Engagé sur le Championnat de France de la Montagne cette saison, Olivier Augusto avait comme unique objectif de découvrir de nouvelles épreuves. Et s’il n’affichait pas de prétention, malgré un milieu de saison perturbé par de nombreux soucis, il parvient au final à se hisser sur le podium du Challenge Open CN/2 et à se classer à la septième place du Championnat… Un résultat inattendu !
Les plus anciens passionnés de Courses de Côte conservent le souvenir des prestations de Bernard Pourchet, qui fut durant plus de trente an un des animateurs de la discipline. Dans les années 90, il comptait parmi les adversaires de pilotes de la trempe de Marc Régal, Marcel Tarrès ou Bernard Chamberod. A son palmarès, Bernard Pourchet compte une place de Vice-champion de France 2ème division obtenu en 1989, et de multiples victoires. Sur les épreuves, le pilote émérite était suivi par son neveu, le tout jeune Olivier, qui dès sa plus tendre enfance vouait une réelle admiration pour ceux qui, au volant de leurs bolides, affrontaient les tracés sinueux des Courses de Côte. Cela lui permettait également de côtoyer d’autres gamins, qui avaient pour nom Sébastien Petit ou Damien Chamberod.
Olivier Augusto, puisque c’est de lui dont il s’agit, rêvait d’imiter cet oncle totalement impliqué dans sa passion, et à son tour de s’installer derrière le volant. Impossible pour lui d’attendre la majorité et l’obtention du permis de conduire. Dès l’âge de 10 ans, c’est en Karting qu’Olivier prenait part à ses premières compétitions. Adolescent, le jeune lyonnais attendait impatiemment d’atteindre l’âge l’égal de pouvoir enfin exprimer ses talents dans l’habitacle d’une voiture. Le permis en poche, c’est sur une Citroën AX Sport groupe N qu’il jetait son dévolu : « Et bien évidemment, je me suis dirigé tout naturellement vers la Course de Côte », confie Olivier. La petite AX, strictement d’origine, ne permettait pas à son pilote de se mettre en valeur : « Ce fut un peu décevant car sur les premières courses, je prenais ’’des valises’’ face à la concurrence. »
Olivier Augusto délaissait rapidement la Citroën et, grâce au soutien de son oncle, allait terminer cette saison 2001 avec une auto nettement plus performante. Bernard Pourchet lui confiait en effet le volant d’une Martini propulsée par un moteur de moto, avec laquelle Olivier prenait part à quatre courses, pour remporter quatre victoires de classe.
Premiers pas en monoplace
Satisfait du comportement de cette Martini, il prendra le départ de 19 courses l’année suivante, pour terminer premier de sa classe à 18 reprises : « J’avais vraiment une super auto, ce qui ne pouvait que me motiver », se souvient Olivier qui, alternant côtes et slaloms, terminait deuxième sur la Finale de la Coupe de France des Slaloms, organisée en 2002 sur le circuit de Carole.
Les prestations d’Olivier n’allaient pas manquer d’attirer les regards attentifs des observateurs de la Course de Côte. Parmi eux, Jean-Paul Picard, qui décidait d’intégrer Olivier dans son team, et de lui confier le volant d’une Formule Renault toute récente : « C’était certes moins performant que ce que j’avais auparavant, mais l’aspect technique me permettait de parfaire mon pilotage et d’avoir une approche plus technique de la course. » A l’issue de cette saison 2003, Olivier remportait le Challenge Espoir, en devançant un certain Sébastien Petit. « A l’époque, la dotation du Challenge m’a permis d’envisager la saison suivante plus sereinement, et de franchir un pas supplémentaire en faisant l’acquisition d’une Dallara 396. » Mal lui en pris, car pour Olivier débutait alors cinq années de galère : « J’avais des moyens limités, et je me suis précipité en achetant une voiture qui présentait un lot considérable de problèmes. Pendant cinq ans, je me suis battu avec l’électronique, avec des défaillances du moteur. J’ai dû me battre pour faire rouler cette voiture, avec laquelle je suis parvenu malgré tout à signer quelques bons résultats. »
C’est une nouvelle fois Bernard Pourchet qui allait permettre à son neveu de tourner la page de la F3, en lui fabricant une Osella propulsée par deux moteurs de moto : « J’ai roulé pendant trois ans, entre 2009 et 2011, avec cette Osella. Avec cette auto je me suis imposé en Proto sur la Finale de la Coupe de France à Chatel-Guyon, en terminant deuxième au général. J’ai signé par ailleurs de nombreuses victoires de classe sur le Championnat. Je garde d’ailleurs un excellent souvenir de la Course de Côte de Dunières, où j’ai remporté mon groupe devant Cyrille Frantz, le jour de mon anniversaire. Ce fut un grand moment. »
Fin 2011, Olivier Augusto évoluait en C3 alors que sur les épreuves prospéraient les CN. Le Lyonnais comprenait rapidement que l’avenir allait se dessiner avec ces Protos de nouvelle génération : « J’ai donc vendu l’Osella et j’ai acheté une première Norma 2 litres. » Deux autres Norma viendront par la suite succéder à cette première acquisition. Côté programme, Olivier se concoctait un calendrier composé d’épreuves régionales et de manches du Championnat. Après une petite infidélité à la Montagne en 2015 où Olivier choisissait de courir en circuit tout en participant à quatre ou cinq courses de côte, il décidait en 2016 de s’investir pleinement dans sa discipline de prédilection, et de se consacrer exclusivement à la côte.
Un programme complet pour découvrir toutes les épreuves
Pour cette saison 2017, c’est vers le Championnat de France de la Montagne qu’Olivier se tournait, avec l’intention première de découvrir de nouveaux tracés : « Nous avons décidé avec Jean-Jacques Louvet, avec qui je suis associés, de faire également équipe sur les épreuves, en participant à l’ensemble du Championnat. J’abordais cette saison avec comme unique objectif de me faire plaisir. »
Mais l’esprit de compétition allait rapidement prendre le dessus, avec notamment un premier résultat plus que probant obtenu à Bagnols-Sabran, où Olivier plaçait sa Norma au sixième rang et remportait sa classe : « C’est une course qui me réussit bien et sur laquelle j’ai remporté ma classe au volant de toutes les voitures avec lesquelles j’étais engagé. Terminer troisième de groupe derrière les deux CN+ et remporter ma classe, pour débuter la saison je ne pouvais rêver de mieux. »
Au Col Saint-Pierre, Olivier accueillait sous sa structure la famille Nogret, et renonçait donc à prendre part à cette épreuve : « Je devais m’occuper de la voiture de Jean-Jacques et des deux autos de mes amis Martiniquais. J’ai préféré me consacrer à eux et faire l’impasse sur cette épreuve », confie Olivier.
Abreschviller était pour Olivier Augusto une découverte cette saison. Et si sa prestation sportive ne fut peut-être pas à la hauteur de ses espérances, il en garde tout de même un excellent souvenir : « L’accueil y est fabuleux. Pour ce qui est de la course, j’ai dû composer avec un capteur de pression atmosphérique qui m’a lâché. Je ne m’en suis pas rendu compte sur le coup, et je me suis remis en cause pensant que mon manque de performance était dû à ma méconnaissance du tracé. En fait, j’ai compris mais trop tard que j’avais un problème. » explique Olivier qui positionnait sa Norma à la sixième place du CN/2. « Mais je retiendrai que j’ai passé un super week-end, même si c’est une de mes pires prestations de la saison.
Olivier Augusto rejoignait ensuite la Normandie pour prendre part à la Course de Côte de Thèreval – Agneaux : « Là encore je découvrais, mais quel tracé… J’ai adoré ! Les sensations sont énormes surtout sur le haut du parcours. Prendre des appuis en cinquième ou sixièmes sur de longues courbes, c’est vraiment génial », s’enthousiasme le Lyonnais, qui terminait sur le podium de sa classe, derrière Julien Français et Freddy Cadot. « Je suis impatient d’y retourner, d’autant que nous avons été particulièrement bien accueillis, à tel point que nous sommes restés jusqu’au mardi. »
Si certains tracés ne font pas l’unanimité parmi les pilotes, Olivier aborde les épreuves aussi naturellement qu’il se comporte dans la vie, avec une jovialité omniprésente. Tout semble lui convenir, et on a le sentiment qu’il savoure pleinement son plaisir. C’est donc pleinement satisfait, qu’il bouclait à la quatrième place de sa classe la Course de Côte de La Pommeraye : « Je n’étais pas revenu sur cette épreuve depuis 2003 et j’avais donc tout à redécouvrir. On a eu une superbe bagarre, et je suis content de terminer quatrième car les écarts étaient vraiment très faibles. »
La météo allait compliquer la 34ème édition de la Course de Côte de Saint Gouëno, épreuve qu’Olivier découvrait : « Ce fut à mon sens une des courses les plus compliquées à apprendre, et je reconnais que je n’ai pas voulu prendre tous les risques sur un tracé humide. En revanche, c’est le top en ce qui concerne l’accueil et l’organisation. Entre la course et les manifestations qui gravitent autour, je comprends que les spectateurs soient présents. »
En proie à un problème avec les palettes de changements de vitesses, Olivier a connu, dans le Beaujolais, un week-end assez compliqué : « Par moment je ne pouvais plus changer de rapport. J’ai insisté pour essayer de réparer, mais je suis contraint d’abandonner sur la deuxième montée, et sur la troisième, arrivé au Portail, j’ai dû terminer le parcours sans jamais pouvoir changer de rapport. » Dans ces conditions, la septième place obtenue dans sa classe était inespérée.
Comme à La Pommeraye, Olivier Augusto n’avait plus eu l’occasion d’affronter le tracé de Vuillafans depuis 2003 : « C’était un peu compliqué, mais sur les essais je n’étais pas mal du tout. Je pense que ça aurait pu être une belle course sur le sec. Mais finalement, dimanche, sous la pluie, je ne m’en sors pas trop mal », estime Olivier qui accroche la quatrième place du CN/2.
Le milieu de saison d’Olivier Augusto sera marqué par une succession de problèmes. Jamais irréversibles, puisque le Lyonnais ne sera jamais contraint à l’abandon, mais toujours pénalisants. Ce sera le cas à Dunières où il rencontrait des soucis d’autobloquant : « J’ai essayé de réparer, mais je n’avais pas le matériel sur place. Sur le chrono intermédiaire à l’issue des 100 premiers mètres, c’est moi qui réalisait la plus mauvaise performance de la série Sport. Dans ces conditions, il était difficile de prétendre à un bon résultat. J’ai roulé en essayant de sauver les meubles, et finalement je ne m’en tire pas trop mal », analyse Olivier qui plaçait sa Norma à la cinquième place de sa classe.
Une fin de saison plus prolifique
C’est avec un nouvel autobloquant qu’Olivier se présentait au départ du Mont-Dore. Un changement qui allait complètement modifier le comportement de la voiture : « En fait, j’avais ce souci d’autobloquant qui s’usait au fil des épreuves, et m’étant habitué, je modifiais mes réglages en fonction du comportement de la voiture. Là, en changeant d’autobloquant, je me voyais dans l’obligation de revoir l’ensemble des réglages, ma voiture étant méconnaissable », explique-t-il. « Après, je ne suis pas mécontent de mon chrono, mais face aux gars qui devant se battaient comme des forcenés, je ne pouvais pas lutter dans ces conditions. » Dix-neuvième au scratch, le Lyonnais accroche la septième place du CN/2.
A Chamrousse, Olivier améliorait son précédent chrono d’une seconde, un légitime motif de satisfaction pour lui : « Je misais beaucoup sur cette course que je connaissais. J’ai chaussé quatre pneus neufs sur cette épreuve, mais le tracé passablement dégradé ne m’a pas permis d’en tirer le meilleur. Après, j’ai pris un drapeau jaune sur la première montée où je signe mon meilleur chrono du week-end. Ce n’était pas facile, mais terminer cinquième du CN/2 n’est pas un si mauvais résultat. »
Les petits problèmes récurrents qui avaient perturbé jusqu’alors les courses d’Olivier Augusto allaient prendre fin, et c’est dans le bien meilleures conditions qu’il se présentait au départ de la Course de Côte de Turckheim : « Je retrouvais ce tracé que j’avais affronté il y a bien longtemps. J’ai pris le temps de reprendre mes marques, et à Turckheim je fais un excellent chrono sur la dernière montée, où je prends un drapeau jaune et je double un concurrent. Si ma montée n’avait pas été perturbée, je pense que j’aurais pu me battre pour la victoire », confie Olivier qui termine troisième des CN/2 dans le sillage de Julien Français et Corentin Starck.
C’est à Limonest, à domicile, qu’Olivier terminait la saison. Une conclusion identique à son entrée en lice à Sabran, puisqu’il plaçait sa Norma à la sixième place et accrochait la victoire en CN/2 : « Jusqu’alors Limonest ne m’avait jamais réussi, je me suis donc présenté au départ sans aucune prétention. Mais dès les essais tout s’est bien passé, durant ce week-end j’ai livré une belle bataille à Dimitri Pereira, et au final tout se passe bien puisque cette sixième place et cette victoire me permettent de faire un bond en avant au Championnat. »
A l’heure de faire les comptes, c’est à la septième place du Championnat que l’on retrouve Olivier Augusto. Un excellent résultat, complété par une troisième place sur le Challenge Open CN/2 : « C’est plus qu’inattendu. Je n’avais aucune prétention au départ et jamais, depuis que je cours, j’aurais pensé terminer le championnat parmi les dix premiers. C’est ma plus belle satisfaction. J’ai connu mon lot de déboires, ce qui a en milieu de saison a affecté ma motivation, mais finalement le bilan est très satisfaisant pour moi. Une satisfaction que je partage avec Jean-Jacques (Louvet) qui a fait une saison complète sans connaitre le moindre problème, et en étant systématiquement à l’arrivée. Je suis ravi qu’il ait pu faire une telle saison et que nous partagions cette aventure. »
S’il tient à rendre hommage à Jean-Jacques Louvet, Olivier Augusto veut avant tout remercier ceux qui se sont totalement investis à ses côtés : « Un immense merci à mes deux mécaniciens, Jérôme et Alex, qui étaient présents sur toutes les épreuves et qui ont fait un énorme boulot, et de gros sacrifices pour assurer le travail sur et en dehors des épreuves. Merci également à Jean-Paul Picard qui me soutient depuis de nombreuses années, et à mon oncle, Bernard Pourchet, pour les heures passées en dehors des épreuves et consacrées à la préparation de la voiture. »
La saison 2018 d’Olivier Augusto devrait sensiblement ressembler à celle qui se termine. Le pilote lyonnais devrait prendre part au Championnat de France de la Montagne, et être au départ de l’ensemble des épreuves : « Après, tout dépendra bien évidemment de mes obligations professionnelles qui pourraient m’obliger à faire l’impasse sur une ou deux épreuves. Cette saison 2017 fut celle de la découverte, je vais mettre en pratique tous les enseignements engrangés sur les épreuves pour progresser… Rendez-vous l’an prochain », conclut Olivier dans un large sourire qui en dit long sur ses futures ambitions.
Propos recueillis par Bruno Valette