Deuxième des Formule Renault au classement du Championnat de France de la Montagne 2015, Régis Tref a accumulé les bons résultats tout au long de la saison. Le pilote de l’Ain aurait de quoi se réjouir, s’il ne lui manquait un petit rien, une victoire… Car si tous les observateurs de la discipline s’accordent à dire qu’il mériterait amplement d’afficher un succès à son palmarès, Régis s’est vu privé de la plus haute marche du podium à plusieurs reprises, et souvent pour un dérisoire dixième de seconde. Frustrant !
Toujours aussi discret dans la vie que bouillonnant derrière le volant, Régis Tref n’avait pourtant que des ambitions raisonnées en début de saison : « L’intention pour moi était d’aller titiller Antoine (Betzel) et Didier (Chaumont). Je n’avais pas pour prétention de les devancer, mais au moins de leur mettre la pression », confie Régis toujours très humble lorsque l’on évoque ses objectifs.
Des débuts de mauvais augures
La manche d’ouverture du championnat lui laissait un goût amer, car si d’entrée de jeu le pilote de Jassans-Riottier se mettait en valeur, il ne parvenait pas par la suite à concrétiser. Sur cette Course de Côte de Bagnols-Sabran, lors des essais, Régis était le plus rapide des pilotes évoluant en Formule Renault. Malheureusement, dimanche, victime d’une sortie de route, il n’était pas en mesure de confirmer sa bonne prestation de la veille : « J’avoue avoir été surpris de ma performance en début de meeting. J’étais vraiment en confiance samedi soir, et bien évidemment je ne peux être que déçu de l’issue de cette course. »
Voiture réparée en un temps record grâce au travail fourni par les hommes du Krafft Racing, Régis se présentait au départ du Col Saint-Pierre avec la ferme intention de rééditer les chronos de Bagnols-Sabran. Mais cette fois, il allait connaitre le scénario inverse : « Je n’étais absolument pas dedans tout au long du week-end. Au départ de la dernière montée, je me suis dit qu’il fallait impérativement que je me lâche, et là je suis parti à l’attaque. » Payant, puisque Régis signait le deuxième temps, à seulement un dixième de son équipier, Antoine Betzel : « Je me suis surpris de faire une telle montée. Finalement j’ai pris conscience que ma sortie de route sur l’épreuve précédente, loin de faire perdre mes moyens, m’avait certainement permis de mieux cerner les sollicitations d’un tracé comme le Saint-Pierre. »
A Abreschviller, Régis Tref retrouvait ses adversaires habituels, Antoine Betzel et Didier Chaumont. Son compagnon de team signait en Lorraine son troisième succès de la saison, devant le viticulteur Bourguignon, Régis complétant le podium de la Formule Renault : « Ce fut pour moi plus difficile. Le tracé est court, et il faut vraiment réaliser la course parfaite pour s’imposer », analyse-t-il. « J’ai dû mal à comprendre les exigences de ce tracé. Je roule au feeling, et ce n’est peut-être pas la meilleure manière d’aborder cette épreuve où il faut faire preuve d’une précision d’horloger. »
Nouveau podium à La Pommeraye, où cette fois Régis se voyait à nouveau devancer d’un dixième de seconde, par Estel Bouche qui accroche la deuxième place : « Estel était redoutable sur ce tracé, et là encore, je me fais devancer sur la troisième montée. C’est d’autant plus frustrant que j’adore cette épreuve. »
La Course de Côte de Saint-Gouëno permettait aux pilotes du Krafft Racing de réaliser un doublé, avec un nouveau succès d’Antoine devant Régis : « Je ne peux être que satisfait du résultat car nous étions nombreux en Formule Renault, et que nous nous retrouvions confrontés à des pilotes locaux toujours rapides sur leur épreuve », commente le Jassannais. « Et puis je roule plutôt bien sous la pluie, et je pense que la météo m’a avantagé. Pour ce qui est du résultat final, j’étais en tête avant la dernière montée, mais Antoine me devance sur l’ultime confrontation. Stéphane (Krafft) a su trouver les mots pour le booster, même s’il m’a avoué par la suite qu’il ne pensait pas qu’Antoine aurait pu aller chercher un tel chrono, puisqu’il me bat de plus de deux secondes. »
Comme de nombreux Montagnards, Régis Tref adore la Course de Côte des Beaujolais-Villages. Mais l’épreuve ne semble pas vouloir lui sourire : « Je n’arrive pas à passer correctement l’épingle. Ensuite, j’ai du mal à rentrer aussi fort que je le devrais dans ’’le portail’’, je freine trop tôt. Sur le reste du tracé, je suis bien, mais le temps perdu à l’épingle et au portail me pénalise », confie Régis qui, à Marchampt, se classait cinquième des Formule Renault.
Le fameux dixième manquant allait encore empêcher Régis de s’imposer à Vuillafans, où il est une nouvelle fois devancé par Antoine Betzel : « C’est une de mes épreuves préférées. La troisième montée a été annulée, et Antoine me devance sur la deuxième montée, qui sera bien évidemment la dernière du week-end. C’est comme ça ! »
La course de Dunières n’était pas inscrite au calendrier de Régis Tref, qui décidait en milieu de cette saison de se rendre sur l’épreuve auvergnate : « Je suis venu à Dunières avec comme objectif de marquer des points pour le championnat. Après le zéro pointé de Bagnols, j’avais besoin de scorer », explique-t-il. Antoine Betzel absent, c’est Didier Chaumont qui se présentait comme son principal adversaire, et qui finalement allait de devancer : « C’est la première fois que je disputais cette épreuve sur le sec, et je savais que Didier était très performant sur ce tracé. Ma deuxième place me satisfait pleinement. »
Régis Tref aura quelques difficultés à se mettre en avant sur la Course de Côte de Chamrousse, où on le retrouve à la cinquième place des Formule Renault : « Je ne m’explique pas vraiment pourquoi je n’étais pas mieux. Je pense que j’ai du mal sur les épingles, et sur ce genre de tracé ça me pénalise. Selon moi, il faut que je m’améliore au freinage, c’est le point sur lequel je pèche. »
Il faudra attendre Turckheim pour que finalement Régis Tref parvienne à devancer son compagnon de team. Une satisfaction, même si cette performance ne lui permettait pas de s’imposer, deux autres Formule Renault se classant devant lui : « Vraiment j’adore ce tracé, ce fut une belle course pour moi, et je suis content de terminer cette saison sur un bon résultat. Cette fois, pour 55 millièmes je suis devant Antoine, mais j’ai devant moi Pierre Mayeur et la Caparo de Frédéric Ehrhardt, qui étaient intouchables. »
Un succès à Coligny
La victoire, Régis peut aller la chercher. Il l’a prouvé à Coligny où il place sa Tatuus au quatorzième rang du classement scratch, en tête de sa classe : « J’ai pu livrer un beau combat à Pierre (Vian) qui est un redoutable adversaire, et je suis satisfait de m’imposer sur une épreuve que j’apprécie particulièrement. »
Pour terminer la saison, Régis Tref participait à l’épreuve organisée par Stéphane Krafft, la Course de Côte du Circuit de Bresse. Antoine Betzel s’imposait du côté des Formule Renault, et Régis se classait troisième, devancé cette fois par Sarah Louvet, pour un dérisoire écart de 29 millièmes de seconde : « Sarah sera à n’en pas douter une cliente redoutable l’an prochain, elle me devance à la dernière montée... Pour ma part, je suis tout de même satisfait car je termine devant des pilotes très performants. »
Le syndrome de la troisième montée
Les observateurs sont unanimes. Régis Tref compte parmi les meilleurs pilotes en Formule Renault, même ses adversaires le confient, il est incontestable qu’il mérite un succès dans la catégorie. Cela n’a pas voulu sourire cette saison. Alors qu’à plusieurs reprises il occupait la tête de la classe DE/7, Régis s’est vu devancer sur la dernière montée de course. Un syndrome de la troisième montée difficilement explicable, mais qui pourrait saper le moral des plus aguerris : « Il est clair que j’ai vécu une saison autant frustrante que décevante », estime Régis qui se classe tout de même deuxième des Formule Renault au championnat : « A plusieurs reprises, j’ai signé les meilleures performances de la catégorie lors des essais, et ensuite, j’ai souvent terminé à quelques dixièmes de la première place en étant devancé lors de la troisième montée. C’est parfois difficile à accepter, même si c’est la course. La plus grosse déception vient du fait que je ne sois pas parvenu à en gagner une. J’ai toujours été très près, et terminer en étant bredouille d’une victoire en championnat, c’est rageant. »
Si tout n’a pas été facile sur la piste, Régis a malgré tout vécu une superbe saison, entouré par les membres du Krafft Racing et tous ceux qui l’ont accompagné : « Je remercie pour cela mon beau-père, Serge Papillat, qui me suit sur toutes les épreuves. Merci bien évidemment à toute l’équipe du Krafft Racing et également à mes partenaires, les Transports Anglezan qui se situent à Villefranche-sur-Saône, le Contrôle Technique Gonnet à Frans dans l’Ain, et le Garage du Marmont à Jassans-Riottier. Un merci tout particulier à mon épouse, Sindy, qui me laisse vivre pleinement ma passion. »
2016, la Formule Renault plus ouverte que jamais
Exit Antoine Betzel et Régis Tref, les pilotes du Krafft Racing ne devraient logiquement pas défendre leurs chances en 2016 sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne. Deux absences qui laissent la voie libre aux nombreux prétendants de la catégorie : « Nous avons en effet décidé de nous tourner vers le circuit. Avec Antoine et Stéphane, nous devrions partager une Norma dans le cadre du Championnat TTE », explique Régis.
Montagnard un jour, montagnard toujours… il y a de fortes chances que l’on retrouve Régis sur des courses de côte dans le futur. Le pilote de l’Ain ne cache pas son affection pour la discipline, et sait qu’il aura beaucoup de mal à la délaisser : « Aujourd’hui, ma Tatuus est à la vente, et si je ne parviens pas à trouver un acquéreur, il y a de grandes chances que je participe à quelques courses de côte la saison prochaine », conclut-il.