C’est avant tout pour évaluer son niveau, que Christian Boullenger décidait cette saison de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne, et de se confronter à l’élite du F2000. Bien lui en pris, puisque le Normand n’a pas manqué d’aligner les bons résultats au volant de sa Clio, pour finalement monter sur le podium du Challenge Open F2000.
Lorsque son beau-frère s’essayait en rallye, Christian Boullenger était encore adolescent. Le jeune normand portait alors un regard curieux sur la passion de ce rallyman amateur, et ne manquait pas suivre de près ses prestations. Attiré par le monde de la compétition automobile, Christian décidait à son tour de s’installer derrière le volant d’une voiture de course. Des moyens financiers limités le poussaient vers une des disciplines les moins onéreuses, le slalom, et c’est au volant d’une Renault 4 cv qu’il disputait ses premières courses.
Il ne faudra pas longtemps avant que la 4 cv ne soit équipée d’un moteur 1300 Gordini, ce qui permettait à Christian Boullenger de connaitre ses premières sensations de pilotage. En ce début des années 70, le natif de Saint Christophe sur Condé concentrait ses efforts sur les slaloms de sa région. Par la suite, c’est au volant d’une Rallye II Groupe S qu’il poursuivait son implication en slalom. Mécanicien industriel de formation, Christian prenait un réel plaisir à faire évoluer lui-même ses voitures, en leur apportant des modifications dont il était à l’origine. Côté programme, il se partageait alors entre slaloms et courses de côte, ce qui lui permettra d’établir le record du tracé de la classe 1300 en Groupe S sur le Mont-Dore, record qu’il détiendra durant plusieurs saisons.
Slaloms, côtes, rallyes, circuit… Christian sur tous les fronts !
Les proches de Christian Boullenger ne pouvaient pas manquer de suivre sa progression. Passionné également de sport automobile, son cousin, Didier Samson, allait alors lui venir en aide en devenant son principal partenaire : « Cela m’a permis de franchir un nouveau cap et de me lancer en rallye au volant d’une Peugeot 205 GTI », se souvient-il. « J’ai disputé la Coupe Peugeot durant trois saisons et je me suis classé régulièrement parmi les dix premiers au scratch. Mais en 1989, alors que j’étais en tête de la Coupe, j’ai sérieusement endommagé la voiture lors d’une sortie de route », confie Christian, pourtant peu habitué à aller à la faute. Il vendait alors sa Peugeot en l’état, et faisait l’acquisition d’une F2 propulsée par un moteur 2 litres.
Au volant de cette monoplace, Christian prenait part à quelques manches du Championnat de France : « Lorsque l’on vit en Normandie, participer au Championnat n’est pas chose facile, car géographiquement l’on est éloigné de la majorité des épreuves. Mais malgré tout je prenais part régulièrement à La Pommeraye, à Turckheim et au Mont-Dore. »
Mais le coût d’exploitation de la F2 s’avérait rapidement élevé, et Christian décidait de se tourner vers les circuits, en s’engageant sur les Rencontres Peugeot avec une 309 S16 : « Je me suis imposé lors des deux premières saisons, mais par la suite, j’ai trouvé que l’ambiance qui régnait en circuit ne correspondait pas à mes attentes, et j’ai préféré jeter l’éponge. »
Une saison décevante, l’envie de passer plus de temps en famille, différentes raisons qui incitaient alors Christian Boullenger à raccrocher casque et gants, et à mettre entre parenthèses le sport automobile. Il faudra attendre une dizaine d’année avant que le Normand ne se décide à faire son retour à l’aube de la saison 2005 : « Durant la période pendant laquelle je n’ai pas couru, j’ai été gravement malade, ce qui m’a fait aborder les choses autrement. Les priorités ne sont alors plus les mêmes, et j’ai eu envie d’assouvir pleinement ma passion. L’approche était toutefois différente, l’aspect compétition devenait pour moi secondaire, et c’est avec comme seul but de me faire plaisir que j’ai acheté la Clio Cup avec laquelle j’évolue encore aujourd’hui. »
C’est l’attrait de disposer d’une boîte séquentielle qui incitait Christian à opter pour une Clio Cup, et au volant de sa Renault il prenait part à plusieurs rallyes et courses de côte : « Le Rallye offre de belles sensations, mais reste une discipline onéreuse, c’est pour cela qu’à partir du début des années 2010, j’ai décidé d’axer mes participations exclusivement sur la côte. »
« Je voulais voir où j’en étais… »
A l’approche des ses 70 ans – il les fêtera durant ce mois de janvier – Christian Boullenger voulait savoir quel était encore son niveau de pilotage, d’où l’idée de se mesurer aux animateurs du Championnat de France de la Montagne. C’est pour cela qu’il décidait, début 2017, de s’engager sur le Challenge Open F2000 : « Je savais qu’il y avait des pilotes rapides, je voulais voir si j’étais en mesure de rivaliser. Je me doutais bien qu’à mon âge il serait difficile de concurrencer face à de jeunes pilotes, tout le monde n’a pas le talent et la motivation de Jean Turnel », estime Christian, qui sera finalement l’auteur durant la saison de bons résultats.
La saison de Christian Boullenger débutait à Thèreval où il plaçait sa Clio à la quatrième place du F2000 : « C’était ma première épreuve de l’année, il fallait que je retrouve mes marques. Je n’étais pas encore vraiment dans le coup », reconnait-il.
Mais dès La Pommeraye, le Normand retrouvait un rythme plus incisif, ce qui lui permettait d’accrocher la troisième place, derrière Samuel Durassier, et à seulement cinq dixièmes de la Clio de Mathieu Moimeau : « Je pense avoir commis quelques erreurs de réglages, ça fait partie de la course, mais pour le reste je suis satisfait de mon week-end et du résultat. »
Si Jean Turnel dominait les débats à Saint Gouëno, Christian Boullenger terminait une nouvelle fois sur la troisième marche du podium en étant devancé de seulement un dixième par Samuel Durassier : « Là encore je peux m’estimer content du résultat. J’ai passé un bon week-end et ça reste un excellent souvenir. »
Le tracé technique, la forte chaleur n’allait pas faire les affaires de Christian sur la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais : « De plus, je me suis aperçu que j’étais trop court en rapports de boite. J’étais constamment au rupteur et bien évidemment c’est pénalisant. Je n’avais pas les pneus pour cette course, et je ne pouvais absolument pas me battre dans ces conditions. »
A Vuillafans, tout allait se jouer sur la première montée avant que la pluie ne fasse son apparition. Jean Turnel dominait une nouvelle fois les débats en F2000, et Christian Boullenger plaçait sa Clio au deuxième rang : « Les sensations étaient bonnes, j’étais bien dans la voiture, c’est ce que je veux avant tout retenir de cette participation. »
Si la course automobile est une passion, Christian ne veut pas pour autant tout lui sacrifier. Le Normand dispose d’un budget, et ne veut pas faire de dépenses exagérées. De ce fait, c’est avec des pneus passablement usés qu’il terminait sa saison 2017 : « Sur le Mont-Dore, c’était un peu pénalisant, et en toute logique je me suis fait copieusement ’’rentré’’. »
Malgré l’usure de ses pneus, Christian parvenait à accrocher à Chamrousse un nouveau podium derrière Samuel Durassier et Michael Gley : « Je découvrais cette épreuve, et sur la première partie du parcours, je ne suis jamais parvenu à me familiariser avec le tracé et à trouver la cadence. Mais pour le reste ça s’est plutôt bien passé. »
A Turckheim, course du Championnat qu’il connait le mieux, Christian Boullenger terminait à la deuxième place. Un résultat qui devrait le satisfaire, mais le Normand avoue sa déception de ne pas être parvenu à signer de meilleurs chronos : « Avec des pneus à l’agonie, j’ai bien failli aller à la faute. Bien évidemment je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même. Mais il est clair que j’étais habitué à faire mieux sur cette épreuve. »
Sur le podium du Challenge Open F2000
Troisième du Challenge Open F2000, Christian Boullenger, qui voulait savoir où il se situait, a démontré qu’il était toujours dans le coup : « Je suis content de mes résultats du début de saison, et un peu déçu de mes prestations sur les trois dernières manches de la saison. Mais j’abordais ce Championnat avant tout pour me faire plaisir, et je ne voulais pas grever mon budget en achetant des gommes neuves. C’est un choix… Pour le reste, j’ai beaucoup apprécié la majorité des organisations des épreuves du Championnat, c’est particulièrement plaisant. J’ai notamment été particulièrement bien accueilli à Chamrousse, épreuve que je découvrais. »
Pour Christian Boullenger, l’expérience de cette participation au Championnat est concluante, et le Normand devrait mettre tout en œuvre pour animer à nouveau le Championnat la saison prochaine : « L’envie est là, nous verrons bien. »
Quelle que soit sa décision, Christian Boullenger sait pouvoir compter sur le soutien de ses proches et de ses partenaires : « Je tiens à remercier mon cousin, Didier Samson, qui dirige la société Fameto et qui est mon principal partenaire depuis de nombreuses saisons. Merci également à mon ancien copilote, Bruno Limare qui gère plusieurs magasins de pièces automobiles, notamment à Montivilliers et Fécamp, et tous les jeunes qui m’apportent leur aide tout au long de la saison. »
Propos recueillis par Bruno Valette