Depuis plusieurs années, Frédéric Neff fait au volant de sa Porsche 996 Cup, des apparitions sporadiques sur notre Championnat. Des participations aussi rares que teintées de réussite, puisque le pilote Suisse est monté à plusieurs reprises sur les podiums. Pour 2017, il participait conjointement aux Championnats Suisse et Français, et s’est illustré sur ses terres, où il accroche le premier titre de sa carrière.
Moutier, le village d’où est natif Frédéric Neff, est une petite bourgade où la majorité des habitants se connaissent. Et c’est dans ce coin du Canton de Berne que résident deux pilotes dont la renommée a très largement dépassé les frontières helvétiques, Nicolas Althaus (Champion de Suisse des Rallyes en 2012) et Olivier Burri qui compte à son palmarès quatre titres sur ce même Championnat. Dans sa jeunesse, Frédéric ne manquait de suivre avec beaucoup d’attention les prestations de ces deux stars montantes du volant, et il rêvait bien évidemment de les imiter.
Comme la plupart des habitants du Jura Suisse, Frédéric Neff est un adepte du ski, mais c’est vraiment vers la compétition automobile qu’allait sa passion. Et c’est en 1992, alors âgé de 19 ans, qu’au volant d’une Opel Ascona il participait à des courses dites de ’’100 tours’’, sur des petits circuits longs de 1,5 kilomètres : « C’était plus du loisir que de la compétition », reconnait Frédéric Neff. « L’idée d’origine, c’était de prendre de vieilles voitures qui étaient hors circulation et avec lesquelles on pouvait s’amuser. »
Objectif : Rouler en Porsche pour ses 40 ans !
C’est en 1996 que le Frédéric prendra part à ce que l’on peut considérer comme ses vraies premières compétitions, en alignant une Opel Kadett C sur des slaloms locaux qui, en Suisse, disposent de parcours de quatre ou cinq kilomètres : « J’ai roulé sur ces épreuves jusqu’au début des années 2000, en commençant à engranger quelques bons résultats. Ensuite, j’ai consacré deux années à construire la BMW M3 avec laquelle j’ai fait mes premières apparitions sur le Championnat de France de la Montagne. Avec cette auto, j’ai terminé troisième du Championnat Suisse en 2007. »
Au volant de cette BMW hybride, propulsée par un moteur de Proto CN, Frédéric s’illustrera durant de nombreuses saisons, avant de la remplacer par une Porsche à partir de 2013 : « Je m’étais toujours dit qu’à 40 ans je roulerais en Porsche, et finalement j’ai pu réaliser ce rêve », confie le pilote Suisse qui fêtait ses 40 ans en cette année 2013. « Et puis comme dit mon ami Nicolas Werver, une fois que tu as goûté à la Porsche, tu n’as plus envie de rouler avec autre chose. »
Côté programme, c’est chez lui que Frédéric compte le plus grand nombre de participations : « Je dispute avant tout le Championnat Suisse, en essayant d’être au départ de quelques manches françaises, et de prendre part à la Course de Côte d’Eschdorf », précise-t-il. Ses rares apparitions en France étaient toutefois particulièrement remarquées, puisqu’en 2014 il terminait troisième à Chamrousse derrière Nicolas Werver et Pierre Beal, et qu’en 2016, à Abreschviller, il plaçait sa Porsche sur la deuxième marche du podium derrière la Mégane Trophy de Francis Dosières.
Amoureux des épreuves françaises…
Ce ne sont pas uniquement ses bons résultats qui ont incité Frédéric Neff à s’engager en 2017 sur le Championnat de France de la Montagne. Le pilote Suisse reconnait que notre Championnat national présente de nombreux attraits : « Tout d’abord la France dispose de très beaux parcours. Ensuite, je suis ami avec Nicolas Werver et c’est toujours plaisant de se retrouver sur les courses et de passer le week-end ensemble. Parmi les autres atouts, il faut voir que ce Championnat est très relevé, que l’ambiance est extraordinaire, et que l’on ne retrouve pas cela en Suisse. » Et pour confirmer ses propos, Frédéric relate une anecdote : « En 2016, un journaliste Suisse Allemand est venu à Vuillafans pour essayer de comprendre pourquoi autant de pilotes suisses venaient disputer cette épreuve. Dimanche matin, il était à Echevannes, à l’arrivée de la première montée, et là il a vite compris quand il a vu tous les pilotes me saluer, discuter avec moi. Ce n’est pas toujours le cas chez nous… »
Contrairement à la majorité des concurrents engagés en GTTS, Frédéric Neff ne disputait pas en cette saison 2017 l’intégralité du Championnat de France. Son objectif était de s’engager sur les deux Championnats, Français et Suisse, et de favoriser à mi-saison celui sur lequel il serait le mieux classé : « Sur les trois dernières épreuves, les dates étaient concomitantes, je savais donc que je serais à un moment donné obligé de faire le choix entre le Challenge Open GTTS/4 et mon Championnat national. »
Aux portes du podium à Marchampt
La campagne française débutait pour Frédéric Neff sur la Course de Côte d’Abreschviller, où il classait sa Porsche 996 Cup au cinquième rang : « Pour moi le week-end s’est plutôt très bien passé sur une épreuve qui reste un sprint. Sur un tracé aussi court, je n’avais peut-être pas les pneus les mieux adaptés, mais compte tenu des forces en présence, je ne peux qu’être satisfait du résultat. »
A Marchampt en Beaujolais, Frédéric jouera les premiers rôles tout au long du week-end, signant même le deuxième temps sur la deuxième montée de course, pour finalement terminer quatrième, à seulement 42 millièmes du podium et de son ami Nicolas Werver : « J’avais découvert cette épreuve en 2016, et je puis t’assurer que chaque année, si c’est possible, je serai au départ. J’adore cette course disputée dans un cadre magnifique et sur un parcours qui me convient très bien. »
Pour ce qui est de son résultat, Frédéric Neff n’a aucun regret de terminer aussi près du podium : « 42 millièmes c’est dérisoire, et il est clair qu’il aurait fallu que je cravache un peu plus. Après, je suis totalement conscient que la voiture de Nico (Werver) n’était pas encore totalement prête, car à la régulière, il n’est absolument pas question pour moi d’aller le chercher », reconnait Frédéric en toute humilité. « Mais terminer quatrième est pour moi un super résultat. J’ai remporté des courses en Suisse sur lesquelles je n’avais pas le rythme que j’ai eu sur ce Beaujolais. »
La saison se poursuivait à Vuillafans, où malheureusement Frédéric Neff sera victime d’une casse de boîte de vitesse qui l’obligeait à renoncer : « Les problèmes sont apparus lors de la deuxième manche d’essais. Dimanche matin, je suis parvenu à disputer la première manche de course mais je savais que je ne pouvais pas aller plus loin. J’ai demandé au Relations Concurrents si je pouvais me mettre en parc fermé et quitter le meeting avant la fin de la journée. Ça n’a pas été accepté. Le problème, c’est qu’il fallait que je rentre le plus vite possible afin de démonter la boîte, car j’avais une course en Suisse le week-end suivant. Je n’ai donc pas été classé à Vuillafans, et j’avoue que le manque de compréhension des officiels a penché dans la balance, à l’heure de faire le choix entre les deux championnats. »
Champion de Suisse de la Montagne
Frédéric Neff mettait donc un terme à sa saison sur le Championnat de France pour concentrer ses efforts sur son Championnat national : « Finalement, je n’ai pas de regret à avoir, puisque je remporte le titre en fin de saison. » Après avoir terminé troisième en 2007, quatrième en 2008, cinquième en 2009, deuxième en 2016, Frédéric Neff remporte donc le Championnat de Suisse de la Montagne à l’issue de la saison 2017.
Si le bilan sur le Championnat Suisse s’avère excellent, celui sur le Championnat de France est, selon Frédéric, largement positif : « J’ai pris beaucoup de plaisir sur les épreuves auxquelles j’ai participé. L’accueil est très chaleureux, les organisations sont au top, tout s’est très bien passé. » Pleinement satisfait, Frédéric tient à remercier ceux qui l’ont accompagné durant cette saison : « Merci à Egmo qui gère le moteur et la gestion électronique de ma Porsche, et en particulier à Nick Portenier, merci également à Richard et Will de la Carrosserie Winiger, à Alain de J.F. Pneus, à Nicolas Werver qui m’a bien aidé sur le Championnat et à l’ensemble de ma famille, Marlyse ma compagne et son fils Lyan, ainsi qu'à mon fidèle mécano, J.R dit le Champion Suisse des Frauputz. »
Le changement majeur pour 2018 viendra de la voiture dont la configuration va subir quelques modifications : « Elle passe en voies larges et va prendre aux alentours de 10 centimètres en largeur. Nous sommes en phase de construction, et j’avoue que je n’ai pas encore clairement défini mon programme », conclut Frédéric Neff qui, espérons-le, sera à nouveau l’un des animateurs de notre championnat.
Propos recueillis par Bruno Valette