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Vice-champion de France de la Montagne 2017, Geoffrey Schatz avait pour ambition de contester le titre durant cette saison 2018. Mais le fer de lance du Team Schatz Compétition était conscient, qu’avec une Norma CN+ arrivée en bout de développement, il lui serait difficile de se hisser sur la plus haute marche. A l’issue d’une saison âprement disputée, le jeune bourguignon accroche comme l’an dernier la place de Vice-champion.
C’est au volant d’une F3000 Reynard 01L Nippon que Geoffrey Schatz avait débuté sa campagne 2017, avant de troquer, à mi-saison, sa monoplace contre la Norma à moteur 4 litres avec laquelle son frère Nicolas avait remporté les titres de Champion de France de 2013 à 2016. Ce changement de monture, intervenu au Beaujolais, lui permettait d’entrée de jeu de s’imposer, et de rester en lice pour la quête du titre. Par la suite, il viendra engranger trois autres succès, pour finalement accrocher, comme en 2014, un second titre de Vice-champion de France.
Les performances enregistrées l’an dernier par Geoffrey laissaient entrevoir une saison 2018 particulièrement disputée, le Bourguignon pouvant légitimement prétendre à la couronne. Seule inconnue, la compétitivité de la nouvelle Norma E2-SC de son principal rival, Sébastien Petit, qui n’avait d’autres ambitions que de conserver le titre.
Pouvoir repartir cette saison au volant de la voiture initialement pilotée par son ainé était déjà pour Geoffrey une excellente chose, mais malheureusement celui qui devenait le fer de lance du Team Schatz Compétition ne disposait pas des budgets pour la faire évoluer en E2-SC : « De ce fait, j’étais totalement conscient que la saison s’annonçait compliquée », débute Geoffrey. « Il faut garder à l’esprit que dans les plannings prévisionnels de la FFSA, l’apparition des E2-SC était prévue pour 2019. Avancée d’un an, la mise en place de cette nouvelle catégorie nous a pris de court. Pour nous, il était difficile de modifier l’auto dans un laps de temps très court, et financièrement ce n’était pas envisageable. »
En étant dans l’obligation de se battre avec une auto différente de celle de son rival, Geoffrey Schatz ne pouvait afficher que des prétentions mesurées : « L’objectif premier était d’essayer de gagner des courses. Après, on ne pouvait pas s’avoir comment aller évoluer les choses, et bien évidemment, le titre restait en point de mire. »
L’intersaison permettait au Team Schatz Compétition de faire subir à la Norma un petit check-up, « mais nous n’avons pas pu apporter de modifications, compte tenue du fait que nous étions en fin de développement sur cette voiture. On repartait donc avec la configuration dans laquelle j’avais laissé l’auto en fin de saison dernière. »
Nouvelles victoires et nouveaux records
Les observateurs de la discipline attendaient impatiemment la première confrontation de la saison, sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, entre les deux versions des Norma M20 FC : La CN+ pour Geoffrey Schatz, et la E2-SC pour Sébastien Petit. Et finalement, pour près de 8 dixièmes, c’est le jeune bourguignon qui aura le dernier mot : « Bien évidemment, ça permettait d’être en confiance, d’autant que l’écart n’est pas dérisoire. Ce n’était pas parfait lors des essais, un peu mieux le lendemain mais sans être encore idéal, mais j’ai de quoi être satisfait du week-end. J’avais alors le sentiment qu’on pouvait encore aller chercher quelques dixièmes avec cette auto. »
Le succès à Sabran était d’autant plus important, qu’à l’heure de se rendre sur le Col Saint-Pierre, Geoffrey savait que le combat s’annonçait difficile : « On avait pu voir lors des précédentes éditions, qu’il était impossible de rivaliser face à la concurrence européenne qui évoluait en E2-SC. Il était donc clair que je n’avais quasiment aucune chance de terminer devant sur cette épreuve », analyse Geoffrey. Deuxième, le Vice-champion de France repart de Saint-Jean-du-Gard avec de réels motifs de satisfaction : « J’ai amélioré le record des 4 litres d’une seconde et demie en réalisant une belle prestation lors de la première montée. Donc pour moi le week-end est satisfaisant. »
C’est en Lorraine, sur le tracé de la Course de Côte d’Abreschviller que le duel entre les deux Norma allait se poursuivre. Une confrontation qui tournait à l’avantage de Geoffrey, qui ne se satisfait pas pour autant pleinement de ce succès : « En début de saison, si l’on m’avait demandé sur quelle épreuve du Championnat j’avais le plus de chance de m’imposer, j’aurais dit sans hésiter Abreschviller. Au final, je m’impose mais avec une avance de seulement 31 millièmes, après avoir réalisé certainement ma plus belle montée de la saison. J’ai le sentiment d’avoir réussi à additionner tous mes meilleurs passages à chaque virage,, ce qui est très difficile à faire en course de côte. C’est à mon sens la seule fois de la saison où j’ai réussi à le faire, et quand on voit le faible écart, j’ai rapidement compris que l’on n’allait pas en gagner beaucoup », analyse Geoffrey.
En Normandie, sur la Course de Côte de Thèreval - Agneaux, le Team Schatz Compétition allait connaitre un fabuleux week-end, en trustant les places sur le podium. Geoffrey remporte cette 37ème édition, en devançant la Norma CN+ de David Meillon, et la 2 litres de Christopher Cappello : « Certes Sébastien (Petit) était absent, mais la course reste la course et l’on ne sait jamais ce qu’il peut arriver. Je me suis donné au maximum et je termine à quelques millièmes du record. Bien évidemment, retrouver trois pilotes de l’équipe sur le podium reste un souvenir fabuleux, à mon sens ça n’était jusqu’alors jamais arrivé sur une manche du Championnat de France. Pour nous ça reste un excellent week-end. »
La campagne de l’Ouest se poursuivait à La Pommeraye et à Saint Gouëno, où par deux fois, Geoffrey qui donnait alors le sentiment de toute donner, sera devancé par son rival pour quelques dixièmes de secondes : « Sur ces deux épreuves je me suis effectivement ’’arraché’’, mais nous avons manqué de fiabilité. Pour combler l’écart en termes de configuration, nous étions dans l’obligation d’être à la limite de l’auto dans chaque virage pour aller chercher les temps records. Avec une auto aussi pointue, on a vite tendance à commettre de toutes petites fautes, mais qui se paient très cher face au chrono. Mais bon, c’est le jeu, j’ai tout donné et n’ai donc pas de regrets. »
A Marchampt, c’est par un infime écart de 189 millièmes que Geoffrey Schatz se voyait devancé par Sébastien Petit : « Là, sur un tracé aussi rapide, je pensais avoir ma carte à jouer… On était vraiment dans le coup, et en tête jusqu’à la dernière manche, je signe d’excellents partiels sur cette épreuve, mais une nouvelle fois on manque un peu de fiabilité, et malgré tout je suis à quelques millièmes seulement du temps réalisé précédemment par Nico. Ça reste donc de très bons chronos », résume Geoffrey.
Le fer de lance du Team Schatz Compétition ne cache pas que la confrontation à Marchampt avait quelque chose de particulière. Elle marquait la mi-saison, et psychologiquement, s’imposer aurait apporté un regain de confiance. Mais sur la confrontation suivante, à Vuillafans, Geoffrey allait prendre sa revanche de la dernière édition, en plaçant sa Norma au sommet de la hiérarchie : « On a connu là un excellent week-end. Je m’impose sur chacune des montées, et malgré la chaleur, je me suis rapproché très près du record », se souvient Geoffrey. « David (Meillon) parvient pour sa part à repasser sur la troisième marche du podium lors de la dernière manche, grâce à cela nous signons un très beau résultat d’équipe. »
Le développement de la Norma E2-SC de Sébastien Petit se poursuivait en même temps que la saison, et pour Geoffrey il devenait de plus en plus difficile de rivaliser : « Seb bat ses précédents records, quand il ne les pulvérise pas de plus de trois secondes. Ça devenait donc très compliqué de se battre », constate le Bourguignon.
A Dunières, Geoffrey était devancé par son rival d’une seconde trois, à l’issue d’une course durant laquelle il avoue ne pas avoir été au maximum de ses capacités : « Je suis loin d’avoir réalisé la course parfaite. Preuve en est, c’est que je suis loin des temps de mon frangin », avoue-t-il. « La voiture ne pouvait peut-être pas aller chercher le chrono de Seb, mais moi je n’étais pas dedans non plus. »
Au Mont-Dore, Geoffrey plaçait une nouvelle fois sa Norma M20 FC au deuxième rang, derrière celle de son habituel adversaire : « Sachant qu’en termes de performances nous n’étions pas vraiment bien, nous avons tenté de modifier certains réglages, mais ça n’a pas été super concluant. Samedi, à l’issue des essais, nous avons tenté de rectifier le tir, et finalement, dimanche, ce n’est que sur la dernière montée que j’ai retrouvé une auto plus à ma convenance. Ça m’a remis en confiance, peut-être un peu trop puisque je ne suis pas arrivée jusqu’en haut… Mais même si j’avais rejoint l’arrivée, ça n’aurait pas fait le temps de Sébastien », concède-t-il en toute honnêteté. « C’est un peu dommage, parce qu’égaler le chrono réalisé par Sébastien l’an dernier m’aurait déjà bien convenu. »
Fin de saison prématurée et regards tournés vers 2019
S’il y a une idée qui ne vient jamais à l’esprit des membres du Team Schatz Compétition, c’est de s’avouer vaincus. Il était donc décidé de tester de nouveaux réglages pour tenter de gommer en partie la différence entre les deux Norma qui jouaient les premiers rôles. Geoffrey abordait donc l’épreuve de Chamrousse avec de nouvelles solutions : « Malheureusement nous n’avions ni le temps, ni les budgets pour mener à bien des essais en circuit. Quand tu apportes des modifs, si ça fonctionne ça peut être formidable, mais si tu pars dans la mauvaise direction ça peut être l’enfer… Et en ce qui me concerne, ce fut l’enfer ! »
Sur le tracé Alpin, lors de la première montée, Geoffrey partait à la faute et occasionnait quelques dégâts sur son Proto, ce qui l’obligeait à renoncer : « Ce n’était pas une grosse faute. J’ai décroché alors que je n’étais pas à une vitesse énorme, aux alentours de 130 km/h, et je suis parti en tête-à-queue. En circuit, ça se serait terminé dans un bac à sable, en course de côte c’est dans le rail… »
Le titre étant joué, au sein du Team Schatz on ne voyait pas vraiment l’intérêt d’investir dans la réparation d’une voiture qui devrait s’avérer caduque pour la saison à venir pour peu que l’on veuille prétendre jouer le championnat. A ce stade de la saison, Geoffrey était d’ores et déjà assuré de conclure l’année en conservant sa position de Vice-champion, autant donc concentrer ses efforts sur le futur : « Continuer n’aurait pas changé grand-chose, et nous aurais obligé à amputer un budget nécessaire à la préparation de la saison à venir », explique Geoffrey. « Réinvestir dans la Norma CN+ était non seulement inutile, mais ça aurait même été une erreur. De ce fait, j’ai préféré faire l’impasse sur Turckheim et Limonest. »
Pour la seconde année consécutive et la troisième fois de sa carrière, Geoffrey Schatz conclut la saison à une position très convoitée, celle de Vice-champion de France. De quoi tirer un bilan largement positif de cette campagne 2018 : « Nous avons réussi à battre quelques records, à enrichir le palmarès de nouvelles victoires, ce fut donc une belle saison », analyse Geoffrey. « Cela faisait quelques années que l’on n’avait plus assisté à de telles confrontations sur le Championnat de France de la Montagne. Le duel fut intense, avec des bagarres à coups de millièmes de secondes, et c’est toujours plaisant tant pour nous pilotes que pour tous les passionnés qui nous suivent. »
Lorsqu’à 27 ans l’on est déjà Vice-champion de France à trois reprises, il est tout à fait légitime de prétendre à la plus haute marche du podium. C’est avec cet objectif que Geoffrey Schatz abordera la saison 2019 : « Mais pour cela il nous faut avoir la certitude de disposer d’une Norma en configuration E2-SC. Nous allons mettre toute notre énergie pour faire aboutir ce projet. Il reste à finaliser tout cela… Et puis la saison prochaine s’annonce plus disputée que jamais, avec l’arrivée de nouveaux concurrents dans la catégorie reine, et même d’un nouveau constructeur », rappelle Geoffrey qui fait référence au projet de Dan et Fabien Bourgeon.
On le voit, la motivation est toujours aussi forte du côté du Schatz Compétition, et une nouvelle fois, Geoffrey Schatz se présente comme un très sérieux prétendant au titre.
Propos recueillis par Bruno Valette
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