Nombreux sont les pilotes qui aimeraient égaler les performances de Francis Dosières. Les années n’ont en effet pas de prise sur les chronos du garagiste de Fouchères, qui après plus de 45 ans de carrière derrière le volant, continue à jouer les premiers rôles sur le Championnat de France de la Montagne.
Le Groupe A est depuis plusieurs saisons une des catégories, pour ne pas dire ’’la’’ catégorie, la plus disputée du Championnat. On le doit à trois Mousquetaires qui tiennent le haut du pavé. Parmi eux, le plus titré des Montagnards encore en activité, Francis Dosières. Car même si le pilote Aubois affiche largement 10 ans de plus que le cumul des anniversaires fêtées par ses deux adversaires – Antoine Uny et Jérôme Janny – il ne se prive pas de tenir la dragée haute à ces jeunes talents.
Et cette année encore, c’est au volant de sa Seat Léon Supercopa que Francis avait pour ambition de contester la victoire finale à ses adversaires. Une auto avec laquelle il avait rencontré l’an dernier une multitudes de petits soucis qui l’avaient empêcher d’exploiter pleinement sa monture : « Pour être honnête, en fin de saison 2018 nous avions partiellement réglé les problèmes qui affectaient le comportement de la voiture. Nous avions travaillé sur le châssis, mais je n’étais pas pleinement satisfait du résultat, les problèmes de motricité restaient récurrents », explique Francis qui, grâce à son expérience parvenait à compenser en utilisant différemment sa voiture. « J’ai essayé de jouer sur le couple et de mieux travailler mes départs, mais même en changeant de nombreux éléments sur les trains roulants, nous ne sommes pas parvenus à un résultat qui puisse vraiment me satisfaire. »
En quête de nouveaux trophées sur le Championnat
L’intersaison était donc chargée pour le garagiste de Fouchères qui se devait de résoudre les problèmes de motricité omniprésents tout au long de la saison : « Nous avons beaucoup travaillé, mais le résultat n’était toujours pas à la hauteur de mes attentes et j’ai rapidement compris que j’allais devoir à nouveau composer avec les mêmes soucis », confie le pilote aubois sur un ton fataliste.
Une séance d’essais sur le circuit du Bourbonnais permettait à Francis Dosières d’une part de se remettre en jambe, et d’autre part de valider le travail réalisé durant la pause hivernale : « Mais pris par le temps, nous n’avons pas pu faire autant d’essais que nous le souhaitions. Et puis les essais sur circuit ne sont pas toujours révélateurs de ce que tu vas rencontrer par la suite en Course de Côte. »
Son immense expérience, son palmarès tant national qu’international – Francis a été champion d’Europe dans diverses catégories à de multiples reprises – autorisent le pilote de la Supercopa à afficher de réelles prétentions : « Je savais que cette année encore le Groupe A serait particulièrement disputé. Je pouvais faire confiance à Antoine (Uny) et à Jérôme (Janny) pour cela. Souvent les victoires se jouent à quelques millièmes et de ce fait le moindre grain de sable ou la moindre improvisation interdisent de viser la victoire… Mais j’avais clairement pour ambition de tenter de m’imposer sur le Challenge Open A/5 et de décrocher par la même occasion le Trophée FFSA du Groupe A. »
Un excellent début de saison
Francis Dosières compte parmi les animateurs du Championnat qui sont présents sur l’ensemble des épreuves du calendrier. C’est donc à Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison, qu’il débutait sa campagne : « Pour être honnête je ne m’attendais pas à être aussi bien à Bagnols-Sabran. A l’issue des essais préparatoires, j’étais plutôt pessimiste et j’avoue avoir été surpris de réaliser de bons chronos, ça m’a permis de me mettre en confiance », commente Francis qui pointe au final sixième des Production et deuxième du Groupe A derrière Jérôme Janny.
Dans la foulée, le Col Saint Pierre sera pour Francis Dosières le théâtre de sa première victoire de la saison : « Les chronos intermédiaires m’ont permis de m’apercevoir que je perdais beaucoup de temps sur la première partie du tracé. Nous avons alors retravaillé sur le châssis et la voiture est devenue plus efficace… Le Col Saint-Pierre fut certainement une de mes plus belles courses de la saison. J’ai établi un nouveau record du groupe et je termine avec un écart conséquent devant Antoine », se souvient Francis qui se classe cinquième des Production sur cette épreuve.
En 2016, Francis Dosières évoluait au volant d’une Renault Mégane Trophy, et il s’était imposé en tête du Production sur la Course de Côte d’Abreschviller. Le pilote de Fouchères apprécie le tracé Mosellan sur lequel il signe cette année une victoire de groupe : « J’étais particulièrement bien lors des essais, mais sur la première montée de course, courue samedi, j’ai eu un problème technique avec la boîte de vitesses… Le tracé étant très court, et compte tenu des écarts, j’ai pensé que c’était définitivement perdu pour moi. Dimanche, je réalise le meilleur chronos lors de la deuxième montée, mais au cumul je suis encore loin derrière mes adversaires. Par la suite, j’ai encore grapillé un peu mais ce n’était pas suffisant. Et sur la dernière montée, j’ai fait un pari un peu osé en chauffant les pneus pluie et en prenant beaucoup de risques, et finalement ça l’a fait ! »
Francis Dosières ne connaitra pas la même réussite à Thèreval – Agneaux où il se voit devancé par ses deux adversaires habituels : « Ça vient de moi, je n’étais tout simplement pas dans le rythme », reconnait-il. « Dans ces cas-là, quand tu tentes de forcer la cadence, tu as vite tendance à sur-conduire et ça ne va pas mieux. »
« Sur les courses de l’Ouest, j’étais un peu à l’Ouest », plaisante Francis qui confirme qu’il a eu une nouvelle fois du mal à trouver le rythme à La Pommeraye, mais également à Saint Gouëno : « J’espérais faire mieux en Bretagne, mais lors des essais c’était assez moyen et en course, même si j’y croyais un peu plus, j’étais trop fatigué pour être vraiment performant. » Il faut se rappeler que samedi, lors des essais, Pierre Courroye avait été victime d’une touchette due à un changement d’adhérence, et que Francis et son équipe avait dû travailler jusque très tard dans la soirée pour remettre la McLaren du jeune Franc-Comtois en conformité.
C’est avec de bien meilleures intentions que Francis Dosières se présentait à Marchampt où il allait signer une nouvelle victoire de groupe : « Les essais se sont bien passés et sur la course, ce fut assez serré avec Antoine. Après, moralement, la sortie de Jérôme nous a passablement perturbée, c’est toujours difficile de voir un adversaire abandonner sur un accident. Ça m’a d’autant plus marqué que je m’élançais derrière lui et que j’ai donc vu sa voiture accidentée, et c’est toujours très difficile de voir l’auto d’un de mes rivaux dans cet état. Fort heureusement, Jérôme s’en sort sans blessure, mais du fait qu’il y a une parfaite entente entre nous, c’est toujours frustrant quand l’un de nous manque à l’appel. »
A Vuillafans, Francis Dosières considère avoir joué de malchance, les conditions n’étant pas pour lui les meilleures : « La première montée était certainement la plus rapide, mais je m’élançais derrière un concurrent qui évoluait au volant d’une voiture de rallye (Denis Millet avec une Skoda Fabia R5, Ndr) et qui en coupant les cordes a ramené des pierres et du graviers sur la route, pour moi ça partait dans tous les sens. Heureusement, le Directeur de Course a accepté que nous inversions nos ordres de départ, et je signe le meilleur chrono sur la deuxième montée, mais sur une route moins rapide que lors de la matinée. Et de ce fait, au cumul, je termine au deuxième rang. C’est dommage car là je pense que j’aurais pu jouer la gagne » regrette Francis.
Devancé par Antoine Uny à Vuillafans, Francis Dosières le sera également à Dunières où il devait s’incliner pour quatre dérisoires dixièmes : « Comme ce fut souvent le cas, j’étais bien sur les premières montées puisque je pointe en tête à l’issue des deux premières. Mais Antoine est revenu par la suite en signant un super chrono. C’est le jeu. »
Pour Francis Dosières, la 59ème édition du Mont-Dore sera un véritable chemin de croix : « Je pense que c’est là que j’ai perdu le championnat », estime-t-il. 30ème au scratch, 13ème du Groupe A, le garagiste de Fouchères enregistre dans des conditions climatiques dantesques sont pires résultats de la saison : « Il y avait finalement peu de GTTS au départ, donc de ce fait de gros points à marquer au scratch. Lors des essais j’étais très bien, mais finalement ça me coûte cher car de ce fait je me suis élancé parmi les derniers et donc sous une pluie battante. J’ai essayé de ne pas perdre trop de temps, mais j’ai bien failli sortir à trois reprises… C’est comme ça, c’est la course, c’est la faute à personne. »
A Chamrousse, Francis Dosières allait une nouvelle fois défier Antoine Uny, et au final, les deux hommes ne seront séparés que de 91 millièmes à l’avantage du jeune Franc-Comtois : « Chamrousse est une épreuve sur laquelle je n’ai jamais été vraiment à mon affaire », reconnait Francis. « Et j’avoue avoir été étonné d’être en tête à l’issue des essais et de la première montée de course. Je signe à nouveau le meilleur chrono sur la deuxième montée, mais Antoine est parvenu à me passer devant sur la dernière. Si on occulte le Mont-Dore, cette épreuve de Chamrousse fut particulièrement frustrante, et j’avoue que ce fut dur pour moi de me faire battre pour un écart si faible sur la dernière montée. »
Francis Dosières prendra sa revanche à Turckheim, où il reconnait avoir eu sa part de chance : « J’ai réalisé un super chrono lors de la première montée d’essais où je bats le record du groupe. Sur la première montée de course, j’ai bien failli ne pas être au départ. Je suis en effet installé place de la République et non au parc avec les autres, et un commissaire est venu me voir pour me dire que je n’étais pas dans mon convoi et que je ne prendrais donc pas le départ. Heureusement, la solidarité a joué, et c’est Christophe Uny, le père d’Antoine qui est venu me voir en me disant que Antoine et Jérôme étaient encore au parc, et que vu que je m’élançais derrière eux, il n’y avait pas de raison pour que je ne puisse pas être au départ. Il a fallu négocier avec la Direction de Course, et ce fut un peu compliqué. » Fort heureusement, Francis pourra s’élancer et sera donc crédité d’un chrono : « Il y avait pas mal de plaques d’humidité et j’ai bien failli sortir à deux reprises. Mais malgré tout, Jérôme qui était devant n’était pas si éloigné. »
Par la suite, Francis effleurait une chicane et se voyait pénalisé de dix secondes : « Ce fut pour moi un véritable coup de massue. Là encore il a fallu négocier en mettant en avant que de nombreux concurrents avaient fait des touchettes à cette chicane. Là encore, j’ai bénéficié du soutien de mes adversaires directs, et la pénalité m’a été enlevée. Mais ce fut vraiment compliqué, heureusement ça se termine bien », confie le pilote aubois qui remporte un nouveau succès en Groupe A.
C’est à reculons que Francis Dosières se rendait à Limonest pour affronter un tracé qu’il avoue ne pas apprécier et sur lequel il savait que ses chances de s’imposer étaient minimes : « Au final je termine deuxième, ce qui pour moi était inespéré. Je suis vraiment venu parce que c’était la dernière et que c’était l’occasion de se retrouver tous ensemble. »
Troisième du Challenge, septième du Championnat
Les années se suivent et se ressemblent pour Francis Dosières qui, comme en 2018, termine troisième du Challenge Open A/5 et septième du Championnat de France de la Montagne Production : « Pour moi le bilan reste satisfaisant, même si bien évidemment j’aurais préféré terminer premier. Mais il y a eu divers faits de course, et je garde à l’esprit que je me bats avec des petits jeunes qui ne ressentent pas la fatigue autant que moi. Le fait que je réalise mes meilleurs chronos en début de journée le démontre. Pour moi c’est quand même une belle satisfaction d’arriver à rivaliser avec des jeunes aussi talentueux, ça prouve que je suis encore dans le coup, et l’envie de gagner est toujours là. »
Une envie prégnante qui fait que, l’an prochain, Francis Dosières comptera une nouvelle fois parmi les animateurs majeurs du Championnat : « Logiquement je repars avec la même voiture, le même programme, avec l’espoir de parvenir à devancer les petits jeunes. »
Dans sa quête d’un nouveau titre, Francis Dosières sait pouvoir compter sur le soutien des fidèles : « Je veux d’ailleurs les remercier, en premier lieu mon fidèle mécano Jeannot Natter sans qui il me serait difficile de continuer, merci également à l’équipe de mon ASA, Régis Court et Marc Lafont, Bastien Barbaud, ma fille Juliette qui m’accompagne sur presque toutes les épreuves, mon frère Marc qui est un soutien indéfectible et qui m’accompagne toujours et Claude Lallemode qui m’apporte son soutien. Merci bien évidemment à mes partenaires, Yacco, Michelin, CTF Performance, Seat Jeannin Automobile à Troyes, et rendez-vous en 2020 », conclut Francis Dosières.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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