Animateur des Courses de Côte de la région Auvergne depuis de nombreuses années, Pascal Derré faisait jusqu’alors des apparitions sporadiques sur le Championnat. Pour cette saison 2017, il décidait d’engager sa Clio Cup dans le cadre d’un Challenge Open. Alors qu’il avait comme principal objectif de découvrir de nouvelles épreuves, il termine finalement à la deuxième place de l’Open Production Hors Catégorie.
Alors qu’il était enfant, dans son plus proche entourage, personne n’évoquait jamais les exploits des as du volant. Les sports mécaniques étaient très loin des préoccupations de la famille Derré, et Pascal a donc du mal à expliquer d’où lui vient cet engouement pour la compétition automobile. Préadolescent, c’est dans les colonnes du magazine Echappement qu’il découvrait les exploits des pilotes qui suscitaient son admiration. Mais très éloigné du sport auto, c’est sur les terrains de foot, puis de rugby qu’il dépensait son énergie. Au sein de l’ASPTT Clermont, il jouera troisième ligne et aura l’opportunité d’évoluer dans ce qui était au milieu des années 80 la troisième division.
L’esprit de groupe qui règne dans le monde de l’Ovalie, Pascal allait le transposer quelques années plus tard, vers le sport automobile, où toujours en bande avec les copains, il assistait en spectateur à différents rallyes. Puis vint le temps où l’envie de piloter se fit plus pressante… De retour de l’armée Pascal faisait l’acquisition d’une Opel Kadett GTE : « J’ai pris part à mes premières courses en 1985. Avec cette auto, j’ai participé aux rallyes de ma région, notamment au Rallye des Monts Dôme. J’ai dû courir trois ou quatre épreuve la première année et m’engager sur quelques courses de côte. Avec les copains nous n’avions pas de grosses connaissances de la compétition, mais nous nous faisions plaisir, et c’était là l’essentiel. »
Pascal ne faisait pas de sa passion sa priorité. La construction d’une maison, l’arrivée d’un enfant au sein de la famille, l’incitait à mettre le sport auto en second plan : « Je n’ai pas arrêté pour autant, mais j’officiais alors en copilote sur des rallyes. » On retrouvait Pascal notamment aux côtés de Michel Charles, dans l’habitacle d’une BMW M3 ou d’une Ford Escort Cosworth.
Retour à la compétition au début des années 2000
Il faudra attendre le début des années 2000 pour qu’à force de naviguer les copains, Pascal Derré ait l’envie de s’installer à nouveau derrière le volant. Ce sera dans l’habitacle d’une Clio Williams groupe N, avec laquelle il participait à des courses de côtes régionales : « Je n’avais pas de prétentions particulières. Après m’être arrêté durant de nombreuses années, je pensais que je n’allais pas être dans le coup. Mais finalement, ce n’était pas si mal que cela, et c’est ce qui m’a motivé à étendre mes participations à des manches du Championnat. »
En 2008, la Clio Williams était vendue et Pascal poursuivait sa progression au volant d’une Clio Cup II, qui sera à son tour remplacée en 2010 par une Clio Cup III : « Cette année-là je m’étais engagé sur le Challenge Open. Le plateau en A/3 était alors particulièrement fourni, et il était difficile de s’illustrer. Je me souviens que c’est Gaëtan Bonnet qui l’avait remporté et que je me retrouvais en confrontation avec des pilotes tels que Jean-Luc Fritsch ou Ronald Garcès. C’était dur, mais j’ai signé quelques bons résultats en terminant à plusieurs reprises à la deuxième place. »
Depuis, chaque année, Pascal Derré prend part à trois ou quatre épreuves inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne, et pour 2017, il décidait d’accroitre son nombre de participations : « Je me suis dit qu’en rajoutant une paire d’épreuves, je pouvais prendre part à l’Open. L’objectif premier était de m’aligner au départ de belles épreuves, mais également de découvrir de nouvelles courses. J’aime bien visiter divers coins de France, et prendre part au championnat offre cette opportunité. »
Le début de saison marqué par les problèmes
Malheureusement pour le pilote auvergnat, ses trois premières participations seront marquées par divers petits problèmes. Ce sera le cas à Bagnols-Sabran où Pascal débutait sa saison 2017 : « Lors des essais j’ai rencontré un problème électrique. J’avais le sentiment de l’avoir résolu, mais dimanche, je n’ai pas été en mesure de prendre part à la première montée de course. Sur la deuxième montée, disputée sur le mouillé, j’étais plutôt bien, mais en ayant loupé deux montées durant le week-end, je n’étais pas totalement libéré sur la dernière, et je n’ai pas pu me lâcher comme je le voulais. Et puis Bagnols-Sabran n’est pas pour être honnête mon terrain de jeu favori », admet Pascal qui termine deuxième de sa classe derrière Vivien Tonon.
Sur la deuxième épreuve gardoise de la saison, le Col Saint-Pierre, là encore Pascal allait rencontrer quelques soucis : « Les essais s’étaient très bien passés, j’avais repris mes marques. Par la suite, j’ai pu progresser tout au long du week-end, et j’avais misé sur la dernière montée qui selon moi devait être la plus rapide. Mais un problème de pompe à essence m’a empêché de rejoindre l’arrivée. » Quatrième du A/3, Pascal espérait alors être enfin épargné sur son prochain rendez-vous.
Un prochain rendez-vous qui aura lieu à La Pommeraye. Mais avant de rejoindre l’Anjou, Pascal procédait au changement de sa pompe à essence en espérant cette fois ne pas connaitre de nouveaux déboires : « Mais dès la première montée d’essais, j’ai été victime d’une crevaison. Sur la suivante j’ai eu un nouveau problème de pompe à essence. Heureusement, mon fils a eu la gentillesse d’aller récupérer une nouvelle pompe et de faire le trajet depuis l’Auvergne pour la ramener jusqu’à La Pommeraye. Cela m’a permis d’être au départ le lendemain et de prendre part à la course. » Une course à l’issue de laquelle l’Auvergnat accrochait une nouvelle fois la quatrième place.
Premier succès de la saison à Saint Gouëno
Tout allait rentrer dans l’ordre à Saint Gouëno où cette fois Pascal Derré pouvait pleinement défendre ses chances. Il ne se privait pas d’ailleurs d’aller défier Michel Bineau, qu’il devançait à l’arrivée : « Je découvrais… Lors des essais je n’étais pas trop mal, mais assez éloigné des meilleurs chronos de la classe. Dimanche, la pluie à fait son apparition, et j’adore rouler sur le mouillé. J’étais à mon affaire et sur la première montée je relègue mon premier poursuivant à plus de six secondes. Ils sont parvenus à réduire l’écart sur la suivante, mais pour un dixième j’ai conservé l’avantage », explique le vainqueur de la classe A/3.
Pascal Derré ne connaissait pas la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, inscrite cette année à son calendrier sportif : « Elle se déroule depuis de nombreuses années en même temps que la Course de Côte de Courpière, organisée par mon ASA. De ce fait je favorisais ma course à la maison. Mais pour cette édition, j’avais envie de découvrir Marchampt. C’est une belle course, rapide et technique, et sur laquelle il faut vraiment connaitre pour aller vite. Mais j’améliore sur chaque montée, et je suis donc pleinement satisfait de mon week-end », confie Pascal qui termine troisième du A/3.
Natif de Clermont-Ferrand, Pascal Derré connaissait bien évidemment Dunières, épreuve qu’il avait déjà eu l’occasion de disputer par le passé : « Ce n’est pas mon épreuve préférée, mais ce n’est pas loin de chez moi. J’ai fait ma course, je me suis retrouvé confronté à Philippe Bernard, que j’ai déjà eu l’occasion de devancer, mais là il était le plus rapide. »
Pour Pascal Derré, le Mont-Dore est un peu la course à domicile. L’Auvergnat abordait ce rendez-vous en étant extrêmement motivé, et ne cache pas sa déception d’être devancé à l’arrivée de seulement 67 millièmes. C’est en effet un autre Auvergnat, Philibert Michy qui aura le dernier mot : « Me faire battre par Philibert n’est pas le problème, ma déception vient du fait que je signe des chronos deux secondes moins rapides que ceux de l’an dernier. Je ne comprends pas pourquoi. L’an dernier, je réalise un temps en 3’02’’6, cette année je termine avec un 3’04’’3, et c’est pour moi incompréhensible sur une épreuve que je connais comme ma poche. Même en visionnant mes vidéos je ne comprends pas, car rien ne laisse voir un quelconque problème. »
Pascal Derré aurait bien aimé remporter sa classe sur le Mont-Dore, finalement il réalisera cette performance à Chamrousse, dernier rendez-vous pour lui dans le cadre du Championnat de France de la Montagne : « J’avais eu l’occasion de prendre part à Chamrousse en 2010 et l’an dernier. Je connaissais donc le tracé, et sur ce genre d’épreuve, la connaissance du parcours joue à mon sens un rôle important. Je le vois dès les essais où je bats mon propre record de l’an dernier », confie Pascal. « Sur cette épreuve, je voulais mettre la pression d’entrée de jeu sur mes adversaires. Mais sur la première montée, sur une route froide, je suis parti en tête-à-queue sur le premier virage. Par chance je n’ai rien touché, et heureusement j’ai pu me reprendre par la suite. »
Même si une fois derrière le volant Pascal Derré a, comme tout compétiteur, envie d’en découdre, à l’heure de faire le bilan de sa saison, ce ne sont pas ses bons résultats qui lui importent le plus : « L’essentiel c’est que l’on se soit fait plaisir. Je garde d’excellents souvenirs de mes participations de la saison. Même quand j’ai rencontré des problèmes, l’aide que l’on m’a apportée, la solidarité qui règne entre pilotes font que je ne peux garder que des bons souvenirs », avoue Pascal. « Bien évidemment, je ne suis pas là que pour le tourisme et les bons souvenirs. Il faut aussi qu’il y ait de la bagarre, et je pense avoir été servi cette année. J’ai livré quelques beaux combats, et je m’en sors plutôt bien. »
Une Supercopa pour 2018
Les excellents souvenirs de cette saison, Pascal les partage avec Carole, son épouse : « Je veux la remercier car elle partage ma passion, elle m’accompagne sur les épreuves, et elle accepte de nombreux sacrifices, notamment de ne pas partir en vacances pour que je puisse assouvir ma passion. C’est ma première supportrice, elle m’oblige même parfois à me cracher dans les mains parce qu’elle accepte mal que je me fasse battre », lâche Pascal dans un éclat de rire. « Je veux également remercier Christopher Giet, de Auvergne Assistance Bâtiments qui m’apporte son soutien, notamment logistique, merci aussi à Yannick Latreille qui me donne de précieux conseils et avec qui je reconnais souvent les épreuves, et à Michael Eguillon de la société Mick’Mac a qui je dois la déco de la Clio. »
On ne devrait pas voir Pascal Derré l’an prochain au volant de sa Clio. Le pilote auvergnat à fait l’acquisition d’une nouvelle monture en achetant la Seat Léon Supercopa au volant de laquelle évoluait Rémi Bernard : « Je ne me suis pas séparé de la Clio, et j’ai donc un peu entamé le budget pour me porter acquéreur de la Supercopa. De ce fait, je ne sais pas encore de quoi sera faite ma saison. Il est clair que je vais rouler, mais je ne sais pas sur quelles épreuves. Bien évidemment, si je peux, je repartirai pour un Challenge Open. »
Propos recueillis par Bruno Valette