La saison 2023 sera marquée par le retour d’Eric Michon qui n’avait pas une l’occasion de disputer le Championnat de France de la Montagne depuis plus d’une décennie. Retour gagnant pour cet ancien tennisman de seconde série qui remporte avec sa Ferrari F430 le Trophée FFSA du groupe GT Sport.
C’est en 1965 que René Michon, le père d’Eric, alignait sa Renault 8 sur ses toutes premières compétitions automobiles. Il roulera par la suite aux volants d’Alpine, de De Tomaso, d’une Ford GT 40… Il connaitra la consécration à l’issue des saisons 1983 et 1984, qui le voyait remporter à deux reprises le titre de Champion de France en groupe B au volant d’une Porsche 3,3 litres turbo. Né en 1980, Eric a donc baigné très tôt dans l’univers du sport automobile, même si c’est le tennis qui retenait avant tout son attention. A 20 ans, il était classé 5/6, un excellent niveau qui lui a permis d’affronter des champions en devenir.
Mais un accident de voiture à la sortie d’une boîte de nuit allait l’obliger à s’éloigner des courts. Eric Michon décidait alors de se tourner vers la compétition automobile : « J’ai fait mes débuts en rallye et en course de côte en 2004, mais avant tout pour le plaisir, sans vraiment chercher le résultat. » Malheureusement, sur l’édition 2006 du Rallye du Gard, il sera victime d’une grosse sortie de route : « Je m’étais ''tartiné'' sur la route, j’ai réédité en course », lâche-t-il en plaisantant… Suite à cette sortie, il décidait de poursuivre son implication en sport auto mais en concentrant ses efforts sur la course de côte : « Pour cela j’ai fait l’acquisition d’une Renault Clio Cup », précise-t-il.
Vice-champion 2ème Division à deux reprises
A partir de 2008, on pouvait retrouver le Gardois sur les épreuves de sa Ligue comptant pour la Coupe de France, et en 2012 il s’impliquait également sur le Championnat de France de la Montagne en venant animer le groupe F2000. En 2013 Eric Michon faisait l’acquisition d’une Seat Léon Supercopa MK2 : « C’est une auto avec laquelle j’ai eu pas mal de soucis », se souvient-il. « Il m’a fallu du temps avant de la rendre compétitive. » En 2016 et 2017 Eric décidait de s’aligner sur le Championnat de France de la Montagne 2ème Division, un challenge qu’il relevait de fort belle manière en terminant à deux reprises Vice-champion de France Production.
En 2018, Eric Michon se séparait de sa Seat et c’est en 2022 qu’il ressortait du placard le casque et les gants pour se relancer au volant d’une Ferrari F430 : « C’est une voiture qui provient d’un garage spécialisé en voitures de prestige et situé à Aix-en-Provence. Cette auto qui devait évoluer sur le Challenge Ferrari, a très peu couru puisqu’elle n’a été enregistrée qu’une seule fois comme mulet dans le cadre du challenge en Italie », précise Eric. Un choix qui s’est fait au hasard des opportunités : « J’avoue que je tergiversais ne sachant pas vers quoi me tourner. J’ai vu que cette voiture était à la vente, nous sommes allés la voir avec mon père, et nous avons fait affaire. »
Durant la saison 2022, Eric Michon prendra part à quelques épreuves du Championnat de France de la Montagne 2ème Division : « Avant qu’une panne à Hébécrevon ne perturbe assez sérieusement ma saison. Par la suite j’ai pu me qualifier pour la Finale de la Coupe de France où je loupe la victoire en GT Sport de quelques centièmes. »
Le championnat, uniquement pour le plaisir
Pour cette année 2023, Eric décidait d’axer sa saison sur le Championnat de France de la Montagne auquel il n’avait pas participé depuis douze ans : « Le but était de me faire plaisir, sans réelle prétention, d’autant que je ne savais absolument pas qui serait engagé dans le groupe GT Sport. Je savais qu’en abordant de belles épreuves cela me permettait de progresser et c’était là ma priorité. »
La saison d’Eric Michon débutait sur une excellente prestation sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran où il imposait sa Ferrari dans le groupe GT Sport : « Sans utiliser de pneus neufs, je parviens à améliorer mes chronos de l’an dernier de plus de deux secondes. C’est pleinement satisfaisant même si j’étais conscient qu’il restait du travail à faire sur la voiture. »
Dès la fin du week-end sur la manche d’ouverture du Championnat de France, Eric Michon se languissait de retrouver le Col Saint-Pierre, son épreuve à domicile, sur laquelle il a ses repères et où il sait pouvoir jauger de sa progression : « Là je gagne huit secondes par rapport à la précédente édition, et je termine quinzième du Production », se souvient le Cévenol qui, à domicile, remporte un nouveau succès en GT Sport.
La dernière apparition d’Eric Michon à Abreschviller remontait à 2015, et le Gardois ne gardais pas un souvenir impérissable du tracé lorrain : « Mais j’ai retrouvé mes copains alsaciens qui sont également mes partenaires. Ils sont venus me porter assistance et nous avons passé un excellent week-end. Tout s’est bien passé même si va victoire en GT Sport est dérisoire face à l’accident dont a été victime Bruno (Fra). »
Après un début de week-end difficile sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, Eric Michon pourra savourer une nouvelle fois en Normandie le goût de la victoire : « Sur une des premières montées j’ai failli m’encastrer dans les rails sur la première partie du parcours. Ça m’a un peu refroidi, mais sur la fin je signe un bon chrono pour finalement remporter le groupe », commente le Gardois qui reconnait que s’il n’apprécie que très modérément ce tracé, il est parvenu à le maîtriser. « Mais je garde le souvenir d’une excellente organisation et d’un très bon week-end passé aux côtés des équipes de Francis Dosières et de Julien Dupont. »
A l’occasion de la Course de Côte de La Pommeraye, Eric Michon apportait une petite modification à la gestion de sa boîte de vitesse, en troquant un relais mécanique contre un électrique : « Mais j’ignorais qu’il fallait alors ''taper'' dans les palettes pour changer de rapport. Du coup, je ne parvenais pas à changer de vitesse et j’ai bien failli me sortir. N’étant pas du tout à mon aise et du fait que je rencontre des soucis avec le passage des vitesses, je n’ai pas pris le départ de la dernière montée. »
La grosse frustration de son week-end à La Pommeraye sera effacée lorsque Vincent Lagache expliquait à Eric comment utiliser sa boîte munie d’un relais électrique : « Grâce à ses explications, j’étais nettement plus à mon affaire à Marchampt. J’ai repris confiance sur un tracé rapide où j’ai pris conscience que la voiture est trop ''dure'' en réglages, un domaine sur lequel il va falloir travailler durant l’hiver. Je suis devancé par Dominique Lansard, et avec le recul je pense que j’aurais pu faire mieux, mais il fallait avant tout que je retrouve la confiance. C’était chose faite ce qui était essentiel. »
A Vuillafans, Eric Michon retrouvait une forte opposition avec la présence des Alpine A110 de Jean-François Ganevat, Yann Durieux et Dominique Lansard. Le Gardois, qui espérait défendre les chances de sa Ferrari, n’abordera malheureusement pas l’épreuve franc-comtoise de la meilleure des manières : « Je fais un choix idiot en optant pour des pneus pluie alors qu’arrivé en haut la route était totalement sèche. Autant dire que je me suis ''vautré'', et que finalement ce n’est que sur la dernière ascension que je signe un temps correct. Bien, mais trop tard ! Après, avec une voiture beaucoup trop ''dure'' je n’étais absolument pas dans le coup. »
Sa participation à Dunières permettait à Eric Michon de retrouver des amis installés en Haute-Loire, et donc d’aborder avec sérénité un week-end qui s’annonçait sympathique. Motivé, le Gardois saura parfaitement abordé ce tracé difficile pour venir chercher une victoire en GT Sport : « Mes temps sont corrects, je me suis bien battu face à l’Alpine de Dominique Lansard, et je ne peux être que content du résultat. »
Face aux Alpine de Jean-François Ganevat et Yann Durieux, Eric Michon devra se contenter à Chamrousse de la troisième place de groupe à l’issue d’un week-end difficile : « J’ai cassé un radiateur, et quelques éléments mécaniques, et sans l’aide de Vincent Lagache je n’aurais pas été en mesure de terminer la course. Il a su solutionner les soucis que j’ai rencontrés, et finalement je parviens à arriver au bout et je suis plutôt satisfait de ce que je suis parvenu à faire dans ces conditions. »
Même si tout n’est pas allé dans le bon sens durant l’épreuve iséroise, Eric Michon quittait Chamrousse avec une confiance régénérée et l’envie de bien faire sur les deux dernier rendez-vous de la saison. A Turckheim Eric retrouvait un de ses tracés favoris : « C’est pour moi une des plus belles courses du championnat avec, sans vouloir paraitre chauvin, le Col Saint-Pierre », analyse le Gardois. « J’ai eu un peu de mal au début avec des pneumatiques passablement usés mais après, en gommes neuves, j’étais plutôt bien et je suis parvenu à faire l’écart avec mes concurrents directs. Ce fut un super week-end pour moi. »
A Limonest, Eric Michon allait conclure sa campagne sur le Championnat de France de la Montagne par un ultime succès en GT Sport : « Avant d’aller à Turckheim, nous nous sommes rendu compte qu’il me manquait une cinquantaine de chevaux. Cela était dû à une bobine défaillante et à un calculateur. Je ne suis pas parvenu à récupérer l’ensemble de la cavalerie, mais ça allait tout de même beaucoup mieux lorsque je me suis présenté à Limonest. Au cumul je suis près de trois secondes plus rapide que l’an dernier, ce qui est une énorme amélioration. »
Qualifié pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne, Eric Michon comprenait rapidement que sur le tracé de Steige il ne parviendrait pas à devancer les Alpines de Ganevat et Durieux : « J’ai donc abordé cette épreuve sagement, sans prendre le moindre risque et avant tout pour me faire plaisir, en toute décontraction. »
Vainqueur du Trophée FFSA du GT Sport
A l’heure de faire le bilan de sa saison 2023, après douze ans d’absence, Eric Michon peut considérer que son retour sur le championnat fut un retour gagnant. Vainqueur du Trophée FFSA du groupe GT Sport, il s’impose sur le Challenge Open et accroche la onzième place du Championnat Production : « Le bilan est évidemment excellent. J’espérais accrocher la dixième place mais mon pote Gandolfo m’a ''cogné'' à la dernière, mais vraiment j’ai vécu une excellente saison qui m’a offert de belles satisfactions. »
Vient pour Eric Michon l’heure des remerciements et c’est vers ses proches que vont ses premières pensées : « Un grand merci à mes parents et à ma famille, merci bien évidemment à mes partenaires BH Rénovation, Benso TP et le Groupe Delenne, merci également à Vincent Lagache pour son aide et ses précieux conseils, à Francis Dosières et à la famille Poinsignon qui m’ont également apporté leur aide et facilité la vie sur certaines épreuves, et je n’oublie évidemment pas Guillaume Gillet qui est ''mon associé'' sur les courses. »
C’est au volant de cette même Ferrari F430 que l’on retrouvera Eric Michon lors de la saison 2024 : « Nous allons profiter de la pause hivernale pour améliorer la voiture qui à mon sens n’est pas encore au point. Elle est notamment trop ''dure'' et il va falloir assouplir tout ça. On ne peut rien faire sur le moteur mais on peut encore travailler sur le châssis et il ne nous restera plus qu’à troquer nos Michelin 19 pouces contre du 18, ce qui devrait permettre d’être plus performant », explique Eric. « Après, il nous reste à finaliser le budget, et si tout se présente bien à repartir sur le championnat. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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