Animateur d’épreuves régionales depuis plus de quinze ans, Stéphane Martinet décidait pour cette saison 2019 de découvrir le Championnat de France de la Montagne. Une découverte particulièrement réussie, puisqu’elle se solde par une victoire sur le Challenge Open A/3.
Durant sa jeunesse, c’est la gymnastique qui retenait l’attention de Stéphane Martinet. Gymnase dès l’enfance, il sera un pratiquant assidu pendant de nombreuses années. Le sport automobile ne suscitait alors chez lui aucun réel intérêt, et ce n’est qu’une fois le permis en poche que Stéphane prenait conscience que l’on pouvait connaitre de belles sensations derrière un volant.
L’année de ses 20 ans, il décidait de suivre les traces d’un illustre gymnase de 5 ans son ainé, qui depuis a accroché à son palmarès neuf titres mondiaux: « J’avoue qu’à l’époque j’ignorais totalement l’existence de Sébastien Loeb, et c’est en visionnant des vidéos de rallyes que j’ai découvert les Gilles Panizzi, Jean Ragnotti ou Philippe Bugalski, qui m’ont donné envie de courir à mon tour », confie Stéphane.
Débuts en Course de Côté régionales
Personne parmi les membres de sa famille ou ses amis n’étant impliqué dans la compétition automobile, Stéphane devait apprendre seul les spécificités de cet univers pour lui totalement inconnu. Pour débuter, Stéphane Martinet faisait l’acquisition d’une Renault Super 5 GT Turbo Groupe N avec laquelle il prenait part à ses premières courses de côte régionales : « J’ai fait mes débuts en 2002 sur la Course de Côte d’Autun avant d’enchainer les épreuves régionales de Bourgogne et des régions limitrophes. »
Après deux ans de bons et loyaux services, la Super 5 GT Turbo laissait place à une Peugeot 106 XSI, toujours en Groupe N : « Je l’ai conservé pendant cinq ans et c’est à son volant que j’ai pris part, en 2008, à ma première épreuve inscrite au calendrier du Championnat de France, la Course de Côte de Limonest. Cette année là je me suis qualifié pour la Finale de la Coupe de France qui se déroulait au Pôle Mécanique d’Alès. » L’occasion pour Stéphane de positionner sa 106 à la deuxième place de sa classe derrière la Peugeot 205 de Bruno Verdier.
En 2009, c’est une Renault Clio Cup 2 qui viendra remplacer la 106, et depuis le Bourguignon restera fidèle à la petite sportive de la marque au losange : « J’ai part la suite eu une Clio Cup F2000 que j’ai gardé quatre ans, avant de racheter en juillet 2018 la Clio Cup 2 avec laquelle j’ai pris part au Championnat cette saison. »
Le choix de la Clio Cup est selon Stéphane celui de la raison : « C’est une auto réputée fiable, facile à entretenir pour quelqu’un comme moi qui n’est pas d’énormes connaissances en mécanique. Et puis le rapport prix / performance et réellement attractif », explique-t-il.
La carrière sportive de Stéphane, essentiellement consacrée aux épreuves régionales, connaitra une interruption entre 2014 et 2018, lorsqu’il décidait d’ouvrir sa carrosserie : « Je devais évidemment consacrer mon temps à la création de mon entreprise, et une fois que tout était en place, j’ai décidé de revenir. » Avec sa Clio, Stéphane prenait part à deux épreuves en 2018, les Courses de Côte de Lamure-sur-Azergues et de Limonest. Sa première participation se soldait par une deuxième place de classe à deux dixièmes de Philippe Bernard, et à Limonest il terminait à nouveau deuxième derrière la Clio Cup 3 du même Philippe Bernard. « Le but de ces deux participations étaient de tester la voiture en vue de faire en 2019 une grosse saison. »
A la découverte du Championnat
Et pour Stéphane Martinet, la ’’grosse saison’’ sera synonyme de découverte du Championnat, puisqu’excepté Marchampt en Beaujolais et Limonest, il n’avait jamais eu l’occasion de rouler sur les autres tracés : « Pour être tout à fait honnête, je ne savais même pas où se situer les épreuves, j’ai donc tout appris cette année. »
Sa méconnaissance du Championnat ne permettait pas à Stéphane Martinet de se fixer de réelles prétentions en début de saison : « J’étais avant tout là pour découvrir et me faire plaisir, en essayant si possible de signer quelques bons chronos. Mais je n’avais aucune ambition en ce qui concerne le Challenge Open, d’autant que je ne connaissais pas mes adversaires. »
La saison de Stéphane Martinet débutait de la plus belle des manières, puisqu’il remportait sa classe à Bagnols-Sabran, en devançant sur ses terres celui qui allait devenir son principal rival, Elie Théophile : « J’avoue que je suis arrivé à Bagnols-Sabran les mains dans les poches, en ne connaissant rien du Championnat, sans matériel, et je repars avec la victoire sur une épreuve que je découvrais. Evidemment ça laisse un fabuleux souvenir. De plus, j’ai bien aimé ce tracé sur lequel il faut oser se lâcher. »
Même s’il a comme atout de s’adapter assez vite aux parcours, Stéphane Martinet reconnait que le Col Saint-Pierre fut un sacré morceau : « Là j’ai eu plus de mal… Sur le haut du parcours, dans le rapide, j’étais perdu. Tous les virages se ressemblent et ce tracé n’est pas évident à assimiler. J’avoue que je n’ai certainement pas assez reconnu, j’ai dû me limiter à quatre montées aux côtés d’Antoine Uny. Mais j’ai beaucoup aimé la partie du bas, moins le final parce que j’ai eu du mal à me faire plaisir en cherchant constamment mes repères », explique Stéphane qui termine quatrième de sa classe.
Il faudra attendre ensuite la mi-saison et la Course de Côte de Marchampt pour retrouver Stéphane Martinet. Dans les vignobles du Beaujolais, le Bourguignon viendra chercher une nouvelle victoire de classe en positionnant sa Clio à la cinquième place du Groupe A : « J’avais déjà eu l’occasion de disputer cette épreuve à deux reprises et de signer de bons chronos, j’étais donc en confiance. Je savais que j’étais bien sur ce tracé, mais j’ignorais ce que pouvaient faire les autres. Mais ça s’est bien passé et je suis super content de mon week-end. »
La Course de Côte de Vuillafans permettait à Stéphane de remporter un nouveau succès, mais il avoue que le rendez-vous Franc-Comtois a été un peu compliqué pour lui : « Nous avons été marqués par la violente sortie de route de Jimmy (Ermann). Il faisait hyper chaud, et quand j’ai vu sa voiture redescendre, entre la chaleur et l’émotion, j’ai fait un petit malaise. J’ai absorbé du sucre et de l’eau, et un quart d’heure après j’étais sur la ligne de départ, mais pas dans les meilleures dispositions. J’avais à l’esprit que nous roulions à peu près dans le même rythme avec Jimmy, et que j’aurais pu moi aussi être victime du même type d’accident. »
Stéphane Martinet garde un souvenir particulier de sa première participation à Dunières où là encore il imposait sa Clio en tête de la classe A/3 : « C’est une des épreuves que j’ai le plus appréciées. Le tracé est un peu court, mais le parcours et génial et l’organisation est vraiment au top. J’en garde un excellent souvenir. »
Les conditions météorologiques n’étaient certainement pas les meilleures pour découvrir le Mont-Dore où Stéphane terminait troisième de sa classe : « C’est sûr que ce n’était pas la meilleure année. Mais je retiendrai que le cadre est magnifique, et bien évidemment il est fort dommage que nous n’ayons pas pu nous exprimer comme nous le souhaitions. Je ne suis pas un adepte de la pluie, je ne sais pas rouler vite sur le mouillé », reconnait-il humblement.
Pour trois dixièmes, Stéphane Martinet était devancé à Chamrousse par la Nissan Almera de Michel Bineau. Un classement qui lui parait logique : « Même si je ne gagne pas c’est une réelle satisfaction pour moi. C’est une course rapide, et il paraissait impossible d’aller chercher l’Almera Kit-Car sur cette épreuve, même en battant comme je l’ai fait le record des Clio Cup. Le parcours est magnifique, on a le sentiment de rouler sur un circuit, j’en garde vraiment un excellent souvenir. »
A Turckheim, la pluie allait s’inviter aux débats, ce qui n’empêchera pas Stéphane Martinet d’accrocher une deuxième place derrière une autre Clio, celle de Patrice Schutz : « Ce tracé n’est pas aussi compliqué que celui du Saint-Pierre mais reste difficile à mémoriser. Pour le reste, la pluie m’a un peu ralenti sur la deuxième montée, mais je garde tout de même un excellent souvenir de ma participation à l’épreuve alsacienne. »
L’issue du Challenge Open A/3 se jouait à Limonest où on retrouvait en lice pour le trophée Stéphane Martinet et Elie Théophile. Le vainqueur de l’ultime confrontation du Championnat savait qu’il coifferait les lauriers de la victoire : « C’est une des deux épreuves du Championnat que je connaissais et je savais que j’allais vite sur ce tracé. Donc j’y allais confiant, même si je me méfiais de l’ami Elie… J’ai fait un excellent chrono sur la montée du matin, un truc inattendu au moment où il ne fallait pas se louper, et ça fait la différence. » Vainqueur de sa classe, Stéphane place sa Clio au quatrième rang du Groupe A, dans le sillage des trois Supercopa des ténors de la catégorie.
En dehors du Championnat, au mois d’avril, accompagné de Jocelyn Rosier, Stéphane Martinet prenait part au Rallye des Gueules Noires au volant d’une Clio qui lui avait été prêtée par mon beau-frère Eric Frizot : « Il s’occupe de l’organisation de l’épreuve et ne pouvait donc pas être derrière le volant. Il voulait que je la fasse rouler pour satisfaire ses partenaires. C’était une expérience sympa, durant laquelle je n’ai pas forcé l’allure tout en me faisant plaisir. »
Vainqueur du Challenge Open A/3
Pour sa première participation sur le Championnat de France de la Montagne, Stéphane Martinet ne pouvait rêver de mieux puisqu’il remporte le Challenge Open A/3 : « Je suis vraiment content parce qu’on a eu de belles bastons avec Jimmy (Ermann) en début d’année, et avec Elie (Théophile) tout au long de la saison. J’ai découvert des gens exceptionnels, tissé des liens d’amitiés avec notamment Elie et toute son équipe. J’ai pu conseiller Elie, nous nous sommes entraidés, donc aussi bien sportivement qu’humainement cette saison me laissera de fabuleux souvenirs. Et s’il est vrai que la victoire fait toujours plaisir, pour moi, mes enfants, ce qui m’ont soutenu, ce que je retiens avant tout ce sont les moments forts que nous avons vécus. »
A l’heure de tourner la page de cette belle aventure, Stéphane a évidemment une pensée pour ceux qui se sont impliqués dans sa première saison sur le Championnat : « Un immense merci à mes partenaires, HD publicité, Carrosserie EXXEL, Jr Consultant (Jocelyn Rosier), Menuiserie Cotelle, Montceau peinture. Je remercie également mon équipe d’assistance, Nico, Pierre Luc, Vincent, Nathalie et mes enfants Emma, Lucie et Tom. »
Une nouvelle aventure se dessine à l’horizon 2020 pour Stéphane Martinet qui vient de faire l’acquisition de la Formule Renault d’Estel Bouche, avec laquelle Yannick Latreille s’est illustré cette saison sur plusieurs manches du Championnat : « Là encore je vais tout avoir à découvrir. De ce fait, je vais concentrer mes efforts sur du roulage en circuit et quelques épreuves régionales autour de chez moi afin d’apprendre le maniement de la voiture », conclut Stéphane.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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