Après plus de 30 ans de compétition, c’est toujours avec autant de plaisir que Didier Chaumont prend part au Championnat de France de la Montagne. Plaisir et performance puisque le viticulteur bourguignon ne manquait pas de signer cette saison, au volant de sa Formule Renault, sa 105ème victoire de classe.
Le plaisir… Que ce soit derrière le volant, dans les paddocks ou dans son quotidien, est vraiment le moteur qui fait avancer Didier Chaumont. S’il sait faire découvrir le bon vin qu’il produit et qui est unanimement apprécié par les animateurs du Championnat de France de la Montagne, Didier sait également savourer les bons moments, les bons mets, le partage entre amis et les facétieuses frasques dont il est l’auteur. On l’a compris, Didier Chaumont est un épicurien, et après plus de 30 ans de compétition, s’il continue à animer le championnat, ce n’est pas en quête de résultats mais de plaisir partagé.
N'allez pas croire pour autant que la jeune garde qui tient le haut du pavé de la Formule Renault voit en Didier un sympathique vétéran qui fut un compétiteur hors pair. Didier Chaumont reste une référence, de par ses plus de 340 participations et les nombreuses victoires qu’il a pu glaner au fil des épreuves. Apprécié de tous, le Bourguignon n’est jamais avare de conseils et sait faire profiter aux jeunes talents de son immense expérience.
S’il est aujourd’hui quinquagénaire, ces dernières années Didier Chaumont a continué à se positionner aux premières places. Deuxième du Challenge Open Formule Renault en 2014 et 2015, il remportait ce même challenge en 2016. On le retrouvait par la suite à nouveau sur le podium à l’issue des saisons 2018, 2019 et 2020. Et s’il affirme qu’il ne cherche plus à défier ses jeunes rivaux, Didier n’en reste pas moins un sérieux client pour la victoire dans la classe DE/7.
S’il aborde la course en toute décontraction, Didier Chaumont fait preuve toutefois de sérieux pour ce qui est de la préparation de sa saison. Et pour cette saison 2022, c’est une nouvelle fois au volant d’une Formule Renault idéalement préparée qu’il se lançait pour une énième campagne de France : « Comme chaque année je l’ai confiée aux mains expertes de David Guillaumard », précise Didier. « Il a démonté la boîte, réglé les trains, révisé tous les éléments nécessaires. »
Didier Chaumont se rendait par la suite sur le circuit du Bourbonnais pour reprendre en main sa monoplace lors de la journée organisée par Nicolas Schatz : « Ca permet de sortir de l’hibernation hivernale et de retrouver les automatismes. Finalement, je suis plus à l’aise en circuit qu’en côte », ironise le Bourguignon.
« Je sais très bien que je n’ai plus 20 ans », lance Didier quand on lui demande s’il avait des objectifs particuliers pour affronter cette saison 2022. « Je ne suis plus en capacité de défier les petits jeunes et je suis toujours au départ pour me faire plaisir. L’essentiel pour moi est d’être au bout le dimanche soir sans avoir rien cassé. Bien évidemment, si je peux accrocher une bonne place je ne vais pas m’en priver. »
Conscient qu’il est malmené par les jeunes talents, Didier se plait à rivaliser avec des pilotes de la nouvelle génération : « Ils sont très respectueux, au point d’écouter mes conneries », plaisante Didier. « Franchement on rigole bien ensemble et c’est pour moi l’essentiel. »
La 105ème victoire sur le Saint-Pierre
La saison de Didier Chaumont débutait mal. A Bagnols-Sabran il ne sera pas en mesure, chose rare mais indépendante de sa prestation, de rejoindre l’arrivée : « C’était un week-end compliqué, durant lequel on s’est gelé. Et dimanche matin, à l’heure de remettre ma Formule Renault en route, le boitier a grillé. » Un incident d’autant plus fâcheux qu’il est quasiment impossible de trouver à présent des boîtiers pour une Formule Renault pourtant pas si ancienne : « J’ai la chance que tout le monde se soit démené pour tenter de solutionner le problème. Cédric Lansard, Jean-Phi son mécano, la famille Rossel, Anthony Neveu, Nicolas Petit… ils sont tous venus voir s’ils pouvaient m’aider. Et Finalement, à l’issue de la course, dimanche soir, Thierry Bertin m’a prêté son boîtier. Et là voiture a immédiatement démarré, donc cela nous confirmait que ça venait de là. »
La solidarité entre Montagnards allait une nouvelle fois jouer, et c’est Stéphane Krafft qui allait prêter un boîtier à Didier afin qu’il soit au départ du Col Saint-Pierre. Le week-end sur l’épreuve cévenole sera fait de hauts et de bas pour le Bourguignon : « Sur la deuxième montée de course, à mi-parcours, je me suis retrouvé avec la boîte de vitesses bloquée en deuxième, les palettes ne fonctionnaient plus. » Un bon nettoyage des connectiques permettait à Didier de se relancer pour faire une excellente dernière montée qui lui permettait d’accrocher une victoire de classe, la 105ème de sa carrière : « Au cumul je m’impose, mais c’est Gaëtan (Bischoff) qui signe le meilleur chrono du week-end. Et franchement, je ne pensais pas que je pourrais terminer cette course, c’était vraiment mal engagé. »
Les problèmes rencontrés sur les deux premières épreuves incitaient Didier Chaumont à faire l’impasse sur la Course de Côte d’Abreschviller pour confier sa Formule Renault à une société experte dans la gestion des boîtes de vitesses : « J’ai envoyé réviser le volant, les palettes, la Power Box, tous les éléments qui pouvaient créer problèmes. Nous avons tout remis dans la voiture et je suis parti à Donzy pour disputer cette course de côte régionale. Mais une fois la Formule Renault sur ses roues, plus rien n’a fonctionné. »
Didier devait donc trouver une solution, d’autant que Stéphane Krafft devait impérativement récupérer son boîtier pour sa Formule Renault : « Je me suis retrouvé dans l’impossibilité de démarrer la voiture et de ce fait j’ai fait l’impasse sur Vuillafans. » Durant ce premier week-end de juillet, c’est Sandrine (Labrosse), la compagne de Didier, qui finalement allait trouver chez Formula Motorsport, à Courtenay, le boîtier indispensable au bon fonctionnement de la monoplace : « C’est Jean-Claude Estre, le père de Kevin Estre, qui a finalement solutionné mon problème en trouvant dans son stock un boîtier. Je l’ai récupéré le vendredi, installé dans la voiture, et elle a démarré au quart de tour. J’avais au préalable parlé à Jean-Claude Estre de mon problème de boîte de vitesses, et il m’a dit de revenir le lundi matin avec ma voiture. J’ai déposé la Formule Renault à 8h05, à 8h45 je repartais avec une auto qui fonctionnait parfaitement. En fait cela provenait du Power Box qui n’avait pas été révisé correctement par la société à qui je l’avais confié précédemment. »
Après maintes péripéties, Didier pouvait se rendre à Dunières et connaitre un week-end sans encombre : « Sauf que le bonhomme était froid, je manquais sérieusement de roulage et j’ai eu du mal à me mettre dans le bain. Il a fallu me remettre en route alors que les jeunes, devant moi, roulaient comme des avions. Sur cette épreuve, je prends un wagon », reconnait Didier sans se formaliser pour autant.
Face à une énorme concurrence à Marchampt, Didier Chaumont tentera de tirer son épingle du jeu : « Je suis content de mon week-end, même si je suis devancé par un bon nombre de concurrents, mais ce qui me gêne le plus c’est que j’étais ’’moins vite’’ que lors des précédentes éditions. »
Le Mont-Dore sera pour Didier Chaumont le théâtre d’une vraie déception : « Là je suis vraiment à l’arrêt. Je ne suis même pas dans les bonnes trajectoires, bien trop en mode sécurité. Mais ça n’a rien de très grave finalement. » Sa prestation à Chamrousse lui offrira en revanche de belles satisfactions : « J’étais nettement mieux, et je me retrouve dans le ’’ventre mou’’ de la classe, ce qui est ma position » estime Didier qui avant tout veux retenir de Chamrousse l’accident dont a été victime Damien Chamberod : « Cela fait plusieurs années que j’alerte sur le fait que la route est très piégeuse à cet endroit. Les écologistes ont imposé des tranchées pour faire passer des grenouilles et ça n’a pas été rebouché correctement. De ce fait on est confronté à une marche. Même nous, qui arrivons nettement moins vite que les meilleurs nous nous faisons secouer, alors j’imagine les prétendants à la victoire qui abordent ce passage 40 ou 50 km/h plus vite. Si ma grand-mère fait cette montée, elle perd son dentier à cet endroit. J’espère que l’on prendra enfin conscience du problème. »
Début septembre, chaque année, Didier Chaumont met la course entre parenthèses pour un événement qui retient toute son attention, les vendanges. Le viticulteur bourguignon faisait donc l’impasse sur l’épreuve alsacienne mais se retrouvait par la suite à Limonest où il concluait la saison par un podium de classe : « C’est certainement la course à laquelle j’ai participé le moins souvent dans ma carrière, et ça c’est bien passé pour moi. Je suis donc content du résultat final. »
Une saison largement positive
Le plaisir derrière le volant était une nouvelle fois au rendez-vous et Didier Chaumont peut donc pleinement se satisfaire de cette saison 2022 : « Je me suis amusé et je continuerai à m’amuser ce qui est pour moi l’essentiel. Nous avons vécu des bons moments, fait de bons repas, tout est largement positif », estime Didier.
Les remerciements de Didier Chaumont vont en premier lieu vers sa compagne Sandrine : « C’est elle qui m’a trouvé le boîtier grâce auquel j’ai pu poursuivre ma saison. Un grand merci à Christophe (Renoud-Grappin) dit Cassegrain, à sa copine Marie et son fils Anthony, Dédé qui nous aide et bien évidemment un immense merci à David Guillaumard. »
La saison 2023 aurait pu être celle du changement pour Didier Chaumont, mais finalement le Bourguignon poursuivra dans la voie qu’il a tracé depuis plusieurs années : « J’avais prévu de changer de monture en faisant l’acquisition d’une Norma. Mais finalement j’ai acheté du terrain, ce qui je le concède n’a rien à voir. Donc la Formule Renault est partie en révision chez David (Guillaumard) et je vais me relancer pour une nouvelle saison sur le Championnat de France. Et puis j’ai acheté un camion pour être autonome, il ne me reste plus qu’à passer le permis, ce qui n’est pas chose facile parce qu’il faut y consacrer quinze jours consécutifs », conclut Didier.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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