Pour le retour du Belfortain sur le Champion

En trente ans de compétition, dont plus de dix passés aux volants de diverses monoplaces sur le Championnat de France de la Montagne, Samy Guth a eu l’occasion de signer de nombreux succès. Après deux ans d’absence, le Belfortain faisait cette année son grand retour sur le Championnat avec la ferme intention de s’immiscer dans la hiérarchie habituelle de la F3.

Passionné de sport automobile depuis sa plus tendre enfance, Samy Guth n’a pas attendu de passer le permis de conduite pour prendre part à ses premières compétitions. C’est en karting qu’il faisait ses premières armes pour remporter quelques années plus tard un premier titre dans le cadre de la Formule France. En 1994, Samy gagne le Volant Maxauto sur le circuit de Montlhéry. Un titre qui lui permet de devenir pilote pour le constructeur Mygale en Formule Ford. A l’issue de cette saison, il se classe sixième et termine meilleur débutant.

En manque de budget, Samy Guth ne pourra malheureusement pas poursuivre en circuit, et reviendra à ses premières amours, le Karting. Dans cette discipline il décrochait en 2004 un titre de Champion de France par équipe.

Du karting à la monoplace
Attiré par la Course de Côte, il décidait alors de se tourner vers le Championnat de France de la Montagne, qu’il abordera au volant d’une Formule Renault. En 2010, il terminait au sommet de la catégorie avec de remporter le classement Open l’année suivante, toujours en Formule Renault.

Rapidement, Samy Guth souhaitait franchir une étape supplémentaire, ce qui l’incitait à faire l’acquisition d’une Dallara F302. Quatrième du Challenge Open F3 à l’issue de la saison 2014, Samy Guth ne cachait pas sa déception après avoir accumulé les déboires à cause d’un moteur récalcitrant. La saison 2015 sera pour lui plus réjouissante, Samy parvenant à nouveau à accrocher la quatrième place, derrière un trio de tête qui disposait de moteurs nouvelles générations.

Pour les saisons 2016 et 2017, Samy Guth faisait le choix de ne faire que des apparitions sporadiques sur le Championnat. On pouvait alors le voir à Abreschviller, Vuillafans et Turckheim : « J’ai très peu couru faute de budget, mais c’était malgré tout très positif car les résultats étaient au rendez-vous malgré l’absence de roulage. Durant ces deux saisons, j’étais en constante progression, ce qui ne pouvait que me rassurer sur le potentiel. »

Absent des débats pour ce qui est du classement de l’Open, le Belfortain savait qu’il reviendrait animer un Championnat de France de la Montagne qui lui tient particulièrement à cœur : « C’est un très beau Championnat, particulièrement relevé, qui offre le meilleur plateau de F3 que l’on puisse trouver en Europe. J’avais envie de me confronter à des pilotes reconnus comme les plus performants de la discipline », confie Samy.

Pour cette nouvelle campagne, Samy Guth portait son choix sur une Dallara F306 : « C’est à mon sens le châssis idoine, et le moteur Mercedes dont je dispose a fait ses preuve tant en circuit qu’en courses de côte », analyse le Belfortain qui disputait là sa quatrième saison en F3. « Et puis je voulais poursuivre en F3, car j’ai décidé de rester dans cette catégorie tant que je n’aurai pas atteint les objectifs que je me suis fixés. »

Un objectif dont Samy Guth ne se cache pas. Lui qui a deux reprises à terminer quatrième du Challenge Open F3, veut se hisser sur le podium : « Le niveau est tellement élevé que terminer parmi les trois premiers serait déjà une très belle performance. »

Pilote d’expérience, Samy Guth sait que pour parvenir à son but il doit travailler sans relâche sur la préparation de sa monoplace : « C’est ce que nous avons fait avant le début de cette saison. Il y avait beaucoup de choses à faire évoluer et nous avons concentré nos efforts notamment sur les amortisseurs. Nous avons également beaucoup travaillé pour que je puisse me sentir à mon aise dans l’auto, car c’était selon moi mon plus gros problème. Et tout au long de la saison 2018, même si je ne suis pas encore totalement satisfait, j’ai pu mesurer les progrès réalisés dans ce domaine. »

De bons résultats pour débuter la saison
Prétendant au podium, Samy Guth débutait donc cette saison 2018 plus motivé que jamais. Les chronos réalisés à Bagnols-Sabran ne pouvait que le rassurer et le mettre en confiance pour la suite : « A l’issue de la première montée de course, je pointe à la cinquième place au scratch, deuxième des F3 derrière Alban (Thomas). Pour moi c’était très positif. J’ai eu le sentiment de progresser, ça ne pouvait que me satisfaire », explique Samy qui termine finalement cinquième derrière des pointures telles que Alban Thomas, David Guillaumard, Billy Ritchen et Ludovic Cholley.

Pour Samy, le Col Saint-Pierre allait s’avérer un peu plus compliqué. Les chronos réalisés par le Belfortain ne seront pas à la hauteur de ses attentes : « J’espérais mieux ! J’ai opté pour des réglages qui n’allaient pas dans le bon sens. Il fallait bien faire des tentatives, cette fois ça n’a pas fonctionné… La F3 est tellement pointue, que si tout n’est pas parfaitement réglé, il est quasiment impossible de signer un bon résultat. Mais je suis fautif et j’assume. »

Et s’il y a un terrain sur lequel les réglages sont primordiaux c’est bien à Abreschviller. Sur le court tracé lorrain, il faut impérativement que tout soit réuni pour pouvoir s’illustrer : « Là on peut terminer deuxième comme septième sans comprendre vraiment pourquoi, ça se joue à rien ! Mon but était d’être dans le coup et je suis assez satisfait du résultat », confie Samy qui termine cinquième dans le sillage de Raynald et d’Alban Thomas.

La recherche du meilleur compromis fait nécessairement perdre du temps, mais c’est un passage obligatoire si l’on veut faire évoluer sa monoplace pour la suite du Championnat. A Marchampt, Samy sera confronté à ce cas de figure où, durant le week-end, il devra se concentrer sur les réglages de sa Dallara : « Il fallait que je travaille sur la boite de vitesses et la liaison au sol. Je disposais alors de nouveaux amortisseurs et d’un nouveau ’’set-up’’ sur la voiture. Ça a changé beaucoup de choses et je ne reconnaissais plus l’auto. Elle était beaucoup plus dure à appréhender, mais malgré tout, alors que je n’osais pas me lâcher, je suis parvenu à signer de bons chronos avec une auto réellement clouée au sol… J’ai nettement amélioré mes temps et c’est donc pour moi très positif. »

A Vuillafans, à l’issue des essais, Samy Guth pointait trois centièmes derrière David Guillaumard et deux dixièmes devant Ludovic Cholley : « Là j’étais vraiment satisfait du comportement de la voiture et de ma prestation. Malheureusement, dimanche matin, je suis parti à la faute sur la première montée de course. Après c’est devenu plus difficile, mais je ne peux m’en prendre qu’à moi… En fait, quand tout fonctionne bien, je suis peut-être un peu trop euphorique et je perds en concentration. Il faut que je bosse là-dessus. »

En progression depuis le début de la saison, Samy Guth pouvait légitimement espérer poursuivre sur sa lancée. Mais la fin de saison allait s’avérer nettement plus compliquée pour le pilote de Belfort. A Chamrousse, il ne parviendra pas tout au long du week-end à trouver le bon rythme : « Rien n’allait ! Je n’arrivais pas à placer l’auto, à aller vite. J’ai eu également un amortisseur qui fuyait, ce qui m’a perturbé lors de la dernière montée… Vraiment ça ne s’est pas bien passé. »

La Course de Côte de Turckheim allait s’avérer tout aussi compliquée. Samy flirtait avec un rail, et si cette touchette n’occasionnait pas de dégâts, elle perturbait le pilote de la Dallara : « Là encore j’avais le sentiment d’être bien en châssis, mais en revanche ça n’allait pas du côté de la boite de vitesses. J’étais trop long, mais je n’avais pas de pignons pour changer et j’ai fait avec ce que j’avais. Je suis déçu de mon week-end, sur lequel je prends une nouvelle fois conscience, que je suis tributaire du manque de budget qui m’interdit de disposer de toutes les pièces qui pourraient s’avérer nécessaires. Mais il y a tellement de choses qu’il faut maîtriser que j’ai encore beaucoup à apprendre », analyse Samy en toute humilité.

Samy Guth allait boire le calice jusqu’à la lie, puisqu’à Limonest les problèmes seront à nouveau au rendez-vous : « Samedi, j’ai le démarreur qui me lâche et heureusement que Ludo (Cholley) m’a prêté un démarreur. Mais j’ai loupé la dernière montée d’essais, ce qui n’est jamais bon. Dimanche, la première montée n’était pas terrible et sur la deuxième c’est la batterie qui me lâche et qui m’empêche de redémarrer. Tout se cumule, vraiment ça ne voulait pas. Les trois dernières courses du championnat ont été très difficiles pour moi. »

De belles prestations en dehors de nos frontières
Durant cette saison 2018, Samy Guth a également eu l’occasion de rouler hors de nos frontières. Il sera présent à Osnabrück et à Saint-Ursanne les Rangiers où, par deux fois, il signera de très bons résultats : « En Allemagne je signe un super chrono en 57’’00, une amélioration d’une seconde trois sur un tracé qui ne fait que deux kilomètres. » Une performance qui lui permet de se classer neuvième au scratch, dans le sillage de Cyrille Frantz et de la Tatuus Formula Master d’Anthony Loeuilleux. Sur l’épreuve suisse des Rangiers, là encore, Samy était à son affaire : « Je commets malheureusement une erreur à l’épingle qui me fait perdre le fruit d’une très bonne première montée. Mais au final je ne suis pas si loin de Billy (Ritchen) à qui je n’ai pas encore la prétention de me comparer. »

Même si la fin de saison a été difficile, Samy Guth veut avant tout positiver et se concentrer sur le potentiel qui devrait lui permettre à l’avenir d’améliorer encore ses chronos : « Tout au long de la saison, j’ai été en constante progression. Une progression parfois de plusieurs secondes sur certaines épreuves, et je sais qu’il en manque encore et que le potentiel est là. J’ai le souvenir notamment à Vuillafans d’avoir roulé lors des essais dans le même dixième que David Guillaumard ou Ludovic Cholley, c’est motivant… J’ai connu un très bon début de saison, la fin fut en revanche catastrophique. Nous avons tenté certaines choses, et nous ne sommes pas partis dans la bonne voie. Ça a eu pour effet de plomber la saison, j’ai tout perdu ses les trois dernières épreuves. Ce qui me dérange le plus, c’est que par expérience, je sais que la fin d’une saison a des répercussions sur la saison suivante, et ma fin de saison ne fut pas terrible. Ce n’est jamais bon de terminer sur une fausse note. »

Une nouvelle Dallara pour 2019
Samy Guth n’avait que 15 ans lorsqu’il prenait part à sa première compétition de karting. C’était en 1989, le Belfortain fêtera donc en 2019 sa trentième année de compétition. Son palmarès, riches de nombreuses victoires acquises au fil des ans, peut légitimement lui permettre d’afficher des ambitions pour l’avenir. « J’ai connu pas mal de frustrations durant ces dernières années en ne pouvant pas défendre réellement mes chances. Mais j’espère bien, à l’avenir, être en mesure de me battre pour les premières places. »

Pour cela, il faut que Samy dispose d’une voiture, il vient en effet de céder sa Dallara F306 : « Pour être honnête, ce n’était pas prévu, mais on m’a fait une proposition, et je me suis dit qu’il me fallait l’accepter… Pour le moment je suis à pied, je suis donc en phase de réflexion, mais dans la logique des choses je ferai tout pour repartir en F3 », confiait Samy avant Noël… Mais depuis, sous le sapin, Samy a pu découvrir une toute nouvelle Dallara F311… « Je vais donc profiter de la pause hivernale pour la mettre au point, mais pour l’heure je ne sais pas encore quel sera mon programme. Une chose est sûre, sur le papier, je semble disposer d’une auto compétitive. »

Quel que soit le programme du Belfortain, il sait pouvoir compter sur ses fidèles soutiens, et notamment sur ceux qui l’ont accompagné en 2018 et qu’il veut remercier : « Un grand merci aux Lubrifiants Seven, à DV Carrosserie Block, la société Essert Polissage, l’Entreprise CZE. Merci également à tout mon équipe, Alain, Anne, Jérémy, ma femme Isabelle sans qui rien ne serait possible, et ma petite fille Maëlle qui est ma première supportrice. Je n’oublie pas Roland Bossy pour ses précieux conseils. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

Retrouvez toutes les infos, bilan et portrait de Samy Guth.

 


← Retourner à la liste d'articles