Durant ces dix dernières années, Nicolas Weisbecker a fait plusieurs apparitions sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne. En cette année 2022, il engageait officiellement sa BMW 318 Compact au volant de laquelle il est venu chercher rien d’autre qu’un Trophée FFSA du groupe F2000 et une victoire sur le Challenge Open F2000/3.
Avant tout connu pour son exceptionnelle investissement dans la préparation et la maintenance des voitures de ses deux fils, on n’en oublie que Guy Poinsignon a été avant tout pilote. Et qu’il est également l’oncle de Nicolas Weisbecker. Avec un oncle aussi impliqué comment ne pas s’intéresser à la course de côte. D’autant que Bernard, le père de Nicolas, était régulièrement aux côtés de Guy Poinsignon sur les épreuves pour assurer l’assistance lorsque le papa de Yannick et Christophe courrait aux volants de Rallye II, de Scora, de Pedrazza et autres Simca CG : « J’ai baigné dans ce milieu depuis mon plus jeune âge », se souvient Nicolas. « Mes souvenirs d’enfances sont faits d’odeurs de carburants, de gommes de pneumatiques et de fibre de verres des Scora. »
Bernard Weisbecker attrapera à son tour le virus et s’installera derrière le volant d’une voiture de course, et il semblait alors clair que Nicolas pouvait difficilement être épargné par ce virus particulièrement envoutant : « Gamin j’aidais mon père lors des assistances, et dès que j’ai été en âge de rouler j’ai pris la relève au volant de sa voiture. » C’est donc en 2008 que Nicolas Weisbecker lançait en course la BMW 318 Compact avec laquelle il court encore aujourd’hui : « A cette époque la voiture disposait de beaucoup moins d’évolutions », se souvient-il. Si l’auto des débuts dispose encore à présent de la même coque et de la même base moteur, Nicolas a eu au fil des ans l’occasion de lui apporter des modifications : « Nous avons fait évoluer les trains, nous avons gagné du poids, des chevaux, nous sommes passés en boîte séquentielle, le parcours classique d’une F2000 finalement. »
Si le choix initial de la BMW a été voulu par Bernard Weisbecker, Nicolas n’a jamais renié l’option prise par son père : « C’est une voiture qui me convient bien. Une propulsion qui glisse, qui émet un joli bruit, c’est plutôt particulièrement plaisant. Et puis c’est une belle auto qui a fait ses preuves en F2000, même si elle a aujourd’hui un peu vieilli. »
C’est sur la Course de Côte du Mont de Fourche qu’en 2008 Nicolas Weisbecker prenait part à sa toute première épreuve : « Par la suite j’ai fait plusieurs saisons en disputant les courses de côte de la Ligue Lorraine-Alsace et en m’engageant sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne proches de chez moi, telles que Abreschviller, Turckheim et Vuillafans », commente le Mosellan. « Ce sont des épreuves auxquelles j’ai régulièrement participé entre 2011 et 2015. J’ai eu également l’occasion de participer à plusieurs Finales de la Coupe de France de la Montagne, j’étais qualifié pour Chatel-Guyon, Bournezeau, Limonest. » Ces multiples participations permettaient à Nicolas Weisbecker d’accrocher des podiums et de signer plusieurs victoires de groupes sur différentes épreuves : « Je me souviens que lors d’une finale à Limonest je me battais pour la victoire en F2000 avec le regretté Jean Turnel qui cette année-là imposait sa Peugeot 306. »
Objectif : Le titre en F2000
Pour cette saison 2022, Nicolas Weisbecker disposant d’un budget un peu plus étoffé, décidait de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne avec un objectif clairement affiché : « Je n’avais pas beaucoup roulé les années précédentes, mais nous avions fait réellement évoluer la voiture et je savais disposer d’une auto qui me permettait d’aller chercher le titre. C’était donc l’objectif de la saison, remporter le Trophée FFSA du groupe F2000 et le Challenge Open F2000/3. » Pour parvenir à ses fins, Nicolas savait qu’il allait devoir prendre l’ascendant sur Christian Boullenger, 10ème du Championnat et vainqueur du Trophée FFSA du groupe en 2021, et Samuel Durassier qui en 2019 avait remporté ce même trophée avec sa Honda Civic.
C’est chez lui, en Moselle, que Nicolas Weisbecker débutait sa saison sur le championnat en engageant sa BMW Compact sur la Course de Côte d’Abreschviller : « Je n’avais fait que deux courses l’an dernier, je manquais donc sérieusement de roulage d’autant qu’avant ces deux participations, l’auto était restée au garage pendant cinq ans, je ne m’attendais pas à être aussi rapidement compétitif », avoue Nicolas qui remporte le groupe sur l’épreuve mosellane : « Ça me laisse un excellent souvenir, même si nous avons eu quelques pépins mécaniques du fait que nous disposions de plus de chevaux, ce que les cardans avaient du mal à encaisser. Mais ce succès récompense le travail de toute l’équipe, et notamment de mon oncle Guy qui prend mon moteur en charge. Et je sais disposer d’un super moteur. »
Par la suite, Nicolas Weisbecker allait retrouver à La Pommeraye un Samuel Durassier qui connait bien l’épreuve angevine alors que le Mosellan découvrait cette année le tracé : « C’est un circuit super intéressant, mais je ne me suis pas présenté au départ dans les meilleures dispositions. Ce week-end là j’étais malade et absolument pas dans le rythme. Lorsque la course a été interrompue après la troisième montée, j’étais en tête et je commençais à me relâcher. Mais par la suite le speaker a annoncé que l’on allait finalement faire la quatrième montée, et là je savais que ça allait être compliqué… J’essaie d’attaquer, j’en fait trop, je pars en tête-à-queue, et Sam me repasse devant », se désole Nicolas qui voit Samuel Durassier le devancer de huit dixièmes : « Mais finalement j’ai adoré le combat à La Pommeraye, je suis finalement satisfait de ma deuxième place derrière Sam. »
Le duel avec Samuel Durassier allait se poursuivre à Saint Gouëno lors de la première participation de Nicolas Weisbecker à l’épreuve bretonne. Un rendez-vous dans le Mené qui laissera pour de multiples raisons d’excellents souvenirs au Mosellan : « L’accueil est énorme, c’est fabuleux, on passe un magnifique week-end et en plus je gagne en parvenant à terminer devant Sam. C’était champagne ! » lâche Nicolas qui quitte la Bretagne avec une victoire de groupe en poche.
A Vuillafans Nicolas Weisbecker retrouvait un terrain connu, et savait que sa BMW disposait de sérieux atouts sur l’épreuve Franc-Comtoise : « Samuel était absent, et je regrette de n’avoir pas pu l’affronter sur cette course », confie le Mosellan qui impose sa BMW dans le Doubs : « Il y avait moins de concurrence, mais mes chronos étaient bons et c’est donc encore un très bon week-end pour moi, même si je n’ai pas pu prendre part à la dernière montée à cause d’une nouvelle casse de cardan. » Une casse consécutive à la puissance supplémentaire du moteur de la BMW : « Tant que j’avais 240 chevaux tout allait bien, mais avec les 275 chevaux dont je dispose actuellement, les cardans ont du mal à encaisser. A partir de là on a rectifié le tir pour la suite de la saison. »
Pour sa première participation à Dunières, Nicolas Weisbecker imposait sa BMW 318 Compact en tête du groupe F2000 devant la Honda S2000 de Michaël Gley : « C’est du serré sur Dunières, et avec la ’’Béhème’’ on est plutôt bien sur ce genre de tracé. Cette auto est hyper agile et sur cette épreuve c’était super sympa même si au début j’étais un peu perdu sur ce tracé atypique. »
La dernière participation de Nicolas Weisbecker à la Course de Côte de Marchampt remonte à 2010 alors qu’il avait accroché la sixième place du groupe F2000. Engagé en 2013, il avait dû déclarer forfait. C’est dire si le Mosellan devait se réadapter au tracé de l’épreuve courue dans le Beaujolais : « C’était une redécouverte, mais je savais à quoi m’attendre. Et puis nous avons une bonne connaissance de la voiture et nous ne sommes jamais pris au dépourvu pour ce qui est des réglages à adopter. Donc tout s’est bien déroulé, sans problème », confie Nicolas qui signe une nouvelle victoire en F2000.
Absent sur le Mont-Dore, Nicolas Weisbecker abordait Chamrousse avec une certaine pression, sachant qu’une victoire de Samuel Durassier pouvait lui permettre de repasser devant, en tête du groupe F2000 : « Lors des essais, je démarre sagement mais je me rends compte que le moteur ne donne pas son plein rendement. Je mets ça sur le compte de l’altitude, estimant que ça peut effectivement jouer sur les performances… Mais sur la deuxième montée d’essais je ressens bien que le moteur ne fonctionne pas correctement », se souvient Nicolas. « Sur la première montée de course je perds énormément de temps par rapport à mes adversaires, et sur la deuxième montée, lors d’un changement de vitesse, j’ai tout qui explose. Arrivé au parc on se rend compte que la chaine de distribution est cassée, et que le moteur est foutu. »
A ce moment-là, Nicolas Weisbecker quitte Chamrousse, mais en gardant une oreille attentive sur le direct, pour savoir comme aller se conclure la course et ce qu’allait faire son principal rival, Samuel Durassier : « C’est alors qu’avec mon épouse nous avons appris que la troisième montée était annulée, ce qui voulait dire que Sam ne validait pas sa dernière montée et qu’il ne marquait pas de points puisqu’il n’avait pas pu réaliser de chrono lors de la première montée. D’un autre côté j’étais très déçu pour Yannick (Poinsignon) qui se voyait lui aussi pénalisé par l’annulation de cette ultime ascension. »
Hors de question pour Nicolas Weisbecker de mettre un arrêt prématuré à sa saison. Le Mosellan partait immédiatement à la recherche d’une F2000 à louer pour être au départ de Turckheim : « J’ai fait passer un message sur les réseaux sociaux, et lundi matin j’ai eu un appel de Thomas Schwarz, avec qui je me battais en régional à mes débuts. Il m’a dit que sa Clio dormait dans le garage depuis cinq ans et que si je voulais la récupérer, il suffisait de changer le train arrière et de faire l’entretien et je pouvais l’aligner à Turckheim. » Bien évidemment, Nicolas ne pouvait refuser cette opportunité et dès le lundi après-midi il allait récupérer cette voiture aimablement prêtée.
Durant la semaine, Nicolas, aidé de son père, remettait la Clio en forme pour l’aligner au départ de Turckheim : « Bien évidemment, il n’était plus question d’aller chercher la victoire de groupe, mais d’essayer de marquer des points. Je suis conscient que cette Clio pouvait me permettre de faire bien mieux, mais pour une toute première expérience au volant d’une traction je n’allais certainement pas tenter le diable », analyse Nicolas qui termine sixième du F2000, mais deuxième des pilotes engagés sur le Championnat derrière Gilbert Payneau. « Pour moi c’était parfait. Je savais avant Turckheim que quoi qu’il arrive je remportais le Challenge Open F2000/3, mais qu’en revanche je restais sous la menace de Ludo Klein pour ce qui est de la victoire sur le Championnat et donc de l’attribution du Trophée FFSA de groupe. »
Trophée FFSA du F2000 et Open F2000/3
Le résultat obtenu à Turckheim suffisait à Nicolas Weisbecker pour se mettre à l’abri. Il ne sera donc pas au départ de Limonest, même si Thomas Schwarz lui avait confirmé qu’il pouvait à nouveau disposer de la Clio. A l’heure de faire le bilan de cette première saison, Nicolas remporte le Trophée FFSA du groupe F2000 et le Challenge Open F2000/3 : « Sam (Durassier) n’a pas fait l’intégralité du championnat, mais sur les épreuves où nous nous sommes confrontés, nous avons pu nous livrer de beaux combats, plutôt sympas. Et à mon sens, s’il n’y avait pas eu ce duel, je n’aurais pas été aussi motivé », confie Nicolas. « Ce fut une saison énorme, même si je n’étais pas présent sur toutes les courses, le fait d’être dans le mouvement, de retrouver les amis, de se réunir, de partager nos week-ends, c’était génial. L’ambiance du CFM est fabuleuse et c’est très prenant de devoir gérer sa participation sur un championnat en réfléchissant à l’approche de chacune des épreuves. Ça restera comme un excellent souvenir. »
Souvenir bien évidemment partagés avec son oncle, ses cousins et toute la famille Poinsignon avec qui il a passé ses week-ends : « Je remercie tous ceux qui ont participé à ces victoires : Mes proches, mon père, la famille Poinsignon, Cédric Maot et ma compagne. Merci aussi au centre de formation UFA Philippe Charbonneaux de Metz, l'ASA Moselle, HTR development, et à la société Multi Pièces Auto à Augny. Thomas et Manue Schwarz, sans vous je n'aurais pas pu gagner ! »
La réparation du moteur de la BMW va engendré des frais conséquents et grever le budget de Nicolas Weisbecker qui de ce fait n’a aucune visibilité sur la saison à venir : « J’ai deux solutions qui se présentent à moi : Ou je répare le moteur et je repars avec la BMW sur des épreuves régionales proches de chez moi. Ou je fais du slalom avec la Tatuus à moteur Hayabusa que je possède. On verra en fonction de la réparation du moteur quels seront les possibilités qui me seront offertes », conclut Nicolas.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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