Ce qui devait pour Sarah Louvet être une saison d’apprentissage au volant d’une nouvelle F3, s’est transformé à mi-saison en un nouveau Challenge qui consistait à remporter le titre. Championne de France de la Montagne 2017, la jeune lyonnaise connait une première consécration pour sa troisième saison dans la discipline.
Cette saison 2017 était en effet la troisième que disputait Sarah Louvet dans le cadre du Championnat de France de la Montagne. Après deux années passées dans l’habitacle d’une Formule Renault, au volant de laquelle elle a terminé en 2016 deuxième du Challenge Open Féminin, la jeune lyonnaise décidait de franchir un nouveau cap en optant pour une Formule 3, en l’occurrence une Dallara F303.
La F3, un choix logique
Un choix qui correspond selon elle à une évolution logique : « Nous avons pris conscience que j’arrivais aux limites du châssis et des performances de la Formule Renault. Si je voulais poursuivre ma progression, je devais nécessairement opter pour une auto plus performante », explique Sarah qui tenait toutefois à continuer à évoluer en monoplace. « De ce fait le choix est vite restreint, et la F3 semble être la voiture la mieux adaptée pour parfaire mon évolution. »
C’est au mois d’août 2016 que Sarah se portait acquéreuse de sa nouvelle auto, ce qui lui permettait de mener à bien des premiers essais au mois de novembre : « Malheureusement, un embrayage grillé ne m’a permis de faire que trois tours. » de nouveaux essais étaient programmés en février, mais une nouvelle fois elle rencontrait des problèmes d’embrayage qui mettront un terme prématuré à sa séance. C’est donc sur la Course de Côte des Abarines, avant que ne soit donné le coup d’envoi de la saison, que Sarah effectuait réellement ses premiers tours de roues au volant de sa Dallara F303 : « Cela m’a permis de cerner le maniement de la voiture, d’essayer de m’adapter aux changements de vitesses avec les palettes, qui nécessitent un réel apprentissage. »
Sarah parvenait malgré tout à se classer au huitième rang, première féminine. Au mois de mars on retrouvait la jeune lyonnaise sur la Course de Côte de Lugny, et alors que les bonnes sensations au volant de la F3 n’étaient toujours pas au rendez-vous, elle se permettait d’accrocher la quatrième place derrière des pointures telles que Maxime Cotleur, Emmanuel Arbant et Didier Brun.
Cette saison 2017 devait être pour Sarah Louvet celle de l’apprentissage de la F3. Pas de réel objectif, elle n’affichait pas d’ambition pour un quelconque titre. Sportive émérite, compétitrice dans l’âme, Sarah acceptait de « sacrifier » une année pour comprendre le maniement de sa nouvelle monoplace, les prétentions pouvaient attendre…
Succession de victoires du côté des féminines
A Bagnols-Sabran, où les animateurs du Championnat débutaient la saison, Sarah parvenait à mieux ressentir le comportement de sa monture sur un tracé qu’elle n’affectionne pourtant pas particulièrement : « La plus grosse difficulté résidait alors dans l’approche des freinages. La Formule Renault dispose d’une pédale de frein dont la course est assez longue, n’ayant connu que ça j’ai eu du mal à m’adapter à la course plus courte de la pédale de la F3 qui demandait aussi plus de puissance de frein. » Malgré les difficultés et le peu d’appétence pour le tracé gardois, Sarah montait sur le podium en qualité de première féminine. « J’avais décidé de disputer l’ensemble des épreuves inscrites au calendrier de la saison, et même si je n’apprécie que très modérément le tracé de Sabran, je me devais d’être au départ. Au final, ça se passe plutôt bien alors que je découvrais l’auto sous la pluie. »
Sur un Col Saint-Pierre toujours difficile à apprivoiser, Sarah allait connaitre un week-end difficile : « Ça n’a pas fonctionnait comme je l’espérais. J’ai toujours du mal à me familiariser avec ce tracé, j’étais toujours en phase d’apprentissage et j’ai peiné à appréhender le comportement de l’auto tout le long du week-end. Dans ces conditions, j’avoue ne pas garder un excellent souvenir de cette édition. »
Sarah attendait de pied ferme le week-end suivant, où les animateurs du Championnat de France affrontaient les 2 kilomètres de la Course de Côte d’Abreschviller. Un tracé court mais rapide, qui convient parfaitement à la jeune lyonnaise : « J’adore cette épreuve et j’espérais vraiment pouvoir y réaliser quelque chose de sympa. Je gardais un excellent souvenir de ma première participation, l’an dernier, lorsque j’avais remporté ma classe en me rapprochant à deux millièmes du record des Formule Renault. » Huitième au scratch à l’arrivée de la manche lorraine, Sarah occupe la troisième place des F3 derrière Billy Ritchen et Marcel Sapin, et accroche un nouveau succès du côté des féminines : « J’ai amélioré mes chronos sur chaque montée et j’ai vraiment pris énormément de plaisir. C’était pour moi très émouvant, et je dois avouer que c’est la course de la saison qui m’a le plus marqué. »
La Course de Côte de Thèreval – Agneaux n’apportera pas à Sarah le même genre de satisfaction : « C’était compliqué, frustrant, car sur un tracé que j’adore et sur une épreuve où l’on est super bien accueilli, j’avais des problèmes de freins récurrents. Les épreuves se suivent et ne se ressemblent pas toujours, et je pense avoir vécu là ce que je considère comme la pire déception de la saison. »
La Pommeraye allait donner à Sarah l’occasion de livrer une magnifique passe d’arme avec une autre pilote du Team Schatz Compétition, Charlie Martin. En lutte pour la couronne de première féminines, Sarah aura finalement le dernier mot en devançant la Britannique de quatre millièmes. Un trophée assorti sur cette épreuve d’une deuxième place en F3 : « C’était juste génial… Charlie est une amie depuis que l’on court ensemble en Formule Renault. Je craignais, en début de saison, qu’en évoluant au sein de la même structure, il y est entre nous une compétition un peu exacerbée. Ça n’a pas été le cas, il y avait même entre nous une saine émulation, et ce combat face à elle me laisse un excellent souvenir. Après, j’avoue que j’aurais voulu réaliser un meilleur chrono, mais le résultat final ne peut que me satisfaire. »
Charlie Martin ne tardait pas à prendre sa revanche, puisqu’à Saint Gouëno, c’est elle qui terminait première féminine, devant Sarah. Les sujets britanniques avaient apparemment décidé de lui donner du fil à retordre, puisque du côté de la F3, Sarah se classe deuxième derrière un autre résident de la « Perfide Albion », Colin Le Maitre : « Je ne peux être que satisfaite, puisqu’au final je ne termine qu’une seule montée, avant de me sortir sur la deuxième et de devoir renoncer. Pour un week-end qui s’est plutôt mal passé, je ne m’en sors pas trop mal. »
A Marchampt, Sarah Louvet retrouvait le tracé qui fut pour elle l’an dernier le théâtre d’une violente sortie de route. Difficile de se lâcher pleinement quand reviennent à l’esprit les déboires de la précédente édition : « J’étais assez stressée au départ, et le premier passage du Tarrès n’était pas évident. Mais la différence fondamentale c’est que la Formule Renault bougeait beaucoup plus sur cette courbe que ne le fait la F3. Je suis donc parvenue par la suite et à me recentrer, et si le résultat n’est pas au rendez-vous et que j’avoue avoir un fond de déception, j’estime n’avoir rien à regretter », commente Sarah.
La fin de saison verra la Championne de France en titre, Martine Hubert, retrouver de sa superbe, et c’est face à elle que Sarah Louvet allait devoir se battre pour la première place du classement féminin. Ce sera le cas à Vuillafans où la jeune lyonnaise termine deuxième féminine, mais quatrième des F3 derrière Samy Guth, Raynald Thomas et Etienne Debarre : « Génial… C’est un de mes tracés préférés car il est bosselé, étroit, dangereux par endroit, j’adore. Lors des essais j’étais un peu loin, appréhendant une erreur sur ce tracé très rapide. Mais pour la course, les conditions étant menaçantes, il fallait donner un bon chrono dès le matin. Combattante et déterminée, j’améliore de quatre secondes mon temps des essais sur un des tracés du Championnat que j’affectionne tout particulièrement. Je suis vraiment heureuse de mon résultat et de retrouver une Martine combattive et souriante à nos côtés. »
Sarah découvrait cette année le tracé de la Course de Côte de Dunières, réputé pour son manque d’adhérence : « J’avais quelques aprioris, mais en fait j’ai bien apprécié le tracé et le manque de grip ne m’a pas spécialement gêné. Je reconnais toutefois que j’ai tout de même eu du mal à me lâcher. Comme la boîte à vitesse de ma F3 n’était pas adaptée au parcours, finalement je suis contente de mon week-end, même si je suis plus nuancée en termes de résultats », avoue Sarah qui termine une nouvelle fois dans le sillage de Martine Hubert.
La configuration de sa F3 allait obliger Sarah à boire le calice jusqu’à la lie, sur un Mont Dore où elle espérait réaliser une belle performance : « L’an dernier j’étais monté sur le podium de la Formule Renault. J’adore tout particulièrement cette course, et j’espérais une nouvelle fois signer un bon résultat. J’ai vraiment bossé pour aborder cette épreuve dans les meilleures conditions, et la frustration de ne pas parvenir à défendre mes chances et d’autant plus grande. »
La configuration de la Course de Côte de Chamrousse apparaissait comme moins pénalisante. Il n’en fallait pas plus pour que la combattante acharnée qu’est Sarah Louvet retrouve le mordant et l’envie d’en découdre : « Je me suis fait énormément plaisir en abordant l’épreuve avec juste l’envie, une vraie envie de me livrer à fond. »
Si elle garde un très bon souvenir de la Course de Côte de Turckheim, Sarah regrette juste de ne pas avoir amélioré alors qu’elle avait chaussé des gommes neuves sur sa Dallara F303. Mais c’est purement anecdotique, puisque à l’issue de l’épreuve alsacienne, Sarah ne pouvait plus mathématiquement être rattrapée au classement féminin, et qu’elle remportait donc le titre.
Championne avant la conclusion de la saison
C’est auréolée de sa couronne de Championne de France de la Montagne 2017 que Sarah Louvet se présentait au départ de Limonest, dernière manche de la saison, disputée pour elle à domicile. Et pour conclure la saison, elle terminait en tête des féminines : « J’avais à cœur de me faire plaisir sur cette dernière manche. Je disposais d’une boite de vitesses adaptée pour ce tracé sinueux, qui lui n’est pas du tout adapté à moi », lâche-t-elle dans un éclat de rire. « C’est chez moi, mais j’ai énormément de mal avec le tracé de Limonest qui est très technique et sinueux, alors que j’adore le rapide. Sur la première montée, je réalise un chrono en 1’34’’ et je priais pour que la route reste sèche parce que j’avais le sentiment de pouvoir bien mieux faire. En prégrille, au départ de la deuxième montée, j’ai vu les premières gouttes tomber sur mon casque, mais je n’ai rien voulu lâcher. Je me suis battue, et j’étais super contente de voir mon chrono en 1’31’’8 à l’arrivée. »
Après seulement trois années à rouler en Course de Côte, Sarah Louvet remporte donc le titre de Championne de France. Un beau parcours pour la jeune lyonnaise qui reconnait qu’elle n’en espérait pas tant : « Je ne débutais pas la saison en visant le titre, et je pense que personne pas plus que moi ne pouvait y croire. Cette saison fut compliquée, mais c’est une belle surprise que d’être parvenue à réaliser ce rêve. Je dois avouer que, durant la saison, par moment j’avais du mal à trouver la motivation tant j’accumulais les déconvenues. Et finalement, à mi-saison, c’est en se raccrochant au fait que le titre était peut-être accessible, que je me suis remotivée. J’avais la chance d’avoir autour de moi des gens qui y croyaient, et je ne voulais surtout pas les décevoir. »
La saison s’achève et Sarah n’oublie pas tous ceux qui l’ont accompagné dans cette aventure : « Je souhaiterais tout d’abord remercier au sein du team Schatz, Bruno Schatz qui est pour moi celui qui a toujours su trouver le temps, les mots, et qui a été pour moi un immense soutien durant ces trois années. Gio sans qui nos week-ends ne se seraient jamais déroulés de la même manière. Mes deux petits mécanos, Max et Tomy qui auront supporté de pénibles prégrille en ma présence. Denis ce bosseur invétéré. Et Geoffrey pour son immense gentillesse et sa capacité à voir des forces ou les autres voient des faiblesses.
Par-dessus tout je remercie mon père, qui ne cessera décidemment jamais de croire en sa fille. Ma moitié, Rémi qui est la raison pour laquelle je suis encore derrière un volant. Mes proches et amis dont Guillaume Veyrat qui aura su me prouver à quel point un ami reste un ami et peu importe les circonstances. Je remercie un certain Béchadergue et son acolyte auvergnat pour avoir toujours trouvé les mots. Et bien sur mon incroyable coéquipière et amie Charlie Martin pour tout ce qu’elle a pu apporter et pour cette formidable saison que nous avons partagée toutes les deux.
Mon dernier mot de remerciement va à Martine Hubert, notre tigresse nationale dont les mots en fin de saison m’ont particulièrement touché. Un grand merci à mes partenaires sans qui rien ne serait possible. »
C’est au volant de sa Dallara F303 flanquée l’an prochain du numéro 11 – Championne de France oblige – que Sarah Louvet disputera une nouvelle campagne : « Le seul changement vient du fait que je change d’équipe. J’ai vécu d’excellents moments avec le Team Schatz Compétition, mais je pense que maintenant il est temps que je vole de mes propres ailes. J’ai envie d’aborder la course différemment, au sein d’une structure plus petite, plus intimiste, où nous serons seulement deux ou trois, et sans pression. »
Propos recueillis par Bruno Valette
Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Sarah...