La découverte du Championnat de France de la Montagne, à l’occasion de cette saison écourtée, aura permis à Charly Brosset de se jauger face à une concurrence relevée. Le Vendéen aura tôt fait de se mettre en valeur, puisqu’au volant de sa Honda Civic, il remporte le Challenge Open N/3.
A quelques 5 kilomètres du village de La Verrie, où Charly Brosset habitait dans son enfance, se déroulait la Course de Côte de Saint-Aubin. Gérard, le papa de Charly, pompier de son état, officiait sur cette épreuve. Et c’est en spectateur, qu’alors âgé de 5 ou six ans, Charly découvrait l’univers de la course automobile en accompagnant son père : « L’ambiance, le vrombissement des moteurs, les vitesses de passage, sont un ensemble de choses qui ont agi sur moi comme un déclic », se souvient Charly Brosset.
A l’adolescence Charly allait avoir l’occasion de découvrir une autre discipline tout aussi attrayante. En effet, lors des week-ends de pentecôte, c’est en famille que les Brosset se rendaient aux Sables-d’Olonne où se déroulait le slalom du Puits-d’Enfer, auquel ils assistaient en spectateurs.
Sans être des passionnés impliqués dans le sport mécanique, Gérard et Marie-Thérèse Brosset, les parents de Charly, étaient des spectateurs assidus des différentes manifestations sportives automobiles qui se tenaient en Vendée et sur les départements limitrophes : « Adolescent, quand je les sollicitais, ils m’amenaient au Mont-Dore où sur différentes courses qui suscitaient mon attention », poursuit Charly qui à cette époque assouvissait son besoin de compétition dans la pratique du handball.
Premières courses en slalom
Charly Brosset n’est pas du genre à griller les étapes. Et même si l’envie de courir le taraudait depuis de nombreuses années, le natif de Chollet voulait attendre d’avoir consolidé son assise professionnelle avant de se lancer dans la course automobile : « Il n’était pas question que je grève le budget familial pour assouvir ma passion. Et à 43 ans, lorsque j’ai enfin eu une certaine aisance financière, je me suis dit que le moment était venu. »
N’ayant jamais eu l’occasion de s’installer derrière le volant d’une voiture de course, le principal questionnement de Charly Brosset résidait dans le fait de n’avoir aucune certitude quant à ses capacités de savoir correctement piloter : « Je voulais donc débuter sans faire de gros investissements. J’ai donc fait l’acquisition d’une Renault 5 GT Turbo avec laquelle je me rendais sur les épreuves par la route, à son volant. C’est quelque chose que l’on pouvait voir dans les années 70-80, nettement moins dans les années 2010. »
C’est en 2014 que Charly Brosset se présentait au départ de ses premiers slaloms : « J’ai eu l’occasion d’enchainer plusieurs épreuves de ma région mais sans réellement signer de résultats probants », avoue Charly en toute humilité. D’ailleurs, sa carrière sportive aurait très bien pu connaitre un arrêt prématuré : « Sur ma toute première course, ne sachant pas quel était mon niveau, je m’étais dit que si je terminais dernier, j’arrêterais là… J’ai terminé dernier ! », avoue-t-il dans un énorme éclat de rite. Fort heureusement, le Vendéen oubliait cet engagement fait à lui-même et poursuivait, améliorant ses performances au fil des épreuves.
Après une année de bons et loyaux services, la GT Turbo laissait place à une autre ’’soufflette’’, nettement mieux préparée. Charly allait en effet disposer d’une Renault 5 GT Turbo qui s’était imposée en N/4 sur une Finale de la Coupe de France des Slaloms : « Je l’ai gardé pendant un an pour parfaire mon apprentissage, en roulant essentiellement en Slalom et en participant à la Course de Côte de Bournezeau près de chez moi. »
Par la suite, Charly Brosset troquait sa Gt Turbo contre une Peugeot 205 Rallye F2000/1 : « J’évoluais toujours en slalom, et les résultats étaient à présent au rendez-vous puisque j’ai signé plusieurs succès en F2000 à son volant. J’ai même remporté un succès en Production. En Course de Côte j’ai régulièrement terminé en tête de ma classe et avec cette 205 je me suis qualifié pour les Finales des Slaloms et de la Montagne. » L’occasion pour Charly de se rendre à Urcy lors de la finale 2018.
Passage à la Honda Civic Groupe N
C’est au mois de mai 2019 qu’une Honda Civic Type R trouvait place dans le garage de Charly. Une auto qui fait les beaux jours de la classe N/3 et avec laquelle il espérait bien se mettre en valeur. Pour débuter, il participait à sa toute première épreuve inscrite au calendrier du Championnat de France de la Montagne, la Course de Côte de Thèreval – Agneaux. Sur cette édition 2019, il terminait deuxième de la classe N/3 derrière une autre Honda Civic, celle de Ferdinand Loton.
Suite à cela, il participait à plusieurs épreuves régionales, et sera même engagé sur la Pujada Arinsal, Course de Côte disputée en Andorre et comptant pour le Championnat de France de la Montagne 2ème Division : « Durant cette saison j’ai signé une victoire en Groupe N sur la Course de Côte d’Exmes et j’ai participé à la Finale de la Coupe de France sur la Montée des Sarmentelles. » L’occasion pour lui d’échanger avec Ferdinand Loton, pilote très rapide avec une auto similaire : « Nous avons d’excellentes relations et il n’est jamais avare de conseils qui me sont fort utiles. »
Comme de nombreux pilotes de l’Ouest, Charly doit composer avec une situation géographique qui l’oblige à couvrir énormément de kilomètres pour se rendre sur les manches du Championnat de France. D’où son hésitation à relever le défi : « Mais cette année était très particulière. Le calendrier ne comptait que trois week-ends, ce qui professionnellement me permettait de me libérer. J’ai donc décidé de jouer le jeu et de m’engager sur le Championnat. »
La Course de Côte étant sa discipline de prédilection, Charly se donnait l’occasion de réaliser un rêve de gosse : « J’avais envie de découvrir de belles nouvelles épreuves et de me jauger face aux autres pilotes engagés en N/3, même si je savais que ce n’est pas la classe où cette saison nous serions les plus nombreux. Le but n’était évidemment pas de me mettre la pression pour une première saison sur le Championnat. »
Adaptation aux tracés du Championnat
La plus grosse difficulté qu’allait rencontrer cette année Charly Brosset c’était de s’adapter à des longueurs de parcours inhabituelles pour lui : « Je devais à la fois découvrir l’ensemble des courses, mais surtout me familiariser avec des tracés nettement plus longs que ce que l’on rencontre sur les épreuves régionales. J’avoue que sur le Mont-Dore, cela m’a un peu surpris au départ, mais j’ai ensuite pu prendre mes repères. »
Pour sa première participation au Mont-Dore, Charly Brosset accrochait à deux reprises la troisième place de sa classe derrière le Honda Civic Type R de Christophe Demare et la Renault Clio d’Éric Sauteur. Un résultat qui finalement le satisfait : « Je suis un peu déçu d’être aussi loin de Christophe, mais content d’être dans le sillage du deuxième. Cela m’a conforté sur le fait que j’étais tout de même dans le coup alors que j’avais attaqué la saison plutôt prudemment. »
Charly Brosset ne cache pas son admiration face à l’environnement qui lui était proposé à Turckheim : « J’ai été séduit par l’Alsace, mais également par l’organisation, les paddocks, les convois pour se rendre au départ, la mise en place de la prégrille. Pour ce qui est du tracé, il est rapide et j’avoue que j’étais content de rejoindre l’arrivée, car j’ai eu le sentiment que le parcours était encore plus long que celui du Mont-Dore, même s’il me semble plus simple à reconnaitre. Les panneaux placés sur le bord de la route aident bien à prendre ses repères. »
Samedi, sur la première course, Charly Brosset se classait deuxième de la classe N/3 devant la Honda Civic d’un Jean-Noël Claudepierre qui, à domicile, bénéficiait d’une parfaite connaissance du tracé : « J’étais très content du résultat. J’avais comme prétention de bien figurer et pour cela j’avais fait l’acquisition de quatre pneus neufs. J’espérais sincèrement pouvoir jouer la gagne sur la course du dimanche. »
Ce sera le cas… A l’issue de la course dominicale, Charly Brosset imposait sa Honda Civic en tête de la classe N3. Malheureusement, il allait commettre une erreur bien involontaire en quittant le parc fermé avant l’horaire d’ouverture officielle, et de ce fait, le Vendéen était mis hors course : « J’ai vu plusieurs pilotes quitter le parc et je ne me suis pas rendu compte qu’il s’agissait de pilotes étrangers qui avaient terminé avant nous. J’ai suivi le mouvement, sans que personne ne me dise rien. C’est une faute de débutant, j’avoue être un peu déçu, mais dans mon esprit cela n’enlève rien au résultat sur la piste, et c’est que je veux garder à l’esprit. »
En rejoignant Bagnols-sur-Cèze pour participer à la manche de clôture de la saison 2020, Charly Brosset savait à quoi s’attendre : « On m’avait informé que le tracé était étroit et je m’attendais à un profil du type de Saint Gouëno. Mais c’est assez différent finalement. C’est un tracé sympa mais qui demande énormément de concentration et sur lequel il faut vraiment s’en donner la peine pour signer des temps. Mais il offre l’avantage de ne pas privilégier la puissance mais plutôt le pilotage. »
Samedi, Charly devait s’incliner devant un autre concurrent engagé cette saison sur le Challenge Open N/3, Alexis Laurier, qui imposait sa Clio : « Je m’attendais à ce qu’il soit rapide sur ce terrain, et de mon côté j’ai abordé cette journée du samedi en étant peut-être un peu trop prudent. »
Dimanche, une meilleure perception du tracé permettait à Charly Brosset d’améliorer ses chronos et de finalement signer une victoire de classe : « Je me suis vraiment forcé à freiner tard, à accélérer plus tôt, à me concentrer vraiment au maximum, à attaquer sans prendre de risques démesurés. Finalement ça fait un bon temps et je suis quasiment dans les chronos qu’avaient signé précédemment Florian Bartaire avec la même voiture. Je suis vraiment super content de mon week-end. »
Vainqueur du Challenge Open N/3
Pour Charly Brosset, cette première expérience sur le Championnat de France de la Montagne se solde par une victoire dans le Challenge Open N/3. Une belle satisfaction qui vient récompenser les efforts consentis : « A mes débuts, je me disais que je roulerais exclusivement en régional et que je n’aurais jamais accès à des manches du Championnat de France. Finalement, il faut croire en ses rêves et je suis ravi d’être parvenu à m’engager et à accrocher une victoire de classe sur une manche de notre championnat. »
Mais Charly tient tout de même à relativiser ce résultat, et reconnait en toute humilité qu’il aurait pu être bien différent si Christophe Demare avait été présent sur les trois rendez-vous : « Le fait que Christophe ait cassé sa boîte de vitesses m’a été plus que bénéfique », reconnait-il. « Sans cela, quel aurait été le résultat à la régulière ? Christophe était vraiment un adversaire redoutable. »
Outre le résultat sportif, Charly Brosset retiendra de cette saison une fabuleuse expérience humaine : « Ce fut pour moi l’occasion de belles rencontres, ce fut notamment le cas avec Christophe Demare. A Turckheim, j’ai rencontré des pilotes que je ne connaissais pas et qui m’ont chaleureusement accueilli. Je profite de l’occasion pour remercier Alexandre Neulat et son association de cinq ou six pilotes présents à Sabran. Alexandre roule également avec une Honda dans la classe N/3. Nous nous sommes rencontrés à Turckheim, où nous avons sympathisé, et comme Alexandre habite à côté de Bagnols-sur-Cèze, il m’a invité chez lui à l’occasion de la course, et j’ai vraiment eu un accueil hyper chaleureux de sa part et de la part de tous les membres de son association. »
Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Charly Brosset a bénéficié du soutien de partenaires qui n’ont pas hésité à le suivre dans cette aventure : « Je veux aujourd’hui les remercier, et en premier lieu je veux dire un grand merci à ma famille, ma femme Sandrine, mon dernier né Pacôme qui est mon fidèle coach et conseillé, et mes ainés Dorian et Cassandre. Un immense merci à mes partenaire, Jean-Marie Maillet de la Société Chollet Agglo, Anthony Brosset de la Société ABMC à Saint-Martin-des-Tilleuls en Vendée, Wilfried Thomas de la Société Fimurex, le Garage Fièvre (Laurent, Benoît et Rémy) et mon préparateur Atelier Vendée Préparation, et tous ceux qui me suivent et qui se reconnaitront. Un énorme merci aux organisateurs qui ont fait un super boulot pour que les épreuves puissent se dérouler et aux commissaires sans qui rien ne se ferait. Souvent les gens qui sont impliqués dans l’organisation sont plus passionnés que les pilotes eux-mêmes, et on se doit de leur tirer un grand coup de chapeau. »
Pour l’heure, le calendrier du Championnat de France de la Montagne 2021 n’a pas encore été entériné, et de sa divulgation dépendra en grande partie la saison de Charly Brosset : « Si mes obligations professionnelles me le permettent, j’aimerais bien repartir sur un Challenge Open, en disputant la campagne de l’Ouest, en revenant à Turckheim, et en rajoutant quelques épreuves supplémentaires. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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