La progression d’Alexandre Bole est pour le moins fulgurante. Le Jurassien, qui a débuté en 2017, a rapidement connu le succès au volant de sa Formule Renault. Cette saison, au sein de la classe DE/7 dans laquelle il évoluait, il a remporté cinq des six courses inscrites au calendrier du Championnat, pour terminer sa campagne de France en leader des Formule Renault.
Dès ses débuts, en 2017, Alexandre Bole s’illustrait en remportant sa classe à Vuillafans. L’année suivante, il s’engageait sur le Championnat, mais une succession de soucis mécaniques l’empêchera de mener à bien son programme et de jouer les premiers rôles au sein du Challenge Open.
En 2019, Alexandre se partageait entre épreuves régionales et des participations sporadiques sur le Championnat. Après un succès de classe à Irancy, il récidivait sur la Course de Côte d’Abreschviller avant de prendre part à Marchampt, de terminer deuxième derrière Gilles Depierre à Vuillafans, de faire un nouveau podium de classe à Chamrousse et de conclure sa saison par une participation à Turckheim : « J’aurais pu m’engager sur le Championnat, mais je savais que pour remporter le Challenge Open il fallait disposer d’une Formule Renault version 2013. Ce n’était pas mon cas et je n’avais pas l’opportunité de pouvoir rouler avec cette voiture de dernière génération. C’est pour cela que j’ai préféré rouler tant en régional que sur le Championnat, mais sans viser de résultat final », explique Alexandre.
Au volant de la F.R. 2013 du Helium Racing
Fin 2019, Alexandre mettait sa Formule Renault à la vente avec l’intention de faire l’acquisition d’une version 2013 : « Mais n’étant pas sûr de la vendre, je n’avais pas non plus la certitude de pouvoir acheter une nouvelle monoplace. De ce fait, j’ai pris contact avec Steeve Gerard pour savoir si la Formule Renault qu’il louait était disponible. Mon objectif était alors de la louer au coup par coup, parce que je ne pensais pas disposer du budget pour participer à un nombre suffisant d’épreuves pour pouvoir m’engager en Open », confie Alexandre.
Finalement, Alexandre Bole et Steeve Gerard parviendront à trouver un accord, ce qui devait permettre au Jurassien de prendre part à huit épreuves du Championnat au volant de la Formule Renault du Helium Racing : « Steeve a consenti à un effort pour que nous puissions monter ce programme et je tiens sincèrement à le remercier. C’est vraiment grâce à lui que j’ai pu saisir cette belle opportunité. »
Une opportunité qu’Alexandre voulait pleinement satisfaire, et pour cela, il estimait devoir préparer au mieux sa saison 2020 : « Dès le mois de novembre, je me suis contraint à une préparation physique et psychologique car je savais que j’allais disposer d’une auto parfaite, au sein d’un top team, et que je ne voulais pas passer à côté de la chance qui m’était offerte. J’estimais que ça devait être mon année, je ne devais pas la louper. » Alexandre profitait même du confinement pour se fabriquer un simulateur, grâce auquel il allait pouvoir travailler au mieux les tracés du Mont-Dore et de Sabran sur lesquels il n’avait jamais roulé.
L’annulation successives des premières épreuves de la saison réduisait le programme d’Alexandre comme peau de chagrin. Finalement c’est sur les pentes du Col de la Croix Saint-Robert, à l’occasion de la Course de Côte du Mont-Dore qu’allait être donné le coup d’envoi de la saison : « Mais avant cela, j’ai pu me familiariser avec la monoplace lors de deux séances d’essais organisées sur le Circuit de l’Anneau du Rhin », précise Alexandre. « Ca s’est très bien passé, j’ai pu découvrir le maniement d’une Formule Renault 2013. J’étais satisfait, mais je n’avais aucune idée de mon niveau de performance puisque nous n’avions pas de chronos et que nous n’étions absolument pas dans un environnement similaire à celui que l’on trouve en Course de Côte. »
C’est confiant qu’Alexandre Bole pouvait rejoindre le Mont-Dore. Le Jurassien avait un bon ressenti avec sa Formule Renault : « Elle est à mon sens plus facile à piloter que la F.R. 2000. Tout est plus simple et elle pardonne beaucoup plus, notamment parce qu’elle renvoie beaucoup plus d’informations. A mon avis, pour un débutant, c’est la voiture idéale, bien plus facile à manier que l’ancienne version. »
Initialement, la classe DE/7 devait être passablement fournie pour cette saison 2020. Alexandre Bole s’attendait à une grosse concurrence : « Je savais que les frères Pernot devaient rouler en Formule Renault, que Stéphane Martinet devait être de la partie, que nous devrions assister aux débuts d’Axel Petit et qu’évidemment Didier Chaumont serait toujours là. De ce fait, j’espérais pouvoir me battre pour la première place mais sans ambitionner réellement de m’imposer. »
Cinq victoires en six courses !
La réduction du Championnat à six courses disputées en trois meetings réduisait de manière assez drastique le nombre d’engagés sur le Championnat, même si sur les épreuves Alexandre allait retrouver de la concurrence. Pas facile donc pour le Jurassien qui découvrait une nouvelle monture, et qui débutait la saison par la découverte d’une épreuve mythique, le Mont-Dore : « C’était une première et je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai trouvé ça génial ! La météo était parfaite, l’organisation était au top, la course a été parfaitement gérée. Et puis j’ai bien aimé ce tracé, même si j’avais un peu de pression, car je voulais impérativement bien faire pour satisfaire tous les membres de l’équipe Helium Racing. »
Et Alexandre pouvait difficilement mieux faire que sa performance sur les deux courses du samedi et du dimanche, où à deux reprises il s’impose devant Anthony Gueudry et Didier Chaumont, pilotes nettement plus expérimentés que lui : « Ce qui est dommage c’est que Etienne (Pernot) soit sorti à cause d’un problème mécanique car je m’attendais à une belle bagarre. Mais pour le reste je signe un temps à neuf dixièmes du record des Formule Renault, et pour une première au Mont-Dore, au volant d’une auto que je découvrais, ce fut vraiment un week-end de rêve. »
A Turckheim, Alexandre Bole évoluait sur les terres du Helium Racing. Et s’il connaissait déjà le tracé alsacien, la pression était tout de même au rendez-vous puisqu’il était hors de question de décevoir son équipe.
La Course de Côte de Turckheim allait donner l’occasion de connaitre une belle confrontation entre jeunes espoirs sur deux les courses du week-end où Alexandre devait batailler ferme face à Marc Pernot et Axel Petit : « Je savais que ça serait très chaud et face à Marc (Pernot) qui roule avec une ancienne Formule Renault, je me devais d’être devant, ce qui bien évidemment rajoute de la pression. »
Une pression qui allait décupler à l’issue de la montée d’essais du samedi : « J’avais le sentiment d’avoir bien roulé, et arrivé en haut je vois que Marc est deux secondes plus rapide que moi… Mentalement j’ai accusé le coup sans toutefois me départir de l’envie de retourner au combat. Et sur la première montée de course, je suis devant en battant le record de Steeve (Gerard). » Alexandre améliorait sur la seconde montée et remportait cette première course alsacienne.
Le lendemain, il récidivait en devançant à nouveau Marc Pernot et Axel Petit : « Axel a été particulièrement impressionnant pour sa toute première course. Quand on voit ses chronos, on se dit qu’il va falloir compter avec lui à l’avenir… Pour ma part j’ai connu là encore un excellent week-end. »
Ce sont les mêmes Marc Pernot et Axel Petit qui allaient lui donner du fil à retordre à Bagnols-Sabran, épreuve qu’Alexandre découvrait cette saison : « J’avoue que lorsque j’ai abordé cette route pour la toute première fois en reconnaissance, ça m’a bien calmé. Quand tu arrives de Turckheim, qui propose un tracé assez large, et que tu te retrouves sur le parcours étroit et sinueux de Sabran, tu n’es pas vraiment serein. Je savais qu’il ne serait pas facile de se lâcher, surtout sur la dernière épreuve de la saison où tu n’as pas envie de terminer sur une mauvaise note. »
Samedi, à l’issue de la première course, on retrouvait une nouvelle fois Alexandre Bole en tête des Formule Renault, devant Axel Petit et Marc Pernot : « Je signe là ma cinquième victoire consécutive, à ce stade là c’est une saison de rêve. »
Mais le dimanche, alors que tout se jouera sur une seule montée avant que la pluie ne fasse son apparition, c’est Marc Pernot qui s’imposait, 77 millièmes devant Alexandre : « Je ne l’ai absolument pas vécu comme une frustration. Au moment où je passe la ligne d’arrivée, je bats le record détenu par Kevin Petit d’une seconde. Mais Marc fait mieux, et quand je suis allé le voir, il m’a avoué, en sueur, qu’il n’avait jamais roulé aussi vite de sa vie. Ca m’a réellement rassuré… Ce fut chaud tout au long du week-end, on s’est battu avec Marc et Axel à coup de dixièmes de secondes. C’était vraiment top ! »
Premier des Formule Renault sur le Championnat
A l’heure de faire les comptes, Alexandre Bole remporte la classe DE/7 sur cinq des six courses du Championnat, ce qui lui vaut de terminer la saison en tête des Formule Renault : « C’est la saison de rêve, au sein d’un team fabuleux. J’ai pu livrer de superbes batailles, le seul truc qui est un peu dommage c’est qu’il manquait de pilotes inscrits au Championnat. De ce fait je ne peux pas dire que j’ai gagné un Open, mais je sais que le résultat est là. »
Cette saison de rêve, Alexandre Bole veut la partager avec ceux qui ont été à ses côtés durant sa campagne : « Un énorme merci à tous les membres du Team Helium Racing, Steeve, Seb, Mathieu, Thomas, Rémy, Max, Luc et J.P. Mon pote Florian, ma copine Julie et mon père Gérard. Merci également à mes partenaires : Castel Damandre, Dekra Salins les Bains, Lacroix Emballages, La Palette Comtoise, Damnon Automobiles, Aviet Motoculture, Gilles Bardey Electricité, Trajectoires Formation Techniques, Therma Salina et Bati Pro. »
Depuis 2017, Alexandre Bole roule en Formule Renault et aujourd’hui, il a le sentiment qu’il est temps de passer à autre chose. Mais pour cela, il veut se donner les moyens de disposer d’une auto compétitive dans une autre catégorie : « C’est pour cela que je vais prendre le temps de la réflexion et que je ne roulerai pas en 2021. J’aimerai bien évoluer vers un Proto ou une Tatuus Formula Master, mais pour l’heure je n’ai pas les moyens. Je préfère donc attendre, réunir le budget pour pouvoir revenir plus fort. Je verrai ce que je suis en mesure de faire, mais il est clair que je prendrai le temps… »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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