Cela fait près de 10 ans qu’Edouard Drouillat se partage entre rallyes et courses de côte. En 2021, pour la première fois il s’engageait sur le Championnat de France de la Montagne au volant d’une Renault Clio avec laquelle il conclut sa saison sur le podium du groupe F2000.
Dans l’entourage d’Edouard Drouillat, le sport automobile ne suscitait pas de réel intérêt, si ce n’est à un moment bien précis de l’année : Lorsque le Rallye des Vins du Gard passait en liaison devant la maison familiale, pour rejoindre le départ d’une spéciale, donné quelques centaines de mètres plus loin. Enfant, Edouard ne manquait pas d’aller voir évoluer les voitures engagées sur l’épreuve gardoise, et très tôt il s’imaginait un jour devenir à son tour pilote.
Mais avant de maitriser les chevaux d’une voiture de course, c’est vrai d’autres équidés qu’allait son engouement : « Très tôt j’ai fait de l’équitation », débute ce cavalier émérite qui disputera de nombreux concours nationaux avant de faire de sa passion son métier : « Dès l’âge de 18 ans, j’ai créé mon propre haras dans la périphérie de Nîmes. Mais j’ai certainement voulu griller les étapes en démarrant trop jeune, je me suis épuisé au point de vouloir passer à autre chose. »
Première Course de Côte en 5 GT Turbo
Si durant ses jeunes années Edouard Drouillat montait régulièrement en selle, ce n’était pas exclusivement sur des chevaux. Il goûtait déjà aux sensations offertes par la mécanique en s’adonnant au motocross. Mais dès l’âge de 18 ans, c’est au volant d’une Renault 5 GT Turbo qu’il prenait part à la Course de Côte de Sumène : « Par la suite j’ai toujours alterné entre courses de côte et rallye », confie Edouard qui l’année suivante délaissait sa 5 GT Turbo pour une Peugeot 207 Groupe A : « C’est à son volant que j’ai participait pour la première fois à Bagnols-Sabran, et à de nombreux rallyes de ma région. »
Malheureusement, en 2015, à l’occasion des Vins du Gard, sa course à la maison, Edouard partait à la faute et détruisait sa Peugeot : « C’était la première course de la saison, j’avais alors à peine plus de 20 ans et certainement pas les moyens de réparer dans de brefs délais. De ce fait, je n’ai pas couru pendant un an et demi. » Par la suite, c’est au volant d’une Mitjet qu’Edouard Drouillat n’allait pas manquer de s’illustrer sur des épreuves du Championnat de France de la Montagne, où il s’imposait dans la classe GTTS/1. « J’ai alors commencé à jeter un œil attentif sur le CFM, sans pour autant m’engager immédiatement, mais j’ai pris part à Bagnols-Sabran, au Col Saint Pierre et à Marchampt. »
Après trois saisons passées derrière le volant de sa Mitjet, Edouard Drouillat décidait de faire l’acquisition d’une Renault Clio avec laquelle il pouvait se partager entre courses de côte et rallyes : « J’avais envie de revenir vers le rallye, avec une auto qui se prêtait particulièrement bien à la discipline. J’ai alors enchainé les épreuves, et même si une sortie de route m’a un peu stoppé dans mon élan, nous avons pu rapidement réparer pour la saison suivante. »
A quelques mois du début de la saison 2020, la question se posait de savoir vers quelle discipline irait la préférence d’Edouard Drouillat : « Je savais disposer d’un budget très limité pour rouler en rallye, mais suffisamment pour prendre part à plusieurs belles courses de côte. J’ai donc décidé de m’engager sur le Championnat de France de la Montagne. »
Mais sa toute première participation sur le championnat allait être compromise avant que ne soit donné le coup d’envoi de la saison : « J’ai eu un très grave accident de moto durant l’hiver, et je me suis retrouvé paralysé du bras gauche, qui ne répondait absolument plus. Jusqu’au mois de février 2020 j’étais dans l’expectative de savoir si je serai en mesure de reprendre une activité, et notamment sportive. » Au fil des mois, Edouard retrouvait l’usage de son bras, même si aujourd’hui encore il est privé de sensibilité sur ce membre supérieur. « Ce fut de long mois de rééducation acharnée avec comme motivation de pouvoir à nouveau conduire en compétition. »
Au mois de mars 2021, Edouard Drouillat parvenait à reprendre le volant et obtenait l’accord des médecins pour se voir accorder sa licence auprès de la FFSA : « Les choses rentrent petit à petit dans l’ordre, mais les premiers temps j’étais dans l’incapacité de charger seul ma voiture sur la remorque, tant je manquais de force dans le bras gauche. Reste maintenant à retrouver la sensibilité. »
Bien entouré par une équipe de passionnés, Edouard Drouillat savait pouvoir compter sur des amis qui avaient préparé sa Clio pour qu’il puisse la retrouver dans la meilleure configuration possible : « Mais de nouveaux problèmes allaient perturber mon début de saison avec une panne de mon camion d’assistance dix jours avant le coup d’envoi du championnat. Cela m’a empêché d’être présent sur les premières épreuves. »
Quelle que soit la discipline qu’il aborde, Edouard conserve son esprit de compétiteur, et abordait donc cette découverte du championnat avec la ferme intention de signer quelques bons résultats : « Mais en restant tout de même raisonné, sachant qu’en F2000 évoluent des pilotes talentueux, nettement plus expérimentés que moi et disposant d’autos performantes. »
En lutte pour des podiums de groupe
Avant d’aller défier les animateurs du Championnat de France de la Montagne, c’est sur une épreuve de 2ème Division, la Pujada Arinsal disputée en Andorre, qu’Edouard Drouillat débutait sa saison : « Je pouvais difficilement faire mieux, puisque je me suis retrouvé en tête du Groupe F2000. Mais ensuite, j’ai été contraint à l’abandon pour une pièce à ’’deux balles’’ qui m’a lâché… Mais j’ai adoré le tracé et l’ambiance, et il est clair que je reviendrai sur cette épreuve. »
A ce jour, Edouard Drouillat n’avait jamais eu l’occasion de se rendre à Dunières, il découvrait donc en cette année 2021 l’épreuve auvergnate : « J’avais entendu divers échos sur cette course, et pour ma part je n’ai que du bien à en dire tant je me suis fait plaisir », confie-t-il : « Même si les conditions météorologiques ont sérieusement perturbé la journée de samedi, j’ai passé un excellent week-end, très enrichissant », se satisfait le Gardois qui terminait au troisième rang du Groupe F2000.
On retrouvait par la suite Edouard Drouillat sur le second rendez-vous auvergnat de la saison, la Course de Côte du Mont-Dore : « Là encore je découvrais. C’est une épreuve mythique, qui alimente les conversations, et qui m’a procuré énormément de plaisir. Le tracé est fabuleux et j’ai passé un excellent week-end. »
Les deux premières participations d’Edouard Drouillat sur des épreuves du championnat lui laissaient donc d’excellents souvenirs : « Tout s’était bien passé, je n’ai rencontré aucun problème, je n’ai même pas sorti un tournevis durant ces deux week-end, vraiment top », commente le Gardois qui pouvait donc se rendre à Chamrousse l’esprit serein.
Mais les aléas de la mécanique feront que ce troisième rendez-vous ne lui apportera pas les mêmes satisfactions que les deux précédents : « C’est incompréhensible, tout jusqu’alors fonctionnait parfaitement. Mais là, rien n’allait plus, l’auto était inconduisible et j’ai même été victime d’un début d’incendie. Catastrophique ! » Déjà, avant même qu’Edouard ne débute son week-end, il avait le sentiment que cette épreuve ne serait pas marquée par la réussite : « Le vendredi soir, je suis arrivé à Chamrousse en empruntant le tracé de la course, et au moment de rejoindre les paddocks, j’ai dit aux copains, ’’ça ne me plait pas’’, sans pouvoir expliquer pourquoi. Mais apparemment ça ne plaisait pas non plus à la voiture. »
La saison d’Edouard Drouillat devait logiquement se terminer à Limonest, mais il sera finalement absent sur la manche de clôture du championnat. « Après Chamrousse, j’ai mis la voiture en vente, sans grande conviction mais juste pour voir si elle pouvait susciter de l’intérêt. Je l’ai vendu en deux jours après avoir eu de nombreux contacts. De ce fait je n’avais plus de voiture pour participer à Limonest. »
Changement de groupe pour 2022
Si sa saison fut courte elle n’en fut pas moins intense : « Et surtout fidèle à ce que je pensais quant à l’ambiance qui règne sur le championnat. Et puis on sent qu’il y a entre les pilotes, mêmes s’ils sont des amateurs, une vraie envie de compétition, dans un immense respect les uns des autres. Et côté organisation, on sent que les choses sont faites sérieusement », analyse Edouard qui termine quatrième du Challenge Open F2000/3 sur le championnat. « J’ai pu découvrir de magnifiques tracés et je garderai d’excellents souvenirs de cette première participation au championnat. »
Totalement satisfait de sa découverte du championnat, Edouard Drouillat veut remercier ceux qui l’ont accompagné : « Un immense merci à Cédric Filhol du Garage La Jass’Auto à Alès. C’est lui qui m’a préparé la voiture en début de saison et qui répond présent chaque fois que je rencontre le moindre problème. Sans lui je pense que je ne serais pas en mesure de faire grand-chose. Je tiens à remercier ma chérie, Marion, qui me suit sur toutes les courses et qui court également au volant d’une Saxo en régional. Et bien évidemment à Denis Brechet du Garage Citroën à Monteux dans le Vaucluse, qui me libère mes week-ends de course pour que je puisse assouvir pleinement ma passion. »
En ce mois de janvier, Edouard Drouillat est d’ores et déjà prêt à affronter la saison 2022. Le Gardois a fait l’acquisition d’une Renault Mégane R.S, qui évoluera en Groupe N : « C’est une auto qui sort de chez Renault Sport est qui a roulé en Hongrie. Nous avons fait une énorme révision et le budget est quasiment bouclé. J’ai de plus la chance d’avoir un nouvel employeur qui a validé mes congés en fonction des courses que je souhaite disputer. Je vais donc essayer d’être au départ d’un maximum de manches du Championnat dans le cadre d’un Challenge Open », conclut Edouard Drouillat.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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