Habitué des places dans le top 10 du Championnat de France de la Montagne depuis de nombreuses années, Yannick Latreille était engagé cette saison au volant d’une Norma 2 litres. Tout au long de l’année, le pilote auvergnat a enchaîné les victoires de classe, pour au final remporter le Challenge Open CN/2.
La passion nait souvent d’une rencontre… Pour Yannick Latreille, c’est la rencontre avec Gérard Bouche, son beau-père, qui sera à l’origine de son coup de cœur pour la Course de Côte. Un beau-père qui n’était pas seulement le pilote dont la notoriété et le talent ont traversé les décennies, mais également un homme abordable, jamais avare de conseils, et qui fut pour Yannick un véritable mentor : « Il est parti malheureusement trop tôt, mais il restera dans les mémoires de tous les passionnés », confie Yannick.
Pour Yannick, la découverte de la côte fut une véritable révélation, car dans sa jeunesse, le sport auto était à 10.000 lieux des préoccupations chez les Latreille. Gamin, Yannick n’avait que de piètres notions de ce que pouvait être la compétition automobile. En revanche, il avait un sens assez précis de la trajectoire. Un sens inné, venu de sa mère, qui fut à maintes reprises championne d’Auvergne de ski. Reprenant le cursus familial, Yannick ne manquait de s’adonner lui-même à la compétition, notamment en ski de fond.
Premières courses en double-monte
C’est en 2000, qu’en compagnie de son beau-frère, Benoit Bouche, Yannick prenait part à ses premières courses de côte. Une approche en double monte, que les deux Auvergnats abordaient au volant d’une BMW E21 Groupe F. Trois années durant, les deux hommes feront leur apprentissage au volant de cette voiture, avant de se tourner vers d’autres montures : « C’est nous-même qui avions configuré la BMW en version course, et elle n’était pas vraiment compétitive. Nous avions envie de franchir une étape, ce qui m’a incité, à partir de 2004, à me tourner vers une Proto Evora », explique Yannick.
Là encore, durant trois ans, il affrontait les épreuves du Championnat de France de la Montagne au volant de ce Proto, avant de franchir en 2007 un nouvel échelon, en se portant acquéreur d’une Osella à moteur 3 litres. Après un rapide temps d’adaptation, Yannick ne tardait pas à signer des performances de tout premier ordre, pour finalement terminer la saison 2011 à la cinquième place du Championnat, deuxième du Groupe C, derrière Cyrille Frantz.
L’année suivante, Yannick Latreille délaissait son Osella au profit d’une Norma avec laquelle il accrochait la quatrième place du Championnat, premier des 3 litres : « Il faut avouer que cette année-là il n’y avait pas énormément de concurrence en 3 litres », confie l’Auvergnat en toute humilité, oubliant de rappeler qu’au volant de sa Norma, il établissait la quasi-totalité des records de sa catégorie sur les épreuves du Championnat.
Vaincre sans opposition, pour Yannick Latreille cela n’a aucun attrait. En 2014, c’est donc avec l’envie de défier de nouveaux adversaires, qu’il portait son choix sur une F3000, une Lola T94/50 : « Je n’avais jusqu’alors jamais conduit de monoplace, et je voulais vraiment disposer d’une auto plus puissante. C’est ce qui a motivé mon choix. » Un nouveau défi à relever, qui allait entrainer son lot de difficultés : « J’ai pas mal galéré avant de parvenir à mettre au point la voiture. Je découvrais un nouvel univers, et j’avais tout à apprendre. Il m’a fallu du temps avant de cerner le comportement de la voiture. D’ailleurs, je me souviens être sorti de la route à Bagnols-Sabran, dès la première montée d’essais. Mais par la suite les choses sont rentrées dans l’ordre, et ça a commencé à fonctionner à partir du Mont-Dore », se souvient Yannick.
Pour la saison 2015, Yannick abandonne la F3000 au profit d’une Norma 2 litres au volant de laquelle il s’engage sur plusieurs courses régionales, et sur une demi-douzaine d’épreuves inscrites au calendrier du Championnat : « Je retrouvais là une voiture qui fonctionnait parfaitement, sans connaitre le moindre souci, ce qui me permettait de me concentrer uniquement sur le pilotage. » Les résultats étaient de suite au rendez-vous, puisque Yannick faisait jeu égal avec les pilotes les plus performants de la catégorie : « Je me suis également tourné vers le 2 litres parce que je souhaitais me confronter à un plus grand nombre de concurrents, et là j’étais servi. » Yannick concluait d’ailleurs cette saison 2015 en apothéose, en montant sur la troisième marche du podium de la Finale de la Coupe de France de la Montagne, premier des CN.
Alors que sa compagne, Estel Bouche, avait démontré qu’au volant de sa Formule Renault elle pouvait défier ses homologues masculins de la catégorie, Yannick prouvait une nouvelle fois qu’il comptait parmi les meilleurs animateurs de la discipline. Les résultats 2016, ne pouvaient qu’inciter les deux pilotes de l’équipe Chrono Montagne à se lancer de nouveau défi. Pour Estel ce sera à nouveau dans le cadre du Challenge Open Formule Renault, pour Yannick l’objectif sera de s’illustrer au sein du Challenge Open CN/2, « mais également d’atteindre un objectif plus personnel, celui de me rapprocher des chronos que je signais auparavant avec la 3 litres. »
Succès en CN/2 et performances au scratch
La saison de l’équipe Chrono Montagne débutait à Bagnols-Sabran, où Yannick espérait signer un premier résultat probant. Mais le destin allait en décidait autrement : « La performance sportive n’a plus aucune espèce d’importance après le drame que nous avons vécu », confie Yannick qui, comme l’ensemble des Montagnards, a été affecté par la disparition de Steve Cabelo : « Il est évident que cela nous a marqué pour toute la suite de la saison. On ne peut pas occulter un tel drame, et il ne se passe pas un week-end de course sans que l’on y pense. »
Pour Yannick, la course reprenait ses droits à Abreschviller, où il s’offrait un succès en CN/2, en plaçant sa Norma M20 FC à la septième place du scratch : « Cette course m’a permis de mieux cerner le comportement de la voiture, d’affiner les réglages. C’est plutôt bien de disputer cette épreuve en début de saison. Cela nous permet de rouler sur du rapide, et de peaufiner la mise au point. »
Difficile de prétendre à mieux que le résultat obtenu par Yannick à Hébécrevon. L’Auvergnat, à nouveau vainqueur en CN/2, plaçait sa Norma à la quatrième place, juste derrière les trois Norma à moteur 4 litres des ténors du Championnat : « C’est un de mes plus beaux résultats, mais il est clair que l’abandon de Geoffrey (Schatz) joue en ma faveur », tient à rappeler le pilote de Murol. « Après, je ne vais pas cracher sur mon plaisir. C’est une course que je ne connaissais pas très bien, j’avais eu l’occasion d’y participer il y a 10 ans lorsqu’elle accueillait la Finale de la Coupe de France, mais il m’a fallu tout redécouvrir. Nous avons passé un très bon week-end et je ne peux être que satisfait du résultat. »
A La Pommeraye, Yannick trouvait face à lui Serge Thomas, qui s’avérait être un adversaire de poids. Yannick terminait à la deuxième place, mais premier des pilotes inscrits au Challenge Open : « Ça peut être frustrant de terminer deuxième, mais derrière un pilote aussi rapide que Serge Thomas, tu n’as pas à rougir », estime Yannick. « La Pommeraye reste, juste après le Mont-Dore, ma course préférée sur le Championnat, et il est clair que j’aurais bien aimé m’imposer, d’autant que lors des essais j’étais plus d’une seconde devant. Mais j’ai trop assuré sur la première montée de course, et par la suite, la météo empêchait toute amélioration. »
Yannick Latreille n’allait pas tarder à goûter à nouveau à la victoire. Dès la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais il accrochait un nouveau succès en CN/2, assorti d’une neuvième place au scratch : « J’ai signé le nouveau record des 2 litres, et je devance Damien Chamberod, qui est un pilote très rapide. Je lui dois en partie ma performance, car avec Damien il y a une saine émulation. Notre confrontation nous tire vers le haut, et c’est vraiment plaisant de pouvoir se battre en gardant cet état d’esprit. »
Il est clair que tout au long de la saison, les deux hommes ne vont pas manquer d’en découdre : « Ennemis quand le feu passe au vert, amis quand on franchit la ligne d’arrivée », c’est ainsi que Yannick décrit les rapports qui lient les deux hommes : « Celui qui est devant paie un coup à boire à l’autre, et c’est important que les choses soient ainsi. D’ailleurs, je trouve qu’il y a une excellente mentalité parmi les pilotes qui animent le 2 litres. »
C’est avec comme objectif de préparer la Course de Côte du Mont-Dore, ’’LE’’ rendez-vous de la saison pour Yannick Latreille, que l’équipe Chrono Montagne était engagée à Dunières. Si le résultat n’était pas la priorité, cela n’empêchait pas Yannick de terminer premier des CN/2 : « C’est déjà une bonne chose que la nouvelle organisation de Dunières soit parvenue à relever le défi. En ce qui me concerne, je savais n’avoir aucun droit à l’erreur sur cette épreuve. Je ne pouvais pas me permettre d’endommager la voiture à moins de quinze jours du Mont-Dore. »
Le Mont-Dore… Si pour certains Montagnards cette épreuve est mythique, pour Yannick Latreille elle est non seulement une légende, mais également l’épreuve à domicile, celle qui lui a fait découvrir la Course de Côte. Sur celle-là, hors de question de laisser échapper la victoire, et d’ailleurs Yannick va largement dominer les débats en signant une large victoire en CN/2, avec près de 3 secondes d’avance sur son premier poursuivant. Vainqueur de sa classe, l’Auvergnat accrochait par la même occasion la sixième place au scratch : « La Course de Côte du Mont-Dore, on est obligé de la faire, on est obligé de la finir, et on est obligé de la gagner… La phrase n’est pas de moi, mais de Gérard Bouche. Rien qu’à l’évocation de ce rendez-vous j’ai la chair de poule », reconnait Yannick. « C’est une des plus belles courses du Championnat, et elle a lieu chez nous. C’est pour nous un rendez-vous majeur. Le seul bémol pour moi cette année, c’est de ne pas être parvenu à améliorer mon chrono de l’an dernier. »
Pour Yannick Latreille, la Course de Côte de Chamrousse était son dernier rendez-vous de la saison dans le cadre du Championnat de France de la Montagne. Une dernière occasion de remporter une victoire de classe, ce dont il ne se privait pas : « C’était également une opportunité pour travailler à nouveau sur les réglages de la voiture », confie Yannick. « On a pu livrer une belle bataille à Damien, chez lui, et bien évidemment c’est pour moi un beau succès. »
En dehors du Championnat, Yannick s’imposait au scratch sur plusieurs courses régionales (Courpière, St Geniez d’Olt, La Tardes, Laussonne), des résultats importants pour l’Auvergnat car, « ils permettent de se mettre en confiance et de se mesurer à des pilotes que l’on ne connait pas toujours. A La Tardes, par exemple, j’ai retrouvé Serge Thomas, et on s’est livré à une superbe bagarre en améliorant tous les deux le record du tracé de plus de deux secondes. »
Pour conclure sa saison en régional, Yannick Latreille était ce week-end au départ de la Finale de la Coupe de France de la Montagne, où, au volant de sa Norma, il termine à la deuxième place derrière Marcel Sapin, et à nouveau premiers des CN.
Vainqueur du Challenge Open CN/2
Au terme de cette saison 2016, Yannick Latreille remporte le Challenge Open CN/2. Le pilote auvergnat ne peut bien évidemment être que satisfait de sa prestation : « S’imposer à six reprises sur huit résultats possibles est pour moi particulièrement positif. Je dispose d’une super voiture, au volant de laquelle je suis en confiance. J’ai de plus la chance de pouvoir compter sur une assistance au top, composée de personnes qui sont toujours là pour moi », commente Yannick. « On a tous nos problèmes durant la semaine, et ces week-ends de course nous permettent de nous retrouver, de partager une passion, de vivre des choses intenses. Etre entouré de mes proches est très important pour moi, on vit vraiment des moments extraordinaires, et c’est avant tout pour cela que j’aime cette discipline. Pourvoir leur offrir des victoires, et pour moi la plus grande des satisfactions. »
Après une saison marquée par la réussite, Yannick devrait repartir dans les mêmes conditions l’an prochain. On devrait donc le retrouver sur les manches du Championnat de France de la Montagne, toujours au volant de sa Norma M20 FC à moteur 2 litres : « L’objectif sera de faire les mêmes résultats que cette année, et d’accroitre si possible ma participation sur le Championnat 2ème division. Mais ma priorité reste les moments de convivialité partagés, les victoires ne sont que des bonus. »
Ces week-ends, ses victoires, Yannick les partage avec ceux qui l’entourent, et notamment avec ses proches qu’il tient à remercier : « Je pense notamment à mon assistance, à Carole et Eric, à mes filles Matilde et Géraldine, à Perrine, à mes parents qui sont à mes côtés sur les courses, à ma sœur Marie, à Julien, à Yvan, et bien évidemment à Estel, mon épouse. Merci également à Luc Couchet, qui se battait il y a quelques années contre Gérard Bouche, et qui aujourd’hui me prodigue de précieux conseils. J’ai une pensée pour Damien Chamberod, dont le père reste une référence dans la discipline, et qui a une approche très saine de la compétition. Nous sommes rivaux, mais nous n’hésitons jamais à nous entraider, et à nous conseiller mutuellement. J’ai également une pensée pour Alain Perraud, qui s’est blessé cette année lors d’une violente sortie de route sur la Course de Côte de Bettant. »
Yannick n’oublie pas ses partenaires, dont la plupart sont des amis : « Un grand merci à Bernard Bonnaigue, qui dirige une entreprise de plomberie à La Bourboule, Philippe Jeanneteau de LB Menuiserie à La Pommeraye, Alexis Brigolle de chez Motul, La Petit Entreprise à Chambon sur Lac, le Garage Eric Morange au Mont-Dore, Sébastien Bard qui est carrossier. Bien évidemment je dois remercier l’Entreprise Boyer, mon employeur, qui me laisse moduler mon emploi du temps pour pouvoir courir. Mes remerciements vont aussi à tous ceux qui nous suivent tout au long de la saison, notamment sur internet, grâce à notre site www.chronomontagne.com. »
