Fabien Borgognon 3ème du Challenge Open CM

Si Fabien Borgognon faisait cette saison son retour sur le Championnat de France de la Montagne c’était avant tout pour se faire plaisir. Un plaisir que le Drômois n’a pas manqué de savourer au volant d’un Speed Car qu’il place sur le podium du Challenge Open CM.

C’est au volant d’une Renault 5 Alpine que Jean-René Borgognon disputera durant ses jeunes années plusieurs rallye. Et si en 1994, année de naissance de son fils Fabien, il avait mis un terme à sa carrière sportive, il transmettait tout de même sa passion à sa progéniture. D’ailleurs Fabien n’avait que 7 ans lorsqu’il s’installait derrière le volant d’un kart.

Si le jeune Fabien a eu l’occasion d’enchainer à maintes reprises les tours de circuit avec son kart, il n’avait que peu d’attrait pour l’ambiance qui régnait en compétition et n’ira donc pas se mesurer aux animateurs de la discipline. A 18 ans, le baccalauréat en poche, le jeune Drômois se dirigeait vers des études d’ingénieurs dans l’automobile avant de s’inscrire en I.U.T puis dans une école pour suivre des études d’ingénieur industriel. Des études chronophages qui ne laissaient pas à Fabien le loisir de s’investir dans le sport automobile.

Durant cette période, Jean-René Borgognon avait l’opportunité de réaliser un rêve, celui de se porter acquéreur d’une Lotus Exige Cup. A son volant, Fabien aura l’occasion de faire l’ouverture de plusieurs courses de côte et de prendre part à des Tracks Days. Mais c’est une toute autre voiture qui allait inciter Fabien Borgognon à franchir un nouveau cap : « En 2013, j’ai découvert sur internet le TracKing qui venait de sortir des ateliers de Bourgeon Concept, et je suis immédiatement tombé sous le charme de ce proto », confie le Drômois. La présence en spectateur de Fabien Borgognon sur une course de côte allait confirmer son attrait pour les voitures évoluant en CM.

Amoureux des Protos CM
En 2018, une annonce relative à la vente d’un Speed Car accessible pour son budget motivait Fabien à faire l’acquisition de cette voiture avec laquelle il prendra part à ses premières manches du Championnat de France durant la saison 2019. Mais Fabien prenait conscience des limites de son Speed Car qui affichait un poids excessif et dont le moteur manquait cruellement de puissance. Il se portait donc acquéreur d’un nouveau Speed Car avec lequel il allait s’engager sur le championnat lors de la courte saison 2020 composée de trois manches, proposant chacune une course le samedi et une le dimanche. Cette première saison se concluait par une troisième place sur le Challenge Open CM. Une saison compliquée, perturbée par des soucis de faisceaux électriques qui seront d’ailleurs à l’origine de l’abandon de Fabien à Turckheim.

La saison 2021 devait initialement être consacrée à la réfection du faisceau électrique : « J’ai alors pensé que si je devais m’atteler à changer de faisceau, autant installer un nouveau moteur. J’en ai trouvé un que j’ai confié à un préparateur. Mais il a pris énormément de retard ce qui m’a contraint finalement à le déposer en Espagne au mois de septembre 2021. » En 2022, Fabien n’était pas engagé sur le championnat mais prendra part tout de même à trois manches, Bagnols-Sabran, le Mont-Dore et Chamrousse : « Avec des fortunes diverses. A Bagnols-Sabran la voiture ne tenait pas la route parce que mon aileron était incliné vers le haut, sur le Mont-Dore j’étais en bataille avec Loïc Hebinger et c’était plutôt très sympa, et à Chamrousse, après la sortie de Damien Chamberod nous n’avons pu faire que deux montées. » La saison de Fabien se terminait sur le Cévennes Race Track Hill Climb avant que Fabien n’envisage la suite. Ça sera une année sabbatique : « J’ai repris une société d’usinage avec une dizaine d’employés. Bien évidemment cela nécessite une totale implication et je me voyais contraint de mettre le sport automobile entre parenthèses. »

Mais l’envie restait bien présente et sa présence en spectateur sur quelques courses de côte, suscitait chez Fabien Borgognon le souhait de s’engager à nouveau sur le Championnat de France de la Montagne en 2024 : « J’ai donc ressorti le Speed Car du garage et je suis reparti. Je voulais avant tout rouler pour le plaisir et je ne souhaitais pas changer de voiture, le Speed Car me semblait parfaitement adapté. » Depuis le Cévennes Race Track Hill Climb Fabien n’avait pas touché à son proto qu’il relançait tel quel, se contentant juste d’une vidange pont et moteur, « et d’une nouvelle peinture », précise-t-il.

Se faire plaisir et participer à des courses qui lui tenaient à cœur, tels étaient les seuls objectifs affichés par Fabien Borgognon à l’heure de se lancer sur le championnat. La campagne de France du Drômois débutait à Bagnols-Sabran : « Je n’avais pas fait le moindre essais, pas touché à la géométrie et je roulais avec mes pneus de 2022 parce que je n’en avais pas trouvé d’autres. Autant dire que les conditions pour essayer de réaliser des prouesses n’étaient pas réunies », analyse Fabien. « Il a fallu me remettre dans le bain, sur un tracé qui n’est pas facile. Mais je suis content de mon week-end, même si j’ai réalisé quelques figures de style, appréciées par les spectateurs, mais pas du tout par le chrono », commente Fabien qui termine cinquième de sa classe.

Avec son père qui officiait dans le baquet de copilote, Fabien alignait par la suite une Citroën AX sur le Rallye National Ecureuil, disputé dans la Drôme : « Nous avions déjà eu l’occasion de rouler en rallye ensemble en 2022 mais sans succès puisque nos deux participations se soldent par deux abandons. Nous avons donc fiabilisé la voiture avec le but de se faire vraiment plaisir en partageant une belle expérience sur une épreuve qui se déroule à la maison. Participer à ce rallye sur lequel je venais en spectateur étant gamin est l’accomplissement d’un rêve de gosse. »

Il faudra attendre la Course de Côte de Marchampt pour retrouver le Speed Car de Fabien Borgognon sur une manche du Championnat de France de la Montagne : « Ce ne fut pas si simple », reconnait Fabien. « C’est ma première participation sur cette épreuve qui était pour moi la seconde de mon calendrier sur le CFM. Donc, même si j’avais fait l’acquisition de pneus neufs, je n’avais pas le droit de les utiliser », se désole Fabien. La réglementation 2024 stipulant en effet qu’un train de pneus doit être marqué pour deux courses. « Avec des gommes à l’agonie, quand je posais les pieds sur les freins ça ne réagissait pas toujours instantanément. Nicolas Millet peut en parler, il doit avoir des photos en gros plans de mon Speed Car tellement je me suis arrêté dans ses pieds. Ce ne fut donc pas un week-end facile, même si je reconnais que c’était une belle course et je pense avoir fait plaisir aux spectateurs », lâche Fabien qui termine quatrième de la classe CM.

Première participation à Marchampt pour Fabien Borgognon, mais également première participation à Dunières où le Drômois allait devoir se familiariser avec le tracé auvergnat : « Là j’ai pu chausser mes pneus neufs, mais l’adhérence n’est tout de même pas au top sur ce tracé et ça peut surprendre. J’ai malgré tout bien aimé la montée du dimanche matin sous la pluie. On peut tirer un coup de chapeau à l’organisation qui a su parfaitement gérer les aléas météorologiques. Sous la pluie j’ai pu être au contact de Lionel Jacob, mais sur le sec je n’ai pas réellement pu me battre. » Fabien garde toutefois un excellent souvenir de sa participation à Dunières : « J’avais pu avoir des pneus neufs et j’ai de suite appelé Fred Assenault pour qu’il puisse s’en procurer afin de continuer nos belles bagarres. Ça me fait donc d’autant plus plaisir qu’il remporte la classe sur cette épreuve. »

Les performances de Fabien Borgognon allaient crescendo en cette seconde partie de saison. Sur le Mont-Dore, il parvenait à accrocher la deuxième place de la classe CM derrière le JAD LW01 de Lionel Jacob : « La seule frustration c’est de ne pas être parvenu à me rapprocher plus de Lionel qui réalise là une excellente course. Je me suis fait plaisir mais à cause de la chaleur j’ai un peu fusillé les pneus. »

Fabien Borgognon allait franchir un échelon supplémentaire en s’imposant en tête de la classe CM sur une Course de Côte de Chamrousse qu’il affectionne particulièrement : « J’ai habité Grenoble durant 12 ans et j’avais pour habitude de faire cette montée à vélo. C’est de loin l’épreuve du championnat que je connais le mieux », précise-t-il. « Nous nous sommes livré une super bataille avec Fred (Assenault) qui réalise une super première montée de course le samedi soir. Dimanche matin, avec la pluie et le brouillard ça tarde à démarrer, mais on tout de même fait une montée sur le sec, mais dans les nappes de brouillard. Ça ne m’a pas empêché de me lâcher, d’attaquer comme si c’était totalement sec et avec une parfaite visibilité. Au final ça paie face à mes adversaires qui lâchent un temps précieux. Par la suite, on ne pourra pas faire ''la belle'', la pluie s’invitant à la fête. Le parc était au sec, nous étions tous partis en slick, excepté Yohan Bardin, et bien évidemment avec une route détrempée nous n’avions aucune chance d’améliorer. » Fabien conserve un souvenir particulier de la dernière ascension de cette épreuve de Chamrousse : « Je me suis retrouvé au départ avec des pneus slick et des réglages pour le sec que je ne pouvais pas modifier. Malgré cela, je signe le sixième temps scratch de cette montée, et pour moi c’était très réjouissant », confirme Fabien qui en plus d’une victoire de classe accroche la troisième place du groupe CN/CM.

A Turckheim, Fabien Borgognon retrouvait un tracé qu’il avait déjà eu l’occasion d’affronter mais que cette année il n’abordera pas dans les meilleures conditions : « Il me restait deux pneus neufs de 2021, des gommes pour les températures chaudes. Je me suis obstiné à les utiliser alors qu’en fait il ne faisait pas si chaud. Dans ces conditions je perdais beaucoup de temps en bas, j’en gagnais un peu sur le haut, mais je ne suis pas parvenu à faire ce que je voulais », confie Fabien qui avoue avoir eu du mal à se sentir à son aise sur le long tracé alsacien : « J’adore le tracé, mais j’ai lâché par endroits alors que je n’aurais pas dû. Mais au final je suis content de ma troisième place derrière un Anthony Darand qui a su mettre un bon rythme et une Mylénia Machado compétitive… Et puis nous avons pu manger des flamenkuches tout au long du week-end, que du plaisir ! »

Les week-ends s’enchainaient pour Fabien Bourgeon qui après Turckheim retrouvait le volant de sa Citroën AX et Jean-René, son papa, comme copilote à l’occasion du Rallye du Picodon : « On a roulé sous la pluie, mais on a quand même pu se faire plaisir. »

Le week-end suivant Fabien Borgognon concluait sa saison sur la Course de Côte de Limonest qu’il abordait avec des pneus passablement usés : « Ça m’a permis de faire plaisir aux spectateurs », plaisante-t-il. « J’ai fait des belles glisses sur une épreuve qui manquait selon moi d’adhérence. J’ai fini de ''rincer mes pneus'', mais je suis très content de ce final », confie le Drômois qui accroche la deuxième place du CM devant un autre Speed Car, celui de la nouvelle Championne de France, Mylénia Machado.

Troisième du Challenge Open CM
A l’heure de faire le bilan de cette saison c’est à la troisième place du Challenge Open CM que l’on retrouve Fabien Borgognon, une excellente position pour un pilote qui n’affichait pas d’ambitions particulières en termes de résultats : « Le bilan est très positif, c’est dommage qu’il n’y ait pas plus de pilotes engagés sur le championnat, même si durant la saison nous avons pu livrer de belles batailles avec des concurrents qui ne participaient pas au championnat. Je suis globalement très content, le plaisir était au rendez-vous et c’est ce que je voulais. »

Fabien Borgognon tourne la page de cette saison 2024 qui lui a apporté de belles satisfactions, et avant d’évoquer la suite il tient à remercier ceux qui l’ont soutenu : « Maëlle, ma conjointe qui me supporte et m’accompagne sur les courses, mes parents, Yves (Tholy) pour ses conseils, Cyril, Lilian et Baboul pour les réglages, Stéphane Poudrel pour la géométrie et Alpha Mécanique pour la réalisation de pièces usinées. »

Son statut de chef d’entreprise n’offre pas à Fabien les latitudes nécessaires pour envisager un programme étoffé pour la saison à venir : « J’espère malgré tout que je vais pouvoir consacrer du temps à la course, mais ça ne sera pas sur le championnat qui m’oblige à prendre mes vendredis et parfois mes lundis », analyse Fabien. « J’arrive sur les courses en étant ''rincé'' de la semaine et ce n’est pas idéal. Je vais donc prendre part à quelques épreuves régionales et essayer d’être au départ du Mont-Dore et de Chamrousse. Nous verrons en 2026 si je peux m’engager à nouveau sur le championnat », ce qu’espèrent de nombreux spectateurs de courses de côte.


©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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