Champion de France VHC Production

S’il s’est déroulé dans un parfait esprit sportif, le combat qui a fait rage pour l’obtention du titre de Champion de France de la Montagne VHC Production fut d’une rare intensité. Au final, deux hommes, Michel Rolland et Jean-Marie Alméras sont crédités du même nombre de points. Pour les départager, c’est l’âge de leurs voitures qui déterminera qui remporte le titre. Prime est donc donnée à la plus âgée, la Porsche de Michel Rolland qui affiche un an de plus que celle de Jean-Marie Almeras.

Mais avant de connaitre les sentiments du nouveau Champion de France de la Montagne VHC Production, faisons plus ample connaissance avec un pilote qui compte plus de 40 ans d’implication en sport automobile.

Dans sa jeunesse, ce n’est pas l’automobile qui retenait l’attention de Michel Rolland mais le vélo. Avec une bande de copains, il prenait part à plusieurs compétitions de cyclisme : « C’était alors en sport amateur, mais cela me permettait de retrouver les copains et d’avoir un avant-goût de la compétition. Et puis je me suis rendu rapidement compte que le dopage gangrénait le cyclisme, et je n’ai surtout pas voulu tomber là-dedans, j’ai donc pris mes distances », se souvient Michel qui portait alors son intérêt vers le tennis. Un sport qu’il pratiquera sans interruption et qui lui permet aujourd’hui encore d’être classé 30.

Mais rapidement, l’envie de s’essayer au sport automobile se faisait ressentir. Conscient qu’avant d’aller défier les chronos il lui fallait intégrer les bases de la conduite sportive, Michel s’inscrivait à plusieurs stages de pilotage pour assimiler le maniement d’une auto de course : « J’ai pris part à plusieurs stage, notamment chez Jean-Michel Fabre à Grabels dans l’Hérault, puis à Cergy-Pontoise pour mieux comprendre comment se comportait une voiture sur la terre. » Une formation suite à laquelle, en 1982, Michel Rolland s’engageait sur la Coupe Peugeot 104 ZS, une série qui restait abordable pour un jeune pilote : « La Coupe 104 était mixte, avec des épreuves asphaltes et des épreuves terre, ce qui est donc une excellente école. J’ai pu pour l’occasion découvrir des épreuves aussi prestigieuses que le Rallye des Garrigues et les 1000 Pistes. Je me souviens qu’à mi-saison j’étais sixième de la Coupe, mais une sortie de route mettra un terme prématuré à ma participation. »

La fidélité à Porsche
Changement de gabarit pour la saison 1983 puisque c’est dans l’habitacle d’une Porsche 911 que l’on retrouvait Michel Rolland : « Avec l’aide d’un carrossier et d’un mécano j’ai monté cette voiture avec laquelle j’ai remporté mon premier rallye national, le Montbrisonnais. » En 1984, la Porsche subissait quelques modifications pour s’accorder aux exigences du groupe B. Avec cette 911 SCRS Michel prenait part à cinq ou six épreuves qui lui permettront de se hisser à plusieurs reprises sur le podium.

En 1985, Michel Rolland cédait sa Porsche pour en acquérir une nouvelle, et débutait ainsi une succession de changements de voitures : « Entre 1983 et 2003 j’ai évolué au volant de dix-sept Porsche différentes », rappelle le pilote de Montbrison qui en 1987 se tournait vers le circuit : « Cela m’a permis de me tester sur une douzaine de tracés prestigieux et de remporter le Trophée Fédéral. » Mais le vainqueur du trophée n’ayant pas le droit de s’inscrire à nouveau l’année suivante, c’est donc en rallye qu’il poursuivra son implication en 1988 : « Là encore j’ai remporté quelques rallyes nationaux », se souvient Michel qui, entre 1983 et 2000 s’imposera sur 37 rallyes nationaux. En 1990, sa participation à la Finale de la Coupe des France des Rallyes se soldera par une deuxième place derrière la BMW M3 d’Hugues Delage : « Cette finale à Mâcon est un de mes meilleurs souvenirs, notamment parce que j’ai pu signer cinq scratches de nuit et que, malgré un énorme plateau, je termine à seulement cinquante secondes de Delage. » Parmi les autres souvenirs marquants, Michel ne peut oublier que lors d’une édition du rallye de Champagne, il terminera à la quatrième place devant la Saxo Kit-Car d’un certain Sébastien Loeb : « Je me souviens d’un magnifique combat, avec un jeune pilote très sympa. »

Dans les années 2000, une changement de réglementation limitait le groupe F aux 2 litres. Michel Rolland sachant que sa Porsche ne serait plus homologuée décidait de s’en séparer. Suivront quinze années d’interruption dues au fait que le Ligérien n’avait pas envie d’opter pour une voiture qui ne sortirait pas des ateliers de Stuttgart : « Mais également parce qu’une nouvelle orientation professionnelle ne me laissait plus suffisamment de temps pour assouvir ma passion. Je devais gérer un portefeuille d’assurances, ce qui est particulièrement chronophage. »

Dès 1984, Michel Rolland s’engageait sur plusieurs courses de côte, ne serait-ce que pour peaufiner les réglages de ses différentes Porsche. Là encore le succès sera au rendez-vous puisqu’il a remporté durant sa carrière sportive 75 victoires de classes : « Dans les années 90, je me suis déjà retrouvé en bagarre avec Jean-Marie Almeras, mais également avec Jean-Louis Reboul. »

L’éloignement des épreuves n’allait en rien entamer sa passion, et en 2018 Michel Rolland faisait son retour derrière le volant de la Porsche 911 SC dont il dispose toujours aujourd’hui : « C’était sympa parce que je me suis rendu compte que je retrouvais les mêmes personnes. Mon retour m’a permis de faire six rallyes en VHC 2018 et autant en 2019, mais il était difficile de jouer la gagne avec l’arrivée des BMW M3 en historique. » Après une nouvelle pause due au Covid en 2020, Michel fera son retour en 2021 en ne participant qu’à une seule épreuve, la Course de Côte de Dunières. « En 2022 je prends ma licence pour refaire Dunières, et je remporte le groupe 4, ce qui m’a incité à m’engager sur le Championnat de France en 2023. »

Michel Rolland est un compétiteur, pour qui il est hors de question d’aborder la course sans tenter d’aller chercher ''la gagne'', c’est donc avec l’ambition de remporter le groupe 4 et de viser le titre en Production VHC qu’il s’élançait en 2023 pour une toute première campagne de France : « Je me suis inscrit pour deux raisons principales : J'aime avoir des objectifs, et l'idée d'espérer décrocher un titre de Champion de France était motivante. Ensuite, l'ambiance et la convivialité des Courses de Cotes VHC étaient attirantes », confie Michel.

Avant de se lancer sur la campagne de France 2023, Michel Rolland confiait sa Porsche aux mains expertes de Jean-Luc Leguidou, mécanicien, et de David Hervé, carrossier, tous deux basés à Rennes, qui lui donnaient un sérieux coup de main pour que la voiture soit prête pour Bagnols : « Je me dois de les remercier. »

Succession de victoires en Groupe 4
C’est sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran que Michel Rolland débutait sa saison en s’imposant en leader du groupe 4 parmi les pilotes engagés sur le championnat : « J’ai déjà participé à cette épreuve et je n’étais pas trop perdu. Dès les essais, j’ai pu constater que la concurrence était bien présente et que mes adversaires n’étaient pas venus pour ''beurrer mes tartines''... Ma voiture avait encore besoin de quelques améliorations et pour corser l'affaire, lors de la première montée de course, une BMW cassait son moteur et répandait quelques litres d'huile sur la piste avant mon passage. Résultat, je me suis retrouvé quatrième le samedi soir. Heureusement la journée de dimanche s’est passée beaucoup mieux et j'ai arraché la victoire face à mes rivaux du CFM dans le groupe. »

Michel Rolland fera de même sur le Col Saint-Pierre où, là encore, il terminait en tête des pilotes engagés dans le groupe 4 sur le Championnat : « La méconnaissance du parcours aurait pu me coûter la victoire. Après des essais laborieux et un peu de mécanique, je suis retourné reconnaître de nuit comme j'adore le faire en rallye. Le dimanche se déroule mieux mais c'est Jacques Uttewiller et sa Porsche 911 qui m'oppose le plus grosse résistance et c'est dans la dernière ascension que j'arrive à passer devant pour marquer les 35 pts de la première place du groupe 4. »

La saison du Porschiste se poursuivait à Abreschviller où Michel Rolland engrangeait à nouveau le maximum de points dans le groupe 4 : « Cette fois c'est Michel Torcat qui réalise un bon chrono, et qui m’oblige à attaquer pour m’assurer de la victoire. » Sur sa lancée, Michel ira chercher une nouvelle victoire dans le groupe 4 en terminant en tête des pilotes du championnat à La Pommeraye : « Ce qui est regrettable c’est le manque de concurrents. Nous n’étions que deux dans le groupe 4 et de ce fait je ne récolte que la moitié des points distribués. »

Michel Rolland poursuivait la campagne de l’Ouest en se rendant par la suite à Saint Gouëno : « On ne m'avait pas menti, ça vaut le détour. On peut mettre un 20/20 à l'organisation riche de ses six cents bénévoles. J’ai un peu galéré car je découvrais le tracé, mais je remporte à nouveau les 35 points de la victoire en groupe 4. »

A Marchampt, le Montbrisonnais retrouvait un terrain connu sur lequel il n’allait pas manquer de s’illustrer en terminant en tête du groupe 4 devant deux autres Porsche aux volant desquelles on retrouvait Michel Torcat et Jacques Uttewiller : « C’est une belle course que je connais bien. En tête dès les essais, j’ai passé un week-end assez tranquille avec de bons temps en course et la victoire dans le groupe 4. »

Après la quiétude du week-end dans le Beaujolais, la participation à Vuillafans sera plus compliquée : « Les difficultés sont réapparues. Le moteur manquait de puissance et la boite était récalcitrante entre le premier et de deuxième rapport. De plus, le parcours, que je découvrais, est difficile à mémoriser. J’étais deuxième derrière Jean-Marie Brisard avant la dernière montée et j'ai vraiment attaqué pour décrocher la timbale et les 35 points. J’avoue que les félicitations de Frères Brisard à l'arrivée reste un de mes meilleurs souvenirs de la saison. »

Avant de se lancer sur le tracé de Dunières, Michel Rolland avait pris part à l’épreuve auvergnate une douzaine de fois : « C'est la course ou je suis le plus à l'aise, et sans trop de difficultés j’ai pu remporter les 35 points. » La seconde épreuve auvergnate ne sera en revanche pas synonyme de réussite. N’étant pas classé sur la première montée et le meeting s’étant résumé à seulement deux ascensions en course, Michel Rolland n'apparaissait pas au classement final : « Cette épreuve était malheureusement encore cette année à la hauteur de sa piètre réputation en matière de considération pour les VHC. Montée du samedi soir dans le brouillard avec une pluie battante, retards accumulés aboutissant à une seule montée le dimanche. A oublier ! »

S’il sort vainqueur de la confrontation en groupe 4, Michel Rolland regrette le manque de concurrence sur une épreuve comme Chamrousse : « Comment une si belle course ne peut attirer que deux voitures dans le groupe 4. C’est réellement dommage », estime Michel Rolland qui filait ensuite vers l’Alsace pour découvrir la Course de Côte de Turckheim : « C’est la plus longue du championnat avec six kilomètres à apprendre. Pas évident d’être performant pour une première participation. J’ai donc fait appel à la vidéo et j’ai visionné 80 fois les caméras embarquées disponibles sur internet. Merci les copains ! Le travail paie et finalement je serai à l'aise sur ce parcours où j’engrange une nouvelle fois 35 points. »

La dernière confrontation de la saison aura pour cadre la Course de Côte de Limonest où Michel Rolland devait impérativement s’imposer dans son groupe pour espérer remporter le titre de Champion de France VHC Production : « La météo était compliquée lors des aux essais, mais le soleil sera de retour dimanche, ce qui me permet de remporter le groupe 4 devant un Jean-Marie Brisard toujours en embuscade. Cette dernière épreuve a malheureusement été marquée dès les reconnaissances par la chute de Jean-Marie Almeras qui ne pourra participer à la course et à qui je souhaite un prompt rétablissement. »

Champion de France de la Montagne VHC Production
A l’heure de faire les comptes, Michel Rolland compte au championnat VHC Production autant de points que Jean-Marie Almeras. Dans ce cas de figure, les prétendants au titre sont départagés par l’âge de leurs voitures, préséance étant donnée à la plus âgée. Et la Porsche de Michel Rolland a un an de plus que celle de Jean-Marie Almeras, le titre revient donc au Ligérien : « Après 40 ans de compétition c’est mon premier titre de Champion de France et bien évidemment il a son importance. J’ai gagné un Trophée Fédéral en circuit, mais je n’avais jamais été Champion de France », analyse Michel. « Je réalise aujourd'hui que l’ambition de remporter le titre était un peu folle, mais c'est justement cette détermination qui m'a apporté la motivation et l'énergie nécessaire pour surmonter les embuches qui n'ont pas manqué d'animer les douze courses sur lesquelles j’étais engagé. J'ai particulièrement apprécié la convivialité du paddock VHC et l'amabilité ambiante. »

Une première expérience qui donne envie à Michel Rolland de poursuivre dans cette voie, même s’il aimerait bien relever un autre défi lors de la saison 2024 : « La Finale de la Coupe de France des Rallyes VHC aura lieu chez moi, à Montbrison, et bien évidemment je ferai tout pour être qualifié. Je me dois donc de prendre part à plusieurs rallyes. Mais dans le même temps, il est également logique de remettre en jeu mon titre de Champion de France en Montagne, et de ce fait d’être au départ de la saison à venir. »

Pour mener de front ses deux challenges, Michel Rolland devrait disposer en 2024 de deux Porsche : Une configurée rallye et l’autre disposant d’un set-up pour les courses de côte : « Et puis pour la saison à venir, je devrai bénéficier du soutien de Porsche Saint-Etienne, et à ce titre je veux remercier Laurent Nael, le propriétaire de la concession stéphanoise. »

Pour conclure, Michel Rolland tient à remercier tous ceux qui l’ont épaulé dans la quête de ce titre : « Avant toute chose je voudrais dire un immense merci aux bénévoles sans qui nous ne pourrions rien faire. Merci également à la FFSA dont j’ai beaucoup apprécié le sérieux dans l'organisation et la gestion de ce championnat. Je ne pourrai pas citer tout le monde, mais je veux remercier le promoteur, mais également Jean-Claude Hector et nos ''intrépides'' commissaires techniques, André Olivier et Jean-Claude Carré qui ont été présents et actifs à chaque manche avec beaucoup d'application et de considération. Merci à Dominique, Pierre-Yves, Jérôme, Guillaume, à Jojo qui m’a remis la carrosserie en état après le Mont Dore, et à Cédric qui sera certainement mon copilote en rallye l’année prochaine. Je n’oublie pas Jean-Marc Charvin qui est un mécanicien hors-pair et dont l’aide me fut précieuse. Je n’oublie pas non plus les directeurs de course et tout particulièrement l’excellent Marc Habouzit, Michelin qui permet aux VHC de participer au Trophée Michelin CFM et je voudrais faire un clin d’œil à Pascal Clairet qui m’a aidé pour disposer de carburant pour cette saison », conclut Michel Rolland.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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