Emeline Bréda aura mis à profit cette saison 2017 pour découvrir le Championnat de France de la Montagne. Une saison d’apprentissage durant laquelle elle pouvait difficilement prétendre jouer les premiers rôles. Mais une nouvelle fois la jeune iséroise s’est illustrée sur la Finale de la Coupe de France, où elle termine première féminine pour la quatrième année consécutive, et sur le Championnat 2ème division où, comme en 2016, elle est titrée Championne de France.
Durant plus de vingt-cinq ans, Gilles Bréda a animé slaloms et courses de côte, initialement aux volants de GT, rapidement abandonnées au profil de protos. C’est au milieu des années 80 que le père d’Emeline disputait ses premiers slaloms, et au fil des ans, il glanait de nombreux trophées, inscrivant son nom à de multiples reprises au palmarès de la Coupe de France des Slaloms.
Née au mois de novembre 92, Emeline Bréda a suivi son père sur les épreuves avant même d’être en âge de marcher. Ses souvenirs d’enfance proviennent en grande partie des week-ends passés dans les paddocks et, inévitablement, la jeune iséroise allait contracter le virus du sport auto. C’est cet attrait pour la vitesse et la compétition automobile qui l’incitait à intégrer le ’’Team des Galapiats’’, structure grenobloise qui a pour vocation d’intéresser les plus jeunes au sport automobile, en leur proposant des ateliers au cours desquels ils s’initient à la construction, au développement et à la maintenance de voitures de courses : « Aux volants des protos et des monoplaces qu’ils construisent, des jeunes de 12 à 18 ans apprennent le pilotage sur circuit. Cela leur permet de faire l’ouverture des 24 Heures du Mans, de rouler à Spa-Francorchamps, sur le Nürburgring où sur les plus beaux circuits français », explique Emeline qui fut une animatrice active de l’association de 12 à 18 ans.
Passionnée de mécanique et de vitesses, Emeline est également fan de basket, sport qu’elle pratiquait il y a encore deux ans, avant de se tourner vers la compétition automobile. Un tournant pris dès l’obtention de son permis de conduire, lorsque Gilles, son père, décidait de mettre un terme à sa carrière sportive pour lui confier le volant de sa Merlin Honda, voiture avec laquelle elle débutait sur le slalom de La Châtre en 2011 : « Au départ, on pensait rouler en double monte avec mon père, mais après vingt ans de compétition, il a estimé qu’il prendrait plus de plaisir à me voir rouler qu’à partager le volant avec moi. »
Principalement axé sur le slalom, le programme d’Emeline évoluait au fil des ans vers la course de côte, pour finalement consacrer la majeure partie de ses participations vers cette discipline. En 2015, le Proto Merlin Honda est remplacé par une F3, en l’occurrence une Martini MK 79, avec laquelle Emeline prenait part à plusieurs courses de côte régionales.
Chasse gardée sur la Coupe et en 2ème division
A partir de 2014, Emeline Bréda allait faire de la Finale de la Coupe de France de la Montagne sa chasse gardée, en s’imposant systématiquement comme première féminine. Ses participations étaient également marquées par une progression plus que significative, puisque 35ème en 2014, elle termine 26ème en 2015, avant de se classer 16ème en 2016, et d’accrocher la 8ème place au scratch lors de la Finale disputée cette année à Quillan : « J’avoue que la première année, je me suis rendue à la Finale uniquement pour honorer ma qualification, sans aucune ambition. Ma victoire m’a surpris et m’a incité à renouveler l’expérience les années suivantes. En 2015 et 2016, à Limonest, je me suis retrouvée opposée à Sarah Louvet, et je pensais n’avoir aucune chance. Finalement je suis parvenue à terminer devant elle, ce qui était pour moi inattendu et particulièrement enthousiasmant. »
Si elle a pris pour habitude de s’illustrer sur la Finale de la Coupe de France, Emeline a également fait forte impression sur le Championnat de France 2ème division. Titrée Championne de France à l’issue de la saison 2016, elle rééditait cette année en conservant sa couronne. Un titre assorti d’une troisième place au Championnat et d’un Trophée de la meilleure jeune pilote : « La première année, remporter le titre féminin sur le Championnat 2ème division était un peu l’objectif que je m’étais fixé. Cette année, j’espérais conserver le trophée, et je suis d’autant plus contente qu’à l’issue de la Course de Côte disputée en Andorre, où je termine deuxième au scratch, je monte sur la troisième marche du podium du Championnat. Après, je regrette qu’il n’y ait pas plus de concurrents sur la 2ème division, et pas plus d’épreuves au calendrier de ce championnat. »
Nouvelle auto pour un nouveau Challenge
Son inscription au Championnat de France de la Montagne 2017, semblait pour la jeune iséroise la suite logique à donner à sa carrière sportive : « J’ai débuté en slaloms, ensuite j’ai disputé la Coupe de France avant de m’engager sur la 2ème division où j’ai remporté le titre féminin… Il me paraissait opportun de franchir une étape supplémentaire en m’inscrivant au Championnat. » Un nouveau challenge qu’Emeline allait relever au volant d’une nouvelle voiture, une Dallara F307 laissant place à sa Martini MK 79 : « Je n’avais pas réellement l’intention de changer de voiture, mais mon père estimait que mon évolution passait également par l’évolution du matériel. C’est donc lui qui a tenu à ce que j’opte pour cette nouvelle F3. Je pense qu’il souhaite également prendre le volant en 2018, c’est aussi un peu pour cela qu’il a fait ce choix. »
Nouvelle voiture, mais également découverte des épreuves pour Emeline Bréda qui n’avait jamais eu l’occasion jusqu’alors de prendre part à des manches inscrites au calendrier du Championnat de France : « Je n’avais donc d’autres ambitions que de découvrir et de voir où je me situais par rapport aux autres. »
La saison d’Emeline Bréda débutait sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, traditionnelle manche d’ouverture de la saison, sur laquelle en plus de devoir découvrir le tracé et le comportement de sa nouvelle monture, elle devait composer avec une météo capricieuse : « La pluie tout au long du week-end pour une première sur le championnat, ça m’a rapidement calmé », avoue Emeline. « J’avais eu l’occasion de disputer la Course de Côte du Luc préalablement, mais je ne connaissais pas encore la voiture et je découvrais son comportement sur le mouillé. J’avais le sentiment qu’elle ne tenait absolument pas la route, et ce fut vraiment un week-end compliqué. »
Des soucis pour trouver une pièce défectueuse sur la boîte de vitesses de sa F3 empêcheront la jeune iséroise de se présenter au départ du Col Saint-Pierre. Par la suite, c’est la Course de Côte d’Abreschviller qui figurait à son calendrier, mais un emploi du temps professionnel très chargé l’obligeait à déclarer forfait. C’est donc à Marchampt en Beaujolais que l’on retrouvait Emeline : « C’est une course magnifique, mais très rapide. J’ai trouvé ça assez difficile, mais c’est l’apprentissage qui rentre. J’en garde de très bons souvenirs. »
Emeline Bréda était par la suite attendue à Vuillafans, mais là encore ce sont ses obligations professionnelles qui l’obligeront à faire l’impasse sur l’épreuve franc-comtoise : « Je travaille au sein de l’entreprise spécialisée dans la peinture et les plafonds tendus, que dirige mon père. Il y a des périodes où la demande est importante et nous nous devons d’honorer nos contrats. Je ne suis qu’une pilote amatrice, le travail reste bien évidemment ma priorité. »
Ce n’est pas le manque d’adhérence qui a fait la réputation de la Course de Côte de Dunières qui a marqué Emeline lors de sa participation, mais un piège inattendu qui a rapidement calmé ses velléités d’attaque : « Il y a une bosse dans le premier droite, et sur la première montée j’ai bien failli me sortir. J’ai fait gaffe à ça par la suite, et pour le reste du week-end tout s’est bien passé. Je suis plutôt satisfaite, car à Dunières c’est la première fois depuis le début de la saison que je commence à me rapprocher des chronos réalisés par les autres animateurs de la F3. »
Chamrousse, c’est pour Emeline Bréda la course à domicile, et l’Iséroise attendait impatiemment ce rendez-vous : « Je n’avais jamais eu l’occasion de disputer cette course, mais mon père me disait que c’était une très belle épreuve et qu’il adorait ce tracé. En fait, j’ai eu du mal à assimiler le tracé et durant tout le week-end j’ai essayé de me familiariser avec la fin du parcours sans y parvenir. Il va falloir bosser tout ça pour l’année prochaine. »
Première féminine lors des trois éditions de la Finale de la Coupe de France de la Montagne disputée à Limonest, Emeline retrouvait un tracé qu’elle connait et qu’elle affectionne : « J’adore Limonest… A l’issue des essais, je me retrouve première féminine, et même si je savais que ça n’allait pas durer, c’est une satisfaction. Par la suite, le week-end s’est bien passé, même si les conditions météorologiques ont un peu compliqué les choses », confie Emeline qui termine troisième féminine derrière Sarah Louvet et Charlie Martin.
En constante progression !
Pour Emeline Bréda cette saison d’apprentissage du Championnat de France de la Montagne lui a apporté son lot d’enseignements et de satisfaction, « même si je me suis pris des raclées sur toutes les manches », confie-t-elle en toute humilité. Mais la jeune iséroise doit avant tout retenir qu’elle termine première féminine sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne pour la quatrième année consécutive, et qu’elle conserve son titre de Championne de France de la Montagne 2ème Division acquis l’an dernier : « Bien évidemment mes prestations sur la Finale et sur la 2ème Division ne peuvent que me réjouir. Concernant le championnat, j’ai eu un peu de mal en début de saison avant de me familiariser avec la voiture, mais par la suite, j’ai pu progresser et c’est finalement positif. Ce que je retiendrai, c’est que l’an prochain il va falloir que je participe à plus d’épreuves, car il n’y a pas de secret, pour progresser et être performante, il faut rouler. »
On a donc la certitude de revoir en 2018 Emeline Bréda au volant de sa Dallara F307. Pour ce qui est de son programme, elle devrait prendre part au Championnat 2ème division, « ne serait-ce que pour disputer la Course de Côte de Quillan qui est pour moi la plus belle épreuve de la saison. Après, je vais peut-être tenter de m’engager sur un Challenge Open comme cette année, nous verrons bien en fonction de mon temps disponible. »
Emeline Bréda gardera d’excellents souvenirs de cette saison 2017, et si elle a pu pleinement savourer chaque instant, elle le doit en partie à ceux qui l’ont soutenu et qu’elle ne veut surtout pas oublier : « D'abord un grand merci à mes parents Brigitte et Gilles, ma sœur Mélanie et Aurélien son mari. Je tiens beaucoup à remercier Pierre Vian, qui est un très bon ami de la famille, et qui fait beaucoup de choses pour moi. Merci également à mon super carrossier, AMD Auto, Villeton Entreprise, Fab Dif, N.C.D Transport, Péron Maçonnerie, H.L.G Service, Vival à Châbons, Carrosserie Ortuno, S.I.P à Châbons, Chris graphique, Garage Vittoz. Merci aussi à tous les commissaires au bord des routes, ainsi qu’aux photographes qui nous font toujours de très belles photos. Merci au Team les Galapiats pour ce qu'ils m'ont apporté », conclut Emeline.
Propos recueillis par Bruno Valette