Triptyque gagnant pour Fabien Ponchant

Trois objectifs étaient au programme de Fabien Ponchant pour cette saison 2023. Et le Nordiste connaitra la réussite sur les trois tableaux en remportant le Trophée FFSA du groupe DE, le Challenge Open DE/8 et la Finale de la Coupe de France de la Montagne.

En 2020, après avoir animé les courses de côtes régionales durant cinq ans, Fabien Ponchant faisait son entrée officielle sur le Championnat de France de la Montagne en s’engageant au volant d’une Dallara F302. Une entrée remarquée puisque c’est lui qui en fin de saison remportait le Challenge Open F3. L’année suivante, il franchissait une nouvelle étape en faisant l’acquisition d’une Tatuus Formula Master. Après une nécessaire phase d’apprentissage, il parvenait en fin de saison à aligner d’excellents chronos pour terminer deuxième de la classe DE/8 derrière Cindy Gudet.

En 2022, il se relançait pour une nouvelle campagne de France, toujours au volant de sa Tatuus Formula Master. Là encore les chronos seront au rendez-vous, mais sa participation se limitait à cinq épreuves, pas suffisant pour espérer se mettre en avant dans sa classe. Mais Fabien avait mis à profit ses courses pour bien cerner le maniement de sa monoplace, et tenter d’en tirer le meilleur profit, « même si à l’issue de cette saison 2022 j’avais un sentiment d’inachevé », débute le Nordiste.

« Il fallait que je remette la voiture dans la configuration autorisée par la réglementation », précise-t-il. « Cela nous a permis d’optimiser le moteur et la boîte de vitesses afin de disposer d’une auto comparable à celles avec lesquelles évoluaient mes concurrents. » Fabien Ponchant profitait également de la pause hivernale pour se tourner vers la société Sadev qui lui fournissait une boîte de vitesses ''full'' course de côte : « On savait alors que j’aurais pour cette saison 2023 une auto réellement compétitive. »

Triple objectifs pour Fabien Ponchant
Avant d’afficher d’éventuels objectifs, Fabien Ponchant voulait s’assurer qu’il disposait d’une Tatuus Formula Master à la hauteur de ses espérances. Pour cela, avant de débuter sa saison sur le championnat, il l’alignait sur la Course de Côte de Saint-Pierre-de-Varengeville où il ira chercher une victoire au scratch : « C’était un galop d’essais en dynamique et j’ai pu m’apercevoir que la voiture était prête pour la gagne. » Bien armé, le pilote du Pas-de-Calais affichait alors ses prétentions : « Dans mon esprit il était clair que je voulais jouer la gagne dans le groupe DE, sur le Challenge DE/8, et remporter en fin de saison la Finale de la Coupe de France de la Montagne. C’était les trois objectifs que je m’étais fixés en début de saison. »

Après une première épreuve régionale à Saint-Pierre-de-Varengeville, Fabien Ponchant se rendait à Abreschviller où il entamait sa campagne sur le championnat : « C’est une épreuve que je découvrais et ce n’est certainement pas la plus facile, au vue des vitesses atteintes, pour débuter la saison », analyse-t-il. « Mais ça a été une superbe épreuve de découverte même si je ne gagne pas le groupe DE », poursuit Fabien qui est devancé de seulement deux millièmes par la F3000 de Miguel Vidal. « Mais je termine devant Pierre Mayeur qui était déjà un adversaire de taille en 2022, et qui à Abreschviller est sur un terrain qui lui est familier. Lors de la précédente édition, Pierre avait pris l’ascendant sur Marc Pernot qui roulait alors en Tatuus, et le fait de parvenir à le devancer cette année me permettait d’avoir une idée de la performance de ma voiture », confie Fabien. « Après, il est clair que terminer à seulement deux millièmes de Miguel est un peu frustrant. Mais je débutais une saison qui s’annonçait longue et je n’avais pas le droit de prendre de risque », estime le Nordiste qui termine septième au scratch, deuxième de groupe et premier de la classe DE/8.

Il s’en est fallu de peu pour que l’on retrouve Fabien Ponchant sur le podium de la Course de Côte des Teurses de Thèreval – Agneaux. Quatrième et vainqueur du groupe DE, il termine à 82 millièmes de Fabien Frantz qui place son Osella au troisième rang : « C’est la course en famille puisque je suis là chez ma belle-famille. C’est un rendez-vous que j’affectionne, même si je l’aborde avec une petite boule au ventre parce que je garde à l’esprit que je ''m’étais sorti'' sur cette épreuve il y a quelques années avec la F3. On ne va pas se mentir, le plateau n’était pas énorme et cela me permettait d’afficher de grosses prétentions. Je n’envisageais évidemment pas d’accrocher le podium, mais cette possibilité s’est dessinée durant le week-end. J’ai tenté, mais ''Fab'' (Frantz) a tout donné sur la dernière montée et me chasse du podium. Malgré tout, je n’ai rien a regretté parce qu’en plus de gagner le groupe j’établis un nouveau record en 2 litres que détenait depuis 2018 Christopher Cappello qui avait terminé troisième avec une Norma. »

A La Pommeraye, Fabien Ponchant signait une nouvelle victoire de groupe en accrochant la sixième place et, petit clin d’œil, il terminait à 25 millièmes de l’ancien propriétaire de sa Tatuus Formula Master, Kevin Petit : « Avant tout je veux tirer un coup de chapeau à mes deux copains Stéphane (Besnier) et Eric (Vitrac) qui nous permettent de se sentir vraiment comme à la maison sur cette épreuve. Sur le plan sportif, c’est un tracé que j’apprécie particulièrement et cette année je suis parvenu à aller chercher un nouveau record en 2 litres, et apparemment je commençais à me rapprocher des chronos signaient par les cadors de la F3000 à la grande époque », commente Fabien. « Terminer aussi près de ''mon'' Kevin reste anecdotique, parce qu’il ne disposait pas encore d’une voiture totalement compétitive. »

Même s’il impose sa Tatuus en tête du groupe DE à Saint Gouëno en se classant sixième, Fabien Ponchant n’est pas totalement satisfait de sa prestation sur la manche bretonne : « Il me manque encore le record en 2 litres. Il est détenu par Julien Français avec une Norma qui semble être plus à son affaire sur ce tracé qu’une Tatuus. Mais bon, il est clair que je vais revenir parce qu’on ne peut pas laisser ça en l’état », plaisante-t-il. La campagne de l’Ouest s’achevait à Saint Gouëno, et sur les trois épreuves, Fabien avait remporté le groupe DE en se classant systématiquement dans le top 6 : « Je fais donc le carton plein, ce qui était l’objectif. »

Huitième au scratch sur la Course de Côte de Marchampt, Fabien Ponchant retrouvait comme adversaire Miguel Vidal. Mais cette fois le Nordiste aura le dernier mot, et devancera la F3000 de quatre dixièmes : « Même si Marchampt n’est pas la course que j’attends avec la plus grande impatience parce que ce n’est pas mon terrain favori, je pense que je réalise certainement cette année une de mes meilleures prestations. Je pense que j’ai su tirer le plein potentiel de la voiture pour aller chercher Miguel. J’ai vraiment tout donné sur la dernière montée pour le devancer, et la satisfaction est au rendez-vous parce que le combat fut énorme. »

Le Mont-Dore est pour Fabien Ponchant la course de la saison à ne pas rater. Le Nordiste sait qu’il faut aborder ce rendez-vous en tenant compte de nombreux paramètres : « Les changements météorologiques t’obligent à être performant le plus tôt possible pour ne pas risquer de te faire piéger par l’apparition de la pluie, où l’annulation de certaines montées. C’est la première épreuves où nous sommes parvenus à réunir six Tatuus Formula Master, nous nous étions entendus pour nous donner rendez-vous au Mont-Dore », rappelle Fabien. « Et d’entrée de jeu j’ai voulu mettre la pression sur mes adversaires en creusant un écart substantiel. J’avais dans la tête mon temps de 2021 en 2'24''700, et ce chrono là je le réalise dès les essais. J’ai alors compris que j’allais être en mesure de me rapprocher du record de Marc Pernot, et si les conditions le permettaient, je pouvais peut-être aller le chercher. Quand j’ai vu s’afficher un 2'22''1, j’ai compris que je venais de signer le record absolu en 2 litres en améliorant la performance de Marc de plus d’une seconde. Là je savais que je disposais de l’auto pour aller chercher d’excellents résultats. »

Le week-end à Turckheim, où l’on retrouvait par la suite Fabien Ponchant, s’annonçait compliqué puisque samedi, sur la première montée de course, il allait à la faute : « Je me suis fait piéger par le manque de visibilité. C’est comme ça, je ne suis pas le seul a en avoir pâti. Mais bon une nouvelle fois la solidarité à jouer puisque mon adversaire direct, Thomas Clausi, m’a donné les pièces pour pouvoir réparer les deux tirants que j’avais pliés. Un immense merci à lui. » Après avoir grillé un joker le samedi soir, Fabien se devait d’être performant le dimanche, sachant qu’il devait impérativement rejoindre l’arrivée à deux reprises pour être classé : « On se doutait que le risque de n’avoir que deux montées était bien présent. J’ai donc assuré et je remporte le groupe. »

La saison de Fabien Ponchant se solde donc par un cumul de victoires de groupe sur le championnat et deux succès scratch en régional, à Saint-Pierre-de-Varengeville en début d’année et à Exmes au mois de juillet. En fin de saison, c’est sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne que le Nordiste allait connaitre une nouvelle consécration en s’imposant de fort belle manière sur le tracé de Steige : « C’est le retour sur un investissement familial vieux de 15 ans, depuis que je suis impliqué dans le sport automobile. Gagner une finale c’est l’aboutissement de la préparation d’une voiture, d’un pilote et d’une équipe. Si tu parviens à mettre tout en ligne pour le jour ''J'' de la finale, tu as tes chances », analyse Fabien pour qui se succès sera émotionnellement très fort : « J’ai dû endosser le rôle de favori, ce qu’il faut assumer parce que ça met obligatoirement une pression supplémentaire. Mais j’avais a mes côtés mon ''frère de cœur'', Kevin (Petit) qui m’a conseillé et soutenu tout au long du week-end parce qu’il voulait que son ancienne voiture remporte cette finale… Au final, je l’impose devant Pierre (Mayeur) et Nico (Dumond) qui sont des mecs en or. On s’est battu dans un total respect, et vraiment j’étais très touché à l’arrivée. »

« Pour ce qui est du week-end, il fut exceptionnel de par l’accueil des habitants de Steige, de l’organisation, du tracé qui est magnifique rapide et technique, et du côté festif que l’on a pu apprécier tout au long du week-end », conclut Fabien.

Trois objectifs… Trois Trophées !
Au départ de cette saison 2023, Fabien Ponchant avait trois objectifs en tête : Remporter le Trophée FFSA du groupe DE, gagner le Challenge Open DE/8 et imposer sa Tatuus Formula Master sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne. Le Nordiste fait carton plein et s’adjugeant les trois titres qu’il souhaitait accrocher à son palmarès : « C’est la saison parfaite », reconnait Fabien qui termine septième du Championnat : « Je n’ai vraiment rien raté, je me suis imposé sur la majorité des épreuves, je disposais d’une monoplace qui fonctionnait à la perfection et j’estime que cette année nous avons su être très forts psychologiquement, mécaniquement et le tout dans une parfaite entente avec des rivaux qui ont su me pousser dans mes limites. Leur adversité m’a permis de me livrer à fond et je ne peux que les remercier. »

En termes de remerciement ce sont ses parents, (Béatrice et Jean-Marie), que Fabien veut faire figurer en tête de liste, ainsi que sa compagne Cassandra. « Un immense merci également à Zamp Helmets France et à Jérôme Chauvin, aux organisateurs, aux commissaires techniques, aux officiels, aux bénévoles, à Pierre Barré qui nous a fait vivre en tant que speaker une formidable saison, Pilotes TV grâce à qui nous pouvons suivre les épreuves en direct. »

La fin de saison approche à grand pas pour Fabien Ponchant à qui il reste un dernier rendez-vous à honorer : « Ce sera la cerise sur le gâteau, puisque je vais participer à la Finale du Championnat de France TTE qui se déroulera les 11 et 12 novembre sur le mythique circuit du Mans. Je m’installerai pour l’occasion dans le cockpit d’une Norma 2 litres. »

Après les succès enregistrés cette saison, Fabien Ponchant pourrait légitimement vouloir franchir un échelon supplémentaire et rejoindre la catégorie reine du Championnat Sport : « Mais cela nécessite un énorme investissement, et je pense que ça serait déraisonnable. Je reste un pur amateur et je dois composer avec mon statut. De ce fait je vais continuer avec la Tatuus Formula Master qui m’a donné d’énormes satisfactions cette saison. Je pense donc repartir pour une nouvelle campagne en 2024, certainement avec les mêmes objectifs. »

Propos recueillis par Bruno Valette ©

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