Vainqueur de son second Challenge Open CN/2

Dominateur au sein de la meute des Protos 2 litres, Julien Français remporte pour la seconde année consécutive le Challenge Open CN/2. Quatrième du Championnat de France de la Montagne, le jeune sociétaire du Team Petit CroisiEurope devrait franchir une étape supplémentaire en 2019, et s’installer derrière le volant d’une auto à la mesure de son talent.

Lors de la campagne 2017, il aura fallu à Julien Français une détermination sans faille, pour remporter à l’issue d’un combat acharné, le Challenge Open CN/2. Le pilote de l’Oise se classait alors dixième du Championnat, une performance de tout premier ordre pour un jeune talent de 23 ans.

En progrès constant, Julien considère qu’il est toujours en phase d’apprentissage, et c’est dans l’optique avant tout de prendre part à un maximum de courses qu’il abordait cette saison 2018 : « Je voulais avant tout découvrir les tracés que je n’avais encore jamais affrontés. En l’espace de deux saisons, j’ai pu aborder les parcours de la quasi-intégralité des courses inscrites au calendrier, puisqu’il ne me manque que Vuillafans à découvrir », explique Julien.

Si l’essentiel était la découverte, il est évident qu’en se relançant au volant d’un Proto 2 litres, Julien espérait conserver son titre sur le Challenge, et tenter de faire progresser sa position au Championnat : « En homme d’expérience, Sébastien (Petit) estimait que j’étais rapide, mais qu’il fallait encore que je démontre tout le potentiel qui était le mien, car par moment j’avais été accroché par mes adversaires directs. Pour cette année 2018, nous avons donc décidé de préparer une auto neuve, dans une configuration 100% courses de côte, avec comme but d’essayer de me mettre réellement en valeur. »

Si jusqu’alors Julien Français avait pu démontrer de réelles aptitudes pour le pilotage, 2018 devait selon Sébastien Petit, confirmer qu’il pouvait compter parmi les meilleurs. Le Champion de France avait vu juste, tant la domination de son jeune poulain allait être flagrante…

De victoires en succès !
C’est sur la manche d’ouverture de la saison, à Bagnols-Sabran, que Julien débutait sa saison. Des débuts en fanfare, puisqu’il signait un premier succès en CN/2 en plaçant sa Norma M20 FC à la sixième place du classement scratch : « En 2015, c’est sur cette épreuve que j’ai disputé ma toute première course de côte au volant d’un Speed Car. L’approche avec la Norma était bien différente, et compliquée par le fait que je n’avais pas eu l’opportunité de faire d’essais préparatoires. La voiture était totalement différente de celle de l’an dernier, et il m’a fallu attendre l’ultime montée pour disposer des réglages vraiment adaptés, et aller chercher la victoire », se souvient Julien.

Difficile pour Julien d’aborder le Col Saint-Pierre. L’an dernier, la course gardoise avait été pour lui le théâtre d’une violente sortie de route, qui avait bien failli compromettre le reste de sa saison. Ce n’est donc pas sans appréhension qu’il retrouvait Saint-Jean-du-Gard : « Fort heureusement, j’avais pu rouler à Sabran auparavant, ça m’a permis de me rassurer, mais je reconnais que ce n’était pas évident », avoue Julien. « Malgré tout, j’étais dans le rythme sans devoir aller puiser dans mes derniers retranchements. Mais Marc Pernot roulait très fort sur cette épreuve, et je ne pouvais donc pas me permettre d’assurer totalement. A l’endroit où je suis sorti, j’ai fait très attention, mais tout s’est bien passé. » Plutôt très bien même, puisque Julien sort vainqueur de la confrontation en CN/2, et positionne sa Norma au cinquième rang. « Ce qui est également plaisant, c’est que même si je n’étais pas inscrit sur l’épreuve comptant pour le Championnat d’Europe, mes chronos m’auraient permis d’être devant les CN/2 européens, ce qui est assez revalorisant quand on sait les performances que peuvent afficher ces voitures. »

Il n’est jamais évident de se battre face à un ami, qui plus est un pilote reconnu comme talentueux. C’est l’expérience qu’allait vivre Julien Français en se mesurant à Kevin Durot sur le tracé d’Abreschviller : « Je découvrais cette épreuve, et je savais que Kevin allait être hyper rapide. J’avais également à l’esprit qu’à Abreschviller, sur un parcours aussi court, la moindre erreur de paie cash, et je n’ai pas réussi à faire une seule montée parfaite durant le week-end », reconnait-il. « En fait, je me suis mis la pression tout seul, en pensant que Kevin serait un adversaire redoutable. C’est dommage, j’aurais certainement pu mieux faire », estime Julien qui termine deuxième du CN/2 à une demi-seconde de son adversaire et ami.

Avant de se rendre à La Pommeraye, Julien allait faire un tour du côté du Luxembourg, pour prendre part à la Course de Côte d’Eschdorf, où il retrouvait Kevin Durot : « Ça m’a permis de prendre ma revanche… Cette épreuve fut pour moi une révélation car je me suis senti tout à fait à mon aise sur un tracé rapide, au volant de cette nouvelle voiture. J’avoue qu’à partir de ce moment-là, j’avais la rage et l’envie de tout gagner », lâche-t-il dans un éclat de rire.

A La Pommeraye, Julien retrouvait un tracé qu’il connaissait, ce qui allait lui permettre de faire des comparatifs avec ses performances précédentes : « Tout s’est bien passé. Je suis en progrès en ayant roulé sans prendre de gros risques, car je savais que nous ne serions pas en mesure de réparer avant Saint Gouëno qui se déroulait le week-end suivant. J’ai fait ma course, en me lâchant un peu sur la dernière montée, afin de m’assurer la victoire face à Anthony Le Beller. » Un succès en Proto 2 litres assorti d’une cinquième place au scratch.

S’il avait devancé Kevin Durot à Eschdorf, Julien n’avait pas eu l’occasion depuis Abreschviller de se retrouver confronté à son ami sur une manche du Championnat de France. Ce sera le cas à Saint Gouëno où, quatrième au scratch, il s’impose en CN/2 en devançant son voisin Kevin Durot de près de 9 dixièmes : « J’étais super bien. Il était clair alors que la voiture était plus rapide que celle de l’an dernier, et qu’en mettant en pratique les conseils de Sébastien, que ce soit en termes de pilotage où lors des reconnaissances, j’ai réellement progressé. »

La progression de Julien Français se confirmait à Marchampt, où c’est avec une seconde d’avance qu’il accrochait la victoire en CN/2, toujours devant Kevin Durot : « Je me rendais à Marchampt avec la ferme intention d’enfoncer le clou et plus motivé que jamais. Mais la sortie de route de Philippe (Schmitter) le samedi lors des essais m’a bien refroidi. Le lendemain, ça devenait compliqué de se lâcher, et dans le Tarrès, je n’étais pas du tout à la fête. J’ai vraiment eu du mal à rentrer dans le rythme, et je dois beaucoup à l’ensemble de l’équipe qui a su me motiver pour affronter la dernière montée. C’était nécessaire, car si Kevin ne disputait pas le Championnat, il fallait que je me méfie d’un retour de Maxime Cotleur, qui a amélioré lors de la troisième montée et qui était passé devant moi. »

L’approche de Dunières sera radicalement différente de celle de Marchampt. Sur l’épreuve auvergnate, Julien Français allait mettre tout le monde d’accord d’entrée de jeu, en signant le troisième temps scratch sur la première montée, près de deux secondes devant Maxime Cotleur, son premier poursuivant en CN/2 : « Je découvrais ce tracé, et comme on me l’avait dit, l’adhérence n’est pas formidable. De ce fait, nous avons décidé de chausser des pneus neufs pour la première montée de dimanche. J’ai vraiment attaqué fort, et ça a payé… A Dunières, les chronos en CN/2 sont restés longtemps sans nette amélioration, et l’an dernier, Damien Chamberod signe un nouveau record très loin devant l’ancien. Cette année, j’améliore le temps de Damien de près de deux secondes. Je suis donc ravi de mon week-end. »

Les épreuves se suivent et les victoires s’enchaînent pour Julien Français que l’on retrouve au sommet de la hiérarchie des Protos 2 litres à l’arrivée du Mont-Dore : « C’est pour moi une épreuve mythique, et l’an dernier j’avais remporté le CN/2 in-extremis, à l’issue de la dernière montée. Pour cette édition 2018, je voulais vraiment dominer l’épreuve. On a beaucoup travaillé sur l’auto, mis toutes les chances de notre côté, et finalement je m’impose avec une cinquième place au scratch et un record en CN/2. Nickel ! », lâche Julien.

Le jeune pilote de l’Oise allait connaitre un nouveau week-end sans problème à Chamrousse, d’où il repartait avec la coupe destinée au vainqueur du CN/2 : « Là j’ai beaucoup bossé sur les trajectoires car c’est la première fois que je disputais cette épreuve. J’avais comme objectif d’aller chercher le record établi par Damien Chamberod, même si je ne disposais que de gommes dures. Ce n’était pas idéal pour Chamrousse, où les températures étaient très fraiches. Mais sur la deuxième montée, j’ai profité d’un rayon de soleil pour signer un bon chrono, et j’améliore le record de huit dixièmes. »

Sur la fin de saison, Julien allait poursuivre sa série de victoires, mais n’allait pas connaitre des week-end sans problèmes comme ceux vécus précédemment. A Turckheim, sa course a même failli être compromise par une fuite de carburant : « Samedi, après les essais, j’ai signalé à Sébastien que j’avais une odeur d’essence inhabituelle dans le cockpit. On vérifie, et on ne trouve rien d’alarmant. Mais dimanche matin, au réveil, on trouve une flaque d’essence dans la voiture. Bien évidemment je ne pouvais pas me permettre de rouler dans ces conditions. On décide alors de sortir le moteur et de démonter le réservoir qui avait une fuite », explique Julien.

La réparation se fera en un temps record, et s’il devait faire l’impasse sur la première montée de course, Julien sera au départ de la deuxième : « Psychologiquement ce n’était pas évident. On avait réalisé une réparation de fortune et heureusement que j’ai une totale confiance aux mécaniciens de l’équipe, car il n’est pas facile de se relancer à 200 km/h après une telle réparation, quand tu gardes à l’esprit qu’une demi-heure avant l’auto était en deux parties… » En deux montées, Julien Français parvenait à signer une performance probante pour installer sa Norma au sixième rang, en tête du CN/2. Chose rare cette saison, il est devancé sur cette épreuve par la première F3, celle de Billy Ritchen, ce qui ne le perturbe pas outre mesure : « Quand on est devancé par un garçon de la trempe de Billy, on n’a pas à rougir », estime Julien.

A l’arrivée de Limonest, Julien Français aurait pu conclure sa saison par un premier podium sur une manche du Championnat de France de la Montagne. Mais son meilleur chrono signé sur la dernière montée pouvant porter à discussion, il décidait de le faire annuler par le collège des commissaires : « Je n’avais plus de pneus… Ils étaient vraiment extrêmement usés et ça devenait dangereux. J’avais donc décidé de ne pas prendre part à la dernière montée, mais Sébastien m’a proposé d’essayer avec quatre pneus à lui. Les commissaires techniques ont accepté, et grâce à cela, je claque un super chrono. Mais j’ai rapidement compris que ça allait faire polémique, car j’utilisais des pneus neufs, initialement marqués pour Sébastien. J’ai donc demandé à ce qu’on annule mon chrono. Ça ne changeait pas grand-chose pour moi, car même en passant de la troisième à la sixième place, je conservais la victoire en CN/2. »

A l’issue de cette saison 2018, Julien Français remporte donc le Challenge Open CN/2 pour la seconde année consécutive. Il termine le Championnat au quatrième rang, de quoi être très largement enthousiaste : « Pour moi le bilan est largement positif. On m’aurait dit avant Sabran que la saison se terminerait comme cela, j’aurais signé tout de suite. A mon sens il n’y a rien à jeter, et j’ai le sentiment que cette seconde année en CN/2 m’a fait largement progresser. J’ai vécu une saison de rêve, au sein d’une équipe soudée, chaleureuse, qui prodigue d’excellents conseils et qui me permet de grandir et de progresser. »

Adieux 2 litres, bonjour V8 4 litres
Vainqueur ces deux dernières années du Challenge Open CN/2, Julien Français n’a plus grand-chose à prouver dans une catégorie des Protos 2 litres qu’il a dominé de la tête et des épaules. Le jeune pilote, qui fêtera ses 24 ans fin novembre, se doit de franchir une étape supplémentaire la saison prochaine : « Je pense avoir fait mes preuves, maintenant j’ai envie de passer à autre chose. Logiquement je devrais débuter la saison au volant de la Norma 4 litres CN+ avec laquelle Sébastien a remporté le Championnat en 2017. Après, tout est une question de budget. Je vais essayer de faire les plus belles épreuves, mais je tiens à être présent sur les premières manches. »

Julien Français évoluera donc toujours au sein du Team Petit CroisiEurope la saison prochaine, une équipe qu’il veut chaleureusement remercier : « Un immense merci à Sébastien pour ses précieux conseils, à Gérard pour la mise au point de la voiture qui était vraiment au top. Un grand merci aux mécaniciens, et notamment à mon cousin Jessy Schenck, qui a décidé de mettre sa saison entre parenthèse pour me suivre et m’aider, à mon beau-père Fabrice Lorgnet qui est venu prêter mains fortes sur plusieurs épreuves, à mon père, à ma sœur Morgane, et à ma copine Fiona qui me laisse partir lors des week-end de course. Merci à CroisiEurope et à tous ceux qui m’ont aidé en mettant la main à la poche pour que je puisse terminer cette saison. Je n’oublie pas les organisateurs et l’ensemble des commissaires sans qui il ne pourrait pas y avoir d’épreuve », conclut Julien.

Propos recueillis par Bruno Valette

 

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