Les années n’ont aucune emprise sur Francis Dosières. Une carrière longue de plus de quarante années de compétition n’entame ni sa motivation, ni sa compétitivité. Cette saison encore, le plus titré des Montagnards s’est illustré sur les manches du Championnat de France de la Montagne, pour venir en fin de saison décrocher un titre de Vice-champion de France Production
Avant tout, les espoirs de Francis Dosières reposaient en grande partie sur la fiabilité de sa Mégane Trophy. Lors de la précédente saison, la Renault n’avait pas été exemplaire dans ce domaine, pénalisant à plusieurs reprises son pilote. Tout au long de l’année 2014, Francis a dû à maintes reprises concentrer ses efforts sur la mécanique de sa monture, au détriment de son pilotage : « Ce que j’attendais avant tout de cette saison 2015, c’est de pouvoir enfin me focaliser sur mon pilotage et de délaisser un peu l’outillage », confie-t-il.
Début 2014, en optant pour la Mégane Trophy, Francis savait qu’il lui serait nécessaire de passer par une incontournable phase de découverte : « D’autant que j’ai pu disposer de la voiture deux semaines seulement avant le coup d’envoi de la saison », se souvient-il. « Il y avait une grosse remise en état à faire, et bien évidemment nous n’avons pas eu le temps matériel de nous pencher sur les réglages. Mais nous avons démonté la voiture intégralement, ne serait-ce que pour faire une révision digne de ce nom et également pour mieux comprendre sa conception. » C’est donc au fil des épreuves que Francis allait se familiariser avec sa Mégane, une adaptation qui passait malheureusement par de nombreuses interventions dans différents domaines.
Si la succession de soucis rencontrés en 2014 ont empêché Francis de jouer les tout premiers rôles, ils ont eu comme effet positif de lui permettre de parfaitement identifier les pièces pouvant être à l’origine d’éventuels problèmes. Francis s’estimait donc mieux préparé pour affronter cette nouvelle saison, et à l’issue d’une difficile année d’apprentissage de sa Mégane, il pouvait se permettre d’afficher clairement ses prétentions : « Mon objectif était de terminer sur le podium du Championnat », avoue-t-il. « Et pour être honnête, j’aurais bien aimé m’imposer sur une ou deux épreuves. Ça n’a pas été le cas, même si je suis parvenu à réduire l’écart qui me sépare de la première place. Ma préoccupation première vient aujourd’hui du fait que, sur les tracés qui requièrent beaucoup de relances, nous sommes encore un peu court en terme de puissance, et c’est là que les écarts sont les plus importants. »
Difficile pour Francis d’améliorer les performances de son moteur, dont les limites sont encadrées par la réglementation qui régit le groupe au sein duquel il est engagé. Mais l’évolution du GTTS suscite chez lui quelques interrogations : « A l’origine, les voitures engagées en GTTS devaient être issue des coupes de marques que l’on trouve en circuit. Aujourd’hui, on se retrouve opposé à des autos qui entrent dans le cadre d’une réglementation très complexe, et où personne ne parvient vraiment à définir clairement quelles sont les limites », analyse Francis. « J’ai un peu le sentiment que l’on a perdu la philosophie de la catégorie, ce qui à mon sens est dommageable. »
Un abonnement aux podiums
Ce questionnement du début de saison n’empêchait pas Francis de se lancer dans la mêlée avec la ferme intention de défier les Porsche, principales rivales de la Mégane. Pour le quintuple Champion d'Europe, la campagne française débutait à Bagnols-Sabran où il plaçait sa Mégane Trophy sur la troisième marche du podium : « A mon sens j’aurais dû finir deuxième », estime Francis. « Malheureusement j’ai cassé un pignon de boîte de vitesses au départ de la deuxième manche, ce qui a entraîné par la suite une sortie de route. Au final, je n’ai été en mesure de faire qu’une seule montée, ce qui bien évidemment m’interdisait toute amélioration. »
La saison débutait mal pour le pilote aubois qui, alors que sa Mégane sortait d’une révision complète, devait repasser par la case carrosserie pour effacer les dégâts consécutifs à cette escapade hors-piste. Avant de se présenter au départ du Col Saint Pierre, Francis devait réparer la boîte de vitesses de sa Renault, et changer les éléments de carrosserie ayant subi des dommages.
Réparations effectuées, c’est au volant d’une Mégane Trophy revigorée que Francis se présentait au départ du Col Saint-Pierre : « C’est un tracé que j’apprécie, et j’avais de bons espoirs de pouvoir réaliser un bon résultat », confie celui qui, au final, accroche la deuxième place.
Francis Dosières a trop d’expérience de la Course de Côte pour ignorer que la Course de Côte d’Abreschviller serait certainement un rendez-vous difficile à aborder. Disputée sur un tracé court et rapide, l’épreuve lorraine met en valeur la puissance des mécaniques, et dans ce domaine, la Mégane n’est certainement pas la mieux armée : « Cela s’est vu lorsque l’on prend conscience que Christian Schmitter, qui dispose certainement de l’une des voiture les plus puissantes du plateau, a bien failli s’imposer », rappelle Francis. « Je savais donc d’avance qu’il me serait difficile de prétendre à la victoire, et mon pronostic s’est avéré juste. »
Après une troisième place acquise en Lorraine, c’est sur les courses de l’Ouest que l’on retrouvait Francis qui, à trois reprises, se hissait sur la deuxième marche du podium. Trois deuxièmes places à Hébécrevon, La Pommeraye et Saint-Gouëno, qui ne pouvaient que satisfaire le Champenois : « J’ai connu trois courses sans réel problème, je ne peux qu’être content du résultat. »
Vînt ensuite le Beaujolais-Village où Francis savait que, comme à Abreschviller, il lui serait difficile sur ce tracé rapide, de rivaliser avec les Porsche : « J’ai déjà un premier problème, similaire à celui que rencontrent les Seat Supercopa, c’est le passage de l’épingle. Ma voiture ne dispose pas d’un énorme rayon de braquage, et je perds déjà du temps dans cette épingle », explique-t-il. « Ensuite, sur les grandes allonges, je savais que je serais pénalisé », ajoute Francis qui terminait au quatrième rang.
A Vuillafans, il était une nouvelle fois devancé par deux Porsche 997 Cup, mais parvenait à renouer avec le podium : « Celle-là elle était compliquée, avec une route qui se dégradait au fil des passages. Il est clair qu’elle était identique pour tout le monde, mais j’ai eu quelques soucis avec ce revêtement. Pour être tout à fait honnête, je suis un peu déçu de ma performance car en théorie, j’aurais dû devancer Jean-François Ganevat. J’ai le sentiment de n’avoir pas fait ce qu’il fallait » confie-t-il dans un sourire.
Après Vuillafans, direction l’Auvergne pour deux épreuves sur lesquelles Francis Dosières allait à nouveau accrocher la deuxième place du podium. Ce sera le cas à Dunières, « où j’ai vraiment connu un excellent week-end sans souci particulier », puis sur le Mont-Dore : « Là j’avoue qu’avec un plateau aussi étoffé, je pensais que ce serait plus compliqué. Je m’en sors plutôt bien, même si, en tenant compte de l’évolution apportée à la voiture entre 2014 et 2015, je suis déçu de mes chronos. Je pense ne pas avoir suffisamment amélioré, mais j’ai le sentiment que c’est un peu pareil pour tout le monde, et que la météo ne nous a pas facilité les choses. »
A Chamrousse, Francis Dosières allait signer son plus mauvais résultat de la saison en devant se contenter d’une cinquième place. Une contre-performance qui s’explique par les conditions dans lesquelles le pilote de l’Aube a abordé ce rendez-vous : « Je suis tombé en panne et je suis resté sept ou huit heures bloqué sur une aire d’autoroute. J’ai rejoint Chamrousse vers 4 heures du matin, dans la nuit de vendredi à samedi. Bien évidemment, j’étais très fatigué et j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans la course », explique Francis. « Comme en principe lorsque ça ne va pas tout s’enchaîne, sur la deuxième montée de course, j’ai pris un drapeau rouge à l’approche de l’arrivée. J’ai dû redescendre pour me relancer avec des pneus plein de graviers et la voiture en surchauffe. Pas idéal pour espérer signer un bon chrono. »
Pour terminer sa saison dans le cadre du Championnat de France de la Montagne, Francis Dosières allait une nouvelle fois accéder au podium, en terminant troisième à Turckheim, derrière les Porsche de Nicolas Werver et David Dieulangard : « J’étais très satisfait samedi, parce qu’aux essais j’améliore mon temps de course de l’an dernier. Mais par la suite je ne suis pas parvenu à progresser entre les essais et la course », regrette-t-il. « Sur la première manche, j’ai entendu un gros bruit dont je n’ai pas identifié tout de suite l’origine, mais qui m’a incité à la prudence. Finalement s’était la barre antiroulis qui a cassé. Je l’ai changé pour la deuxième manche, mais la voiture est devenue trop survireuse, la barre était trop dure. Et sur la troisième montée, j’ai fait une touchette à la chicane, ce qui m’a mis un coup dans le poignet, et là je savais que la montée était morte. »
Vice-champion de France Production 2015
Même si les deux dernières confrontations de la saison ne lui ont pas apporté autant de satisfaction que les précédentes, Francis Dosières se retrouve deuxième du Championnat Production. Un titre de Vice-champion de France qui vient s’ajouter à un magistral palmarès où l’on trouve notamment cinq titres de Champion d'Europe, un de Champion de France de la Montagne Production, plus de 70 victoires de groupe sur des épreuves du Championnat d’Europe, et une multitude de victoires de groupe et de classe sur notre championnat national. Cette deuxième place au championnat satisfait pleinement Francis qui n’affiche qu’un seul petit regret : « J’aurais bien aimé remporter une course ou deux », avoue-t-il.
Courant juin, Francis Dosières prenait part à la Course de Côte de La Broque, classique alsacienne qui fera cette année son entrée au calendrier du Championnat 2ème division. Prétendant à la victoire, il allait finalement s’incliner face à la CG Turbo de Christophe Poinsignon : « J’aurais bien aimé l’emporter, mais je dois avouer que j’ai certainement été sur la retenue. Lorsque tu participes à une épreuve entre deux manches du championnat, tu gardes à l’esprit que la priorité reste le championnat, et que tu n’es pas en droit de prendre des risques inconsidérés qui auraient pour effet d’endommager la voiture. Dans ces conditions tu ne peux pas te livrer à fond. »
En septembre, pour conclure sa saison, Francis s’engageait au volant de sa Seat Léon Supercopa sur la 1ère édition de la Course de Côte de Marson. Troisième au scratch, tous groupes confondus, il s’imposait en Production et remportait le Groupe A : « Le plateau n’était pas énorme », explique-t-il en toute humilité. « Mais ce qui m’a fait avant tout plaisir, c’est de parvenir enfin à comprendre le maniement de la boîte de vitesses de la Seat, avec laquelle j’avais tant galéré en 2013. J’ai enfin compris comment se conduisait cette voiture. Il n’est jamais trop tard… »
Francis Dosières à allégrement passé le cap de la soixantaine, et bien évidemment viendra fatalement le moment de passer à autre chose : « J’avoue que je me suis posé la question de savoir s’il n’était pas temps d’arrêter », confie Francis. Mais que ses nombreux supporters se rassurent, l’heure de raccrocher casque et gants n’est pas encore arrivée : « J’ai envie de faire encore un peu évoluer la voiture, c’est pour cela que je repars pour la saison 2016. On ne peut rien faire sur le moteur, mais on peut faire encore évoluer le châssis, il y a encore une petite marge de progression. »
Pour ce qui est de ses prétentions, impossible d’afficher des ambitions à l’heure où l’on ne sait pas de quoi sera composé un plateau qui s’annonce malgré tout fourni. Seul certitude, Francis sait qu’il va devoir se préparer aux mieux pour défier une concurrence particulièrement relevée : « Il va falloir que j’apprenne à moins bosser. J’ai le sentiment de faire deux semaines et demie dans la même semaine, et je n’ai plus vraiment 30 ans. Il faut que je sache me reposer », avoue-t-il.
On reverra donc la Mégane Trophy aux couleurs de Yacco sur les manches du Championnat de France de la Montagne, toujours soutenue par des partenaires fidèles : « Je remercie chaleureusement Yacco qui me souvient depuis de très nombreuses années et sans qui je ne pourrais plus rouler, ainsi que G.A.S Compétition. Merci également au Domaine de Lascamp, et à ceux qui m’aident tout au long de la saison. Je pense notamment à Jeannot (Natter) mon fidèle mécano, à Régis (Court) mon président d’ASA et à Marc, également membre de l’ASA Rhône-Cèze, à ma fille Juliette qui est venue sur plusieurs épreuves m’apporter son soutien, et à ’’Michou’’ qui entre les épreuves m’aident lors de la préparation et des révisions de la Mégane Trophy », conclut Francis.