Des obligations, tant privées que professionnelles, contraignaient Billy Ritchen à aborder cette saison 2019 comme une année de transition. Le pilote alsacien devait en effet faire l’impasse sur plusieurs épreuves du calendrier, mais ses forfaits ne l’ont pas empêché de dominer sa classe, et de remporter une nouvelle fois le Challenge Open F3, comme il l’avait fait en 2015, 2017 et 2018.
Exceptée la décoration, pas de changement concernant la voiture de Billy Ritchen, l’Alsacien s’alignait au départ de cette saison 2019 avec la Dallara F312 propulsée par un moteur Mercedes, qui lui avait permis de remporter la titre l’an dernier. Durant la pause hivernale, Billy et son équipe procédaient à une revue des réglages , « mais nous n’avons rien fait de révolutionnaire, sachant que nous avions vraiment bien travaillé l’année précédente », confie Billy. Côté prise en mains après plusieurs mois d’interruption, les essais du pilote alsacien se limitaient à une session de roulage.
Objectifs limités pour une saison de transition
Tenant du titre dans le cadre du Challenge Open F3, vainqueur du Trophée FFSA du Groupe DE 2018, Billy n’affichait pas comme objectifs impérieux de conserver l’ensemble de ses trophées. Il savait pertinemment que son investissement sur cette saison serait loin d’être total, et de ce fait qu’il lui était difficile d’afficher de réelles prétentions : « J’avais diverses obligations, tant professionnelles que privées, notamment en ayant décidé avec Léonie, ma compagne, de construire notre maison, et je savais que je ne pourrais pas consacrer, comme ce fut le cas les années passées, autant de temps à la compétition », explique Billy. « Il était clair qu’il me serait impossible d’être au départ de l’ensemble des épreuves et que de ce fait, je ne pouvais au mieux que viser une nouvelle victoire dans le Challenge Open. »
Billy Ritchen n’ignorait pas non plus que, durant l’intersaison, la concurrence avait affuté ses armes : « Les pilotes des Tatuus Formula Master se présentaient comme des adversaires de taille. Marcel (Sapin) avait fait progresser sa voiture et Kevin (Petit) est suffisamment talentueux pour être d’entrée de jeu compétitif. »
Au départ de cette saison 2019, Billy Ritchen savait qu’il devrait donc enchainer les bons résultats sur les épreuves inscrites à son calendrier, cette année ’’charnière’’ allait se jouer sans joker. Et pour débuter la saison, l’Alsacien se rendait sur les deux premières épreuves gardoises, Bagnols-Sabran et le Col Saint-Pierre.
Enchainement de victoires de groupe et de classe
Sur la manche d’ouverture, il entamait la saison de fort belle manière en accrochant une première victoire de groupe, assortie bien évidemment d’un succès dans sa classe : « A Bagnols ça s’est plutôt bien passé. J’étais dans le rythme et la victoire en 2 litres se joue dans la dernière montée où Etienne Pernot parvient à me devancer. Mais je n’ai pas rencontré le moindre souci et c’était une bonne mise en jambe », analyse Billy qui termine à la sixième place à seulement 61millièmes de la Norma d’Etienne Pernot au cumul des deux meilleures montées.
L’Alsacien ira chercher une nouvelle victoire sur les pentes du Col Saint-Pierre où, quatrième au scratch, il s’imposait dans son groupe, et se positionnait deuxième des 2 litres, cette fois derrière Marc Pernot : « Nous avons mis à profit ce week-end pour mener des tests sur la pression des pneus, et nous avons commis quelques erreurs durant la journée de dimanche. C’est un peu dommage car nous aurions pu peut-être viser le podium. Je n’ai aucune certitude que j’y serais parvenu, mais au moins j’aurais pu me battre pour l’accrocher. La performance est au rendez-vous, mais je ne peux m’empêcher d’avoir un petit regret. »
« Catastrophique ! », c’est par ce mot que Billy Ritchen résume son week-end à Abreschviller, où pourtant il remportait une nouvelle fois sa classe : « Nous savions qu’en vitesse de pointe nous n’étions pas super vite… Et comme attendu, cette course fut pour moi un fiasco car je me suis trainé tout au long du week-end. Alors certes je m’impose en F3, mais ce succès avait un goût amer car je suis loin du compte en termes de performance. Comparé aux Protos 2 litres et aux Tatuus Formula Master je manquais cruellement de vitesse de pointe », explique l’Alsacien qui pointe au final à la neuvième place.
Billy Ritchen ne se faisait guère d’illusion au moment de rejoindre Marchampt, prochaine épreuve inscrite à son calendrier. Car si la victoire dans sa classe semblait être un objectif réaliste, la première marche du podium du Groupe DE semblait plus difficilement accessible : « On savait qu’à domicile Marcel (Sapin) serait un adversaire redoutable avec sa Tatuus Formula Master, et que David (Guillaumard) avait démontré sur les épreuves régionales qui précédaient Marchampt qu’il allait vite avec sa nouvelle voiture », analyse Billy. « Ce que je retiens avant tout c’est que les chronos que je réalise sont loin d’être ’’dégueulasses’’, je suis plutôt bien, mais je savais qu’il me serait difficile de rivaliser. » Au final, Billy Ritchen termine troisième du Groupe DE mais repart de Marchampt avec une nouvelle victoire de classe à inscrire à son palmarès.
Malgré une roue arrachée sur la dernière montée de course, l’épreuve de Vuillafans apportera son lot de satisfactions à Billy qui, là encore remportait sa classe : « Je suis clairement content de mes chronos, l’auto roulait vraiment fort, et je pense que si je n’étais pas sorti sur la dernière, ça faisait réellement un temps au bout, d’autant que j’avais des ’’balles neuves’’. Sur les datas, j’ai pu m’apercevoir que sur le bas du parcours j’étais nettement plus vite que le matin, ça aurait donc dû engendrer un très bon chrono au final. Mais j’ai glissé sur des cailloux, l’auto m’a échappé, c’est la course… Ce que je veux retenir c’est que ce week-end là je faisais jeu égal avec David (Guillaumard), ce qui pour moi était une bonne performance qui ne pouvait que me rassurait sur la compétitivité de ma voiture. »
Le week-end suivant Vuillafans avait lieu la Course de Côte de La Broque, épreuve alsacienne comptant pour le Championnat 2ème Division. Un rendez-vous que Billy Ritchen tente d’honorer chaque année. Présent, il place au final sa Dallara F312 au cinquième rang : « Une semaine après être sorti à Vuillafans, ça m’a fait énormément de bien de pouvoir reprendre le volant dans la foulée et de pouvoir tester l’auto avant de retrouver le Championnat… La semaine a été folle, on a travaillé comme des dingues et on a terminé de la remontée le samedi matin avant de nous rendre sur l’épreuve. Nous sommes arrivés au parc à 11h00 pour prendre part à la première montée à 13h00, c’était chaud ! Ce n’était pas facile de se remettre dans le rythme mais je suis vraiment content d’avoir fait cette course. »
C’est au Mont-Dore que l’on retrouvait par la suite Billy Ritchen, sur une course marquée par une météo capricieuse qui allait brouiller les cartes : « Là encore je suis content de mes performances, la vitesse était au rendez-vous », analyse l’Alsacien qui se classe sixième au scratch, premier de son groupe et de sa classe. « Après, la décision du Collège qui ne retient qu’une seule des deux montées de course pour établir la classement final est à mon sens totalement incompréhensible. Ne pas respecter le règlement est à mon sens anti-sportif et personne n’a vraiment compris, d’ailleurs nous n’avons pas vraiment eu d’explication. »
Performant dans l’hexagone, Billy Ritchen a pris pour habitude d’exporter son talent à l’étranger. Et cette année encore, durant le week-end du 15 août, il ira briller sur la manche suisse du Championnat d’Europe de la Montagne, la Course de Côte de Saint Ursanne – Les Rangiers : « La encore la performance était au rendez-vous puisque je termine premier des 2 litres en accrochant la onzième place finale. C’est une magnifique course sur laquelle j’ai vraiment bien roulé, je ne peux être que content de mon week-end. »
Des contraintes professionnelles obligeaient Billy Ritchen à faire l’impasse sur Chamrousse, et c’est donc chez lui, en Alsace, qu’il allait conclure sa saison sur la Course de Côte de Turckheim : « Les jeux étaient faits, et j’abordais cette épreuve avant tout pour préparer l’avenir. En ce sens c’est une totale réussite car ça nous a permis de tester des pneus, de revoir certains réglages pour la saison prochaine. Du point de vue sportif, ce n’est pas ma meilleure course de la saison mais je suis vraiment satisfait du travail que nous avons accompli durant le week-end. C’était vraiment constructif », estime Billy qui termine là deuxième de sa classe derrière Daniel Allais.
Un nouveau Challenge Open F3 à son palmarès
Vainqueur du Challenge Open F3 en 2015, 2017 et 2018, Billy Ritchen accroche donc un nouveau trophée à son palmarès à l’issue de cette saison 2019 : « Pour une saison de transition, durant laquelle je ne me suis pas impliqué autant que par le passé, le résultat est là et c’est ce que je veux retenir. Je remporte le Challenge Open F3, et même si ce n’est pas la plus belle saison de ma carrière, l’objectif est atteint. »
Cette année encore, Billy Ritchen a pu compter sur le soutien des fidèles pour qui il a évidemment une pensée : « Je souhaite remercier tout particulièrement ma copine Léonie, mon meilleur ami et mécano ’’Choupette’’, mon fidèle mécano Matthieu, mon mécano et ami Pati, ainsi que mon fidèle Claude, mes parents, toutes les personnes qui me suivent et me soutiennent, ainsi que tous mes partenaires : Michelin Motorsport (Julien Vial, Phillipe Planeix et Jose Nunes), LCI Group Bosch, Agence Europa Cannes, HWA AG, Lubrifiant Seven, Carrosserie Cattin, Carrosserie Daddy et O Puissance 4, pour ses magnifiques décorations. »
Pour ce qui est de l’avenir, pour Billy Ritchen le challenge le plus important c’est la pérennisation de sa collaboration avec Michelin : « Je sais d’ores et déjà qu’en 2020 nous allons continuer à travailler ensemble pour développer la gamme de pneumatiques et faire évoluer les gommes, et cela évidemment m’enchante. Pour le reste, concernant mon programme sportif, rien n’est décidé pour la saison 2020, la seule certitude pour moi c’est que j’évoluerai au volant d’une monoplace », conclut le pilote alsacien.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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