Pilotage, tracés, réglages, choix et nettoyages des pneumatiques… Pour sa toute première saison en sport automobile, Thomas Lefèvre avait tout à découvrir. Cette saison 2018 fut donc celle de l’apprentissage et lui a permis de mieux cerner les rouages de la course de côte, et les différents paramètres à prendre en compte pour réaliser de bons chronos avec sa Seat Léon Supercopa.
L’attrait pour le sport automobile, Thomas Lefèvre l’a acquis très tôt, en observant son père qui, passionné de voiture, s’est toujours intéressé aux belles mécaniques. Propriétaire depuis de nombreuses années d’une Renault 5 Turbo, c’est en loisir que le père de Thomas assouvissait sa passion.
Lorsque l’on aime le sport mécanique, on est enclin à assister aux manifestations qui se déroulent à proximité de votre lieu de résidence. Les Lefèvre ne démordaient pas à la règles, et très tôt Thomas a pu découvrir d’autres modèles que les autos de séries qu’il voyait circuler dans Sélestat, ville dont il est natif : « Nous habitions à proximité de Turckheim, et très jeune j’ai donc découvert la course de côte », se souvient Thomas. « C’est d’ailleurs cette première approche qui m’incitera à faire mes débuts sur cette discipline. »
Mais avant de s’essayer au pilotage, c’est sur les tatamis que Thomas abordait ses premières compétitions : « J’ai fait du judo pendant plus de 15 ans, 6 à 22 ans, et j’ai obtenu ma ceinture noire en participant à des compétitions régionales et inter-régionales. Le judo est selon moi une excellente école de précision et de concentration. »
Ses premières sensations de pilotage, Thomas a eu l’occasion de les ressentir au volant d’une Audi R8 : « C’était en loisir, sur un circuit », se souvient-il. « Par la suite, j’ai eu l’opportunité de prendre part à une course d’endurance avec Audi à Magny-Cours. C’était vraiment super sympa et j’en garde un excellent souvenir. »
Les tous premiers pas en Supercopa
Mais instinctivement, c’est vers la course de cote que le jeune alsacien voulait se diriger. Sans aucune relation, sans connaissance de la discipline et du sport automobile, Thomas ne savait pas comment débuter : « J’ai alors eu la chance de rencontrer Jérôme Janny qui m’a donné de très précieux conseils. J’avais alors une attirance pour la Supercopa, et c’est lui qui m’a conseillé de franchir le pas et de faire l’acquisition d’une Seat. Mais dans mon esprit la Supercopa n’était qu’une Léon un peu modifiée. J’ai rapidement pris conscience que la voiture de série n’avait absolument rien à voir avec le monstre mécanique qui évolue en circuit. »
Pour débuter, Thomas Lefèvre voulait d’entrée de jeu se mesurer aux parcours des manches du Championnat de France de la Montagne, d’où son engagement par le biais du cfm-challenge : « Je voulais découvrir de longs tracés qui me permettraient d’apprendre très rapidement. Et puis on m’avait parlé de l’ambiance qui régnait sur le Championnat et j’avais envie de connaitre cet univers si particulier. »
Il faudra du temps à Thomas Lefèvre pour trouver la Léon avec laquelle il allait disputer ses toutes premières courses : « Je devais débuter ma saison à Abreschviller, mais le temps de trouver l’auto, de préparer correctement ma saison, les semaines sont passées et j’ai accumulé du retard… Et ce n’est finalement que début juillet que j’étais réellement prêt. »
Bien évidemment, Thomas Lefèvre n’avait d’autres prétentions que d’apprendre, de se familiariser avec sa Supercopa, et de cerner les différentes spécificités de la compétition automobile en général, et de la course de côte en particulier : « Et puis cela me permettait de côtoyer des pilotes chevronnés et de pouvoir progresser à leur contact. Rouler aux côtés de Francis Dosières, Jérôme Janny ou Antoine Uny, et pouvoir disposer de leurs conseils et une excellente école. »
C’est donc à Vuillafans, sur un tracé réputé difficile à aborder, que Thomas Lefèvre prenait part à sa toute première course : « J’avais juste eu l’occasion de faire rouler la voiture sur une ligne droite près de chez moi. J’avais donc tout à découvrir, tout à comprendre. Je suis arrivée uniquement sur cette épreuve avec ma voiture et le plateau, et j’ai même fait mon passeport technique avant de prendre part à la course, en collaboration avec Serge Pegolotti. Ensuite, d’entrée de jeu, la voiture a refusé de démarrer, mais finalement avec l’aide de mes adversaires, je suis parvenu à trouver l’origine du défaut. J’ai également appris qu’il fallait ’’rapper’’ les pneus après chaque montée, vraiment j’avais tout à découvrir. »
Mais ce week-end d’apprentissage lui permettra de mieux cerner le maniement de sa Supercopa et de faire énormément progresser ses chronos au fil des montées : « Je garde de cette première participation un excellent souvenir, et il me tarde de revenir sur cette épreuve. »
Après Vuillafans, Thomas Lefèvre se rendait à La Broque pour prendre part à cette épreuve inscrite au calendrier du Championnat de France 2ème division : « C’est pour moi une course à domicile, et j’ai donc pu bénéficier de la présence de mes proches qui sont venus m’aider. Même si je n’avais jamais participé auparavant à cette épreuve, j’avais eu l’occasion d’apprendre ce tracé en reconnaissance à de multiple reprises, je n’étais donc pas totalement en terrain inconnu », confie l’Alsacien. « J’ai pris beaucoup de plaisir, mais les sensations ne sont pas aussi importantes que sur un tracé comme celui de Vuillafans, et il me tardait de retrouver le Championnat et le Mont-Dore. »
C’est en effet dans le Massif du Sancy que Thomas Lefèvre poursuivait sa saison en alignant sa Supercopa sur une des épreuves mythiques du Championnat : « Je n’imaginais pas qu’une route pouvait être aussi propre, un vrai billard. On peut vraiment se concentrer sur les trajectoires, sur les réglages, j’ai découvert une course fantastique. Et puis c’est une sensation très particulière de se retrouver confronter à un pilote tel que Francis Dosières alors que j’ai découvert cette épreuve en visionnant ses vidéos. »
Pour terminer sa saison, Thomas Lefèvre retrouvait son Alsace natale et la Course de Côte de Turckheim. L’occasion pour lui de faire une énorme progression tout au long du week-end : « Sur les trois premières courses j’avais comme seul but de faire progresser ma Seat qui était encore en configuration circuit. Je n’avais absolument pas la prétention de rivaliser avec Jérôme, Antoine et Francis. A Turckheim, je disposais d’une auto mieux réglée, sur le tracé que je connais le mieux car le plus proche de mon domicile, et je me suis dit que pour la première fois, il fallait que je me lâche et que je commence à attaquer. Je m’étais fixé comme objectif de passer sous les 3’25’’, ce qui est loin des meilleurs, mais pour moi un bon résultat. Finalement, je signe un meilleur temps en 3’19’’, donc je suis totalement satisfait. »
Une belle progression et un excellent apprentissage
La réelle progression réalisée par Thomas Lefèvre durant cette saison ne peut que le rassurer et le motiver pour l’avenir : « J’avais une totale méconnaissance de la Course de Côte, et j’ai donc énormément appris cette saison. Ne serait-ce qu’à ce titre, c’est pour moi largement positif. Ensuite, j’ai énormément progressé, je suis donc ravi de cette année de découverte. »
Débutant, Thomas Lefèvre ne dispose pas de soutien de partenaires, mais ses premières prestations pourraient inciter d’éventuels sponsors à se rapprocher de lui. Ce n’est donc pas vers des partenaires que vont ses remerciements mais vers ceux qui l’entourent : « Avant tout je voudrais dire un énorme merci à tous les concurrents parce que j’ai découvert une fabuleuse entraide entre les pilotes qui évoluent sur le championnat. J’ai vraiment bénéficié d’une solidarité et de l’aide de pilotes bien plus chevronnés comme Jérôme Janny ou Antoine Uny. Un grand merci également à ma compagne Adeline (Eck), à son papa Paul, à mon frère jumeau David, à Philippe Wurgel et à Alexis Caspar qui m’a beaucoup aidé sur la première course. »
Le programme de Thomas Lefèvre pour 2019 n’est pas encore défini, « il dépendra en partie de mes obligations professionnelles. Je suis en pleine réflexion, et pour l’heure je pense être au départ des quelques épreuves cette année, pour revenir plus fort sur le Championnat en 2020. Je ne sais pas encore exactement ce que je vais faire », confie le pilote alsacien. « Mais il est clair que je vois mon investissement sur du long terme, et que je ferai tout pour progresser sur ce championnat et tenter à l’avenir de jouer les podiums. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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