Animateur des épreuves normandes depuis plusieurs saisons, Julien Dupont s’engageait cette saison sur le Championnat de France de la Montagne. Au volant de sa Seat Léon Supercopa, il découvrait les épreuves et termine l’année par une performance de tout premier ordre en remportant, comme en 2016, le Groupe A sur la Finale de la Coupe de France.
C’est Hervé Jean, l’oncle de Julien – qui court aujourd’hui également en Supercopa – qui a transmis, dans sa prime jeunesse, le virus de la course automobile à Thierry Dupont, le papa de Julien. Chez les Dupont, le sport auto fait donc partie intégrante de l’environnement familial.
Thierry Dupont disputait ses premières courses à la fin des années 90, au volant d’une Renault 5 GT Turbo, alors que Julien avait 7 ou 8 ans. Ce dernier ne manquait pas de suivre son père, qui animait les épreuves régionales, participait aux manches de l’Ouest inscrites au Championnat, et se qualifiait à plusieurs reprises pour la Finale de la Coupe.
Après avoir passé durant son enfance ses week-ends dans les paddocks, en 2010, à tout juste 20 ans, Julien prenait la relève de son père. En guise de clin d’œil, il faisait ses débuts également au volant d’une Renault 5 GT Turbo, affichant les mêmes couleurs blanches et jaunes que celle de son papa.
5 GT Turbo, BMW M3 et Porsche 996 Cup
Après une première apparition en slalom en 2010, Julien disputait ses premières courses de côte en 2011, avant de vendre sa GT turbo en fin de saison pour faire l’acquisition d’une BMW M3 3.2 litres. A son volant, il prenait part à plusieurs épreuves régionales, toujours en côte, et devenait rapidement un des hommes forts du groupe N dans sa région. Il se qualifiait d’ailleurs pour la Finale disputée en 2012 à Cassel, et sur laquelle il se classait troisième du groupe N. Une seconde BMW M3 succédera à la première, et Julien s’expatriait de sa Normandie natale pour venir se tester sur les pentes du Mont-Dore.
Par la suite, en 2015, c’est au volant d’une Porsche 996 GT3 Cup que l’on retrouvait Julien Dupont. Au volant de la belle allemande, il sera une nouvelle fois au départ du Mont-Dore.
En 2016, Julien portait son choix sur une Seat Léon Supercopa, toujours avec la ferme intention de prendre part à des épreuves régionales. A l’issue de cette saison, il se qualifiait pour la Finale de la Coupe où il s’imposait en Groupe A, devant Geoffrey Bouhin et son acolyte Sébastien Dupont : « J’avoue que je ne m’attendais pas du tout à ce résultat. Je n’envisageais absolument pas de l’emporter lorsque je suis parti pour Limonest », confie-t-il.
Un tel résultat, face à deux animateurs du Championnat, ne pouvait que faire réfléchir Julien : « Je reconnais que le résultat de Limonest a un peu joué dans la balance à l’heure de décider de mon engagement sur le Championnat de France de la Montagne 2017. L’idée me trottait dans la tête depuis un moment, et l’envie de me confronter à d’autres concurrents que ceux que j’affrontais habituellement en régional l’a finalement emporté. »
Pour ce qui est du choix de la Supercopa, il est vraiment dû à un pur hasard : « Initialement c’est mon père qui roulait en Léon. Il a eu l’occasion de me la faire essayer sur une épreuve, sous une pluie battante, et je me souviens lui avoir dit : ’’Jamais je ne roulerai avec ça’’. Mais en 2016, il a eu des soucis de dos, et il cherchait donc une voiture dans laquelle il se sentait vraiment bien. La Supercopa semblait alors le meilleur compromis. De ce fait on a racheté une Léon, mais il était clair alors dans mon esprit que ce serait là mienne et qu’elle serait réglée pour moi. » Contraint de subir une intervention chirurgicale, Thierry Dupont devait mettre un terme à sa carrière sportive, et c’est donc tout naturellement que la Supercopa échouait dans les mains du fiston.
A la découverte du Championnat
Exceptés Hébécrevon, Saint Gouëno et le Mont-Dore, Julien Dupont n’avait jamais eu l’occasion de prendre part à des épreuves du Championnat. En s’engageant sur le Challenge Open en 2017, il entrait de plain-pied dans un nouvel univers, et n’avait d’autres prétentions que celle d’apprendre : « Je voulais avant tout découvrir. Découvrir de nouveaux tracés, des nouvelles personnes, une nouvelle ambiance. Je ne m’étais pas fixé d’objectif particulier en termes de résultats. »
C’est chez lui, en Normandie, que Julien Dupont débutait sa saison sur le Championnat à l’occasion de la Course de Côte de Thèreval – Agneaux : « C’est une des épreuves que je connais le mieux. Je suis donc arrivé sans pression et tout s’est très bien passé. Je suis particulièrement content de mon week-end », confie Julien qui termine treizième au scratch et quatrième du groupe A.
La Pommeraye sera pour Julien une découverte, et le jeune Normand reconnait que l’approche de cette épreuve le changeait radicalement des régionales qu’il avait eu l’habitude de courir jusque-là : « Malheureusement, j’ai peut-être voulu trop en faire, et je suis sorti dans le gauche juste avant l’arrivée. » Plus de peur que de mal, puisque Julien parvenait à rejoindre l’arrivé, mais la Supercopa laissait entrevoir les traces du rail sur l’un des côtés : « C’était ma première sortie et j’avoue que ça m’a un peu contrarié. » Malgré ces déboires, Julien accrochait la cinquième place du groupe.
Malheureusement pour lui, le scénario allait se reproduire à Saint Gouëno, où une nouvelle fois il était victime d’un choc contre le rail : « J’avais, je pense, des envies de revanche, et ce n’est jamais bon. Et dans le droite juste avant le Fer à Cheval, je suis allé à la faute. Avec l’aide de Francis Dosières, j’ai pu refaire le train avant et me relancer. Mais par la suite la météo s’est détériorée, et il n’était plus question d’améliorer », se souvient Julien qui termine quatrième du groupe.
En ce début de saison, Julien Dupont se laissait prendre au jeu du Championnat, et par deux fois il partait à la faute, à cause de ce qu’il qualifie d’un excès de confiance : « Je n’avais jusqu’alors jamais tapé, et ces incidents de parcours m’ont obligé à mettre ma saison en stand by l’espace de quelques semaines, pour revenir mieux armé sur le Mont-Dore en étant un peu plus en confiance. »
Dans le Massif du Sancy, Julien abordait un tracé qu’il connaissait bien pour avoir précédemment participé au Mont-Dore avec sa BMW et sa Porsche : « Je savais où je mettais les roues, et de ce fait j’étais plutôt à mon aise. Mais ce que je retiendrais c’est avant tout l’ambiance. Depuis le début de saison, nous formions une bonne bande de copains avec Francis (Dosières), Jérôme (Janny) et bien évidemment Seb (Dupont) qui est un ami. Sur cette épreuve, nous nous sommes vraiment fait plaisir, et nous avons vécu un excellent week-end. Ça restera un excellent souvenir. »
De sa Normandie, Julien mettait en fin de saison cap à l’Est pour rejoindre l’Alsace et la Course de Côte du Turckheim qu’il allait découvrir. « Cela fait des années que l’on entend parler de cette épreuve, et on se disait qu’un jour nous irions à Turckheim. Mais ce fut un week-end compliqué car nous sommes partis sur le tard, que nous sommes arrivés en Alsace le vendredi à midi après avoir roulé toute la nuit. J’ai dû monter cinq ou six fois à côté de Sébastien pour reconnaitre, mais je m’endormais, donc je n’avais qu’un très léger aperçu du parcours », plaisante Julien. « Mais ce tracé est fabuleux et ce fut au final un week-end magique. »
59 millièmes devant Sébastien sur la Finale !
En dehors du Championnat, on a pu voir Julien sur la régionale de Thèreval – Agneaux où il remportait le Groupe A en terminant troisième du Production. A Saint Pierre de Varengeville, Julien accrochait la deuxième place du Groupe derrière son ami Sébastien Dupont : « C’est nous qui organisons cette épreuve, et Seb avait un problème avec sa voiture. Je l’ai confié aux soins de notre préparateur qui est parvenu à résoudre le souci. En guise de remerciement, Sébastien me bat », lâche Julien totalement hilare.
S’il y a un domaine dans lequel Julien excelle, c’est bien celui de l’esprit sportif. A Etretat – Bénouville, où il terminait troisième du Production, il voyait la victoire en groupe A lui échapper au profit de son oncle, Hervé Jean, à qui il avait prêté des pneus pour pouvoir courir : « Il n’avait plus de gommes, je n’allais pas le laisser comme ça ! »
Sélectionné pour la Finale qui se tenait à Quillan, Julien Dupont faisait l’impasse sur Limonest pour se rendre dans l’Aude : « Il fallait faire un choix. Je ne pouvais pas faire deux déplacements aussi longs en l’espace d’une semaine. J’ai donc privilégié la Finale. »
L’atmosphère de cette Finale 2017 allait être très particulière. Vainqueur en 2016, Julien remettait son titre en jeu, et son ami et homonyme Sébastien, estimait être en mesure de lui contester la victoire. Complices tout au long de la saison, les deux hommes allaient devenir des rivaux acharnés l’espace d’un week-end : « C’était très spécial, un sentiment atroce… On a dû se décrocher deux mots avant le départ, mais par la suite, chacun était dans son coin. Après l’arrivée de chaque montée, lorsque l’on se croisait après le demi-tour, on ne se regardait même pas. »
Cette Finale sera également marquée par la violente sortie de route de Hervé Jean, l’oncle de Julien : « Il a terminé à l’hôpital et s’en tire bien, mais pour moi la fin du week-end était compliquée. » A l’heure de faire les comptes, pour 59 millièmes, Julien arrache la victoire à Sébastien : « Je suis parti le couteau entre les dents sur la dernière avec la larme à l’œil parce que je n’avais pas de nouvelle de mon oncle. Seb et moi, on s’est battu comme des chiffonniers tout au long du week-end, mais après la dernière on s’est tombé dans les bras et bien évidemment on a fêté ça ensemble. »
A nouveau présent en 2018
Sixième du Challenge Open A/4, vainqueur du Groupe A sur la Finale de la Coupe de France, Julien peut être satisfait de cette saison 2017 : « Tout est positif puisque j’ai pris un plaisir intense, que je n’ai pas cassé l’auto, que j’ai fait de superbes rencontres et que je m’impose sur la Finale. Que demander de mieux ? Je garde un excellent souvenir de ma première participation sur le Championnat. »
Des souvenirs que le jeune normand souhaite partager avec ceux qui l’ont soutenu tout au long de l’année : « Un grand merci à tous les Normands présents à la Finale, à mes parents Thierry et Annie, a mes partenaires CTF Performance, Fromager Dépannage, Idecov Publicité et bien évidemment tous ceux qui m’ont suivi cette saison, avec un petit clin d’œil à Stéphane Yvray. »
Il y a de fortes chances que l’on retrouve Julien Dupont sur le Championnat 2018 : « L’objectif est de repartir sur un Challenge Open, en essayant si on peut d’étoffer le calendrier, et de prendre part à des régionales en vue d’une nouvelle qualification pour la Finale », conclut Julien.
Propos recueillis par Bruno Valette