C’est à 65 ans passé, que Jean-Jacques Louvet a disputé sa toute première course automobile. Depuis, en l’espace de quatre ans, il est devenu l’un des animateurs les plus assidus du Championnat de France de la Montagne. Un animateur dont la gentillesse et la décontraction égale l’envie de bien faire. Et pour Jean-Jacques, bien faire c’est avant tout continuer à progresser. Progrès et régularité, tels ont été les maitres-mots de cette saison 2017, qui l’a vu rejoindre l’arrivée de chacune des montées.
Lorsque l’on décide de débuter une carrière de pilote à plus de 65 ans, ce n’est pas avec comme objectif de décrocher un titre. Le seul vrai adversaire de Jean-Jacques Louvet, c’est le chrono. Les performances de ceux qu’il pourrait considérer comme ses adversaires, l’entrepreneur lyonnais n’en a cure, son unique objectif est d’essayer d’améliorer ses temps au fil des épreuves.
Avec Olivier Augusto, l’homme des débuts
Pour cette saison 2017, c’est à Olivier Augusto que Jean-Jacques Louvet confiait la maintenance de sa Norma 2 litres. Olivier, qui est en grande partie à l’origine des débuts de Jean-Jacques en course de côte, est aujourd’hui un ami, qui est devenu un associé au sein d’un garage automobile dans lequel les deux hommes ont investi. Pour Jean-Jacques, courir avec Olivier était une sorte de retour aux sources : « On peut considérer qu’Olivier m’a mis le pied à l’étrier avant de me confier aux bons soins de Nicolas Schatz. J’ai roulé tout d’abord sous l’égide d’Olivier, qui a rapidement considéré que pour me perfectionner, il fallait que j’intègre un team professionnel comme celui de Nico. J’ai appris, engrangé de nombreux conseils, et aujourd’hui il me semblait que le temps était venu de retrouver Olivier », explique Jean-Jacques.
Si Jean-Jacques est entré en part dans le garage Montbel, c’est Olivier Augusto qui gère cette agence Renault. De ce fait, ces dernières années, il n’avait que très peu de temps à consacrer à la course : « Mais pour 2017, il a considéré qu’il pouvait s’accorder un peu de loisir, et nous avons donc décidé de courir ensemble sur le Championnat de France de la Montagne. »
Après trois saisons durant lesquelles il a affronté à plusieurs reprises les épreuves du Championnat, Jean-Jacques commence à mieux connaitre les tracés : « De ce fait, j’ai pour ambition d’essayer d’améliorer mes chronos. J’y parviens sur certaines épreuves, c’est plus difficile sur d’autres », confie le Lyonnais. « J’ai constaté également que j’étais plus à mon affaire sur des parcours humides que sur le sec. Je pense que cela vient en grande partie du fait que je ressens mieux les limites d’adhérence sur le mouillé. Et puis parfois j’avoue que je n’ose pas mettre le pied dedans, là encore c’est un signe de sagesse qui est dû au temps qui passe. » Jean-Jacques ne désespère pas pour autant de poursuivre sa progression : « Je n’envisage pas de défier les jeunes plein de talent qui évoluent aujourd’hui en CN/2, mais j’espère bien continuer à améliorer mes temps pour me positionner au milieu de la meute. »
A l’arrivée de toutes les montées
La saison de Jean-Jacques débutait à Bagnols-Sabran où, sous la pluie, il parvenait à tirer son épingle du jeu avant de connaitre quelques difficultés sur le sec : « Je roule bien, mais il y a deux ou trois endroits où je n’ose toujours pas. »
C’est le passage au Belvédère qui allait causer quelques soucis à Jean-Jacques Louvet à l’occasion de la Course de Côte du Col Saint-Pierre : « Je ne sais toujours pas pourquoi, puisque lors de la précédente édition tout s’était très bien passé, mais cette année j’avais du mal sur ce secteur. »
Un tracé court et facile à assimiler, tels sont les ingrédients de la Course de Côte d’Abreschviller que Jean-Jacques affectionne tout particulièrement : « J’ai amélioré mes chronos sur un tracé qui me plait vraiment, je suis donc pleinement satisfait. »
Après ce passage par la Lorraine, Jean-Jacques Louvet entamait la campagne de l’Ouest. Après avoir passé un excellent week-end à Thèreval, où là encore il apprécie le parcours, il avait quelques soucis sur les 2.43 kms de La Pommeraye : « C’est une belle épreuve, mais j’ai du mal à m’y faire. Il y a beaucoup d’endroits où il faut passer à fond et je reconnais que je n’y arrive pas. » Mais Jean-Jacques retrouvera la confiance à Saint Gouëno où il améliorait ses chronos malgré une météo difficile.
A Marchampt, où les pilotes atteignent des vitesses vertigineuses, Jean-Jacques lâchait quelques dixièmes sur certaines portions : « Les passages entre les maisons où il faut ne pas hésiter, j’ai tendance à lever le pied », reconnait-il. « Mais pour le reste c’est une de mes épreuves préférées et je me suis vraiment fait plaisir même si je n’arrive pas à savoir pourquoi j’ai perdu une seconde et demie. »
S’il peut se targuer de n’avoir jamais enregistré le moindre abandon sur aucune des montées de la saison, Jean-Jacques Louvet a bien failli compromettre cet exploit à Vuillafans : « Je ne sais pas ce que j’ai fait exactement, mais j’ai tapé un rocher. Cela a occasionné quelques dommages sur l’auto, mais je suis tout de même arrivé au bout, alors qu’il n’y avait plus grand-chose qui tenait. L’inconscience de la jeunesse », avoue-t-il hilare.
Autant Jean-Jacques apprécie Marchampt et Vuillafans, autant il reconnait que le manque d’adhérence du tracé de Dunières ne lui convient pas vraiment : « J’ai beaucoup d’appréhension, et n’étant pas à mon aise, je ne prends pas de plaisir. » Mais au Mont-Dore, il retrouvait un tracé plus à sa convenance, même s’il reconnait n’avoir pas encore une parfaite connaissance du tracé : « Je me cherche encore par endroit, notamment sur le milieu du parcours. »
La Course de Côte de Chamrousse allait révéler par la suite un souci sur la Norma de Jean-Jacques Louvet : « Sur cette épreuve en altitude, nous avons pris conscience que j’avais un problème avec une sonde altimétrique, et que de ce fait je perdais pas mal de puissance depuis le début de saison. Nous avons pu changer la sonde entre deux montées, ce qui m’a permis de gagner de précieuses secondes et d’améliorer mes chronos des précédentes éditions. »
A Turckheim, Jean-Jacques connaissait un week-end sans encombre durant lequel, là encore, il améliorait ses chronos avant de rejoindre Limonest, dernière confrontation de la saison, et épreuve disputait pour lui à domicile : « Je connais bien l’épreuve, mais ce n’est pas pour autant que c’est ma tasse de thé… On est souvent à mi-régime, et il n’est pas facile de se lâcher sur ce tracé. »
Progrès et régularité
Jean-Jacques Louvet ne joue bien évidemment pas les premiers rôles au sein du Challenge Open. Mais ses performances sont plus que louables. Il faut en effet garder à l’esprit qu’il a débuté sur le tard, qu’il va fêter cette année ses 70 ans, qu’il est de ce fait le vétéran des concurrents évoluant en Proto, et que maîtriser une Norma 2 Litres n’est pas à la portée du premier venu. L’entrepreneur Lyonnais peut donc s’enorgueillir d’avoir réussi sa saison : « Ce que je retiendrais avant tout c’est que durant cette saison j’ai pu effectuer toutes les montées d’essais et de course. C’est assez exceptionnel pour être noté, et ce qui démontre qu’Olivier a réalisé un excellent travail de fiabilisation de ma voiture. » Pour ce qui est de ses performances, dans l’ensemble elles satisfont notre pilote : « Dans la majorité des cas, j’ai amélioré mes chronos d’une demie, voire d’une seconde, ce qui pour moi est très satisfaisant. En revanche, sur quelques rares épreuves, comme à Marchampt, je suis assez loin de mes performances précédentes, et je n’ai pas compris pourquoi. »
N’ayant aucune prétention au sein du Challenge Open et du Championnat, Jean-Jacques n’a pas pris le soin d’adapter sa voiture et d’en modifier les réglages sur chacune des épreuves : « J’avais une boîte de vitesses unique et certainement mal étagée pour l’ensemble de la saison. Mais bon, ce n’est pas bien grave, l’essentiel était de se faire plaisir, pas de viser des records. »
Les records, Jean-Jacques les laisse à sa fille Sarah, qui à l’issue de cette saison 2017 coiffait une première couronne de Championne de France. Un exploit dont le papa n’est pas peu fier, d’autant qu’il fut à la génèse de la passion de sa fille pour la course automobile : « Bien évidemment c’est une énorme fierté, mais également une vraie surprise. Je savais Sarah compétitrice, et je me souviens que Nico (Schatz) m’avait dit qu’elle serait un jour Championne de France, mais j’avais du mal à croire qu’elle puisse relever un tel challenge. Faire preuve d’une progression aussi fulgurante, remporter le titre après seulement trois ans de compétition est un véritable exploit, je ne peux qu’être comblé. »
Finalement, Jean-Jacques Louvet n’a qu’un seul regret, celui de ne plus avoir le temps avec Olivier Augusto de participer à des épreuves régionales. Mais pour le reste, le Lyonnais a pu pleinement s’épanouir au sein d’une structure où la convivialité règne en maitre.
L’intersaison aura été mise à profit pour faire une révision sur la Norma : « Je vais pouvoir m’élancer sur le Championnat 2018 avec une nouvelle boîte et une auto dont les réglages ont été revus », confie Jean-Jacques que l’on retrouvera sur l’ensemble des épreuves inscrites au calendrier 2017 : « Toute sauf une, puisque Sarah et Rémi ont décidé de se marier le 26 mai prochain, durant le week-end de La Pommeraye, où nous serons bien évidemment absents. Malheureusement ils avaient arrêté la date avant la parution du calendrier, et il n’était plus possible par la suite d’en changer. »
Jean-Jacques Louvet vit pleinement sa passion, et bien évidemment tient à remercier ceux qui le suivent dans cette aventure, et tout d’abord ses partenaires : « Dynelec situé à Toulouse, le Garage Montbel situé à Brignais, Global Hydro. Un énorme merci à Olivier (Augusto) et à Jérôme qui ont été d’une grande patience à mon égard et qui m’ont fourni tout au long de la saison une auto au top. Merci à Sarah qui me soutient sur toutes les épreuves et avec qui j’ai le bonheur de partager cette passion pour le sport auto. »
Propos recueillis par Bruno Valette
Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Jean-Jacques Louvet.