Une nouvelle fois, Billy Ritchen aura marqué de son empreinte la discipline qu’est la Course de Côte durant cette saison 2017. Vainqueur du Challenge Open F3, l’Alsacien termine à la cinquième place du Championnat de France de la Montagne, premier des pilotes de 2 litres. Et il s’en est fallu de peu qu’il rajoute à son palmarès un Trophée FFSA de Groupe DE, qui échoit finalement à Geoffrey Schatz.
Billy Ritchen a pris pour habitude de figurer sur le podium de la Formule 3. Le pilote de Masevaux, qui fêtera au mois de novembre ses 30 ans, compte depuis de nombreuses saisons parmi les hommes forts de la discipline. Vainqueur du Challenge Espoir il y a maintenant 10 ans, animateur du Championnat d’Europe au volant d’une F3000 au début des années 2010, il se classait premier français en 2011. De retour sur notre championnat, il remportait le Challenge Open F3 en 2015 avant de terminer sur la deuxième marche du podium l’année suivante, et de reconquérir ce Challenge à l’issue de cette saison 2017.
Avec un tel palmarès, à l’heure de s’élancer sur les épreuves de cette saison 2017, Billy ne pouvait prétendre à autre chose qu’à la victoire : « L’objectif était clairement de gagner », confie l’Alsacien. « L’an dernier, nous avions démontré notre compétitivité, mais de nombreux soucis avec le moteur nous avaient gêné dans notre progression. Nous avons mis à profit l’intersaison pour résoudre les divers problèmes rencontrés alors que nous découvrions la voiture l’an dernier. Il était clair dans notre esprit qu’avec une auto qui devait fonctionner correctement, nous devions être en mesure de nous battre pour la gagne. »
Rien de mieux pour éviter les déconvenues de la saison passée, que de démonter intégralement la Dallara F311, d’analyser la moindre pièce, de cerner le fonctionnement de chacun des éléments et de remonter le tout en ayant la certitude que tout fonctionne comme une horloge. C’est à ce travail que Billy et son entourage s’attelaient durant la pause hivernale : « Nous avons pu bénéficier du soutien technique de Mercedes, je leur dois en grande partie le fait d’avoir pu courir dans les meilleures conditions cette année. D’ailleurs, par reconnaissance, j’ai tenu à ce que ma voiture affiche les couleurs de la marque. » Un clin d’œil que le constructeur de Stuttgart a dû apprécier.
Un temps scratch pour débuter la saison
La saison de Billy Ritchen ne pouvait pas mieux commencer. Sur la toute première montée de course de la saison, à Bagnols Sabran, c’est lui qui était crédité du meilleur temps en devançant, sous la pluie, la Norma 4 litres de Sébastien Petit. Par la suite, la hiérarchie reprenait ses droits, mais l’Alsacien signait un premier excellent résultat, en terminant quatrième au scratch, premier des F3 : « Sur cette épreuve, je découvrais le comportement des pneus Michelin, et c’était vraiment sympa de signer un temps scratch sur une piste humide. On avait à l’esprit que l’on devait être bien sur le mouillé, mais là, parvenir à montrer qu’une F3 pouvait jouer devant dans ces conditions, c’était vraiment stimulant. Bien évidemment je ne cache pas que j’aurais préféré que la pluie tombe durant tout le week-end, car par la suite, sur route sèche, il était impossible de devancer les Protos 4 litres et la F3000 de Geoffrey Schatz. Mais cette quatrième place est vraiment une belle perf pour débuter la saison, je pouvais difficilement espérer mieux. »
Si la pluie ne s’invitait pas sur le Col Saint-Pierre, deuxième rendez-vous de la saison, en revanche Billy s’invitait une nouvelle fois à la quatrième place : « La course sur le sec nous a permis de poursuivre l’apprentissage des pneus en collaboration avec les ingénieurs de chez Michelin. Avant la saison, j’avais eu l’occasion de faire des essais, mais là je commençais vraiment à cerner le comportement des pneumatiques, et de ce fait à comprendre quelles améliorations il allait falloir apporter aux réglages de la voiture. » Premier des F3 avec en prime le record de la catégorie, quatrième au scratch, Billy ne pouvait espérer mieux sur cette épreuve comptant pour le Championnat d’Europe.
C’est au prix d’un dur combat face à Marcel Sapin que Billy Ritchen parviendra, pour 293 millièmes de secondes, à accrocher son troisième succès de la saison en F3 à Abreschviller : « A mon sens, c’est sur cette épreuve que nous avons le plus travaillé. Au départ, nous n’étions pas du tout dans le coup, pour être franc, lors des essais nous étions carrément à ’’la ramasse’’. La Dallara F311 dispose d’énormément d’appuis, ce qui nous freine énormément et nous empêche de prendre de la vitesse. Par rapport à une F3 de 2005 qui a beaucoup moins d’aéro, nous sommes pénalisés. Et il a fallu énormément bosser pour gommer ce désavantage, d’autant qu’à Abreschviller, sans vitesse de pointe, tu es à l’arrêt. On a donc testé un tas de solutions, et j’ai commencé à être mieux sur la deuxième montée de course, où je passe en tête des F3, avant de confirmer en améliorant sur la dernière en signant le record de la catégorie. Pour nous, s’imposer après avoir autant travaillé était particulièrement revalorisant. »
Billy retrouvait Marcel Sapin dans le Beaujolais où, cette fois, le pilote de Marchampt évoluait à domicile. Les deux hommes ne manquaient pas de se livrer un nouveau duel, d’où l’Alsacien sortait à nouveau vainqueur : « On savait depuis le début de saison que Marcel serait un adversaire coriace. M’imposer sur son épreuve en battant là encore le record des F3 est particulièrement réjouissant. »
Il ne faisait pas bon, cette année, compter parmi les leaders du Championnat à l’heure de s’élancer sur la Course de Côte de Vuillafans. La météo avait en effet décidé de pénaliser les hommes forts, en faisant apparaitre des orages dès qu’ils se présentaient en prégrille. Billy Ritchen n’était pas épargné par les caprices météorologiques, et se retrouvait à la 49ème place du scratch, onzième des F3 : « J’ai d’autant plus de regrets que je me suis rapproché du record dès les essais, et que nous avions trouvé des réglages vraiment top. J’étais plus vite aux essais qu’en course lors des précédentes éditions, et je savais que là, on était en mesure de signer un super résultat. La météo en a décidé autrement, c’est la course, on ne peut rien y faire. »
Le Groupe DE tombe à l’eau !
Si la mésaventure de Vuillafans n’avait guère de conséquence en ce qui concerne le Challenge et la position de Billy au Championnat, en revanche elle mettait un sacré frein à ses prétentions de remporter le Trophée FFSA du Groupe DE : « Geoffrey Schatz avait marqué de gros points en début de saison au volant de sa F3000. Mais depuis Marchampt il roulait en CN+ et je pouvais alors espérer combler mon retard sur lui. Mais en repartant de Vuillafans sans avoir marqué le moindre point, je savais que ça devenait une opération impossible à réaliser. »
Au Mont-Dore, Billy allait poursuivre sa quête de victoire en F3 en se hissant à nouveau sur la plus haute marche du podium de la catégorie. Un succès assorti d’une cinquième place au scratch : « Le Mont-Dore est vraiment une course atypique où tu sais que pour être rapide il te faut être vraiment bien du côté des réglages. Et cette année, je bats le record des F3 de près de quatre secondes, et je suis dans les temps des records des Protos 3 litres. Donc, pour moi, c’est la grosse perf de la saison et un réel sujet de satisfaction. Pour être honnête, je n’aurais jamais pensé réaliser un tel chrono », confie Billy qui termine le week-end en étant crédité d’un meilleur temps en 2’25’’228, et qui devance son premier poursuivant en F3 de près de six secondes.
A nouveau cinquième à Chamrousse, Billy remportait un nouveau succès de classe en terminant premier des F3, mais il ajoutait à cela un succès de Groupe, puisque c’est lui qui sera le plus rapide des monoplaces : « Il est évident que ça ne peut que me faire plaisir de remporter une victoire en Groupe DE. Chamrousse me laisse cette année encore d’excellents souvenirs, même si on a dû vraiment travailler pour signer un tel résultat. Au départ la voiture ne fonctionnait pas comme je le souhaitais, et j’avais du mal à être dans le rythme. On a donc énormément bossé, et sur la dernière montée, avec des pneus neufs, je suis parvenu à signer un nouveau record en F3 et à passer devant Damien (Chamberod) pour terminer premier des 2 litres. »
La victoire en Groupe DE, et bien évidemment en F3, sur la Course de Côte de Turckheim ne pouvait que satisfaire Billy Ritchen. Mais l’Alsacien ne cache pas pour autant, qu’en termes de performances, il espérait mieux sur ses terres : « Difficile de savoir d’où vient le fait que je ne sois pas parvenu à faire mieux », reconnait Billy. « Je n’étais pas dedans. Les sensations étaient bonnes au volant, mais ça ne se traduisait pas face au chrono. Peut-être le fait de savoir que j’étais d’ores et déjà assuré de remporter le Challenge Open a inconsciemment émoussé ma motivation. J’échoue à six ou sept dixièmes de mon record personnel, qui est le record des F3, ce qui en soi est une belle performance, mais j’avoue que j’espérais mieux après avoir signé un bon nombre de nouveaux records cette saison. Sur une autre course, ça ne m’aurait pas contrarié, mais là, à la maison, c’est un peu décevant. »
30 ans, l’âge de la maturité
Vainqueur du Challenge Open F3, cinquième du Championnat, Billy Ritchen réalise cette saison sa meilleure performance depuis qu’il évolue sur le Championnat de France de la Montagne : « Excepté Vuillafans, où la météo a joué les trouble-fêtes, je me suis imposé sur toutes les manches que j’ai disputées. C’était top, ma plus belle saison », estime Billy. « En plus je me suis imposé dans ma catégorie sur la Course de Côte de Saint Ursanne – Les Rangiers et à La Broque où je termine troisième au scratch. C’est pour moi la saison parfaite, durant laquelle nous avons bien travaillé. Le contrat est rempli à 100 %... » Pour Billy, qui fêtera ses 30 ans le 18 novembre prochain, cette saison est un peu celle de la consécration : « Ce que nous sommes parvenus à obtenir cette saison, et le fruit du travail des dix dernières années, tant dans le développement de la voiture que dans les collaborations que j’ai pu mettre en place avec mes partenaires. Et je pense pouvoir être content du résultat… »
Ce travail acharné, Billy ne l’a pas réalisé seul, mais a pu compter sur le soutien de proche et de partenaires qu’il ne veut pas manquer de remercier : « Un grand merci à toute mon équipe, à mes mécaniciens Claude et Matthieu. A ma compagne Léonie et mes parents (Isabelle et Richard) ainsi que mes partenaires LCI Group Bosch, Michelin, Mercedes-Benz, l’Agence Europa à Cannes, les Lubrifiants Seven, la Carrosserie Daddy et la Carrosserie Cattin, O puissance 4, Siefert Motorsport, Grand Prix Racewear et Sebastian Sebastian, le designer qui a dessiné mon casque. »
Lorsque on évoque la saison à venir, Billy ne cache pas qu’il est dans l’expectative, car s’il est sûr de ne pas vouloir investir dans une F3 nouvelle génération, en revanche il se pose des questions concernant son programme : « Je repartirai sans aucun doute au volant de la Dallara F311. Maintenant, il reste à définir avec mes partenaires, et avec Michelin, quelles seront nos priorités et donc quel sera mon programme. Pour l’avenir, j’attends de voir de quoi sera faite la nouvelle réglementation concernant les Protos, et j’envisagerai à ce moment-là un éventuel changement de monture », conclut Billy.
Propos recueillis par Bruno Valette
Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Billy Ritchen.