S’il est un des pilotes les plus spectaculaires du Championnat de France de la Montagne Production, Mathieu Nouet est également l’un des plus rapides. Il le confirme cette année encore en terminant au volant de sa Simca Rallye III à la neuvième place du championnat et au deuxième rang du Challenge Open FC/4.
Vainqueur du Production sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne 2019, Mathieu Nouet faisait l’année suivante son entrée sur le championnat. Loin d’être un inconnu, le Normand avait déjà eu l’occasion de s’illustrer, notamment sur les épreuves de l’Ouest. Sa première participation au championnat coïncidait avec une saison réduite par la crise sanitaire liée au Covid. Six épreuves étaient alors inscrites au calendrier, et à six reprises Mathieu Nouet s’imposait dans le groupe FC pour finalement se voir récompensé du Trophée FFSA de groupe à l’issue de cette courte campagne de France.
En 2021, c’est à nouveau au volant d’une Simca 1000 Rallye III, propulsée par un moteur turbocompressé qu’il se relançait sur le Championnat de France de la Montagne. On le retrouvait finalement au huitième rang, deuxième du groupe FC devant celui qui fut tout au long de la saison son principal adversaire, Christophe Poinsignon.
Rivaux sur la piste mais amis dans la vie, Christophe et Mathieu se retrouvaient une nouvelle fois cette saison avec chacun la ferme intention de devancer l’autre. Mais pour mettre toutes les chances de son côté, le Normand avait avant tout mis à profit l’intersaison pour apporter quelques améliorations à sa monture : « Nous avons notamment travaillé sur les suspensions et apporté quelques évolutions moteurs suite au passage au banc chez NDTC, mais rien de révolutionnaire », débute Mathieu Nouet.
Une saison en Simca 1000 sur le CFM
Bien armé, Mathieu Nouet pouvait nourrir quelques espoirs dans sa quête d’un nouveau Trophée de groupe et d’une victoire sur le Challenge Open FC/4 : « C’était bien évidemment le double objectif. Je voulais avant tout me rapprocher de Christophe et essayer de le devancer. Après, je sais qu’il est difficile de comparer son CG à ma Simca 1000, côté coefficient de pénétration dans l’air et performance, ce n’est pas tout à fait la même chose », lâche Mathieu dans un éclat de rire. « Mais le but était de repousser Christophe dans ses retranchements. Après, pour ce qui est du classement au championnat, parvenir à rentrer dans le top 10 avec nos autos artisanales face aux voitures d’usine plus récentes, c’est déjà un excellent résultat. »
Avant de se lancer sur le Championnat de France de la Montagne, Mathieu Nouet participait à un des événements attendus en Normandie, la Course de Côte Régionale des Teurses de Thèreval – Agneaux, disputée fin mars. Sur ses terres, le Normand imposait sa Simca Rallye III en tête du Production : « Ça me permettait de me remettre en jambe, de vérifier que tout fonctionnait. J’ai pu m’apercevoir que les réglages de suspensions ne convenaient pas et j’ai mis à profit le week-end pour les modifier… Et puis une victoire ça met toujours en confiance », confie Mathieu.
La saison de Mathieu Nouet sur le championnat ne pouvait pas mieux commencer. C’est en effet le Normand qui sortait vainqueur de la confrontation à Bagnols-Sabran : « Je n’ai pas une énorme expérience de cette épreuve, et c’est donc d’autant plus satisfaisant de parvenir à m’imposer. Christophe a commis une erreur, moi j’ai connu le week-end parfait, le résultat ce résume à ça. J’ai vraiment pris du plaisir sur un tracé que j’apprécie et qui convient bien à la Simca 1000. »
Mathieu Nouet pouvait espérer poursuivre sur sa lancée lors de le seconde confrontation gardoise, sur le Col Saint-Pierre, mais malheureusement il ne sera pas en mesure de rejoindre l’arrivée : « Samedi soir, sur la première montée de course je pense avoir été victime d’une crevaison… C’est ce qui explique qu’un pneu déjante et qu’à ce moment-là je ne peux absolument rien faire », se désole Mathieu qui était victime d’une grosse touchette. « C’est dommage, parce qu’aux vues des chronos, sur cette épreuve je pense que la victoire était possible. J’apprécie vraiment ce tracé, j’étais vraiment à mon aise et en totale confiance après ma victoire à Bagnols-Sabran, et je pense que j’étais en mesure de signer de supers chronos. »
A Abreschviller, le combat avec Christophe Poinsignon n’aura pas lieu. Dans l’impossibilité de se mettre en valeur, Mathieu Nouet ne pouvait empêcher son adversaire de creuser l’écart : « Ce fut hyper compliqué. Nous avions qu’un laps de temps réduit pour réparer la voiture, et mon père a bossé comme un dingue pour que je puisse être présent à Abreschviller. Mais au moment de nous rendre en Lorraine la fatigue se faisait sentir », reconnait Mathieu. « Ensuite, le week-end a mal débuté parce qu’après l’arrivée de la première montée j’ai failli ''me sortir'' et je ne comprends pas pourquoi. Ça ne met pas du tout en confiance sur une course que je découvrais », précise le Normand. « A un moment je me suis même posé la question de mettre un terme à mon week-end tellement j’étais largué. »
En retrouvant les Teurses de Thèreval – Agneaux, sa course à domicile, Mathieu pouvait espérer être nettement plus à la fête. Mais cette fois, il sera pénalisé par une procédure de départ défaillante : « Pour être clair, je loupe tous mes départs ! Nous n’arrivions pas à trouver le problème, et ce souci sera récurrent tout au long de la saison et notamment durant la campagne de l’Ouest. » Huitième du Production et deuxième du FC, Mathieu avoue avoir été déçu par ses chronos : « A mon sens le résultat aurait dû être meilleur que ça. Sur ce tracé j’aurais pu battre Christophe, mais sans parvenir à m’élancer, c’était mission impossible. »
Au cumul des deux meilleures montées, cinq dixièmes de secondes séparés seulement Christophe Poinsignon, le vainqueur du FC, de Mathieu Nouet à l’arrivée de La Pommeraye : « Là encore je ne suis pas parvenu à démarrer correctement, et vu l’écart, là-aussi la victoire était jouable. » A Saint Gouëno, l’écart se réduisait à deux dixièmes, mais Christophe était toujours devant : « J’ai frotté un rail sur une des manches où j’en perds un peu. J’avais toujours des problèmes pour me lancer, et là vraiment, sur cette épreuve j’ai tout donné, attaqué fort, le radar du ''Pas de Saint Gouëno'' le confirme puisque je suis enregistré à 181 km/h… Ce n’était pas possible de faire mieux. »
La campagne de l’Ouest s’avérait donc frustrante, avec l’impossibilité pour Mathieu d’aller chercher une victoire sur trois épreuves où elle paraissait accessible : « Après, Christophe a lui aussi eu son lot de problèmes, il n’a pas été épargné. On est ensemble en permanence et l’on sait exactement où en est l’autre. »
A Vuillafans, l’écart au final sera de sept dixièmes, mais cette fois c’est Mathieu Nouet qui prenait l’ascendant sur son rival et ami : « Je suis content parce que je m’étais déjà imposé l’an dernier et que je remets ça cette année. Là encore Christophe a eu son lot de problèmes avec la casse de nombreux colliers qu’il serrait trop fort, mais c’est la loi de la course. Chacun son tour d’avoir des ''emmerdes'', » commente Mathieu dans un énorme éclat de rire. « Mais je suis content de l’emporter sur un tracé technique sur lequel il faut vraiment se donner. »
« J’aime pas du tout », lâche Mathieu quand on lui parle de Dunières. « C’est bien organisé, mais le tracé ne me convient pas. C’est lent, a priori fait pour une Simca 1000, mais je n’y arrive pas. Ça vient de moi, et c’est une énorme déception » confie Mathieu qui termine à trois secondes de Christophe Poinsignon.
Absent à Marchampt, Mathieu Nouet retrouvait le Championnat de France de la Montagne à l’occasion de la Course de Côte du Mont-Dore. Sur l’une des épreuves les plus mythiques de la saison, le Normand allait imposer sa Simca Rallye III en tête du groupe FC : « J’ai tout donné, j’ai attaqué comme un dingue. Je bats le record que détenait Anthony Dubois avec la Scora, Christophe améliorera ensuite, mais je suis très content du résultat et de ce succès. Je reste toutefois persuadé que s’il n’avait pas connu d’ennuis mécaniques, Christophe terminait devant. Mais je pense avoir fait là ma plus belle course de l’année. »
On s’approchait de la fin de saison, et la fatigue se faisait sentir au moment où Mathieu Nouet de rendait à Chamrousse, épreuve sur laquelle il ne parviendra pas à se mettre en valeur : « Déjà l’accident de Damien (Chamberod) a jeté un gros froid… Le tracé rapide est plus fait pour le CG et j’ai eu du mal avec la Simca 1000, et pour être honnête je n’étais pas dedans sur ce week-end. C’est une course que j’adore, mais cette année je ne suis pas parvenu à rentrer dedans. »
Au moment de se rendre à Turckheim, Mathieu Nouet comptait les pneus qui pouvaient encore accepter de faire quelques tours de roues. Et sans gommes, il lui était difficile d’aller chercher un résultat probant : « J’ai utilisé huit pneus durant la saison et je n’avais pas les budgets pour en utiliser plus. Et puis dans ma tête je pense que j’étais déjà sur d’autres projets. J’avais comme priorité de rendre la voiture entière », confie Mathieu qui évolue au volant d’une auto qui lui est prêtée par Dany Duval. « Je n’ai donc pas du tout attaqué », avoue le Normand qui termine deuxième du FC, mais à plus de dix secondes de Christophe Poinsignon.
Mathieu Nouet a l’honnêteté d’avouer qu’il a hésité avant de se rendre à Limonest. Le Normand n’avait plus vraiment la tête au championnat et n’apprécie que très modérément le tracé de cet ultime manche de la saison : « J’avais fait la quasi-totalité du championnat, et j’ai voulu être au départ de la dernière. C’était une erreur, d’autant que je n’avais plus du tout de pneus. Je me suis sorti bêtement sur la première montée de course. Plusieurs concurrents m’ont aidé, notamment Patrick Ramus, pour que je puisse repartir. Mais la sonde que l’on m’a prêtée n’était pas la bonne, ce que je savais. Je termine malgré tout le week-end, mais le résultat n’est pas là », explique Mathieu qui se classe troisième derrière Christophe Poinsignon et Romain Richardeau. « C’est déjà bien de terminer troisième dans ces conditions. Romain fait une belle course, et je pense qu’il aurait pu aller chercher Christophe s’il avait chaussé des pneus neufs plus tôt. »
Deuxième de l’Open FC/4 avant de rendre la Simca
C’est à la neuvième place du Championnat Production que l’on retrouve Mathieu Nouet en fin de saison. Le Normand termine, comme l’an dernier, deuxième du Challenge Open FC/4 : « J’ai fait une bonne saison, en livrant une super bagarre avec Christophe. C’est juste dommage que nous ne soyons pas plus nombreux en groupe F, mais en ce qui me concerne je suis pleinement satisfait de terminer neuvième du championnat avec une Simca 1000 de fabrication artisanale, je peux difficilement espérer mieux. »
Une Simca Rallye III qui lui est prêtée par Dany Duval que Mathieu met en tête des personnes qu’il tient à remercier : « Merci donc à Dany Duval pour le prêt de la voiture, merci à mes parents, ma famille, les amis. Merci à Seb, Alain, Julien, Patrice, Franck, Benoît, Philippe et merci aux partenaires : LOA, AF Contrôle, NDTC, Drive Béton, SARL Moulin, Bachelet Electroménager, Christophe Auto, Arnaud Composite, Route 50, Nicolas Millet Photography et Pilotes TV. Merci à tous ce qui nous soutiennent. »
Mathieu Nouet a rendu la Simca 1000 Rallye III avec laquelle il s’est illustré ces dernières saisons. Une page se tourne et le Normand prépare déjà activement 2023 : « Nous avons fait l’acquisition d’un CG auprès d’Arnaud Vermersch. Nous allons lui greffer le moteur et la boite de la Simca 1000 et nous sommes actuellement en cours de modifications… Dans le meilleur des cas, nous devrions être prêts pour la campagne de l’Ouest, mais je table plus raisonnablement sur début juillet, ce qui me permettrait de prendre part à la seconde partie de la saison. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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