Les années se suivent et se ressemblent pour Antoine Uny qui, à l’issue de cette saison 2019, termine comme l’an dernier deuxième du Challenge Open A/5. Mais, différence notoire, c’est lui qui cette année inscrit son nom au palmarès du Groupe A, en remportant le Trophée FFSA de la catégorie. Une seconde consécration pour le Jurassien qui, en 2017, avait remporté le Trophée FFSA du Groupe N.
Lorsque l’on termine la saison à la deuxième place de son Challenge, la première chose que l’on souhaite c’est de retrouver le volant pour tenter de gravir la saison suivante une marche supplémentaire. Dans l’esprit d’Antoine Uny, il était donc logique de renouveler l’expérience au volant de sa Seat Léon Supercopa pour cette campagne 2019 : « Je n’avais fait qu’une saison avec cette auto, et je n’en étais donc pas arrivé au bout. Et compte tenu des batailles que nous nous étions livrées, je voulais impérativement repartir pour aller chercher le titre », commente Antoine.
La pause hivernale est habituellement consacrée au développement des voitures, Antoine et ses proches concentraient leurs efforts sur le châssis, afin d’en améliorer les réglages : « Les essais que nous avons pu mener sur circuit semblaient prometteurs. Mais par la suite, en course, sur des routes de montagne, nous avons rapidement pris conscience que nous étions partis dans la mauvaise direction. La voiture se comportait très bien dans le serré, mais bougeait beaucoup dans le rapide, ce qui m’a fait perdre confiance. C’est ce qui explique qu’en ce début de saison 2019, mes résultats n’étaient pas toujours à la hauteur de mes attentes », analyse le pilote de Saint-Laurent-la-Roche.
En quête d’un nouveau trophée…
Antoine Uny le savait, la quête du titre serait cette année encore âprement disputée. Les hommes forts du Groupe A ont pris pour habitude de se livrer des combats d’une rare intensité, et si les victoires se jouent à coup de dixièmes de secondes, l’issue du Championnat se détermine pour quelques points. Face à lui, le Jurassien retrouvait son comparse Jérôme Janny, qui évolue au volant d’une Seat Léon identique à la sienne, et Francis Dosières, l’homme au palmarès le plus étoffé du Championnat, et qui exprime son immense talent derrière le volant d’une Supercopa MK3.
Face à ses adversaires de poids, l’objectif clairement avoué d’Antoine Uny était de terminer en tête des Groupes A au Championnat et de s’assurer le Trophée, et si possible de réaliser le doublé en s’imposant sur le Challenge Open : « J’étais conscient que ça ne serait pas facile, au départ de Bagnols-Sabran personne n’aurait osé parier sur l’un de nous trois. C’est d’ailleurs ce qui fait la beauté du Groupe A. »
Vainqueur du Groupe en 2018 à Bagnols-Sabran pour sa première course au volant de la Supercopa, Antoine espérait bien évidemment rééditer cette performance. Mais le comportement de sa Seat allait l’en empêcher : « Ça ne s’est pas passé comme je l’espérais. Dès les essais, sur le haut du parcours, je n’arrivais pas à passer à fond contrairement à l’an dernier. Nous avons passé le week-end à changer des ressorts, à modifier des réglages, mais rien n’y faisait. Jérôme (Janny) a réalisé un super chrono sur cette épreuve, mais pour moi, ça ne l’a pas fait », confie Antoine qui termine troisième du groupe.
Avec une auto ayant un très bon comportement dans le serré, Antoine Uny était à son affaire sur la première portion de la Course de Côte du Col Saint-Pierre. Mais sur le haut du parcours, il lâchait quelques précieux dixièmes : « Malgré tout je signe le record des MK2, je suis donc satisfait de ma prestation. Après, sur le haut du parcours, il n’était pas possible d’aller chercher la MK3 de Francis (Dosières). On a dû également composer avec des nouveaux pneus qui se dégradaient assez vite à cause de la chaleur, ce qui ne facilitait pas les choses. »
Toujours en manque de confiance à cause du comportement de sa voiture dans le rapide, Antoine Uny ne pouvait être performant sur le tracé rapide d’Abreschviller, d’autant que la pluie s’invitait à la fête : « La seule montée sur laquelle j’étais à peu près bien, c’est celle du samedi soir. Mais je n’étais toujours pas suffisamment en confiance pour pouvoir réellement me lâcher », avoue Antoine qui termine troisième derrière Francis et Jérôme.
Le combat entre les trois ténors de la catégorie se poursuivait à Thèreval – Agneaux où cette fois Antoine Uny parvenait à accrocher la deuxième place derrière son ami Jérôme Janny : « Là j’étais nettement mieux en réglages et j’ai pu retrouver de la confiance. Même si ce n’est pas un tracé que j’affectionne, je suis parvenu à tirer mon épingle du jeu en terminant deux dixièmes devant Francis. Jérôme quant à lui signe un super chrono sur la dernière montée, et on ne pouvait pas aller le chercher. »
Premier succès de la saison à La Pommeraye
Le tracé rapide de La Pommeraye confirmait qu’Antoine Uny avait trouvé les bons réglages, puisque c’est lui qui impose sa Supercopa en tête du Groupe A, en terminant quatrième des Production : « La première victoire de la saison est vécue comme une libération, d’autant que nous nous sommes livré une sacrée baston avec Jérôme, et que je ne le devance au cumul que de deux dixièmes. Quand on voit nos passages, on peut s’apercevoir que nous n’étions pas loin de la limite. »
La confrontation entre Jérôme Janny et Antoine Uny se poursuivait à Saint Gouëno où le Jurassien était devancé de six dixièmes par son adversaire et ami : « Là, j’avais un excellent feeling avec l’auto, et ce qui selon moi à fait la différence, c’est que l’an dernier j’étais sorti dans un virage et j’avais terminé dans un talus. A cet endroit-là, j’ai systématiquement lâché tout au long du week-end, et dans la lutte pour la victoire en Groupe A, si tu n’es pas au top partout sur une épreuve, tu ne peux pas espérer gagner. J’ai eu également quelques soucis de passages de vitesses au Fer à Cheval, mais dans l’ensemble je suis content de mes chronos. »
La Course de Côte de Marchampt allait être marquée par la sortie de route de Jérôme Janny dont la Supercopa terminait en tonneau. De ce fait, Antoine se voyait privé d’un de ses adversaires : « Sur la première montée, je suis parvenu à devancer Francis. Mais par la suite, après la sortie de Jérôme, c’était compliqué d’être dedans. Ça m’a bien refroidi et j’ai eu du mal à me donner à fond », confie Antoine qui termine deuxième derrière Francis Dosières.
Vuillafans est un des rendez-vous les plus appréciés par Antoine Uny qui espère beaucoup de cette épreuve disputée en Franche-Comté. Et cette fois encore le Jurassien réalisera une excellente prestation en accrochant une sixième place au scratch, assortie d’une victoire de groupe : « Les conditions étaient cette année particulièrement compliquées avec la canicule et des plaques de goudrons qui se décollaient par endroit. Le record était impossible à aller chercher, mais je suis parvenu à m’imposer devant Francis, ce qui est pour moi très satisfaisant, d’autant que ça me relance pour le Championnat. »
Dunières sera encore le théâtre d’une belle empoignade, qui se soldait par la victoire d’Antoine Uny, quatre dixièmes devant Francis Dosières : « Je sais que ce tracé n’est pas apprécié par bon nombre de pilotes, mais en ce qui me concerne je suis plutôt à mon aise sur cette épreuve. Il faut être toujours sur le fil pour trouver la trajectoire en entrée de virage et le grip en sortie, mais c’est un truc que j’aime bien. J’ai eu un excellent feeling tout le week-end sur un revêtement qui a bien évolué. »
Difficile de se faire une idée des performances de chacun sur le Mont-Dore, l’épreuve auvergnate ayant subi cette année les affres d’une météo capricieuse. Le classement jugé sur la meilleure des deux uniques montées de course, voit Antoine terminer troisième du Groupe A, derrière Jérôme Janny et la Clio Cup de Vivien Tonon, mais deuxième de sa classe : « J’étais en tête du Groupe aux essais, juste devant Francis. Ça s’annonçait donc une nouvelle fois particulièrement chaud ! Sur la première montée de course j’ai eu la malchance de prendre une grosse averse, et je n’ai pas pu défendre pleinement mes chances. »
Antoine Uny allait renouer avec la victoire sur l’épreuve la plus haute en altitude du Championnat, celle de Chamrousse, où il devançait Francis Dosières de 91 millièmes au cumul des deux meilleures montées : « C’est la victoire la plus serrée de la saison, que je remporte sur la dernière montée en repassant devant Francis qui signe pour sa part le meilleur chrono du week-end. J’y ai cru jusqu’au bout, en me rapprochant de lui sur chaque montée, et en parvenant à me libérer sur la dernière pour lui passer devant. Cette victoire était importante pour le Championnat, là on pouvait commencer à y croire ! »
Le résultat de la Course de Côte de Turckheim sera jugé sur les deux uniques montées de course du week-end, ce qui ne laissait place cette année à aucun joker : « Ce n’est pas l’épreuve que j’ai le plus disputée, et comme ce n’est pas la plus facile, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Sur la montée du matin, je réalise un mauvais départ, je fais par la suite une longue embardée, et je lâche des dixièmes. Finalement ça n’a pas voulu sourire », confie Antoine qui termine troisième derrière Francis Dosières et Jérôme Janny.
Pour conclure la saison, Antoine Uny ira chercher une victoire à Limonest, en plaçant sa Supercopa au cinquième rang des Productions : « J’arrivais sans pression sur cette épreuve, car je savais que je ne pouvais plus prétendre au Challenge Open, quant au Championnat, pour remporter le Trophée je devais impérativement m’imposer, Jérôme terminer troisième du Groupe et que plusieurs pilotes du Championnat Production s’intercalent entre nous… C’était donc pas gagné d’avance. Finalement, comme par magie, ça à voulu sourire. Mais là j’avoue avoir tout donné, j’ai même battu le record. Je n’y croyais pas », confie Antoine qui terminait cinquième au scratch alors que Jérôme Janny pointait au dixième rang, troisième du Groupe A.
Le Trophée FFSA du Groupe A, après celui du Groupe N
En terminant cinquième du Championnat de France de la Montagne, Antoine Uny remporte, pour un point, le Trophée FFSA du Groupe A. Le Challenge Open étant calculé sur les huit meilleurs résultats, c’est Jérôme Janny qui le devance de neuf points : « Je remporte le Trophée de groupe à l’issue d’une saison compliquée, c’est donc un titre que je savoure pleinement. Quand je repense aux galères du début de saison et au travail que nous avons fait avec mon père, je ne peux qu’être satisfait. En 2017, lorsque j’ai gagné le Trophée du Groupe N, le championnat était plié à Chamrousse. Là, on s’est battu jusqu’à la dernière, le goût de la victoire est encore plus fort. Je suis également très content pour Jérôme qu’il ait gagné le Challenge Open, puisque lui non plus n’a pas été épargné, qu’il a été victime d’une grosse sortie et qu’il a fait preuve d’une énorme volonté pour revenir. Je retiendrais également la super ambiance qui règne avec Jérôme et avec Francis, c’est toujours un plaisir de se battre avec eux, et nous avons passé de supers week-ends. »
S’il n’oublie pas ses adversaires qui sont également des amis, Antoine Uny a également une pensée pour tous ceux qui l’ont soutenu cette saison : « Une immense merci à mes partenaires, Ardec Métal, Decolletage Morel, Gauthier Charpente, JLC Distribution, Groupe Bouiller, Ferrier, Watrin, Garage Canque, Garage Uny, MB Motorsport, MTI DGS Dokter, Made In Jura, Facilacom. Je remercie également mon père, ma mère, ma copine Marine qui donnent beaucoup de leurs temps pour moi, toute ma famille, Jean-François Ganevat, et tous ceux qui me suivent et me soutiennent. »
La Seat Léon Supercopa au volant de laquelle Antoine Uny a remporté le Trophée FFSA cette saison est à la vente. Le jeune Jurassien pourrait donc repartir la saison prochaine au volant d’une nouvelle monture : « Pour l’instant l’auto n’est pas vendue, je passe donc le message à des pilotes qui pourraient être intéressés. En ce qui me concerne, si je repars ça ne sera pas sur un championnat complet mais sur huit courses pour faire un Challenge Open. Après, j’ai aussi envie de voir d’autres horizons, et je ne concentrerai peut-être pas l’essentiel de mes efforts sur la Montagne, le rallye ne me déplairais pas pour être honnête. Nous verrons bien… »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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