Après avoir disputé plus de 300 épreuves, dont plus de 260 rallyes, Rémi Courtois décidait, début 2014, de se tourner vers le Championnat de France de la Montagne. Au volant de sa nouvelle Porsche 996, il découvrait alors sept courses de côte inscrites au calendrier de notre championnat. Suffisant pour tomber littéralement sous le charme de la discipline, et ne pas hésiter à se relancer cette année pour une nouvelle campagne nationale.
Après une saison d’apprentissage, il était logique pour Rémi Courtois de poursuivre au volant de sa Porsche, dont il cerne de mieux en mieux les subtilités : « J’ai comme principe, lorsque je dispose d’une nouvelle auto, d’essayer de l’amener au maximum de ce que je peux exploiter », confie-t-il. « Aujourd’hui, j’estime qu’après deux saisons passées derrière son volant, j’ai encore une marge de progression. »
L’objectif de Rémi pour cette année 2015 était avant tout d’améliorer les chronos réalisés durant la saison précédente : « J’avais de plus l’intention de disputer des épreuves que je n’avais pas eu l’occasion d’affronter précédemment, l’objectif étant dans un futur proche de prendre part à l’intégralité des manches du championnat. »
Avant d’entamer d’engager les hostilités, Rémi confiait sa monture aux mains expertes de Francis Dosières, qui assurait une révision complète du bolide : « J’en ai profité pour refaire une peinture neuve. J’estime que par respect pour les spectateurs et pour l’image que l’on offre, on se doit de présenter des autos sous leurs plus beaux atours », commente Rémi. « Et puis j’ai également travailler sur le poste de pilotage. En 2014, j’ai roulé en conservant les réglages adoptés par Dominique Vuillaume (l’ancien propriétaire de la Porsche, Ndr), et nous n’avons pas la même morphologie. Pour cette saison, j’ai tenu à l’adapter à ma corpulence. »
Rémi mettait également à profit cette nouvelle saison pour changer d’attitude dans son approche de la compétition : « L’an dernier, je me rendais seul sur les épreuves, et je faisais deux tours de reconnaissance avec mon fourgon. J’ai rapidement compris qu’il était impossible d’être performant dans ces conditions. Cette année, j’ai embarqué une moto dans le fourgon, et à son guidon j’ai pu parfaire mes reconnaissances », explique-t-il. « L’idée restant de courir avec un minimum de moyens, en restant totalement autonome. »
Atteindre les limites de sa monture
Difficile, avec une 996 de défier les Porsche bien plus puissantes qui évoluent au sein du GT de Série. Un constat qui pourrait être vécu comme une frustration, mais qui ne gêne en rien le pilote bourguignon : « Je suis un compétiteur », rappelle le sportif accompli qu’est Rémi Courtois. « Mais j’ai comme approche de la course de faire ce que je peux avec le matériel dont je dispose. Cette année, mes prétentions étaient avant tout de me rapprocher de pilotes comme Michel Lamiscarre ou Joël Richard. En 2014, ils pointaient systématiquement devant moi, j’avais donc espoir de renverser la tendance. »
Des espoirs souvent exaucés, puisque tout au long de la saison, Rémi allait livrer à maintes reprises des duels d’anthologies, notamment avec le ’’Basque vrombissant’’, qui n’a pas pour habitude de s’en laisser compter.
Pour débuter cette saison 2015, Rémi Courtois découvrait une des épreuves les plus ardues du Championnat, le Col Saint-Pierre : « C’était pour moi une première, et pas des moindres. On m’avait dit que c’était un monument, je le confirme. Pour ce qui est de la course, j’ai évité de faire le malin, mais j’ai rapidement eu d’excellentes sensations », avoue l’ancien rallyman qui retrouvait là une route qui, malgré sa méconnaissance du tracé, lui était familière. Le pilote de l’Yonne pouvait donc pleinement se satisfaire d’une quatrième place en GT de Série, troisième du GT/2.
A Abreschviller on retrouvait Rémi sur la troisième marche du podium du GT de Série, à seulement 174 millième de la BMW 135 Bi-turbo de Joël Richard. Un résultat qui lui convient parfaitement : « A partir du moment où j’ai la plaque d’immatriculation du mec de devant en point de mire, je suis ravi », plaisante Rémi. « Le fait de me rapprocher de mes adversaires me permet d’être en confiance. »
La chasse au Cayman
Impossible d’aller chercher la 997 GT2 de Pierre Courroye, c’est donc avec la ferme intention de défier Michel Lamiscarre que Rémi Courtois se présentait au départ de La Pommeraye. Au final, le Basque aura le dernier mot pour quelques dixièmes de secondes : « C’est pour moi une réelle satisfaction d’être aussi près d’un pilote comme Michel, qui a un énorme palmarès et une parfaite connaissance du terrain. C’est un monument parmi les Montagnards, et parvenir à m’en approcher en terminant sur le podium du groupe, c’était vraiment sympa. »
Rémi retrouvait Michel Lamiscarre à Saint Gouëno, et les deux hommes n’allaient pas manquer de se livrer une nouvelle baston… Là encore, pour 144 millièmes, le Cayman allait manger la 996 : « Ce fut une magnifique empoignade, dans des conditions d’adhérence assez précaires, nos amis britanniques ayant eu la bonne idée de laisser de l’huile sur la route », plaisante Rémi. « La pluie est venue perturber les débats, Michel et moi étions sur des œufs, mais c’était vraiment intéressant comme duel, et nous étions tous les deux supers contents de nos prestations. »
Nouvelle épreuve, et nouvelle confrontation à l’occasion des Beaujolais-Villages, où cette fois Rémi prenait l’ascendant sur son adversaire, en devançant Michel Lamiscarre d’une demi-seconde : « Cette épreuve propose un parcours à la fois technique et très rapide. Ma prestation m’a rassuré sur mon potentiel, ce qui était l’essentiel pour moi. »
C’est à la deuxième place du GT de Série que Rémi allait conclure un week-end torride à Vuillafans, épreuve disputée sous la canicule : « C’est une magnifique course, avec des virages à l’aveugle, des passages très rapides, un truc pour gros cœur. J’ai vraiment passé un excellent week-end, avec Dominique qui s’impose et qui me servait de lièvre. » Rémi gardera un souvenir spécial de cette confrontation menée dans des conditions dantesques : « A l’arrivée d’une montée, un ingénieur de chez Michelin a eu l’idée de mettre un thermomètre à l’intérieur de la voiture. Si mes souvenirs sont bons, il affichait 58 degrés. Oui, c’était vraiment chaud cette année à Vuillafans… »
Pour 252 millièmes Rémi Courtois devait s’incliner face à Michel Lamiscarre sur la Course de Côte de Dunières : « Ce qui me gêne ce n’est pas d’être devancé, c’est que Michel soit sorti de la route. Je suis là pour me battre, et je n’aime pas quand ça se termine comme ça. Ce qui m’a rapidement rassuré c’est de savoir qu’il n’avait pas de dégâts sur sa voiture. » Rémi parle en connaissance de cause, car il aurait très bien pu, lui aussi, devoir abandonner : « Sur la première montée de course, à mi-parcours, j’ai le levier de vitesses qui m’est resté dans la main… J’ai vécu là un grand moment de solitude, et j’ai terminé à l’agonie, sur un rapport qui n’était bien évidemment pas le bon. »
Dans son esprit, son week-end s’achevait là. C’était sans compter sur Francis Dosières, que ce ’’genre de détail’’ n’arrête pas : « Il a soulevé la Porsche, à tel point que j’ai pensé qu’il allait la poser sur les portières », explique Rémi. « Il a ensuite ressoudé à l’étain le levier de vitesses, alors qu’autour de lui, les gars se brulaient les mains et que l’on avait imbibé un chiffon de flotte pour qu’il ne prenne pas feu ! C’est là que j’ai compris qu’entre l’amateur en mécanique que je suis, et les pros, il y avait un fossé. Si Francis n’avait pas été là, je repartais bredouille de Dunières. Ce mec est exceptionnel ! »
A Turckheim, Rémi retrouvait la BMW de Joël Richard, son adversaire d’Abreschviller. Mais cette fois, c’est la Porsche du Bourguignon qui sera la plus rapide : « C’était bien d’avoir un adversaire à qui se mesurer. Là encore, ça me laisse un excellent souvenir. »
Au mois de mai, Rémi s’est engagé sur la Course de Côte de Sens-Voisine, une épreuve proche de chez lui, sur laquelle il remportait le GT de Série : « Mais sans réelle opposition, c’est nettement moins motivant que sur une épreuve du championnat », avoue-t-il. « C’est toujours plaisant de s’imposer, mais ce que je retiens avant tout, c’est que sur un tracé que je connais à la perfection, j’ai pu amener la voiture à ses limites. Cela me permet de penser qu’il me reste une grosse marge de manœuvre sur les épreuves que je ne connais pas parfaitement. »
En constante progression
A l’issue de cette saison 2015, on retrouve Rémi Courtois sur la troisième marche du podium du Challenge Open GT/2. Le Bourguignon accroche la seizième place du Championnat Production : « Si on fait un comparatif par rapport au Championnat Sport, la seizième place est celle où on retrouve Stéphane Krafft et Marcel Sapin. Ça peut paraitre anecdotique, mais c’est rassurant de voir que je me situe au niveau de pilotes aussi expérimentés. » Compte tenu du matériel dont il dispose, Rémi pouvait difficilement prétendre à un meilleur résultat. Cette année, il a pu se rapprocher au plus près des chronos signés par Dominique Vuillaume lorsqu’il évoluait avec cette voiture. Ce qui est bien évidemment un autre motif de satisfaction.
On le voit, Rémi Courtois a vécu une fabuleuse année, due également au fait qu’il règne au sein du GT de Série une excellente ambiance, qui lui donne envie de retrouver ses adversaires sur les week-ends de course : « J’ai eu aussi la chance de bénéficier des conseils avisés de Dominique Vuillaume et de Francis Dosières, qui affichent une énorme expérience et ne sont jamais avares lorsqu’il s’agit de me donner des informations. » Dans son évolution, à partir de la mi-saison, Rémi a également adoptée la caméra embarquée : « Ce que je considérais comme un gadget, est en fait un outil fabuleux pour corriger tes erreurs. Ça m’a permis de nettement mieux bosser durant les courses. »
Rémi sait que s’il peut assouvir pleinement sa passion, il le doit aussi à ses proches, qui acceptent sans rechigner ses absences et son implication dans le sport automobile : « C’est plus qu’un remerciement que je dois leur rendre. A Flavie, mon épouse, et à mes enfants Théo, Marion et Lilou. Un grand merci également à Alain Chapuis, mon ancien navigateur, qui me suit sur les épreuves. Je profite de l’occasion pour remercier l’ensemble de mes partenaires, ainsi que Francis Dosières qui était là pour la préparation de ma saison, et sans qui je n’aurais pas terminer certaines courses. »
Lorsque on évoque le nom de Francis Dosières, revient à l’esprit de Rémi une anecdote qu’il relate non sans une certaine émotion : « C’était sur la Course de Côte des Beaujolais-Villages. Le samedi soir, je partais dormir lorsque j’ai reçu un appel de Francis m’intimant de revenir rapidement à sa structure. Il n’a rien voulu me préciser, et je suis revenu, un peu inquiet. Quand je suis arrivé, tout le monde affichait un large sourire. Je me suis alors aperçu que ma voiture était décorée avec des inscriptions où on pouvait lire ’’Bonne Fête Papa’’. Ma femme et mes enfants étaient là, ils m’ont fait cette surprise. C’était génial ! »
Le Bourguignon ne peut oublier également ceux qui ne sont plus là : « J’ai une pensée particulière et je veux remercier ceux qui nous ont quitté cette année. Ce sont tous des passionnés qui étaient hyper investis et qui ont œuvré sans relâche pour la discipline… On s’amuse, on profite, mais on ne les oublie pas ! »
Difficile pour Rémi d’évoquer l’avenir. Il est en effet dépendant de son emploi du temps qui, compte tenu de l’état d’urgence décidait suite aux attentats, est particulièrement chargé. Fonctionnaire de police, il se doit de faire preuve d’une totale disponibilité en fonction des événements. « Mais il est évident que mon souhait le plus cher est de repartir pour une nouvelle saison. En revanche, je ne sais pas si ce sera au volant de la Porsche 996. Il est clair que si les projets que je souhaite mener à bien se réalisent, auquel cas je changerai peut-être de monture. »
Impossible pour Rémi de ne pas conclure par un clin d’œil. Il est cette fois destiné à Dominique Vuillaume : « Il a connu quelques déboires cette année avec sa voiture, et quand il voit que son ancienne auto fonctionne comme une horloge, il me demande systématiquement de me la racheter. Qu’il sache que pour un peu moins de 100.000 euros, elle est à sa disposition », lâche Rémi dans un immense éclat de rire.