Vice-champion de France 2013, Alban Thomas a pris pour habitude depuis de nombreuses années, de jouer les premiers rôles sur le Championnat de France de la Montagne. A l’issue de cette saison 2018, on le retrouve une nouvelle fois dans le top 10, troisième du Challenge Open F3.
Pour la saison 2017, Alban Thomas décidait de changer de monture et d’abandonner la F3000 Reynard 01KL au profit d’une Dallara F303, qui en court de saison laissera la place à une F306. Animateur de la F3, le Lyonnais se classait finalement troisième du Challenge Open. Un résultat satisfaisant pour une première année au volant de sa nouvelle monoplace, et qui l’incitait à poursuivre l’expérience en 2018 : « Il paraissait opportun de mettre à profit les acquis engrangés durant la première année en F3 », analyse Alban. « Le but était de progresser et d’essayer de battre ceux qui m’avaient devancé en 2017, c’est le challenge que je m’étais fixé. »
Toutefois, Alban savait que ses deux principaux adversaires – Billy Ritchen et David Guillaumard – disposaient de montures plus récentes, et qui pouvait s’avérer de ce fait plus performantes : « Bien évidemment, ce fut la grande interrogation durant l’hiver, savoir quel serait le niveau de performance de mes rivaux. Mais je misais sur la nécessaire phase de mise au point qu’ils allaient devoir assumer, et qui pouvait me permettre de les devancer en début de saison. Finalement, il s’est avéré qu’ils ont pu être compétitifs assez rapidement, et j’avoue que je m’attendais à ce qu’ils connaissent plus de difficultés dans la mise au point de leurs nouvelles voitures. »
Alban Thomas, comme la majorité des pilotes évoluant sur le Championnat de France de la Montagne, mettait à profit la longue pause hivernale pour tenter de faire évoluer sa Dallara : « Nous voulions avant tout gommer certains points négatifs que nous avions pu observer durant la saison précédente, améliorer certains comportements de l’auto qui parfois me déplaisaient. Nous avons travaillé pour que je puisse me présenter au départ de la première épreuve dans les meilleures dispositions. »
Premier succès pour débuter la saison
Et d’ailleurs, sur la première confrontation qui se tenait sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, Alban s’imposait en F3 en accrochant la quatrième place au scratch : « Il est clair que sur cette première confrontation tout s’est bien passé pour moi et que j’avais le sentiment que ça allait donner le ton. Mais j’ai pu aussi me rendre compte que ma voiture était vraiment compétitive sous la pluie, peut-être un peu moins performante sur le sec. Mais terminer quatrième, en tête des F3, sur la manche d’ouverture, est une très bonne chose. »
Pour Alban Thomas, le Col Saint-Pierre sera un peu vécu comme une douche froide, sa monoplace ne répondant pas à ses attentes : « J’ai rapidement pris conscience que, sur un tracé comme celui du Col Saint-Pierre, les réglages que nous avions adoptés durant l’hiver ne convenaient pas du tout. Malheureusement, je ne suis pas parvenu à trouver immédiatement ce qui me mettait en défaut. Sous la pluie ça allait bien, mais dimanche, sur le sec, je n’étais pas dans le coup. J’ai su à ce moment là que la saison pouvait s’annoncer compliquée », avoue Alban qui se classait troisième des F3 derrière Billy Ritchen et David Guillaumard.
Les premières montées sur la Course de Côte d’Abreschviller offraient à Alban un regain de confiance, puisqu’il parvenait à placer sa F3 au sommet de la hiérarchie de sa catégorie. Leader tout au long du week-end, il se voyait finalement dépassé par ses adversaires, et par son propre frère Raynald qui, en le devançant de 69 millièmes, le privait de la troisième place : « J’ai fait une touchette sur le haut du parcours », explique Alban. « C’est vraiment dommage car j’aurais bien aimé arriver au bout de cette ultime montée du week-end, qui s’est avérée la plus rapide. A mon sens, sans cet incident, j’aurais pu m’imposer. C’est d’autant plus rageant que sur la montée précédente, nous avions eu droit à un drapeau pour signaler une portion glissante. Sur la dernière montée, le drapeau avait disparu alors que la zone était encore piégeuse… Et suis parti en tête-à-queue. Bon, après, les autres sont passés, moi non, j’étais donc peut-être un poil trop vite, on ne saura jamais si l’erreur vient de moi où de la direction de course qui a estimé que le drapeau n’était plus nécessaire. »
Passage aux pneumatiques Michelin
Changement d’importance pour Marchampt en Beaujolais, puisqu’Alban Thomas décidait de chausser pour la première fois des pneumatiques Michelin : « Je voulais, au moins dans ce domaine, être à armes égales avec mes adversaires. » Contraint de passer par une phase de découverte, Alban ne cachait pas son scepticisme à l’issue des premières montées : « Ça me changeait de d’habitude, mais en fin de week-end j’ai vraiment commencé à me sentir à mon aise après avoir modifié deux ou trois réglages. J’ai finalement abordé ce week-end comme des essais grandeur nature, et je suis donc plutôt satisfait du résultat », confit le pilote de Saint-Didier-au-Mont-d'Or, qui se classe une nouvelle fois troisième des F3.
Il ne faudra pas longtemps à un pilote aussi talentueux et expérimenté qu’Alban Thomas pour bien comprendre le comportement de ses nouvelles gommes. Et dès Vuillafans, il allait s’avérer à nouveau compétitif. Ses performances lui permettaient de livrer un beau combat à Billy Ritchen, pour finalement terminer à quatre dixièmes de l’Alsacien : « Je commençais à prendre confiance et je pense que j’aurais pu être en mesure de battre Billy, mais je n’ai jamais fait de montée parfaite. Sur chacune des manches, je me suis loupé à un endroit ou tout au moins je n’ai pas exploité l’auto à son maximum. Mais je suis reparti de Franche-Comté avec le sentiment que j’allais à nouveau pourvoir me battre. »
La prochaine confrontation aura lieu à Dunières, mais en l’absence de Billy Ritchen, c’est avec David Guillaumard qu’Alban croisait le fer. Au final, Alban s’incline pour seulement douze millièmes de seconde : « J’avoue que j’allais à Dunières à reculons. J’ai vraiment du mal sur ce tracé, et terminer aussi près de David est pour moi un véritable exploit », lâche-t-il goguenard. « J’ai vu la vidéo de David, on peut vraiment dire qu’il est allé la chercher sur la dernière montée, et je l’en félicite. »
Alban Thomas allait prendre sa revanche sur le Mont-Dore, où cette fois il parvenait à devancer David Guillaumard, mais c’est Billy Ritchen qui imposait sa Dallara en tête du Groupe DE : « Le Mont-Dore m’a donné l’occasion de découvrir les nouveaux pneus Michelin, puisque jusqu’alors je disposais de gommes de l’an dernier. C’était très positif, et cela me permet de gagner une place. C’est pour moi très satisfaisant car aux vues des chronos réalisés par Billy l’année dernière, je savais qu’il serait très difficile d’aller le chercher. »
Les résultats enregistrés au Mont-Dore seront confirmés à Chamrousse, où Alban terminait à seulement cinq dixièmes de Billy Ritchen, mais devançait de trois dixièmes David Guillaumard : « J’étais vraiment bien sur cette épreuve, mais je me suis rendu-compte que pour devancer Billy il me fallait travailler sur les détails, notamment sur les rapports de boîte ou être plus soigné sur l’approche même de la course. J’ai pris conscience qu’il fallait que je m’applique, mais je suis très satisfait de mon week-end. »
Une nouvelle fois, Alban Thomas allait se présenter à Turckheim comme l’adversaire le plus coriace de Billy Ritchen qui, sur ses terres, voyait d’un très mauvais œil cette menace permanente : « J’ai essayé de le devancer, mais il a réellement ’’dégoupillé’’ sur la dernière, et là il est impossible d’aller le chercher » avoue Alban dans un sourire. « Mais je suis vraiment content d’avoir pu le faire sortir de ses gonds. »
Sur la dernière confrontation de l’année, disputée à Limonest, c’est cette fois Alban qui évoluait à domicile, et cette ultime manche sera pour lui le point d’orgue de la saison. Vainqueur en F3, il parvenait à monter sur la troisième marche du podium de l’épreuve, en compagnie de Sébastien Petit et de David Meillon : « C’est un moment particulier, sur la course à la maison, en la présence de ma famille et de ma fille Jeanne. Terminer par un succès face à des adversaires comme Billy et David qui m’ont ’’fait suer’’ toute l’année, c’est vraiment réjouissant. Je gagne la première à Bagnols, je termine par une nouvelle victoire, et je goûte à nouveau aux joies que procure un podium… Ça fait vraiment plaisir ! »
Troisième du Challenge Open F3
Un plaisir partagé par tous ceux qui l’ont soutenu et qu’Alban tient à remercier : « Un grand merci à mes tous mes proches et notamment à Cécile (Cante), ma compagne et notre fille Jeanne, ainsi qu'à Eric et Catherine. Merci à mon fidèle partenaire la Menuiserie Gérard Lavigne à Honfleur ; et à un nouveau sponsor, Joachim du Garage des Monts d’Or qui a découvert la Course de Côte et qui s’est dit enchanté par la discipline. »
Neuvième du Championnat de France de la Montagne en 2017, cette année Alban Thomas accroche la septième place, et comme l’an dernier, il termine troisième du Challenge Open F3 : « C’est positif dans le sens où je suis en progression constante sur mes chronos. Après, je dois admettre que mes adversaires ont su faire les bons choix de voitures et aller plus vite que l’année dernière. Ça confirme ce que je savais déjà, que pour rester compétitif il faut constamment se remettre en question et savoir évoluer en termes de matériels. Mais cette année 2018 restera dans ma mémoire comme une très bonne année, avec au final un bilan largement positif. »
La saison 2019 d’Alban Thomas est pour le moment dépendante de la vente de la Dallara F306 : « Je ne sais pas si je parviendrai à la vendre et si tel est le cas, je n’ai absolument aucune idée de vers quoi je me tournerai », avoue Alban. « La seule certitude c’est que je prendrai part au Championnat de France de la Montagne, en essayant d’être dans les meilleures conditions, pour que cette fois ce soit moi qui devance les autres de quelques dixièmes », conclut-il dans un immense sourire.
Propos recueillis par Bruno Valette
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