Deuxième du Challenge Open F3

Vainqueur du Challenge Open F3 en 2015, Billy Ritchen remettait cette année son titre en jeu avec la ferme intention de conserver son trophée. Mais une succession de déboires allaient rapidement l’empêcher de défendre pleinement ses chances. Deuxième du Challenge Open, l’Alsacien a mis à profit cette saison pour préparer l’avenir.

Chez les Ritchen, la Course de Côte est inscrite dans le patrimoine génétique. Pendant plus de 20 ans, Richard Ritchen, le père de Billy, a animé les épreuves de Montagne, successivement aux volants d’une Alpine, puis d’une Clio, avant de terminer sa carrière sportive en groupe N. Premier fan de son père, Billy ne manquait pas de le suivre sur les épreuves. Touché lui aussi par le virus de la compétition automobile, il n’attendait pas d’avoir le permis de conduire en poche, pour assouvir sa passion naissante. Dès l’âge de 6 ans, on le retrouvait derrière le volant d’un Karting.

Billy, un pilote multidisciplinaire
Rapidement, le jeune Billy allait démontrer un énorme potentiel, et à peine âgé de 10 ans, il abordait les épreuves du Championnat de France de Karting. Quatre ans plus tard, en 2001, on le retrouvait sur la troisième marche du podium du Championnat dédié aux cadets. Résultat plus qu’honorable, lorsque l’on sait que devant lui pointaient Kevin Estre, pilote McLaren en GT avant de rejoindre Porsche cette saison, et Mathieu Arzeno qui affiche aujourd’hui un envieux palmarès, tant en circuit qu’en rallye.

Billy Ritchen passait alors un cap supplémentaires en allant affronter les jeunes espoirs européens dans la catégorie ICA. Une confrontation qui lui permettait de terminer troisième Français et septième au général lors des qualifications du Championnat d’Europe.

Malheureusement, malgré l’appui de Christian Grosjean, le père de Romain, Billy ne parvenait pas à boucler le budget nécessaire pour disputer une saison en Formule Renault 1600. Conscient qu’il lui serait difficile de trouver les fonds nécessaires pour s’illustrer en circuit, Billy suivait les traces de son père et se tournait vers la côte. Vainqueur du Challenge Espoir 2007, il délaissait alors sa Formule Renault pour une Formule 3000. Au volant de sa Lola 99/51, on le retrouvait régulièrement dans le top 5 du Championnat. En 2011, Billy s’attaquait au Championnat d’Europe de la Montagne où il décrochait une douzième place finale.

Pilote éclectique, il tentait alors sa chance en rallye, où là encore il signera des résultats probants. Malheureusement, malgré le soutien de Julien Nicolas, une sortie de route sur le Circuit du Cristal mettait un terme à sa saison. Une nouvelle fois, ce sont les budgets qui stoppaient Billy dans son élan. Le jeune alsacien faisait alors preuve de sagesse, en revenant en Montagne, discipline moins onéreuse, au volant d’une F3. Après une saison 2014 catastrophique, suite à la casse de son moteur à Bagnols-Sabran, Billy se relançait plus motivé que jamais en 2015, et remportait le Challenge Open F3.

Une nouvelle F3 pour la saison 2016
A l’issue de cette saison, l’Alsacien souhaitait franchir un cap supplémentaire, et tenter de jouer les premiers rôles au volant d’un Proto 4 litres. Durant l’intersaison, Billy ne ménageait pas ses efforts pour monter un programme afin de disputer le Championnat de France de la Montagne avec une CN+ : « Mais une nouvelle fois, malgré le soutien de nombreux partenaires, c’est le budget qui a fait défaut », confie Billy. « Je me suis donc retrouvé en début de saison sans voiture, et sans programme. »

Contre mauvaise fortune bon cœur, Billy Ritchen faisait l’acquisition d’une nouvelle Dallara F311, qui lui semblait la voiture idoine dans sa situation : « Il m’est apparu qu’à l’heure actuelle, compte tenu des budgets dont je disposais et de l’évolution du Championnat, cette F3 semblait être le meilleur compromis », analyse Billy. Le pilote de Masevaux mettait alors à profit la pause hivernale pour reconfigurer sa voiture venue du circuit, et mieux comprendre les réglages d’une auto bien différente de la F3 avec laquelle il évoluait précédemment.

Face à ses nombreuses inconnues, Billy préférait ne pas afficher de réelles prétentions, espérant seulement que sa nouvelle F3 répondrait rapidement à ses attentes. L’Alsacien sera rapidement rassuré, à l’issue des essais disputés sur la manche inaugurale de la saison – Bagnols-Sabran – il pointait aux commandes de la classe DE/5. Il récidivait le dimanche matin sur la première montée, s’installant en tête des F3. Un premier succès auquel il n’accorde absolument aucune importance : « Après le drame qui est survenu sur cette première épreuve, le résultat est totalement dérisoire. La seule chose qui nous a profondément marqué, c’est que nous avons perdu un ami. »

Au Col Saint-Pierre, ceux qui attendaient un duel d’une rare intensité entre les deux favoris de la F3 ne seront pas déçus. Billy Ritchen et David Guillaumard allaient se livrer bataille, se rendant coups pour coups. Au final, David prendra l’ascendant sur son adversaire pour un dérisoire dixième de seconde. Sixième au scratch, Billy devrait en toute logique être satisfait d’un résultat plus que probant, pour quelqu’un qui découvre sa monture : « Bien évidemment le résultat est plutôt bon, mais ce que je retiens avant tout de ce Col Saint Pierre, ce sont les premiers soucis que nous avons rencontrés sur la voiture », confie-t-il. « Je n’ai pas pu prendre part à la première montée d’essais, la voiture donnait des signes alarmants côté moteur, ce qui nous a totalement empêché de travailler comme nous le souhaitions. »

Malheureusement pour Billy, ses soucis allaient perdurer, et sérieusement perturber sa prestation sur la Course de Côte d’Abreschviller, le privant de l’une des deux montées disputées dimanche : « Je n’ai pu que prendre part à la première montée qui s’est déroulée sous la pluie. Ensuite, j’ai dû abandonner et mes adversaires ont bien évidemment amélioré leurs chronos sur le sec. »

Persuadé d’avoir cassé son moteur, Billy envoyait la belle mécanique de sa F3 chez Mercedes afin d’avoir un diagnostic précis : « Il s’est alors avéré que nous avions effectivement un problème, mais apparemment rien de dramatique, un souci qui n’affectait qu’un périphérique du moteur. Cela nous permettait donc de nous rendre à Marchampt en Beaujolais, en étant serein. »

Malgré un week-end un peu compliqué au Beaujolais, Billy réalisait une excellente performance, en accrochant une sixième place au scratch, assortie d’un succès en F3 : « Ce fut difficile, parce que sur la première montée, j’ai pris la pluie à mi-parcours et je me retrouve six ou septième de ma classe. J’ai connu le même scénario sur la deuxième montée et j’ai commencé à penser que le sort s’acharner sur moi. J’avais réalisé la meilleure performance des F3 aux essais, c’était très frustrant de ne pas concrétiser en course. Heureusement, sur la dernière montée, la route était idéale et je suis parvenu à m’imposer en signant un nouveau record du tracé en F3 », lâche-t-il dans un ouf de soulagement. La satisfaction était d’autant plus grande pour Billy, qu’à ce stade de la saison, sa voiture était encore en phase de développement.

Le duel entre les deux hommes forts de la F3 allait se poursuivre à Vuillafans où, à l’issue des essais, c’est Billy qui menait la danse : « Mais j’ai commis une erreur sur la première montée. J’en étais totalement conscient lorsque j’ai franchi l’arrivée. Par la suite, je n’ai pas su améliorer sur la deuxième montée, et je misais donc tout sur la dernière confrontation du week-end pour chausser des pneus neufs. Mais elle n’a pas eu lieu, on en est resté là. » Malgré la frustration de terminer deuxième, à seulement 283 millièmes de David Guillaumard, sans avoir pu pleinement défendre ses chances, Billy s’avoue satisfait de son week-end : « J’améliore mes chronos de l’an passé de plus d’une seconde, je suis très près de David qui est toujours très rapide à Vuillafans. J’ai commis une erreur, mais David me bat à la régulière, c’est comme ça », accepte, fataliste, le pilote alsacien.

Entre le Beaujolais et Vuillafans, Billy Ritchen prenait part à la Course de Côte de La Broque, manche du Championnat de France de la Montagne 2ème division, qui se déroule en Alsace. L’occasion pour lui de terminer sur le podium, en plaçant sa Dallara F311 derrière la Norma 4 litres de Cyrille Frantz et la Norma 3 litres de Benjamin Vielmi. Billy termine, de plus, devant celui qui en fin de saison sera sacrée Champion de France 2ème division, son grand rival, David Guillaumard : « Ça m’a permis de signer un succès de plus en F3, en engrangeant de précieux datas sur la voiture. Et puis c’était important de disputer cette course à la maison. »

Les bons résultats enregistrés au Beaujolais à et Vuillafans permettaient à Billy d’aborder le Mont-Dore en confiance. Mais la mécanique de sa Dallara F311 allait lui jouer un mauvais tour : « Après avoir terminé les essais en tête des F3, nous avions de bonnes raisons d’être plutôt sereins pour la suite. Mais dimanche matin un problème moteur nous oblige à renoncer », se souvient Billy

Difficile de bien cerner l’origine du mal. L’Alsacien fait alors appel aux motoristes de chez Mercedes, qui viendront mener leurs investigations dans les ateliers de Billy : « Ils pensaient avoir découvert l’origine de la panne, qui serait due à un dysfonctionnement électronique. Cela nous permettait de rejoindre Chamrousse en étant persuadés que nous avions enfin résolu nos problèmes. « A ce moment de la saison, il me restait encore une chance de décrocher le titre dans le Challenge Open. Cette confrontation à Chamrousse me tenait donc particulièrement à cœur. »

Une nouvelle fois, Billy Ritchen réalisait, sous la pluie, la meilleure performance des F3 lors des essais : « Mais dimanche matin nous sommes à nouveau confrontés à des problèmes moteur qui nous oblige à remballer le matériel et à quitter prématurément la course », confie Billy, dans un sourire qui laisse entrevoir autant la déception que le fatalisme.

Voiture chargée, Billy et son équipe prenait directement la direction des ateliers de HWA AG, qui gère la maintenance des moteurs Mercedes en compétition : « Ils ont voulu comprendre exactement d’où provenaient mes problèmes. Ils m’ont donc demandé de leur laisser mon moteur et m’en ont prêté un, pour que je puisse être au départ à Turckheim. »

Pour suivre au plus près les prestations du pilote alsacien à Turckheim, le patron de Mercedes Développement F3 était présent sur l’épreuve alsacienne, avec comme objectif de mieux cerner la discipline, ses exigences, et de poursuivre le développement du moteur : « C’est pour moi un atout très important d’avoir un interlocuteur direct, qui s’attache à cerner l’ensemble des paramètres dont nous devons tenir compte. Je suis persuadé que cette implication sur la Course de Côte de Turckheim m’a fait énormément avancé dans le développement de ma voiture. »

Difficile de savoir si c’est la présence de Mercedes ou le fait d’évoluer sur ses terres qui a surmotivé Billy. On peut juste constater qu’à Turckheim il réalise une performance de tout premier ordre, en accrochant la cinquième place au scratch et en s’imposant largement en F3 : « J’ai battu cette année le record que je détenais avec mon ancienne voiture, je peux difficilement mieux terminer la saison », reconnait Billy. « Ce fut le week-end parfait, sans le moindre souci, et qui nous a permis de cerner au mieux le comportement de la voiture. »

Des enseignements importants pour l’avenir
Fatalisme toujours, lorsque l’on évoque sa saison, car s’il a dû faire face à de nombreuses déconvenues, Billy estime que c’était certainement un mal nécessaire pour parfaire les réglages de sa nouvelle monture : « Les différents déboires que nous avons rencontrés nous ont permis de mieux comprendre l’auto, de cerner ses défauts. Nous avons pu accumuler un nombre considérable d’enseignements, et je suis persuadé que cela nous sera fort utile pour l’année prochaine. »

S’il ne cache pas que sa campagne 2016 sur le Championnat de France de la Montagne, n’a pas vraiment correspondu à ses attentes, Billy Ritchen veut malgré tout positiver : « Ce fut une saison très compliquée, durant laquelle mon équipe et moi-même avons dû, à plusieurs reprises, nous remettre en question. Mais nous n’avons jamais baissé les bras, le résultat obtenu à Turckheim le démontre », estime Billy. « Les galères que nous avons rencontrées nous aurons permis d’apprendre énormément de choses et commencer à préparer 2017. »

Les moments difficiles n’ont fait que renforcer la cohésion au sein de l’équipe. Billy sait toujours pouvoir compter sur le soutien de ses fidèles, et tiens à remercier Léonie, sa copine, et ses parents Isabelle et Richard : « Un grand merci également à Claude et Matthieu, mes mécanos. Je tiens à remercier mes partenaires, les Huiles Seven, l’Agence Europa à Cannes, LCI Group Bosch, la Carrosserie Daddy et la Carrosserie Cattin, ainsi qu’à HWA AG Mercedes, les pneumatiques Avon, O puissance 4 et Siefert Motorsport. »

Aujourd’hui, Billy confirme qu’il roulera à nouveau au volant de sa Dallara F311 la saison prochaine : « J’ai signé de bons résultats en fin de saison, et je sais que cette voiture à encore un énorme potentiel qui ne demande qu’à être développé. Dans la logique des choses, si nous travaillons correctement, elle ne peut être que plus rapide. » En ce qui concerne son programme sportif, Billy n’a encore rien défini : « Cela dépendra en grande partie du budget. Je suis en train de mettre tout ça en place, en sachant que bien évidemment je souhaite prendre part à plusieurs manches du Championnat. Pour le reste je suis en pleine réflexion. »


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