En s’engageant sur le Championnat de France de la Montagne au volant de sa Peugeot 106, Jimmy Ermann réalisait cette année un rêve d’enfance. Un rêve qui lui permettra non seulement de découvrir de magnifiques épreuves, mais également d’accumuler tout au long de la saison les victoires de classe.
C’est juste un an avant la naissance de Jimmy, que Luc, son père, parvenait à assouvir sa passion pour le sport automobile en prenant part à son tout premier rallye. La passion peut se vivre en famille, et trois semaines après sa naissance, Jimmy était présent sur le Rallye de la Plaine pour voir son papa affronter les spéciales. Bien évidemment le jeune Lorrain n’a aucun souvenir de cette première expérience, mais en revanche a par la suite accumulé un bon nombre de moments forts en joie et en émotions, lors des innombrables week-ends passés sur le bord des routes.
Excepté la Course de Côte d’Abreschviller inscrite régulièrement à son calendrier sportif, Luc Ermann disputait exclusivement des rallyes. Et c’est en toute logique cette discipline qui avait les faveurs de Jimmy : « Jusqu’au jour où j’ai découvert une caméra embarquée de Lionel Régal sur le Mont-Ventoux. Ce fut un déclic ! », avoue Jimmy. « Lionel Régal et le Ventoux, ça ne peut faire que rêver. »
Des bassins aux baquets
Mais avant de se plonger dans la compétition automobile, c’est dans les bassins que Jimmy Ermann allait connaitre ses heures de gloire : « J’ai pratiqué la natation pendant 11 ans, en participant régulièrement aux Championnats de France. J’avais comme spécialités notamment le 200 dos, le 200 quatre nages. » Membre de l’équipe de Lorraine de natation, Jimmy participait à d’importants meetings, mais il ne parvenait malheureusement pas à franchir l’étape qui lui aurait permis de percer : « J’étais pénalisé par ma taille. J’ai grandi très tôt, mais à partir de 15 ans, ma croissance s’est interrompue, et en natation, quand tu fais 1,75 mètres, tu peux difficilement lutter face à des nageurs qui oscillent entre 1,90 et 2 mètres. »
Jimmy abandonnait par la suite les bassins, et se tournait vers la compétition automobile. Pour cela, pas d’autre choix que de travailler sans relâche pour acquérir sa toute première auto, ce sera une Peugeot 106. A son volant, il s’engageait sur des épreuves de l’Est de la France, « mais sur la quatrième course, je suis sorti et j’ai cassé la voiture. Les dégâts étaient importants, l’auto pouvait être considérée comme épave. »
Une bonne dose de détermination poussait Jimmy à réparer pour tenter de reprendre le volant avant la fin de la saison. Et au prix de gros efforts, il se présentait à Turckheim : « Mes moyens limités m’ont obligé à faire quasiment tout moi-même. J’ai pu toutefois bénéficier de l’aide de l’une de mes connaissances, mon ami Didier, du Garage Auto-Rep à Heming, car ça ne m’aurait pas était possible de remonter l’auto tout seul. Après, à Turckheim, ça n’a pas voulu sourire puisque j’ai connu des problèmes électriques et j’avais des coupures moteur dans tous les virages à droite. »
Après avoir disputé une demi-douzaine de courses de côte en 2017, Jimmy Ermann voulait franchir une étape supplémentaire en s’engageant sur le Championnat de France de la Montagne : « C’était un rêve de gosse. Je voulais prendre part à des belles épreuves, proposant des tracés plus longs, plus techniques, comme Vuillafans ou le Mont-Dore. Il y avait donc l’envie, Brice (Pierrat) qui me poussait pour que je le rejoigne, il ne me restait donc plus qu’à convaincre mon père à me suivre dans cette aventure. » Chose que Jimmy parviendra à faire sans gros efforts…
Exceptés les tracés d’Abreschviller et de Turckheim qu’il avait eu l’occasion d’affronter en 2017, Jimmy Ermann allait découvrir cette année les autres épreuves inscrites à son calendrier 2018 : « J’avais eu l’occasion d’accompagner mon père à Vuillafans et au Mont-Dore, mais si j’avais pu visionner de nombreuses vidéos, je n’avais jamais eu l’occasion de rouler sur ces épreuves. »
Découvrir, progresser et gagner !
C’est donc avec des objectifs multiples que Jimmy Ermann abordait cette campagne de France 2018 : « L’objectif premier était de faire fonctionner correctement la voiture, et donc de résoudre mes problèmes électriques. Ensuite, j’espérais bien remporter ma classe, et donc devancer une Honda Civic, afin d’engranger des primes qui me permettraient de boucler mon budget. Et enfin je voulais découvrir de magnifiques courses. »
Jimmy Ermann ne cache pas que c’est avec beaucoup d’appréhension qu’il abordait la manche d’ouverture de la saison, la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « Emotionnellement c’était compliqué, car je ne pouvais occulter que c’est là qu’il y a deux ans j’ai perdu un de mes potes », confie le Lorrain, marqué comme tant d’autres par la disparition de Steve Cabelo. « Ensuite c’était compliqué parce que je n’avais pas la certitude que la voiture fonctionnait correctement. Mais j’ai vraiment adoré ce tracé, étroit, difficile, mais qui offre de belles sensations. Nous avons passé un très bon week-end, dans une ambiance très conviviale et ça restera un très bon souvenir », confie Jimmy qui remporte sa classe sur l’épreuve gardoise.
C’est ensuite à domicile, A Abreschviller, que l’on retrouvait la petite Peugeot 106 Groupe N du jeune Lorrain : « Ce n’est pas mon tracé préféré, mais on est à la maison, avec la présence de nos partenaires et des copains, et tout est réuni pour passer un excellent moment. Pour ce qui est de la course, il y a toujours un peu de pression due à l’envie de bien figurer. J’ai eu quelques soucis avec la voiture, mais qui ne m’ont pas empêché d’améliorer mon chrono de l’an dernier. Je remporte ma classe, et malgré les petits problèmes, j’ai passé un très bon week-end. »
A La Pommeraye, face à la Honda Civic de Ferdinand Loton, Jimmy savait qu’il ne serait pas facile d’aller chercher une nouvelle victoire de classe : « Il n’y avait pas de match, mais je suis malgré tout ravi parce que je pense avoir réalisé sur cette épreuve ma plus belle montée de la saison lors de la deuxième manche. Il y a toujours des petites choses à améliorer, mais là je ne peux qu’être content », analyse Jimmy qui termine deuxième de classe et quatrième du groupe N.
La Course de Côte de Marchampt allait offrir l’occasion à Jimmy Ermann de renouer avec la victoire, puisqu’à l’arrivée c’est sa Peugeot 106 que l’on retrouve en tête de la classe N/2 : « C’est vraiment une course de pilotes, très difficile, sur laquelle il faut un gros cœur, mais quel plaisir ! Ce fut certainement avec Sabran l’épreuve la plus difficile de la saison pour moi, mais j’en garde un excellent souvenir, d’autant que mes copains étaient présents et que nous avons pu partager d’excellents moments. »
Avant de poursuivre sa campagne sur le Championnat, Jimmy Ermann se rendait à La Broque, épreuve inscrite au calendrier de la deuxième division. L’occasion pour lui d’inscrire un nouveau succès à son palmarès : « J’étais content de remporter ma classe devant la Honda Civic de Bernard Sauterau, qui dispose de trente chevaux de plus sur une auto qui est la référence dans la classe. J’étais aussi content de faire un chrono similaire à celui réalisé précédemment par Antoine Uny. »
Le retour sur le Championnat se fera à Vuillafans, où Jimmy Ermann positionnait sa 106 à la cinquième place du groupe N, en tête une nouvelle fois de sa classe : « Là encore c’est un tracé pour gros cœurs, mais ça reste un de mes tracés préférés parce qu’il offre de magnifiques sensations. J’ai juste eu un petit souci sur la dernière montée, car j’ai commis une erreur dans la première épingle, et je savais alors que mon chrono était foutu. De ce fait j’ai levé le pied. Mais pour le reste, que d’excellents souvenirs. »
Pas question pour Jimmy Ermann de louper le Mont-Dore, épreuve mythique pour les adeptes de la discipline. Le Lorrain découvrait cette année le parcours qui mène au sommet du Col de la Croix Saint Robert, ce qui n’allait pas l’empêcher de remporter une large victoire de classe, avec plus de deux secondes d’avance sur son premier poursuivant : « L’addition aurait pu être plus salée, mais j’ai loupé une vitesse en début de course sur ma meilleure montée. C’est vraiment le seul bémol, mais sinon un super week-end sur un tracé fabuleux, technique, et en plus cette année avec le beau temps ! »
Le beau temps sera à nouveau de la partie à Chamrousse, mais les températures à près de 2000 mètres d’altitude étaient cette année quasi hivernales : « Malgré cela nous avons passé de superbes vacances dans un cadre magnifique. Le parcours est large, pas forcément adapté à une petit auto, mais je suis particulièrement satisfait de mon chrono, et bien évidemment de gagner en devançant la Honda Civic de Dominique Prudent. »
Présent à Turckheim, sur une course qu’il connaissait déjà, Jimmy Ermann n’aura malheureusement pas l’occasion d’exprimer son talent sur le tracé alsacien : « J’ai fait une montée d’essais libres, et ensuite mon calculateur m’a lâché en prégrille pour la première montée d’essais chrono. Ça a mis fin à mon week-end et à ma saison. C’est un regret, car j’aurais aimé gagner sur une épreuve toute proche de la maison, mais c’est la course. »
Envie de recommencer
La découverte de magnifiques tracés, l’ambiance conviviale et les moments de partage avec les copains, de très bons résultats, Jimmy Ermann ne peut tirer qu’un bilan largement positif de sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne : « J’en garde un excellent souvenir, mon seul regret étant de ne pas avoir plus de concurrence dans ma classe. L’autre regret est de terminer la saison sur un abandon à Turckheim. »
Dans la balance, les petites déconvenues rencontrées par Jimmy ne pèsent pas lourd face aux souvenirs accumulés tout au long de l’année. Des souvenirs que le Lorrain partage avec ceux qui l’ont soutenu et qu’il remercie aujourd’hui : « Un grand merci à Philippe Mozimann des Lubrifiants Seven, à Didier et Abeu du Garage Auto-Rep à Heming, à mes parents sans qui il me serait impossible de courir. Merci également à Franck Munier et aux copains pilotes, Brice (Pierrat) et Ronald (Garcès). Je ne veux pas oublier Steve (Cabelo), car c’est avant tout pour lui que cette année j’ai pris part à la Course de Côte de Bagnols-Sabran. »
Sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne a offert à Jimmy Ermann de belles sensations, et le jeune Lorrain ne veut bien évidemment pas en rester là : « Je vais donc repartir la saison prochaine, mais je ne sais pas avec quelle auto puisque la 106 est vendu. Je suis en pleine réflexion, mais je suis incapable pour l’heure de dire avec quoi je vais rouler. Il est clair que j’aimerais évoluer dans une classe où il y a du monde, mais quel que soit mon choix il dépendra en grande partie des budgets que je pourrai réunir. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour faire un appel à d’éventuels sponsors, qui souhaiteraient venir en aide à un jeune pilote », conclut Jimmy.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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