Depuis de nombreuses années, lors de ses apparitions sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne, Yves Tholy s’est a de nombreuses reprises présenté en patron du groupe CM. Engagé cette saison dans le cadre du Challenge Open, le pilote de l’Allier a confirmé qu’il était bien le ’’Taulier’’, en dominant la classe CM de la tête et des épaules.
Le métier de garagiste est rarement abordé par ceux qui le pratiquent comme une simple profession. C’est souvent une vocation, le fruit d’une passion que l’on voue aux belles mécaniques. C’est le cas de Jean-Claude Tholy, le père d’Yves, qui depuis toujours a conjugué son métier et son attrait pour la compétition automobile.
Il n’est jamais trop tard pour assouvir une passion, et c’est à 45 ans révolus, au volant de la Simca Rallye III qu’il venait d’acheter, que Jean-Claude Tholy prenait part à ses premières courses de côte : « C’est avant tout pour décompresser qu’il abordait la compétition, en s’alignant au départ de cinq ou six courses par ans », se souvient Yves. « Il courrait avant tout pour le plaisir en s’engageant sur des épreuves régionales autour de Montluçon. »
Premiers succès en karting
Alors que Jean-Claude Tholy débutait en course de côte, il décidait conjointement de lancer son fils en karting : « J’avais 11 ans, et avec des budgets ultra limités, j’ai pu participer au Championnat de la Ligue Auvergne pendant une dizaine d’années. Au fil des ans, j’ai pu disposer de matériel plus compétitif qui me permettait de jouer la victoire, mais toujours dans le cadre de ma région. »
Vainqueur de sa ligue à plusieurs reprises, Yves s’attache moins à son palmarès qu’au fait que le karting fut pour lui une véritable école pour l’apprentissage des notions de pilotage. D’ailleurs, une fois installé derrière le volant d’une voiture de course, les premiers résultats ne se faisaient pas attendre : « J’ai débuté en slalom, et sur ma toute première course j’ai remporté le groupe », se remémore Yves.
Mais d’autres préoccupations, privés et professionnelles, ne lui permettaient pas, durant un certain temps, d’assouvir pleinement sa passion. C’est donc en 2006, à 27 ans, que Yves Tholy s’impliquait plus sérieusement dans la compétition. La Simca Rallye III étant toujours dans le giron familial, c’est au volant de cette voiture qu’il reprenait les chemins des courses : « Nous avons fait évoluer la voiture en 1.300 cm3, toujours en groupe F, avant de lui offrir un moteur 1600 », confie Yves qui se partageait alors entre les épreuves de sa région et quelques apparitions sur les manches du Championnat de France de la Montagne.
En 2013, Yves Tholy changeait de catégorie en délaissant sa Simca 1000 pour une Silver Car avec laquelle il disputait une course : « Par la suite, j’ai été contacté par Speed Car qui m’a proposé un contrat de pilote officiel pour la saison 2014. » Si depuis, Yves n’est plus pilote officiel de la marque, il n’en reste pas moins un ambassadeur de poids.
Une référence en CM
Rapidement, Yves Tholy se présentait comme un des hommes forts de la catégorie, et entre 2014 et 2019, le Bourbonnais étoffait son palmarès de nombreux succès en CM : « Je faisais quelques apparitions sur le Championnat de France de la Montagne, mais mon manque de budget et une vie familiale assez intense avec mes deux enfants, m’incitaient à concentrer mes efforts sur les épreuves régionales. »
Pour cette saison 2020, Yves Tholy disposait d’un budget lui allait lui permettre de prendre part au championnat, « et compte tenu de l’annulation de nombreuses épreuves régionales, je n’ai pas hésité, je me suis engagé. Ce Championnat réduit à trois meetings offrait une opportunité à tous ceux qui n’auraient peut-être pas joué le jeu d’un championnat à treize manches. »
Les résultats enregistrés précédemment sur les épreuves du Championnat permettaient à Yves Tholy d’afficher des ambitions pour cette saison 2020 : « L’objectif était clair… Faire carton plein et remporter le CM sur les six courses inscrites au calendrier du championnat. Ca me permettait d’aller chercher un vrai titre qui manquait alors à mon palmarès. J’ai remporté le CM sur des Finales de la Coupe de France, mais ce ne sont que des victoires de classes, puisque le CM est englobé dans le CN. Mon seul titre, en définitive, je l’ai remporté en 2013, lorsque j’ai gagné le Groupe F sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne à Lormes. »
Pour préparer sa saison, Yves Tholy se contentait d’une séance de roulage sur le circuit de la Châtre qui se situe à quelques 70 kilomètres de chez lui : « Ca m’a permis de valider quelques réglages et de m’assurer que le comportement de l’auto correspondait parfaitement à mes attentes. »
Six victoires en six courses
Saint-Fargeol dans l’Allier, où réside Yves Tholy, et le Massif du Sancy où se déroule la Course de Côte du Mont-Dore, ne sont distants que d’une centaine de kilomètres. Yves connait donc bien l’épreuve auvergnate qu’il a eu l’occasion de disputer à plusieurs reprises.
Et sa participation à cette édition 2020 allait lui permettre, dès le samedi, de phagocyter les débats dans la classe CM où il devançait son premier poursuivant – Emilien Thomas – d’une douzaine de secondes. Dimanche, il récidivait en s’imposant une nouvelle fois très largement : « Je garde un super souvenir de ce week-end passait au Mont-Dore. Je n’ai rencontré aucun problème mécanique, je suis en constante progression et, cerise sur le gâteau, je signe un nouveau record dans la catégorie. »
Turckheim se présentait pour Yves Tholy comme une grosse nouveauté. Le pilote de l’Allier n’avait jamais eu l’occasion jusqu’alors d’exprimer son talent sur l’épreuve alsacienne : « Je découvrais tout, et j’ai beaucoup aimé. Ma crainte sur les tracés que je découvre c’est d’avoir du mal à les assimiler, mais même si j’ai commis quelques petites erreurs, j’ai rapidement compris le profil de l’épreuve. Nous avions le même set-up qu’au Mont-Dore et tout s’est très bien passé. »
Excellement passé pourrait-on dire puisque là encore, Yves Tholy remporte les deux courses en devançant deux pilotes de TracKing. Samedi, Simon Taponard, et dimanche Emilien Thomas, et par deux fois avec une large avance : « Je ne peux être que satisfait puisque là encore je signe un nouveau record du tracé, ce qui sur une épreuve que l’on découvre est toujours très enthousiasmant. »
Yves Tholy connait bien Bagnols-Sabran, mais connaissait également le concurrence qui lui était proposée, et savait qu’il allait devoir faire étalage de son talent pour s’imposer : « J’adore le tracé de Bagnols, mais je savais que ça serait plus difficile face au pilote officiel Speed Car, l’Andorran Raul Ferre, et à Jérôme Jacquot, également au volant d’un Speed Car. »
Et Yves allait rencontrer une difficulté supplémentaire, avec une casse de cardan sur la manche d’essais du samedi : « Et sur la première manche de course, je suis parti avec un mauvais set-up. J’ai fait une petite touchette sans gravité, mais qui me perturbe tout de même car elle m’oblige à faire de petites réparations sur la voiture. Mais finalement je suis parvenu à m’imposer. » Une victoire trois secondes devant Raul Ferre qui, comme prévu, était bien au rendez-vous.
Dimanche, c’est la première montée de course qui allait servir de juge de paix avant que la pluie ne fasse son apparition. Yves Tholy se retrouvait alors confronté à Jérôme Jacquot, et au final, il s’imposait avec seulement 775 millièmes d’avance sur son adversaire du jour : « J’avoue avoir roulé avec une marge de sécurité car il fallait avant tout rejoindre l’arrivée. Mais je n’avais pas vraiment la possibilité d’assurer face à deux pilotes que j’estime être de mon niveau, et qui sont capables de me devancer. J’avoue que durant le week-end je n’ai jamais relâché la pression. »
Vainqueur du Challenge Open CM
Avec six victoires en six courses, Yves Tholy remplit parfaitement les objectifs énoncés en début de saison. Sa suprématie sur le CM lui permet de remporter le Trophée Open et de terminer 12ème du Championnat : « Je suis bien évidemment totalement satisfait, notamment parce que depuis que je roule en Speed Car je suis en constante progression. Je signe de nouveaux records, je gagne sur les six courses et je remporte un vrai titre, et c’est particulièrement plaisant. »
A l’évocation des personnes que souhaite remercie Yves Tholy pour leurs soutiens durant cette saison, un prénom émerge en priorité, celui de Jean-Claude, son père : « Je me dois de le remercier parce qu’il fait énormément pour moi, et que grâce à ses doigts de fée j’ai la chance de toujours disposer d’excellents moteurs. Merci à ma famille, ma maman, et si mon plus gros partenaire reste moi-même », dit-il le sourire aux lèvres, « je veux tout de même remercier Dinatmo qui a beaucoup contribué à l’époque de la Rallye III, au Garage Fel et à Jean-Sébastien Fel, la Société Labouesse à Montluçon qui m’est fidèle depuis mes débuts. Merci à mes amis proches qui me suivent et m’aident de temps en temps. »
En 2021, Yves Tholy a pour objectif d’être à nouveau au départ du Championnat dans le cadre d’un Challenge Open : « C’est mon souhait, après tout dépend de l’évolution de la crise actuelle. Pour le reste je suis incertain concernant un éventuel changement de catégorie, cela dépendra des budgets dont je dispose. Mais si je repars l’an prochain en CM, je sais que dans les années à venir j’évoluerai sur autre chose. Il est clair que dans un avenir plus ou moins proche, la Speed Car sera à vendre. Mais pour l’heure, si des partenaires veulent apporter un soutien à un pilote qui ne manquera pas de les mettre en avant, qu’ils n’hésitent pas à me contacter », conclut Yves Tholy.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
Retrouvez toutes les infos, bilan et portrait de Yves Tholy.