D’excellents résultats enregistrés les saisons précédentes ont incité Antoine Uny à s’engager cette année sur le Championnat, avec comme principal objectif de progresser et de signer quelques bons résultats. En termes de résultats, le Jurassien a totalement dominé le Groupe N, pour au final remporter le Challenge Open et le Trophée FFSA.
C’est la passion pour la Course de Côte qui incitait Christophe Uny à accompagner Jean-François Ganevat sur les épreuves, afin de lui assurer son assistance. Une passion qu’il tenait également à partager avec son fils Antoine qui, tout gamin, était donc de la partie et portait un regard admiratif sur ce monde si particulier fait d’odeurs de carburant et de vrombissements de moteur.
L’attrait pour la mécanique ne se cantonnait pas chez les Uny à l’automobile, la moto prenait une part non négligeable, et c’est une nouvelle fois avec le souhait de partager sa passion avec son fils, que Christophe motivait Antoine à prendre le guidon et à pratiquer l’Enduro en loisir. Antoine partageait alors son temps libre entre chemins accidentés et terrains de Basket-Ball, puisqu’il évoluera un temps au sein de l’équipe du Jura lorsqu’il était cadet.
Première épreuve à 18 ans au volant d’une Saxo
Mais quand on baigne dans un milieu aussi prégnant que celui de la Course de Côte, il est difficile de résister à l’appel de la Montagne. Et après avoir suivi son père, et s’être enthousiasmé aux prestations de Jean-François Ganevat, Antoine décidait à son tour de prendre le volant : « Dès mes 18 ans, nous avons acheté avec mon père une Citroën Saxo VTS accidentée. Nous avons mis un an et demi à la remonter et j’ai alors fait mes débuts en 2014 sur la Course de Côte de Donzy. » Une première expérience qui se concluait par une troisième place dans la classe N/2. Durant cette première saison Antoine prendra part à neuf épreuves, et à neuf reprises on le retrouvera sur le podium de sa classe, dont quatre fois sur la plus haute marche. Cette première année sera également pour lui l’occasion de s’engager sur une manche du Championnat de France, la Course de Côte de Chamrousse.
Ses premières participations, émaillées de bons résultats, ne pouvaient que rassurer le jeune Jurassien sur son habileté derrière le volant : « Je connaissais les épreuves pour les avoir découvertes avec Jean-François et mon père, mais je n’avais alors aucune idée de mes capacités à piloter une voiture de course. Ces premières participations étaient pour moi encourageantes. » D’autant plus encourageantes qu’à l’issue de cette première saison, les résultats enregistrés par Antoine lui permettaient de décrocher son ticket pour le Finale de la Coupe disputée à Limonest, où il montait une nouvelle fois sur le podium de sa classe.
Pour la saison 2015, Antoine étoffait son programme et en supplément de ses participations à des épreuves régionales, on le retrouvait sur trois manches du Championnat de France, Bagnols-Sabran, Vuillafans et le Mont-Dore. Pour ce qui est de sa voiture, c’est au volant de sa Saxo qu’il débutait la saison, avant de s’installer dans l’habitacle d’une BMW M3 : « Cette voiture appartenait à Jean-François Ganevat, qui m’a proposé de l’essayer. Pour ma première course, à Donzy, je termine à un centième de Louis Granjon. » Un écart dérisoire lorsque l’on sait l’expérience qu’a pu accumuler « Loulou » au volant d’une voiture identique. Pour la suite de cette saison, Antoine alternait entre le volant de la Saxo et celui de la M3 : « Finalement je me suis qualifié pour la Finale avec la BMW, et je termine deuxième derrière Pascal Cat. » Vainqueur de classe N/2 sur l’ensemble des épreuves sur lesquelles il engageait sa Saxo, Antoine Uny remportait également plusieurs succès avec la M3.
A l’issue de la saison 2015, Antoine se séparait de sa Saxo et se portait acquéreur de la BMW M3 avec laquelle il s’était précédemment illustré : « Mon objectif était alors de m’imposer en Groupe N sur la Finale de la Coupe de France. » Pour ce qui est de sa qualification elle ne souffrait d’aucune contestation, puisque le Jurassien s’imposait à onze reprises sur les onze épreuves disputées, avec notamment des succès de groupe à Marchampt et à Vuillafans. A Limonest, à l’occasion de la Finale, il montera une nouvelle fois sur la plus haute marche du podium du Groupe N… 2016 fut pour Antoine la saison de la confirmation, 2017 allait être celle de la consécration !
De victoires en victoires !
Avec une telle progression en si peu de temps, Antoine se devait de franchir un nouveau cap. A 23 ans, il décidait de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne avec comme objectif de se mettre en avant : « Mes victoires de l’an dernier à Marchampt et à Vuillafans me laissaient espérer que je serais en mesure de signer de bons chronos. Mais je découvrais plus de la moitié des épreuves, et de ce fait je n’envisageais pas de remporter le titre. »
A Bagnols-Sabran, où Antoine débutait sa saison, l’entrée en matière sera plus compliquée que prévue : « Il pleuvait des trombes d’eau, et avec des pneus pluie déjà bien usagés, je suis parti à la faute », se souvient-il. La BMW heurtait le rail et laissait entrevoir sur son flanc gauche les stigmates de cette mésaventure. « Malgré tout je suis parvenu à reprendre confiance, et sur la dernière montée, disputée sur le sec, je passe devant. Ce premier succès était émotionnellement assez fort, car samedi, après cet incident de parcours, je n’étais vraiment pas bien. Au final nous sommes partis de très loin pour revenir aux avant-postes. » Succès et septième place au scratch, Antoine signait sur la manche d’ouverture un résultat plus que probant.
Après Sabran, le Jurassien partait à la découverte du Col Saint-Pierre, une des épreuves les plus difficiles à mémoriser : « J’ai eu du mal à trouver le rythme, notamment parce que la sortie de route de Bagnols-Sabran me trottait toujours dans la tête. Finalement je suis assez satisfait de mon chrono, même si je pense que je peux faire bien mieux », confie Antoine qui s’impose 423 millièmes devant la Mégane de Pascal Cat.
Avec un tracé de seulement 2.100 mètres, la Course de Côte d’Abreschviller ne permet pas de creuser de gros écarts. Souvent la victoire se joue à quelques dixièmes, voire quelques centièmes de secondes. Pourtant, c’est avec plus d’une seconde d’avance sur son premier poursuivant qu’Antoine Uny s’imposait en Lorraine : « Je découvrais ce tracé et j’établis un nouveau record. J’ai rapidement eu de bonnes sensations sur cette épreuve et j’en garde un excellent souvenir. »
Antoine Uny poursuivait son insolente domination à Thèreval, où c’est avec près de deux secondes d’avance qu’il remporte le Groupe N : « J’avoue que j’ai moyennement apprécié le tracé. J’étais un peu sur la défensive, mais pour le reste tout s’est bien passé et finalement je m’impose. »
Absent à La Pommeraye, on retrouvait par la suite Antoine à Saint Gouëno. La découverte de l’épreuve bretonne se soldait par un nouveau succès : « Dès les essais j’ai réalisé un bon chrono et j’étais vraiment à mon aise sur le tracé. Dimanche, la pluie a un peu perturbé les débats, mais ce que je retiendrai c’est le magnifique tracé et la superbe organisation de cette épreuve. »
Vainqueur l’an dernier à Marchampt avec une avance de 81millièmes, Antoine Uny récidivait cette année en imposant sa BMW une demi-seconde devant la Mitsubishi de Guillaume Gillet : « J’adore ce tracé sur lequel je suis particulièrement à l’aise. Mais sur la première montée de course j’ai voulu trop en faire, et j’ai tiré tout droit sur le premier gauche. Sur les deux montées suivantes, je n’étais pas réellement en confiance sur ce virage, mais pour le reste de la course tout allait bien. »
A Vuillafans, Antoine Uny retrouvait son épreuve préférée. De quoi motiver le Jurassien qui, malgré une météo capricieuse, fera parfaitement le job pour remporter une assez large victoire en groupe N : « Je disposais de pneus neufs, je m’étais vraiment bien préparé pour ce rendez-vous. Dès la première montée de course du matin, je bats le record du Groupe N qui était détenu par Anthony Cosson, et je suis vraiment fier de parvenir à améliorer son chrono. »
Treizième au scratch à Vuillafans, c’est à la même place qu’Antoine Uny terminait la Course de Côte de Dunières où il imposait sa BMW au terme d’un combat acharné face à la Mitsubishi de Guillaume Gillet : « Là j’ai dû tout donner ! Sur un tracé qui offre peu de grip, les quatre roues motrices sont à leur avantage, et j’ai vraiment dû me battre pour devancer la Mitsubishi. Mais ce fut un duel motivant et il est toujours plaisant de s’imposer à l’issue d’un dur combat. »
Vainqueur à huit reprises en huit participations sur le Championnat depuis le début de la saison, Antoine Uny allait trouver au Mont-Dore un adversaire à sa taille, Steve Compain. La encore la lutte sera acharnée, mais au final Antoine devra s’incliner pour 42 millièmes : « Je suis tombé sur un pilote talentueux… Il a su monter les pneus neufs quand il le fallait, ce que je n’ai pas fait. L’expérience a parlé », estime Antoine. « Mais même si je ne m’impose pas, je suis ravi de ce Mont Dore car les sensations au volant étaient excellentes, et que j’ai le sentiment d’avoir eu un déclic sur cette épreuve. J’ai vraiment l’impression qu’à partir de là j’ai été plus performant. »
Ce déclic se confirmait à Chamrousse où Antoine signait une nouvelle victoire de groupe en devançant son premier adversaire de deux secondes et demie : « J’avais eu l’occasion de disputer cette épreuve en 2014 avec la Saxo, mais là, ça allait vraiment beaucoup plus vite », lâche Antoine le sourire aux lèvres. « Je me suis vraiment senti bien sur ce tracé, où je signe le record du Groupe N qui datait de 2008. C’est vraiment génial d’autant que le parcours était dégradé sur le haut. »
« Turckheim est vraiment un monument du Championnat et même si à ce moment-là le titre était quasiment joué, je mettais un point d’honneur à signer un bon résultat sur cette épreuve », commente Antoine. Pour se faire, il visionnait intensément les vidéos, préparait la voiture pour le mieux afin de décrocher une nouvelle victoire : « Je suis content de m’imposer pour une première participation, content des sensations, mais j’ai le sentiment qu’il en reste encore sous le pied et que je peux faire bien mieux sur ce tracé. »
Antoine Uny terminait la saison à Limonest comme il l’avait débuté à Sabran, par une place dans le top 10. C’est en effet au neuvième rang que l’on retrouvait sa BMW, et bien évidemment au sommet de la hiérarchie du Groupe N : « C’est la seule épreuve que je dispute chaque année depuis mes débuts, puisque j’ai débuté en 2014, année où elle accueillait pour la première fois la Finale de la Coupe. Les trois années précédentes j’ai donc participé aux finales, et même si ce tracé sinueux n’est pas ce que je préfère, j’apprends à l’apprécier au fil des éditions. J’ai aujourd’hui un bon feeling et je suis content de mon temps, mais également d’avoir signé le deuxième temps des Production, sous la pluie, lors de la troisième montée. »
Vainqueur du Challenge Open N/4 et du Trophée de Groupe
Cette saison exemplaire permet à Antoine Uny de remporter le Challenge Open N4 et le Trophée FFSA du groupe N. Elle lui permet également d’accrocher la 8ème place du Championnat : « Il n’y a pas si longtemps c’était tout simplement un rêve de participer au Championnat de France. Là, je viens de vivre une fabuleuse saison et remporter le Challenge et le Trophée à l’issue de la première année, c’est juste grandiose. Après, il est clair qu’il n’y avait pas la concurrence que l’on a pu connaitre à la grande époque du Groupe N », ajoute-t-il en toute humilité. « Mais ce dont je suis assez fier c’est des chronos que j’ai réalisés. Je suis également ravi des progrès que j’ai pu faire, disputer le Championnat est une magnifique expérience qui permet réellement de progresser. »
Cette fabuleuse saison, Antoine Uny veut en partager les trophées avec ceux qui l’ont soutenu : « Je veux tout d’abord remercier mes parents, et en particulier mon père sans qui tout cela serait impossible, ma famille, ma compagne Marine, Jean-François Ganevat, Lukas notre mécanicien. Mes sincères remerciements à mes partenaires, Ardec Métal, Gauthier Charpente, Groupe Bouiller, Jlc Distribution, Contrôle Technique CTGC, MB Motorsports, Garage Canque et le Garage Uny. »
Rien n’est figé pour ce qui est de la saison à venir. Antoine attend de savoir quelles seront les évolutions de la réglementation : « Je voudrais savoir de quoi sera fait le règlement 2018. En fonction de cela je conserverai la M3 où bien je m’orienterai sur autre chose. » Seule certitude, Antoine animera le Championnat de France de la Montagne, et quel que soit la catégorie, il devrait être un sérieux client !
Propos recueillis par Bruno Valette