Après une année sabbatique durant laquelle elle a donné naissance à une petite Jeanne, Cécile Cante faisait cette saison son retour sur le Championnat de France de la Montagne. La seule crainte de la Championne de France 2012 était d’avoir perdu ses repères et son pilotage, mais les chronos l’ont rapidement rassuré… Cécile est bel et bien de retour !
Si certains sont passionnés de sport automobile, Cécile Cante voue pour sa part un amour indéfectible pour une discipline, la Montagne. Enfant, c’est en accompagnant son frère, spectateur assidu de courses de côte, que la native d’Annecy allait découvrir la côte, et par la même occasion celle qui allait devenir sa référence, Anne Baverey. Dans l’esprit de la jeune Cécile germait alors l’envie de prendre le volant et d’imiter son idole. Ce sera chose faite en 2000 lorsque, dans l’habitacle d’une Renault 5 GT Turbo, elle prenait part à ses premières courses.
Voiture idéale pour faire ses premières armes, la petite Renault ne permettait toutefois pas de trouver les sensations recherchées. Mais le destin allait mettre sur la route de Cécile l’incomparable Champion qu’était Lionel Régal, et ce dernier lui permettait de s’installer dans le cockpit d’une Formule Renault. Suivront différents modèles de F3, la monoplace idéale, selon Cécile Cante, pour pleinement s’épanouir.
Un titre de Championne de France en 2012
A l’issue de la saison 2012, après avoir tenu la dragée haute à ses homologues masculins, elle coiffait une couronne de Championne de France de la Montagne. Dans l’impossibilité par la suite d’aller chercher un nouveau titre face à Martine Hubert qui dispose d’une auto plus puissante, Cécile a comme seule prétention d’être au plus près des chronos réalisés par les hommes forts de la catégorie.
Après avoir animé durant quinze ans les épreuves de Montagne, Cécile décidait en 2015 de mettre sa passion entre parenthèses pour devenir maman. Au mois de juin, elle donnait naissance à une petite Jeanne qui, cette saison, n’a pas tardé à rejoindre la grande famille des Montagnards sur les épreuves du Championnat de France.
L’arrivée de Jeanne, vaut bien évidemment plus, que toutes les coupes et tous les trophées glanés par Cécile. Mais le bonheur d’être maman ne pouvait pas totalement lui faire occulter sa passion toujours intacte pour la Montagne : « C’était très compliqué pour moi de voir partir Alban sur les épreuves et de rester à la maison », avoue Cécile. « Mais ça aurait été encore plus difficile de l’accompagner et de le voir courir, lui et les copains, en restant au paddock. C’est pour cela que je n’ai pas mis les pieds sur une épreuve de toute l’année. »
Hors de question pour la pilote de Saint-Didier-au-Mont-d'Or de revivre une nouvelle saison en étant éloignée des épreuves. C’est avec une impatience non dissimulée qu’elle attendait le coup d’envoi de cette saison 2016, pour retrouver la volant de sa Formule 3 : « Impatience, mais également inquiétude car je ne savais pas comment j’allais aborder les courses. Le fait d’être maman, d’avoir passé un an sans toucher un volant, j’avoue que je me posais des questions sur mes capacités. »
Les premiers tours de roues allaient très rapidement rassurer Cécile : « J’ai de suite retrouvé la ’’gnaque’’ et l’envie d’en découdre. Ma seule préoccupation s’était de savoir comment gérer Jeanne, mais j’ai eu la chance d’être énormément soutenue par ma famille, et surtout par ma maman qui s’est occupée de Jeanne soit en nous accompagnant sur les épreuves, soit en la gardant à la maison. »
Le seul objectif pour Cécile en début de saison était d’écarter les doutes. Après un an d’absence, elle ne n’affichait aucune autre prétention : « Je voulais avant tout être sûre de ne pas avoir peur, d’avoir l’assurance que Jeanne accepterait sans problème mes absences durant les week-ends de course. Il y avait de nombreuses interrogations, et j’avais besoin d’y répondre rapidement », confie-t-elle. « J’avais entendu évoquer le cas de pilotes féminines qui, une fois maman, avait eu du mal à se relancer, d’autres pour qui cela s’était passé sans problème. J’ai eu différents sons de cloches, et j’étais donc dans le doute. Et puis finalement, une fois le casque sur la tête, j’ai immédiatement retrouvé les sensations. Tout était comme avant. »
Pas d’objectif particulier, mais Cécile ne cache pas qu’elle espérait tout de même rééditer ses chronos de 2014 : « Si j’avais été complètement larguée après trois ou quatre courses, j’aurais mis un terme à ma saison », avoue-t-elle.
Les sensations vite retrouvées
Le drame qui mettra un terme prématuré à la Course de Côte de Bagnols-Sabran a bien évidemment affecté Cécile : « Ça fait remonter de mauvais souvenirs, il n’y a pas de mots pour expliquer ce que l’on ressent. »
Cécile était par la suite présente au Col Saint-Pierre, où la pluie allait sérieusement perturber les débats. Dimanche, elle décidait de laisser sa Dallara F307 sous sa structure, et de ne pas prendre part à la course : « Plusieurs éléments font que je n’avais pas l’esprit à la course, et dans ces conditions, j’ai préféré ne pas rouler plutôt que de risquer de casser la voiture ou de me faire mal », explique-t-elle.
On retrouvait ensuite Cécile Cante sur une des épreuves qu’elle affectionne, la Course de Côte d’Abreschviller. Treizième au scratch, elle termine sur la troisième marche du podium de la F3 : « J’ai été aidé en cela, notamment par l’abandon de Billy (Ritchen) », analyse-t-elle en toute humilité. « Pour le reste, je suis contente de mon chrono et des sensations que j’ai pu avoir au volant. »
Adepte de la vitesse, Cécile apprécie tout particulièrement le tracé de la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais : « Je suis toujours à mon aise dans le rapide et je signe des temps à quelques dixièmes de mes précédents chronos, de quoi être satisfaite. »
Le rendez-vous franc-comtois de Vuillafans fut plus difficile pour Cécile : « Sur celle-là, le manque de roulage l’an dernier s’est fait ressentir. J’ai eu du mal à retrouver le feeling, je n’étais pas à mon aise, et les violentes sorties de routes qui ont émaillé le week-end n’ont rien fait pour me mettre en confiance. »
Lorsqu’on évoque sa participation au Mont-Dore, Cécile fait preuve d’une totale franchise : « Je suis une des rares pilotes à ne pas aimer le Mont-Dore », lâche-t-elle dans un éclat de rire. « J’ai tout de même passé un très bon week-end parce que l’ambiance est toujours excellente, mais j’ai plus de mal avec ce tracé. En quinze ans, je ne suis jamais parvenue à trouver le bon rythme sur cette épreuve. »
Chamrousse restera pour Cécile Cante un des faits marquants de cette saison 2016. Quatrième des Formule 3, elle termine également première féminine en devançant Martine Hubert d’un dérisoire millième de seconde : « Le combat était sympa, peut-être moins pour elle, mais nous nous entendons bien avec Martine et je sais qu’elle est toujours contente quand elle voit des filles se mettre en valeur. Je pense que ça nous laissera à toutes les deux un souvenir inoubliable », commente Cécile. « Pour le reste, je suis un peu déçu par mon chrono comparé à celui que j’avais réalisé il y a deux ans. Mais les conditions météorologiques n’étaient pas les mêmes, et la comparaison est peut-être difficile à faire. »
La saison de Cécile dans le cadre du Championnat de France prenait fin à Turckheim, où elle se rassurait totalement sur ses aptitudes derrière le volant : « Je réalise cette année mon meilleur chrono sur l’ensemble de mes participations à cette épreuve depuis que je roule en F3 », explique-t-elle. « Pourtant, ce fut très compliqué en début de week-end, car au regard de mes acquisitions de données, par endroits j’étais vraiment bien moins rapide que lors des précédentes éditions. J’ai dû prendre sur moi pour attaquer vraiment, et sur la deuxième montée de course, c’est payant ! Je signe un temps en 2’48’’4, deux secondes de moins qu’en 2014, et je n’aurais jamais cru faire un tel chrono à Turckheim. »
Le Challenge Open Féminin comme nouveau trophée
Cécile regrette presque que la saison se termine, car sur les dernières épreuves elle a totalement retrouvé le rythme qui fut le sien auparavant. Une saison largement positive, qui lui permet de remporter un nouveau trophée, puisqu’elle figure en tête du Challenge Open Féminin : « C’est toujours plaisant de remporter un Challenge, mais ce que je retiendrai avant tout c’est la satisfaction d’avoir pu remonter dans la voiture, et d’avoir retrouvé mes sensations. Il est clair que le fait de n’avoir pas roulé l’an dernier, et de faire moins d’épreuves que par le passé me pénalise. Il n’y a pas de secret, pour être performante, il faut engranger du kilomètre en compétition. »
Rien ne semble avoir changé pour Cécile qui retrouve sa compétitivité et ses sensations au volant. Pourtant, pour elle, l’approche de la course est différente : « Il y a eu la course avant Jeanne, et il y a la course avec Jeanne, ce n’est pas la même chose… Aujourd’hui, on court vraiment en famille, c’est différent, mais c’est tout aussi bien. »
Rassurée par ses prestations tout au long de la saison, Cécile Cante a bien l’intention de poursuivre dans la même voie la saison prochaine. On devrait donc la retrouver au volant de sa Dallara F307 sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne : « Avec Alban, on devrait repartir en 2017 avec un programme identique à celui de cette saison. » Adversaire directe de son beau-frère Raynald Thomas depuis plusieurs saisons, Cécile sera l’an prochain également confrontée à son compagnon, puisqu’Alban Thomas animera lui aussi la catégorie F3.
Si la jeune maman peut aujourd’hui poursuivre sa carrière de pilote, elle sait qu’elle le doit en grande partie à sa famille, qui l’a soutenu tout au long de la saison : « Je suis infiniment reconnaissante à ma maman et à ma nièce Aurélie qui, en prenant Jeanne en charge, m’ont permis de courir dans les meilleures conditions. C’était un vrai soulagement de savoir que je pouvais me reposer sur elles pour m’occuper de Jeanne. Sans elles, il est clair que je n’aurais pas repris le volant. Je veux remercier l’ensemble de ma famille qui m’apporte une aide énorme, remercier Alban qui gère ma voiture, car je n’ai malheureusement plus le temps de m’en occuper, et sans lui, il est évident que je n’aurais pas couru cette saison. Un grand merci à ma patronne de chez JCD Technologie, qui m’épaule dans l’aventure, et qui me permet de moduler mon emploi du temps pour que je puisse me rendre sur les courses, c’est vraiment important pour moi », conclut Cécile.