceux qui ont supporté le bruit toute la nuit : Jean-Pierre Pope, Thierry, Irène, Elodie Lafosse et Sacha. »
Ronald Garcès devrait en toute logique remettre son titre en jeu l’an prochain. Pour l’heure, l’Audi R8 LMS Ultra est à la vente, et si elle trouve preneur Ronald devra envisager un changement de monture : « Mais je n’aurais rien contre le fait de repartir au volant de l’Audi. Nous verrons bien de quoi 2022 sera fait », conclut Ronald.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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