Habitué des podiums du Championnat, Vice-champion de France de la Montagne à trois reprises – 2014, 2017 et 2018 – Geoffrey Schatz connait à l’issue de cette saison 2019 la consécration, en rejoignant son frère Nicolas sur la liste des Champions de France de la discipline. Dominateur, le jeune Bourguignon a vécu selon ses dires sa plus belle saison, marquée par une réussite tant sportive que technique, et durant laquelle l’aspect humain a une nouvelle fois primé au sein du Team Schatz Compétition.
Lors de la saison 2018, au volant de sa Norma propulsée par un moteur 4 litres, Geoffrey Schatz était parvenu à ajouter quatre nouveaux succès à son palmarès. Ses performances de premier plan lui permettaient de coiffer la couronne honorifique de Vice-champion, mais n’étaient pas suffisantes pour remporter le Championnat. En cause, une auto certes compétitive, mais bien en deçà des E2-SC qui se présentent comme les Protos idoines pour ceux qui prétendre au titre.
C’est donc en toute logique que pour cette saison 2019 Geoffrey Schatz franchissait une nouvelle étape, en optant à son tour pour une Norma en configuration E2-SC : « Seb (Petit) avait clairement démontré que pour s’imposer il fallait disposer d’une E2-SC qui affichait des performances bien au-dessus des CN+. Même si avec la CN+ nous étions vraiment dans le coup, puisque je suis parvenu à améliorer quelques records détenus par mon frère Nicolas », explique Geoffrey Schatz. « Mais la suite logique était évidemment le passage en E2-SC, et lorsque l’on a l’opportunité de travailler en collaboration avec Oreca, on saute le pas allégrement. »
Nouvelle auto, nouveau motoriste pour 2019 !
Le choix du motoriste pouvait surprendre les observateurs de la discipline, mais là encore Geoffrey l’estime totalement cohérent : « Le projet d’une motorisation turbo était novateur, et pour être tout à fait clair, la collaboration avec Oreca aurait dû se mettre en place avec Nico avant qu’il ne se tourne vers les circuits. Le projet était donc déjà dans les tuyaux, restait à le concrétiser. Pour le reste, même si les V8 des F3000 restent toujours très performants, ils sont à présent vieillissants et l’avenir passe par ce type de nouvelle motorisation 1750 cm3 turbocompressée. »
Le nouveau défi que représentait la conception d’une E2-SC et la mise au point d’un nouveau moteur nécessitait de partir d’une feuille blanche. La charge de travail, même si elle s’annonçait passionnante, se présentait comme phénoménale : « On a énormément bossé, et nous avons finalisé le projet que très peu de temps avant Bagnols-Sabran, ce qui limitait considérablement les séances de roulages. A tel point que le jeudi qui précédait l’épreuve d’ouverture de la saison, nous n’avions pas la certitude de pouvoir être au départ. »
Les essais en circuit laissaient entrevoir un énorme potentiel mais ne suffisaient pas à rassurer Geoffrey sur la compétitivité de sa nouvelle monture : « On a toujours des doutes car les essais en circuit ne reflètent jamais réellement ce que nous allons rencontrer par la suite en condition de course. Les performances étaient là, mais nous n’avions aucune certitude que cela se traduirait immédiatement par d’excellents chronos en Course de Côte. »
Triple Vice-champion de la discipline, Geoffrey Schatz ne pouvait avoir d’autres objectifs cette saison que de remporter le titre : « C’était très important pour moi, mais également pour Oreca qui consentait un investissement très important sur ce projet. Je me devais donc d’être au rendez-vous, ne serait-ce que pour leur démontrer qu’ils avaient eu raison de me faire confiance. »
A l’heure de prendre le départ de la Course de Côte de Bagnols-Sabran sur laquelle est donné le coup d’envoi du Championnat, Geoffrey savait disposer d’une auto à très fort potentiel, mais n’avait pas la moindre idée d’où elle allait se situer par rapport à la concurrence. Les chronos n’allaient pas tarder à lui donner la réponse…
Douze succès sur treize épreuves !
A l’heure de faire les comptes, au cumul des deux meilleures manches, c’est avec plus de quatre secondes d’avance que le Bourguignon offrait un premier succès 2019 au Team Schatz Compétition et à Oreca : « Bagnols-Sabran est une course que j’apprécie énormément, mais qui a mes yeux n’est pas représentative des tracés du Championnat. Il est donc difficile de se faire une idée précise des performances de la voiture », analyse Geoffrey. « Le parcours est atypique, tout le monde se remet un peu dans le bain, donc il n’est pas évident de tirer des conclusions d’une course comme Bagnols », relativise-t-il.
« Mais il est clair que ce premier succès fait évidemment plaisir. Nous avions bossé comme des forcenés pour être là, et ce résultat permet de faire un peu retomber la pression car nous savions que l’on nous attendait au rendez-vous. S’imposer avec la record en prime était un vrai soulagement tant pour nous que pour Oreca », ajoute Geoffrey.
La Course de Côte du Col Saint-Pierre, deuxième rendez-vous de la saison, n’offrira pas au leader du Championnat les mêmes satisfactions. Un souci mécanique contraignait Geoffrey Schatz à l’abandon : « En n’ayant pas eu le temps de faire du roulage, on était totalement conscient que la fiabilité pouvait faire défaut en ce début de saison. Et ce qui aurait dû arriver en circuit lors d’essais préparatoires, est survenu sur une course puisque nous n’avions pas fait suffisamment de roulage auparavant », explique Geoffrey.
Mais malgré la déception de cet abandon, Geoffrey parvenait à dégager un aspect particulièrement positif de sa participation au Col Saint-Pierre : « Là, le parcours est révélateur, et pour être performant, il faut être bien partout : Dans les épingles, sur le rapides, sur le sinueux. Si on est performant sur le Saint-Pierre, on est censé être bien par la suite, et lors des essais j’étais vraiment dans le match, ce qui laissait entendre que la suite pouvait être très prometteuse. Dans ce sens-là, le fait d’avoir pu tenir tête aux Italiens (Simone Faggioli et Christian Merli) nous a rassuré. »
La suite de sa saison sera marquée par une succession de victoires, puisque Geoffrey Schatz allait imposer sa Norma sur les onze épreuves qui le menaient au terme de la saison. Des victoires teintées d’une nette domination de la part du Bourguignon : « Ce n’est pas pour autant que la motivation n’était pas là », précise Geoffrey. « Nous avions des records à aller chercher, il fallait également compter avec Cyrille (Frantz) qui, même si lui aussi était en phase de développement, roule très vite et qui ne nous laissait donc pas le droit à l’erreur. Et puis nous avions énormément de développement à faire tant sur le châssis que sur le moteur, donc ce ne fut pas une promenade de santé, loin de là… Après, on ne va pas se mentir, il y a des millièmes que tu ne vas pas chercher si tu n’es pas poussé dans tes derniers retranchements. »
Le changement de réglementation pour cette saison 2019 obligeait également Geoffrey et ses rivaux à être constamment sur le fil du rasoir : « Avec l’addition des deux manches, il n’était pas question de mollir en route, il fallait tout donner, ce qui t’oblige à te concentrer et à être performant sur deux montées. »
La présence d’Oreca sur chacune des épreuves permettait à Geoffrey de disposer d’un technicien en mesure de réagir à la moindre alerte, ce qui est là encore offre une motivation supplémentaire pour se donner à fond : « Arthur était à nos côtés sur toutes les épreuves, et nous étions en contact téléphonique permanent avec la personne qui gérait l’électronique. Ce réel soutien technique nous a permis d’avancer à pas de géant en glanant des informations sur chaque course. »
Chaque victoire a sa saveur, qu’elle soit acquise de haute lutte où après une nette domination tout au long du week-end. Mais Geoffrey reconnait avoir été marqué par certains succès : « Bagnols en premier lieu, puisque c’est la première victoire d’un turbo et qu’elle intervient après plusieurs semaines où nous avions ’’turbiné comme des bœufs’’. Emotionnellement c’est une belle victoire et elle nous a permis d’être plus sereins pour la suite. »
S’il confirme que toutes les victoires sont belles, Geoffrey reconnait que celles de fin de saison, avec l’entrée en lice de Damien Chamberod qui immédiatement alignait d’excellents chronos, avaient une saveur particulière : « Ça a donné un coup de peps au Championnat. Je reconnais qu’à Chamrousse, sur ses terres, il n’a pas fallu se relâcher. C’était d’autant plus compliqué que je devais courir en Slovénie le week-end suivant et que je n’avais donc pas le droit à l’erreur, car en cas de mauvais résultats à Chamrousse, il aurait été impératif que je concentre tous mes efforts sur le Championnat. »
Jeu égal avec les Italiens Stars de la discipline
Après Chamrousse, c’est sur la Course de Côte de Ilirska Bistrica en Slovénie que l’on retrouvait notre nouveau Champion de France. Et sur cette manche européenne, Geoffrey allait marquer les esprits. A l’issue des essais, alors qu’il découvrait le tracé, il se permettait le luxe de devancer les stars italiennes de la discipline, Simone Faggioli et Christian Merli. Le dimanche, en course, il terminait deuxième en intercalant sa Norma entre les Protos des deux italiens : « Je savais disposer d’une auto compétitive, et j’avais envie de voir où je me situais face à ses titans de la discipline. Je me suis donc rendu en Slovénie sans objectif particulier, sans réelle pression, si ce n’est d’être dans les temps de Sébastien (Petit) avec qui j’ai l’habitude de me battre sur notre Championnat… On a bien bossé, on s’est rapidement adapté, et c’est une belle surprise d’accrocher cette deuxième place. »
Vainqueur de douze des treize manches inscrites au calendrier de notre Championnat national, Geoffrey Schatz remporte cette année son tout premier titre de Champion de France, et vient rejoindre dans la liste des vainqueurs son frère Nicolas, septuple champion de la discipline. Une première consécration pour Geoffrey qui avoue avoir vécu cette année sa plus belle saison : « Un premier titre c’est toujours marquant, mais je veux également retenir que j’ai eu la chance de travailler en étroite collaboration avec Oreca qui, non seulement dispose d’une structure professionnelle, mais qui véhicule également de belles valeurs humaines. C’est quelques chose d’important de travailler avec de vrais passionnés, ce qui a permis une parfaite osmose entre notre team et leur équipe. J’ai vraiment pu bénéficier d’un énorme soutien technique et humain, et je suis d’autant plus ravi de partager ce titre avec eux. Tout au long de la saison, nous avons partagé avec Arthur les victoires et les émotions intenses qui en découlaient, et de ce fait se sont créés des liens forts. Je garde toujours à l’esprit qu’un pilote est celui qui amène la touche finale à un tableau, mais que pour parvenir au succès, il y a en amont de nombreux intervenants qui s’investissent sans relâche. Nous sommes dépendants du travail des autres, et lorsque comme cette année ça se passe à merveille, on ne peut que leur en être reconnaissant… Ce fut réellement une très belle aventure, et j’ai hâte qu’elle se poursuivent. »
Pour Geoffrey, la reconnaissance passe par les remerciements qu’il tient à adresser à ceux qui l’ont soutenu : « Un immense merci à Oreca, Assurance Lestienne, Delaye, Le Magasin Des Pilotes, SMCR, Circuit du Bourbonnais, Mâcon Pièces Autos, Digi Service Lyon, Ablock Design, TDSP, P1. »
Il n’est évidemment pas question pour Geoffrey Schatz d’en rester là. Le Champion de France remettra son titre en jeu la saison prochaine, toujours au volant de la Norma E2-SC : « Oreca sera toujours à nos côtés, car après une année de roulage, nous avons encore des choses à développer tant du côté du moteur que du châssis. Je vais donc remettre mon titre en jeu sur un championnat complet, en essayant, en fonction des budgets, de courir quelques épreuves en Europe. Mais il est clair que nous allons privilégier le championnat national. Un Championnat qui s’annonce passionnant avec logiquement l’arrivée de nouvelles E2-SC, ce qui est un atout majeur pour la discipline, et qui ne peut que m’enchanter », conclut Geoffrey.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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