Cela fait de nombreuses années que l’on retrouve Alban Thomas au sommet de la hiérarchie du Championnat de France de la Montagne, avec en point d’orgue une place de Vice-champion obtenue en 2013. Cette année encore, il n’a pas manqué de s’illustrer en se positionnant au pied du podium, avec à la clé une deuxième place au sein du Challenge Open CN/2.
F3000, Formule 3, cela faisait près de 20 ans qu’Alban Thomas s’illustrait sur le Championnat de France de la Montagne aux volants de diverses monoplaces. Cette année 2019 sera donc pour lui celle du changement puisqu’il délaissait sa catégorie de prédilection pour s’installer derrière le volant d’un Proto 2 litres. Un choix dicté, pour ce pilote d’expérience, par la raison : « D’une part, j’avais le sentiment que les Protos 2 litres étaient à présent plus rapides que les F3, d’autre part, il me semble qu’il y a plus d’équité chez les Protos où de nombreux pilotes disposent des mêmes châssis et des mêmes moteurs. Il n’en est pas de même en F3 où on assite à mon sens à une course à l’armement », analyse Alban. « En rejoignant le peloton des Protos 2 litres, j’avais le sentiment que seuls les réglages et le pilotage pouvaient faire la différence, alors que du côté de la F3, le matériel dont on dispose entre en grande partie en ligne de compte dans le résultat. »
Le Proto 2 litres, une totale découverte
Pour Alban Thomas évoluer dans l’habitacle d’un Proto allait être une grande première, le pilote de Saint-Didier-au-Mont-d'Or allait découvrir un nouvel environnement et s’adapter à un univers qui lui était jusqu’alors totalement étranger : « J’avoue que je n’ai pas disposé de beaucoup de temps pour me familiariser au maniement de la voiture avant le début de la saison. J’ai effectué des premiers essais fin février début mars, je savais donc que j’allais devoir cerner le comportement de la voiture et apprendre à l’exploiter directement sur les épreuves. » Après avoir fait quelques tours de piste sur le circuit de Bresse sous les conseils avisés de Stéphane Krafft, Alban se rendait à Creys pour la journée d’essais organisée avant le début de la saison.
En ayant tout à découvrir, Alban Thomas abordait la saison 2019 sans réelle prétention, en ne se fixant pas d’objectif en termes de résultats : « Je voulais faire une saison afin de voir si le pilotage d’une Norma 2 litres me convenait, si je prenais du plaisir à son volant et s’il était possible de signer quelques bons résultats. Mais je n’envisageais pas de place au sein du Challenge Open CN/2. Et puis je savais qu’avec la présence des jeunes talents que sont Kevin Durot, Maxime Cotleur, ou d’un pilote expérimenté comme Olivier Augusto, il ne serait pas facile de faire sa place… Donc, étant persuadé que je pouvais signer de meilleurs chronos avec le Proto 2 litres qu’avec la F3, je voulais avant tout confirmer cette impression. »
Pour débuter la saison, Alban Thomas se classait troisième du CN/2 sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, un excellent résultat pour un pilote qui découvrait sa nouvelle monture en condition de course : « Je suis plutôt satisfait, même si je me suis aperçu que la voiture n’était pas encore réellement en configuration course de côte. Je savais que nous allions avoir pas mal de boulot, et j’ai également rapidement compris que je devais oublier tous mes automatismes de 18 ans de F3, parce que ça ne fonctionnait pas du tout de la même manière. Je pensais que les réactions de la voiture seraient similaires à ce que j’avais connu jusqu’à maintenant, ce n’est pas du tout le cas. »
La confrontation sur les pentes du Col Saint-Pierre voyait Alban Thomas monter une nouvelle fois sur le podium de sa classe, derrière les jeunes talents que son Marc Pernot et Kevin Durot : « Je suis assez content de mon week-end et des chronos que j’ai réalisés. L’apprentissage s’est poursuivi et je suis agréablement surpris d’être aussi proche des deux premiers. »
Abreschviller permettait à Alban Thomas de découvrir le comportement de sa Norma sous la pluie, et d’accrocher la encore une troisième place de classe : « J’avais le sentiment de m’être vite adapté, mais j’ai vite vu que ceux qui me précédaient étaient vraiment très rapides. Quand j’ai vu les chronos, je me suis même demandé si on ne roulait pas sur le sec », plaisante Alban. « Je ne voulais pas prendre de gros risques et sans forcer, je suis assez content de mes chronos. »
La saison d’Alban Thomas se poursuivait sur la Course de Côte de Marchampt où il commençait à trouver une auto plus à sa convenance : « Nous avions amélioré les réglages, l’auto correspondait mieux à ce que j’en attendais, même si ce n’était pas encore ce que je voulais. J’avais le sentiment que nous allions dans la bonne voie, ce qui ne pouvait que me satisfaire », confie Alban qui là encore se hisse sur le podium de sa classe.
La progression se faisait ressentir à Vuillafans où cette fois Alban terminait à la deuxième place, trois dixièmes seulement derrière Marc Pernot : « L’écart est faible ce qui est plutôt pas mal. Il y avait encore deux ou trois petits détails à soigner sur la voiture, mais je savais que je pouvais enfin me battre pour la gagne. Là on n’était vraiment pas loin du but. »
Le but, il sera atteint à Dunières, où sur un tracé qui ne retient pas spécialement son affection, Alban s’imposait en Protos 2 Litres : « Il est vrai que ce n’est pas le tracé que j’apprécie le plus, mais le revêtement à changé et c’est tout de même nettement mieux. Le plateau en CN/2 était conséquent et c’est d’autant plus plaisant pour moi de l’emporter à l’issue de belles bagarres avec Maxime Cotleur et Kevin Durot. »
Un podium au Mont-Dore !
Au Mont-Dore, Alban Thomas renouait avec le podium en se classant troisième au scratch et en remportant par la même occasion un succès dans son groupe et dans sa classe : « Dans des conditions dantesques, avec le brouillard et la pluie, je m’en sors plutôt bien. C’était vraiment délicat. Le Mont-Dore est une course spéciale pour moi, une des premières que j’ai disputées sur le Championnat et une de celles qui me laissent des souvenirs impérissables, ce podium est donc pour moi un grand moment. »
Lorsque l’on évoque Chamrousse, Alban Thomas ne cache pas qu’il a quelques regrets. Non pas concernant sa performance qui le voit se classer deuxième du CN/2 derrière Etienne Pernot, mais les conditions qui ne lui ont pas permis de défendre pleinement ses chances : « Sur la deuxième montée de course, j’ai eu un drapeau jaune qui m’a contraint à lever le pied par sécurité. Il s’est avéré que ce drapeau n’était pas justifié, et lorsque j’ai demandé de refaire ma montée, ça ne m’a pas été autorisé sous prétexte que c’était un fait de course… Je pense que je perds là la possibilité de m’imposer, car les datas enregistrés laissent voir que j’étais vraiment bien. Je n’aurais peut-être pas gagné, Etienne était vraiment rapide et on ne sait pas qu’elle aurait été l’issue dans d’autres conditions. »
L’intervention de la pluie et le fait que les pilotes n’aient pu faire que deux montées de course ne feront pas les affaires d’Alban Thomas à Turckheim : « Je compte parmi ceux qui ont fait une montée sous la pluie, et je ne pouvais donc viser la victoire. Après, la satisfaction vient du fait que je réalise le meilleur temps absolu du week-end des Protos 2 litres, c’est l’aspect positif de cette course où je bats le record de la catégorie. »
C’est à domicile que le pilote de Saint-Didier-au-Mont-d'Or concluait la saison sur la Course de Côte de Limonest où il montait une nouvelle fois sur le podium de la classe CN/2 en terminant troisième derrière Kevin Durot et Marc Pernot : « J’avoue que je n’étais pas en grande forme et je ne suis pas parvenu à prendre correctement mes marques. Je n’ai pas non plus forcé outre mesure sachant que c’était la dernière course et que je n’avais plus grand-chose à gagner. Mais il était évident pour moi que sur cette course je n’étais pas en mesure d’égaler les performances de Kevin. »
Cette saison, en dehors du Championnat, Alban Thomas prenait part à la Course de Côte de Donzy-le-Pertuis où il terminait deuxième au scratch, derrière une autre Norma, celle de celui qui en fin de saison allait remporter la Finale de la Coupe de France, Thomas Chavot : « C’est la seule régionale que je fais de l’année, et depuis 10 j’ai dû systématiquement terminer deuxième, chaque fois devancé par un pilote différent. Je me dis que l’an prochain il faut que j’y arrive », confie Alban dans un éclat de rire. « Sinon, j’ai pu voir que Thomas Chavot était un sacré client, et un garçon très sympa. »
4ème du Championnat, 2ème du Challenge Open CN/2
A l’heure de faire les comptes, Alban Thomas termine quatrième du Championnat de France de la Montagne, deuxième du Challenge Open CN/2 derrière Kevin Durot, de quoi tirer un bilan largement positif : « Je ne me suis pas trompé dans mon choix en optant pour un Proto 2 litres puisque j’ai systématiquement amélioré mes chronos de la F3. Après, pour moi qui n’avais aucun objectif en début de saison, terminer au pied du podium du Championnat et deuxième du Challenge est un excellent résultat. Ce que je retiendrais également c’est que d’être confronté à de jeunes pilotes talentueux, m’a réellement tiré vers le haut, c’est particulièrement motivant. »
A l’issue de cette belle saison, Alban tient à remercier ceux qui, à ses côtés, se sont impliqués dans la course : « Un grand merci à mon fidèle sponsor la Menuiserie Gérard Lavigne à Honfleur, la carrosserie de La Rocade à Saint-Didier-au-Mont-d'Or, dirigée par mon patron sans qui il est clair que je n’aurais pas pu faire cette saison et obtenir ce résultat. Merci à mon mécano Eric Buffin et à Catherine, bien évidemment à Cécile (Cante, sa compagne) et ma petite Jeanne. »
Alban Thomas a apprécié cette première saison en Proto 2 litres qui se solde par d’excellents résultats, et en toute logique il sera de nouveau présent en 2020 sur le Championnat de France de la Montagne, toujours au volant de la même voiture : « Le programme sera identique, avec l’objectif d’améliorer encore mes chronos. Et comme la Norma 2 litres me le permet, je prendrai peut-être part à une course ou deux en circuit pour le plaisir et me jauger sur une autre discipline », conclut-il.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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