Cette saison 2016 a vu la domination en Groupe A de Rémi Bernard. Au volant de sa Seat Léon Supercopa, il a accumulé les victoires pour finalement remporter le Challenge Open A/4. Un succès dont il ne veut tirer aucune gloire, estimant que la disparition de son principal adversaire a totalement faussé le résultat final.
C’est au début des années 90 que Philippe Bernard, le père de Rémi, prenait part à ses premières Courses de Côte. Pour Rémi, qui est né en septembre 1987, ses premiers souvenirs d’enfances sont rattachés aux performances de son père. Depuis son plus jeune âge, il a baigné dans l’ambiance des vrombissements de moteurs et des odeurs si particulières des gommes surchauffées. Une atmosphère dans laquelle il s’est totalement épanoui, et qui lui donnera très vite l’envie de suivre le chemin tracé par son géniteur.
Si Philippe Bernard a participé à quelques rallyes, c’est en côte qu’il a fait l’essentiel de sa carrière sportive. Père et fils partageaient pleinement cette passion, en effectuant ensemble les reconnaissances des courses. Dans les paddocks, Rémi répondait toujours présent pour ’’gratter’’ les pneus et aider de son mieux son pilote favori. C’est à côté de son père qu’il apprendra ses premières notions de pilotage, avant de les mettre en pratique quelques années plus tard.
Passion dévorante au point de faire les choses dans le désordre, puisque cinq jours avant de passer son permis de conduire, Rémi avait déjà fait l’acquisition de la Renault 5 GT Turbo au volant de laquelle, en 2006, il fera ses premiers pas en course : « L’intégralité de mes premiers salaires d’apprenti passait dans la course », se souvient Rémi. « J’ai couru durant deux saisons sur les Courses de Côte organisées en Auvergne, avec comme objectif de me qualifier pour la Finale de la Coupe de France. »
Rapidement, Rémi allait améliorer les chronos signés par son père, dix ans auparavant, également au volant d’une 5 GT Turbo. Par la suite, Rémi s’installait derrière le volant de la BMW M3 Groupe N prêtée par son père, et avec laquelle il n’allait pas manquer de s’illustrer sur les épreuves auvergnates. En 2009, c’est au volant d’une Clio RS qu’il décrochait son ticket pour le Finale organisée alors à Donzy : « Durant cette saison j’ai signé des chronos que je qualifierais de corrects, mais sans avoir vraiment un excellent feeling avec cette auto. »
En 2016 Rémi faisait l’acquisition de la BMW M3 de Rémi Baby avec laquelle il sera victime d’une violente sortie de route à Bagnols-Sabran : « J’ai voulu poursuivre ma saison en disputant un maximum d’épreuves pour me remettre en selle, mais ce fut assez catastrophique. Je n’étais plus en confiance, et j’ai dû alors me rendre à l’évidence que je n’étais pas à mon affaire au volant d’une propulsion. »
Spectateur sur la Finale de la Coupe de France des Circuits, Rémi Bernard allait voir évoluer devant lui les Seat Léon Supercopa. Ce fut pour lui un véritable coup de foudre : « Quand j’ai appris qu’en 2011 elles étaient homologuées en Course de Côte, j’ai foncé en Espagne en acheter une. » Il faudra à Rémi un temps d’adaptation avant de bien cerner le maniement de sa belle espagnole. Durant la saison 2011, les résultats n’étaient pas à la hauteur de ses espérances : « Pour être honnête, j’ai pris deux grosses ’’branlées’’ à Dunières et au Mont-Dore. Mais j’ai eu la chance d’avoir le soutien indéfectible de ceux qui croyaient en moi, et notamment de mon père qui me disait de ne rien lâcher. »
En 2012, Rémi allait concentrer sa saison sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne : « En roulant sur des épreuves plus longues, ça m’a permis de mieux cerner l’auto. J’ai rapidement compris son maniement, ce qui m’a permis de signer ma première victoire sur le Mont-Dore. » Malheureusement, Rémi ne sera pas en mesure de concrétiser en 2013, suite à un accident sur la Course de Côte de Courpière, qui occasionnait des dégâts importants sur la Supercopa : « J’ai dû alors délaissé le Championnat car je voulais impérativement me qualifier pour la Finale. J’ai pu louer une autre Léon, mais je n’étais pas aussi à mon aise qu’au volant de ma propre voiture. »
C’est Anthony Cosson qui prendra en charge la réparation de la Supercopa, « et je ne le remercierai jamais assez, car je considère qu’il a sauvé ma voiture. » En 2014, Rémi retrouvait donc le volant de sa Léon, avec comme objectif de faire quelques épreuves du Championnat, mais surtout de se qualifier pour la Finale de Limonest : « Du côté du Championnat, 2014 c’est l’année de ’’l’ogre’’ Dieulangard qui a imposé sa Supercopa sur toutes les épreuves. Mais lors de mes participations, j’ai terminé à deux reprises à la deuxième place, au Mont-Dore et à Chamrousse, en devançant Ronald Garces, qui en 2015 sera la référence en Groupe A. Devancer Ronald était pour moi très positif, car j’avais le sentiment que je n’y arriverais jamais. »
C’est vers le circuit que se tournait Rémi Bernard en 2015 : « J’ai disputé deux courses qui se sont avérées catastrophiques, et qui m’ont fait comprendre que j’avais la Montagne enracinée en moi. J’ai eu le déclic lorsque je me suis rendu compte que je me faisais plus plaisir sur la montée du Col Saint-Pierre, qu’à Spa-Francorchamps qui est pourtant un circuit mythique. » Revenu sur la côte, Rémi s’imposait au Mont-Dore suite à l’abandon de Ronald Garces.
Rémi Bernard a débuté en Course de Côte en 2006, et il fêtait donc cette saison ses dix ans de course. Pour fêter dignement cet anniversaire, il décidait de se concocter un programme comprenant l’ensemble des épreuves du Championnat : « L’objectif était alors de disputer les deux premières manches du Championnat, et si les résultats étaient au rendez-vous, je faisais l’intégralité de la saison. Le but était avant tout de me faire plaisir, je n’avais vraiment l’intention de jouer ma carte que si je parvenais à signer des performances sur les deux premières épreuves. »
C’est donc sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran que Rémi allait pouvoir juger de son niveau de performance. A l’issue de la première montée de course, il pointait en tête du Production, devant une autre Groupe A, la Mitsubishi de Steve Cabelo : « Il était clair, que comme je m’y attendais, il allait être un très sérieux adversaire. » Mais l’histoire en décidait autrement…
Un Trophée, mais pas de lauriers
La disparition de Steve Cabelo allait mettre un terme à toute velléité de titre de la part de Rémi : « Pour moi le Championnat s’arrêtait là. Dans mon esprit j’allais continuer uniquement pour faire mes courses, mais sans objectif précis », confie Rémi.
Dans la Rome Antique, on avait pour habitude de décerner aux généraux qui s’étaient illustrés, une couronne de lauriers qu’ils portaient au moment de son acclamation par la foule. Des lauriers, Rémi Bernard n’en veut pas. Au terme de cette saison 2016, personne ne devait fêter le Trophée du Groupe A et la victoire dans le Challenge Open A/4 : « La victoire à Bagnols-Sabran n’a aucune importance, mais en revanche, dans mon esprit, il était hors de question que quiconque puisse fêter un titre en fin de saison. Je voulais alors m’imposer pour ne laisser à personne la possibilité de tirer la moindre satisfaction de remporter le Trophée et le Challenge. »
Sur les pentes du Col Saint-Pierre, aidé par une météo qui lui sera favorable, Rémi signait un exploit en terminant deuxième du Production, vainqueur du Groupe A : « Pour ce qui est de ma deuxième place en Série B, je l’attribue avant tout à la chance. Ce que je veux avant tout retenir c’est ma performance sur la deuxième montée, où je termine dans le top 5 alors que les conditions étaient identiques pour tout le monde. Je suis content de mon week-end car j’ai vraiment attaqué de le première à la dernière montée. »
Abreschviller sera la seule course de la saison, où devancé par Bruno Fra, il ne terminait pas en tête du Groupe A : « Vu le nombre d’erreurs que je commets sur ce qui sera finalement ma meilleure montée, cette deuxième place tient du miracle. Donc, au final, je ne peux être que satisfait, d’autant que c’est le genre de tracé qui ne me convient pas du tout, même s’il m’a permis d’acquérir de l’expérience. »
A Hébécrevon, c’est pour seulement deux dixièmes que Rémi devançait Geoffroy Bouhin à l’arrivée : « A ce moment-là, je rentrais sur le ’’dur’’ du Championnat. Sur des tracés courts, que mes adversaires connaissaient, je savais que ce ne serait pas facile. Il n’est pas évident de trouver le bon rythme à Hébécrevon, et cette passe d’arme avec Geoffroy m’aura permis d’améliorer mon pilotage. Et puis je garde à l’esprit que Geoffroy était en délicatesse avec sa Léon, la chance est donc encore de mon côté. Mais je sais qu’en m’imposant sur les terres de mes rivaux, moralement c’est bon pour moi mais nettement moins bon pour eux. »
Rémi découvrait par la suite le tracé de La Pommeraye, où là encore il s’imposait en Groupe A, sur une course rendue difficile par les conditions météorologiques : « Le tracé est sympa, sans grosses difficultés. Je me suis loupé aux essais, mais je suis parvenu à me relancer par la suite et à signer un bon chrono sur la seule montée disputée sur le sec. »
« Génial », lâche Rémi quand on évoque Saint-Gouëno : « Je retrouvais enfin un tracé où le pilotage est vraiment mis en avant. Je m’attendais à ce que l’organisation soit au top, car on m’en avait fait l’éloge, mais je ne pensais pas que le tracé soit aussi exigeant. J’ai adoré », confie celui qui signe là un nouveau succès en Groupe A.
A Marchampt en Beaujolais, Rémi Bernard retrouvait un tracé qu’il avait déjà eu l’occasion d’affronter, et sur lequel il signait un nouveau succès de Groupe. Succès d’autant plus satisfaisant qu’il est assorti de la deuxième place obtenue par son compagnon de team, Nicolas Caumon : « J’habite à une quarantaine de minutes de Marchampt, c’est un peu la course à la maison… Nico a été très rapide aux essais, je ne le devance que de 52 millièmes. Heureusement je suis parvenu à puiser dans mes ressources, pour d’une part m’imposer mais également améliorer le record détenu jusqu’alors par Ronald (Garces). »
Leader du Championnat à mi-saison
Premier leader de la saison, Rémi Bernard occupait toujours les commandes du Championnat Production alors que l’on venait de passer la mi-saison : « La météo qui m’a avantagé sur les premières courses, et ma régularité m’ont permis de me retrouver en tête. C’est une sensation particulière, mais je savais qu’il me serait impossible de conserver cette position face à une meute de GTTS toutes mieux conduites les unes que les autres. » Conscient qu’il lui sera impossible d’atteindre le sacre, Rémi pouvait alors espérer accrocher une place sur le podium du Championnat : « David (Dieulangard) l’a fait en 2014. Mais le barème dans l’attribution des points à changer, et le nombre de GTTS est nettement plus important, je savais donc que la tâche serait difficile. Mais je voulais quand même y croire… »
Rémi Bernard allait une nouvelle fois faire démonstration de son hégémonie à Vuillafans, où il remporte le Groupe A avec près de quatre secondes d’avance sur Nicolas Caumon : « Vuillafans est un truc de fou ! Je n’avais jamais eu cette sensation au volant. Il faut vraiment avoir le gros cœur pour attaquer sur cette épreuve. Je pense que là, l’expérience acquise sur les différents tracés, m’a été utile. Là encore, je fais mon chrono sur la première montée. Sur la suivante, je prends un drapeau rouge car Nico (Caumon) se sort devant moi. Ça a bien calmé mes ardeurs. »
« Dunières est une course importante pour mon père, et je voulais vraiment la gagner », avoue Rémi. Ce sera chose faite puisqu’il termine une nouvelle fois en tête du Groupe A, devant deux Clio, celle d’Eric Peyrard, et celle d’un certain Philippe Bernard : « C’est juste dommage que nous ne soyons pas parvenus à réaliser le doublé », se désole Rémi qui avoue avoir apprécié cette édition de l’épreuve auvergnate : « C’est un tracé que j’ai appris à aimer, sur lequel il m’a fallu du temps pour trouver le mode d’emploi. Mais cette année tout s’est bien passé. »
C’est à la septième place du Production, et bien évidemment en tête du Groupe A que l’on retrouvait Rémi Bernard à l’issue du Mont-Dore : « J’ai eu d’excellentes sensations dans l’auto et également ma part de chance. Sur la première montée, j’ai effleuré un rail. L’auto n’a pas bougé, mais à deux centimètres près ça aurait pu compromettre mon week-end. Après, je retiendrai que je suis à trois reprises sous les 2’’50 avec une Léon, vraiment de quoi être satisfait. »
A Chamrousse, Rémi signait à nouveau un résultat probant en plaçant sa Supercopa à la huitième place du Production. Vainqueur du Groupe A, il devance à nouveau Nicolas Caumon de plus de quatre secondes : « J’adore ce tracé sur lequel tu peux attaquer. C’est exigeant, mais ça laisse le droit à l’erreur. Je me suis totalement libéré et j’ai pris un réel ’’kif’’. Je suis vraiment content d’avoir inscrit cette épreuve à mon palmarès. »
Pour terminer la saison, Rémi Bernard signait un ultime succès à Turckheim en devançant cette fois Sébastien Dupont, toujours avec un écart de quatre secondes. Le pilote de Riorges découvrait le tracé alsacien et ne manquait pas de tomber sous le charme : « Cette épreuve te permet de mettre en pratique tout ce que tu as appris durant la saison. Le tracé est magnifique et j’ai pris énormément de plaisir au volant de la Léon. La seule frustration, c’est que je perds à Turckheim la troisième place du Championnat. »
Aux portes du podium
Quatrième du Championnat de France de la Montagne, Rémi Bernard remporte le Trophée FFSA Groupe A et le Challenge Open A/7 – Steve Cabelo. Un magnifique résultat final sur lequel il ne veut pas s’étaler : « Je m’impose en perdant un ami, un gars qui allait être mon plus gros adversaire. Ça créait une énorme frustration… Je veux juste retenir que je me suis fait plaisir au volant tout au long de la saison, que j’ai su tirer profit de mon expérience sur des épreuves que je découvrais. En termes de classement final, je ne peux pas espérer mieux face aux GTTS. C’est mon seul regret car s’il est hors de question pour moi de fêter un Trophée de Groupe ou un Challenge Open, j’aurais pu tirer satisfaction d’une place sur le podium. »
Cette saison particulièrement réussie, Rémi Bernard veut la partager avec ceux qui sont pour lui des soutiens inconditionnels : « Je tiens à remercier mes fidèles partenaires, Millmatpro.com, car je n’oublie pas que le Championnat de France de la Montagne est important pour mon entreprise, c’est un excellent vecteur de communication. Merci à KS Tools, Sodisair, ainsi que mes partenaires techniques, CTF Performances, Jean-Luc Breso, et la famille Cosson. Un grand merci à mon père qui fut et reste mon premier soutien, et à mon coéquipier, Nico, sans qui cette saison n’aurait jamais pu si bien se passer. »
La Seat Léon Supercopa de Rémi Bernard devrait l’an prochain animer les courses de côte, mais pas entre ses mains : « J’ai vendu la voiture et j’attends la parution de la réglementation 2017 pour savoir ce que je ferai. Je sais que je disputerai le Championnat de France de la Montagne, mais je ne sais pas encore au volant de quelle voiture, et dans quel groupe. »