L’an dernier, Antoine Uny faisait une entrée remarquée sur le Championnat de France de la Montagne, en remportant au volant de sa BMW M3 le Trophée FFSA du Groupe N et le Challenge Open N/4. Une suprématie qui l’incitait à viser plus haut et à venir cette saison animer le Groupe A. Et le jeune Jurassien a bien failli rééditer sa performance de la précédente saison, puisqu’au terme de sa campagne de France, il termine deuxième du groupe, à quelques encablures du vainqueur, Jérôme Janny.
Antoine Uny, qui fêtera ses 25 ans en décembre, ne compte déjà plus parmi les jeunes espoirs de la discipline, mais a fait son entrée dans le groupe fermé des talents confirmés. Durant la saison 2017, il a accumulé les victoires de groupe, réalisant des prouesses au volant de sa BMW M3. Dans l’efflorescence de son talent, il se devait de franchir un cap et gravir un échelon supplémentaire. L’occasion d’évoluer en Groupe A se présentait à lui, hors de question de ne pas la saisir.
« Nous avons eu l’opportunité d’acheter une Seat Léon Supercopa, et je savais que dans cette classe A/5 j’allais avoir une forte opposition avec Francis (Dosières) et Jérôme (Janny), ça me semblait un challenge sportif sympa à relever », débute Antoine. « Opter pour la Supercopa me donnait également l’occasion d’évoluer au volant d’une vraie voiture de course, issue du circuit et sortie des ateliers de Seat Sport. »
La pause hivernale sera courte pour Antoine Uny, qui devait reconfigurer la Seat pour la Course de Côte : « Il est clair que repartir avec la BMW m’aurait facilité les choses. Je la connaissais par cœur, il n’y avait pas énormément de travail à faire durant l’intersaison. Mais nous avons préféré nous lancer ce défi en optant pour la Supercopa, en sachant que cela nécessitait un budget plus important qu’avec la M3. En termes de préparation ça n’a donc pas été des plus facile, et on était vraiment limite dans les temps pour débuter la saison. »
Voiture idoine pour viser les premières places dans le Groupe A, la Seat Léon Supercopa MK2 offre selon Antoine le meilleur compromis : « Au niveau rapport prix / performance on ne fait pas mieux, en gardant à l’esprit que pour nous la MK3 était inabordable. La Léon est une auto réputée fiable, et peu couteuse en entretien par rapport à sa compétitivité. »
C’est sur le circuit du Bourbonnais, dans le cadre des essais organisés au mois de mars par Nicolas Schatz, qu’Antoine Uny prenait ses premières marques avec sa nouvelle monture : « Malheureusement il est tombé des trombes d’eau toute la journée, mais cela m’a tout de même permis de m’adapter à la boîte séquentielle et aux freins. »
En ayant comme principale préoccupation de découvrir sa voiture et de se familiariser avec son maniement, Antoine Uny n’affichait pas en début de saison de prétention démesurée : « Je voulais avant tout, sur les premières courses, me jauger face à la concurrence. En venant d’une M3, qui est une propulsion, je rentrais dans un nouvel univers avec la Seat. »
Première course, première victoire
Antoine aura tôt fait de se jauger, puisqu’à Bagnols-Sabran, sur la première épreuve de la saison, il était rapidement dans le coup, en pointant dès les essais, pas trop loin de la tête : « Dimanche, sur la première montée, je signe le meilleur temps du groupe, j’étais donc plutôt content. Par la suite, la pluie fait son apparition et je conserve la tête. Il est clair que débuter l’année par une victoire est excellent pour la confiance, et je me suis dit alors que j’avais peut-être mes chances de terminer en tête du groupe à l’issue de la saison. »
Manche du Championnat d’Europe de la Montagne, le Col Saint-Pierre proposait cette année aux concurrents d’être classés à l’addition des deux meilleures montées. Et à ce jeu, Antoine Uny perdait gros : « C’est moi qui signe le meilleur temps du week-end », rappelle-t-il. « Mais dimanche matin, je manquais de repères pour d’entrée de jeu attaquer sur le sec. Sur cette montée je lâche un temps précieux, et même en m’imposant sur la dernière manche, je n’ai pas pu rattraper mon retard », analyse Antoine qui classe sa Seat au quatrième rang. « Malgré tout, je suis content de ma performance, et je garde à l’esprit que sans le cumul c’est moi qui m’imposais. »
Pour deux dixièmes de secondes, Antoine Uny voyait Francis Dosières le devancer sur la Course de Côte d’Abreschviller : « C’est un peu frustrant car j’avais du mal à rétrograder au niveau de l’épingle, et que cela m’a pénalisé. Mais je pense que sur un tracé où la puissance est primordiale, la MK3 est en toute logique plus performante, donc je suis malgré tout satisfait du résultat. »
Cette saison, Antoine Uny choisissait de faire l’impasse sur la Course de Côte de Thèreval, un choix qu’il allait amèrement regretter par la suite : « Je pense que ce forfait me coûte la victoire finale... Même en terminant troisième du groupe, j’aurais marqué de gros points qui, en fin de saison, auraient pu peser dans la balance. » Toutefois, personne ne pouvait présager qu’aucune GTTS ne serait au départ de l’épreuve, suite à l’absence des frères Schmitter, au forfait de Nicolas Werver et à l’abandon à l’issue des essais de Yannick Poinsignon : « C’est un concours de circonstances, et personne ne pouvait imaginer que les Groupe A engrangeraient les points des premières places. »
Pour Antoine Uny, la confrontation reprenait à La Pommeraye, où Jérôme Janny coiffait ses rivaux au poteau en signant son meilleur chrono du week-end sur la dernière montée de course : « Jérôme a fait vraiment fort sur le final où il bat le record de la catégorie. Il n’y a rien à dire à part de le féliciter », estime Antoine qui termine deuxième à seulement quatre dixièmes de son adversaire et ami.
Les espoirs de prendre sa revanche à Saint Gouëno allaient malheureusement s’évaporer dans une touchette dont sera victime Antoine sur la première montée de course : « J’aime bien ce tracé un peu typé rallye, même si avec la Seat ce n’est pas large. J’étais vraiment bien lors des essais, et dimanche matin, j’ai attaqué vraiment fort, et l’arrière a décroché à près de 120 km/h sur un freinage. J’ai certainement dû commettre une petite erreur de pilotage, mais qui aurait été rattrapable si les réglages de sa Seat avaient été optimisés. Après, je fais juste une touchette sur un talus, sans occasionner de gros dégâts, ça aurait pu être bien pire. » Sur les deux montées suivantes, la route n’offrait pas les mêmes conditions, et Antoine, encore perturbé par sa touchette matinale, ne parvenait pas à égaler les chronos de ses adversaires. Il positionnait finalement sa Supercopa au troisième rang, une nouvelle fois derrière Jérôme Janny et Francis Dosières.
L’incident de Saint Gouëno faisait prendre conscience à Antoine qu’il allait devoir travailler sur le châssis de sa Seat, pour éviter à l’avenir ce genre de déboires. Mais à Marchampt, il connaissait un nouveau souci à cause d’une répartition de freinage qui donnait trop de freins sur l’arrière : « A cause de ça, je me loupe sur la deuxième montée, mais je ne suis pas pour autant mécontent de mon week-end, puisque je termine deuxième à seulement 170 millièmes de Francis, et que lui et moi battons l’ancien record du groupe. »
Succession de victoires en deuxième partie de saison
Au fil des courses, Antoine Uny cernait de mieux en mieux le comportement de sa Seat Léon Supercopa. A son volant, il allait enchaîner les victoires, en commençant à Vuillafans où il remportait un succès en groupe A : « C’est vraiment le succès qui me tient le plus à cœur, car Vuillafans reste ma course préférée. J’avais déjà le record en Groupe N, et je signe cette année un nouveau record en Groupe A, ce qui confirme que je suis bien sur ce tracé… Dimanche, j’ai vraiment eu le sentiment de faire une montée parfaite et cette victoire, après une série de problèmes, faisait du bien au moral. »
C’est au terme d’un combat acharné qu’Antoine Uny s’imposera à nouveau sur le tracé auvergnat de Dunières : « C’était un peu plus compliqué parce que nous avions durci les réglages à Vuillafans, et sur une course comme Dunières qui n’offre que peu d’adhérence, ce n’était pas idéal. J’étais un peu sur des œufs, mais sur la dernière montée je parviens à ’’dégoupiller’’ et à m’imposer pour 16 millièmes devant Francis, c’est pour moi une belle victoire. »
La série de victoires allait se poursuivre sur le Mont-Dore, puisque c’est Antoine qui sera le plus rapide pour rejoindre le sommet du Col de la Croix Saint Robert : « Je n’avais jamais gagné le groupe sur cette course, et la victoire me fait d’autant plus plaisir qu’il y avait une grosse concurrence, avec notamment la présence de Thomas Chavot. Je signe mon meilleur temps le matin, quand la route et la meilleure et que l’auto respire mieux, et par la suite personne n’est parvenu à revenir sur moi », confie Antoine qui termine sixième au scratch.
C’est à nouveau à la sixième place du classement scratch, et en tête du groupe A que l’on retrouvait Antoine Uny à l’arrivée de Chamrousse : « Il faisait vraiment froid, et c’était un peu compliqué à gérer. J’ai fait un tête-à-queue lors des essais en étant un peu trop optimiste. Samedi soir, je me suis remis en question et nous avons bien travaillé sur les datas et les vidéos. Dimanche matin, je suis devant mais en étant conscient que les chronos seront améliorés dans la journée. Sur la deuxième montée, je prends un drapeau rouge, et je me suis relancé et je parviens à signer le record. Et sur la troisième, je gardais un œil sur Jérôme, mais ni lui ni moi n’avons amélioré. »
Après quatre victoires consécutives, Antoine Uny savait qu’il était encore en lice pour remporter le Trophée de Groupe et le Challenge Open : « J’avais toujours espoir, mais je savais que je n’avais pas le droit à l’erreur. »
Mais à Turckheim, Antoine allait devoir faire face à un Jérôme Janny survolté, qui allait s’imposer avec deux secondes d’avance sur ses adversaires : « Jérôme était vraiment bien dans sa tête et il a réussi à se lâcher. Mais pour ma part j’ai quelques regrets parce que j’ai eu un problème avec la boîte bloquée sur le troisième rapport lors de la deuxième montée. Mais là Jérôme a fait à Turckheim ce que j’avais fait à Vuillafans, et il était difficile d’aller le chercher. »
Si à Limonest, Antoine devançait ses adversaires habituels - Jérôme Janny et Francis Dosières - pour conclure la saison il voyait Thomas Chavot le priver de la victoire pour 172 millièmes : « Je savais qu’il voulait prendre sa revanche du Mont-Dore. Il avait des pneus neufs, je n’en avais pas et ça se joue à pas grand-chose. Après, il réalise une super performance en venant nous damer le pion sur la dernière du championnat. Mais je termine premier des Seat engagées sur le Championnat, donc au niveau des points ça ne change rien. »
Une saison fabuleuse pour Antoine
Le Groupe A cette saison fut le théâtre d’une magnifique confrontation jusqu’à son terme. Preuve en est, si Francis Dosières avait devancé Jérôme Janny à Limonest, ce dernier perdait le titre au profit d’Antoine Uny. Au final, Antoine termine deuxième du Challenge Open A/5, sixième du Championnat à seulement 4 points de Jérôme Janny, de quoi être satisfait de sa saison : « Pour une première année en Groupe A c’est vraiment positif. Et puis je garde surtout à l’esprit que nous avons passé un fabuleuse saison avec Jérôme, en étant constamment ensemble dans les paddocks. Il était super content de m’accueillir dans le groupe A, et notre amitié dans la vie a créé une belle émulation entre nous sur la piste. Ça s’est également super bien passé avec Francis qui est un grand pilote pour qui nous avons beaucoup de respect. »
A l’heure de tourner la page de cette saison 2018, Antoine Uny ne veut pas oublier tous ceux qui l’ont soutenu dans ce nouveau challenge : « Un grand merci à mon père Christophe qui fait énormément pour me permettre de rouler dans les meilleures conditions possibles, ma mère, marine ma copine, Jean François Ganevat pour tous ses conseils et son aide, Lucas notre mécanicien, toute ma famille qui me soutient à chaque course. Merci également à mes partenaires, Gauthier Charpente, Jlc Distribution, Ardec Métal, le garage Canque, le groupe Thevenod Seat, MB Motorsport, Mti Dsg Dokter et Facilacom. »
Antoine Uny n’a pas l’intention d’en rester là. Pour 2019 il compte bien aller chercher la victoire sur les manches du Championnat au volant de sa Seat Léon Supercopa : « Je suis plus motivé que jamais et j’aurai comme objectif de terminer en tête du groupe A. J’espère que nous aurons de nouveaux adversaires, et que les confrontations seront aussi passionnantes que cette année », conclut Antoine.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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