Auteur de bons résultats en fin de saison au volant de son TracKing, Julien Adoir accroche finalement la quatrième place du Challenge Open CM à l’issue de sa première campagne sur le Championnat. De quoi afficher de réels espoirs pour l’avenir.
Au sein de la famille Adoir on ne trouvait, alors que Julien était enfant, d’acteur du sport automobile. Mais la passion était bien présente et se traduisait lors des week-ends passés en spectateurs sur le bord des spéciales et les pentes des courses de côte. Nathalie et Jean-Louis, les parents de Julien, se rendaient régulièrement sur les rallyes de Bourgogne, et Julien était systématiquement du déplacement. Il aura l’occasion d’assister également à de nombreuses courses de côte et ne tardait pas se prendre de passion pour cette discipline.
Mais l’adolescence de Julien sera marquée par une période douloureuse, qui le tiendra éloignée des courses pour faire face à d’autres épreuves : « A 13 ans j’ai été très malade puisque j’ai eu une leucémie », confie Julien. « Mes parents étaient à l’époque en très bon terme avec Alain Farey qui était un animateur de courses de côte, et qui pour me sortir de mon quotidien et de la chimiothérapie, m’écrivait quasiment toutes les semaines pour me raconter ses courses. Cela me faisait énormément de bien et ne pouvait qu’accroitre ma passion », évoque Julien qui ne manquait pas dès qu’il le pouvait d’aller voir sur les épreuves ce pilote devenu un ami. « Cela m’a permis de tisser des liens avec de nombreux acteurs de la discipline, et j’ai pu côtoyer alors Bernard Chamberod, Lionel Régal et toutes les stars de la course de côte de cette époque. »
D’ailleurs, c’est au côté de Lionel Régal que Julien Adoir fera ses premiers pas. En 2006, à tout juste 16 ans, il intégrait en qualité de mécanicien le team du quintuple Champion de France de la Montagne : « J’ai été de l’aventure de 2006 à 2010 », rappelle Julien qui garde des souvenirs impérissables et particulièrement émouvants de cette période.
L’envie d’essayer de maîtriser les techniques de pilotage incitait Julien à faire l’acquisition d’un karting, avec lequel il roulera en loisir, mais avec l’idée un jour de pouvoir s’installer derrière le volant d’une voiture de course et d’évoluer en course de côte : « Et puis après la disparition de Lionel en 2010, j’avoue que l’envie s’est très vite estompée et que je ne voulais plus entendre parler de courses de côte. » Le jeune Bourguignon concentrait alors ses efforts sur le karting, et en 2011 il franchissait le pas pour prendre part à ses premières compétitions. Durant cinq ans, il animera alors le championnat de la Région Rhône-Alpes.
Mécanicien en assistance à pilote du CFM
En 2015, Julien délaissait le kart et priorisait ses activités professionnelles en créant sa propre société dont le siège social est basé en Suisse : « J’étais alors à moins de 2 heures d’Ornans où réside Cyrille (Frantz), et comme nous avions déjà sympathisé, je passais le voir de temps en temps. Un jour alors qu’il m’avait juste invité à boire un café, à l’issue d’une discussion il m’a proposé de le suivre sur les épreuves. A partir de 2015 j’ai donc à nouveau officié comme mécanicien. » Julien suivra Cyrille Frantz jusqu’en 2022, année où il décidait de se lancer à son tour dans la course.
Mais les débuts de Julien Adoir en course de côte seront antérieurs à 2022, puisqu’en 2017 il prendra part à quatre courses au volant d’une Formule Renault de 2005, louée à Cyrille Frantz : « J’ai participé à ma toute première course de côte à l’occasion de l’édition 2017 d’Hébécrevon. » On le retrouvera ensuite, toujours au volant de cette monoplace, à Saint Gouëno, Marchampt et sur le Mont-Dore. « Dans l’idée, je préférais débuter sur des épreuves du championnat qui offrent en principe des tracés plus larges que ceux que l’on trouve en régional. »
Son implication dans sa société lui laissant peu de temps libre, Julien continuera à épauler Cyrille Frantz sur les épreuves mais ne poursuivra pas son implication en tant que pilote. Mais présent en 2021 à Braga au Portugal lors des FIA Hill Climb Master, le Bourguignon avait alors un déclic et entamait une réflexion sur la possibilité de s’investir sur la discipline : « Ma boîte était lancée, je pouvais m’accorder un peu de temps et je me suis dit qu’il fallait que je saisisse l’occasion de rouler avec ma propre voiture. » Son choix se portait alors sur un TracKing, « une auto que j’avais depuis longtemps en ligne de mire », reconnait-il. « Fabien (Bourgeon) est un pote d’enfance, et cette voiture est magnifique. La première fois que je l’ai vue je me suis dit qu’il fallait qu’un jour je sois à son volant. »
Début 2022 Julien faisait alors l’acquisition de l’ancien TracKing de Maxime Dojat pour débuter sa saison sur les Teurses de Thèreval – Agneaux : « Je serai ensuite au départ de Vuillafans, Dunières, Marchampt et une nouvelle fois du Mont-Dore. » Initialement, Julien avait prévu un programme un peu plus étoffé, « mais la grosse sortie de route de Cyrille sur le Mont-Dore m’a stoppé dans mon élan. »
Même si sa saison 2022 avait été réduite, Julien Adoir avait pris un réel plaisir au volant de son TracKing et trouvait alors judicieux de s’engager sur le championnat pour la campagne 2023 : « Lors de ma saison de découverte du TracKing je m’étais non seulement fait plaisir mais j’avais enregistré de plus quelques bons résultats. J’avais également trouvé que l’ambiance était excellente tant dans le paddock qu’avec mes adversaires sur la piste… De quoi être motivé pour tenter l’aventure. »
A la découverte du championnat
Sachant qu’il allait devoir découvrir de nombreux tracés lors de cette saison 2023, Julien Adoir se devait d’afficher des prétentions limitées : « Je voulais avant tout me faire plaisir et découvrir de belles épreuves et essayer d’améliorer mes chronos sur les épreuves que j’avais déjà eu l’occasion d’aborder. Et puis je savais qu’en étant en concurrence avec des garçons comme Jérôme Jacquot ou Jean-Marc Tissot et une fille comme Mylénia qui commence à rouler fort, il me serait difficile de jouer devant. »
Equipé d’un nouveau moteur dans une version 2019, Julien Adoir pouvait donc débuter sa saison sur la manche d’ouverture du championnat, la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « J’avoue que j’avais une certaine appréhension due à l’étroitesse de la route et je reconnais que sur les premières montées ça surprend un peu, on prend vite conscience qu’il faut rester au milieu de la route », analyse le Bourguignon. « Mais rapidement je me suis senti à mon aise, sans pour autant attaquer à outrance parce que c’était le premier rendez-vous de la saison et que je gardais à l’esprit qu’il n’y avait pas de garde-fous sur ce tracé. Et puis quand tu t’investis sur un championnat tu n’as pas la même approche que lorsque tu cours au coup par coup. » La découverte de la Course de Bagnols se soldait par une sixième place dans une classe CM particulièrement étoffée, et ce malgré un souci de pneumatiques : « J’avais mis un train de pneus neufs et j’ai joué de malchance parce que les pneus arrière se sont complètement ouverts, et de ce fait je n’ai pas pu rouler avec des gommes neuves de tout le week-end. »
Le Col Saint-Pierre reste de l’avis général des pilotes l’épreuve la plus difficile à assimiler. En ce début de saison 2023, Julien Adoir découvrait le tracé cévenol et confirmait que si la course était magnifique elle n’en était pas moins complexe : « C’est vraiment une très belle épreuve, bénéficiant d’une très bonne organisation et je ne me vois pas ne plus y participer. Les sensations sont assez folles et l’ambiance au sein du village de Saint-Jean-du-Gard est très sympa. Ce fut une belle découverte qui met en confiance sur un tracé nettement plus large que celui de Sabran. »
La série de découverte se poursuivait à Abreschviller où Julien Adoir lançait pour la première fois son TracKing : « C’est une découverte bien moins surprenante que les deux précédentes. Le parcours est court et tu sais à quoi t’attendre. Compte tenu des premiers résultats, j’espérais accrocher le podium, mais Jean-Marc (Tissot) s’est montré très rapide en fin de week-end, et je suis finalement très content de terminer à la quatrième place », confie Julien qui se place derrière trois autres TracKing au volant desquels on retrouvait Maxime Dojat, Anthony Darand et Jean-Marc Tissot.
Ce premier bon résultat sera suivi d’autres belles prestations de la part de Julien Adoir qui, à Marchampt, jouait les premiers rôles dans sa classe. Au final, il repartait du Beaujolais avec une deuxième place en CM derrière la Jad LW01 de Lionel Jacob : « J’avoue que le bilan est tout de même amer parce que j’étais en tête à l’issue de la première montée d’essais, que je signe le meilleur temps sur la deuxième montée de course, que je pointe en tête de la classe après la troisième ascension, et que sur la dernière il me repasse devant pour s’imposer de sept dixièmes », se souvient Julien. « Je suis fautif parce que j’ai commis une erreur de débutant. Persuadé d’avoir course gagnée, j’ai retiré mes pneus neufs pour l’ultime ascension, et finalement je suis parti en tête-à-queue et Lionel m’est passé devant. J’avoue que c’est un poil frustrant d’autant que Marchampt est mon épreuve de cœur, et que pour l’occasion étaient réunis la famille, les copains et les partenaires… Ça fait partie de la course et j’ai beaucoup appris ce week-end-là. »
C’est une nouvelle fois à la deuxième place que l’on retrouvait Julien Adoir à l’arrivée de Vuillafans. Le Bourguignon était devancé par celui qui cette saison allait remporter le Challenge Open CM, Jérôme Jacquot : « J’avoue que depuis que je m’intéresse à la Course de Côte, je me suis toujours demandé si un jour je serais capable de m’aligner à Vuillafans tant le parcours m’impressionnait », reconnait Julien. « Finalement lors de ma première participation en 2022 ça s’était plutôt bien passé et en 2023 encore mieux. Le chrono est au rendez-vous et je suis très content de cette deuxième place. »
Le duel avec Jérôme Jacquot se poursuivait à Dunières, et si le Gardois avait assez largement imposé son Speed Car GTR en Franche-Comté, sur ce rendez-vous auvergnat Jérôme ne devancera Julien que de 199 millièmes au cumul des deux meilleures montées : « Lors des essais je n’étais pas dedans alors que Jérôme et Loïc (Hebinger) étaient à la lutte. Là je me suis dit que ça serait bien si je parvenais à accrocher la troisième place. Mais dimanche j’ai fait ma course et j’ai senti que dans la troisième montée je faisais quelque chose de pas trop mal mais qui pouvait encore être amélioré. J’ai alors travaillé mes caméras embarquées et sur la dernière je signe le meilleur chrono du week-end en CM, et je passe de la troisième à la deuxième place. J’avoue que là j’étais plutôt content de ma prestation, d’autant que c’est pour moi surprenant de me demander en début de week-end si j’allais y arriver pour finalement repartir avec le meilleur chrono. »
A l’issue de trois épreuves radicalement différentes, qui demandent des approches spécifiques, Julien Adoir se positionnait par trois fois au deuxième rang. On pouvait alors envisager que le Bourguignon ne tarderait pas à signer un premier succès. Il viendra dès l’épreuve suivante, sur la Course de Côte de Chamrousse où il plaçait son TracKing devant le Silver Car de Frédéric Breysse et les TracKing de Frédéric Assenault et Jean-Marc Tissot : « J’avoue que même si je découvrais le tracé de Chamrousse, j’avais mis un petit billet sur cette épreuve parce que j’avais bien travaillé en amont et fait de bonnes reconnaissances la semaine précédente », commente Julien. « Ça s’est bien passé, je me suis senti à mon aise et je pense avoir bénéficié du fait que j’avais un train de pneus neufs alors que les autres n’en avaient pas forcément », reconnait-il en toute honnêteté. « Il y a juste un seul bémol parce que j’aurais bien aimé améliorer sur la dernière ascension, et je suis tombé en panne », confie Julien qui signait là sa toute première victoire en CM
La conclusion de la première saison sur le Championnat de France de la Montagne de Julien Adoir avait pour cadre la Course de Côte de Limonest que le Bourguignon découvrait : « Je termine quatrième et honnêtement j’espérais mieux… Les essais ne sont pas très bien passés puisque dès la première montée je monte sur le talus en abordant le virage du Fort, ce qui était certainement dû a un excès d’optimisme sur une route encore grasse. Je ne fais pas de dégâts si ce n’est une lame avant que je pourrais remplacer grâce à l’aide de la famille Dojat. J’avoue que par la suite j’ai eu du mal à rentrer dans le rythme après ce qui était ma toute première sortie », explique Julien. « Et puis après la victoire de Chamrousse j’estimais avoir été au-delà de mes objectifs sur le championnat, et sur le dernier rendez-vous de la saison je me suis certainement un peu trop relâché. Sachant que je voulais impérativement ramener la voiture en entier, après l’alerte des essais j’ai préféré faire preuve de prudence », ajoute Julien qui termine quatrième de sa classe sur l’épreuve rhodanienne.
Quatrième du Challenge Open CM
La première saison de Julien Adoir sur le Championnat de France de la Montagne se solde par une quatrième place sur le Challenge Open CM, ce qui peut-être considéré comme une excellente position pour quelqu’un qui découvrait le CFM : « Trois fois deuxième, une victoire à Chamrousse, les résultats sont là mais je trouve que la quatrième place ne récompense pas réellement mes prestations. C’est un championnat, c’est comme ça, donc le bilan est largement positif pour quelqu’un qui n’avait pas d’ambitions particulière au départ. J’avoue que c’est rageant de louper le podium, mais la satisfaction est largement là », analyse Julien qui, rappelons-le, découvrait la majorité des épreuves et sera absent d’une campagne de l’Ouest où la plupart des prétendants aux titres vont chercher des gros points.
Cette excellente saison de découverte a été possible grâce aux soutiens dont a pu bénéficier Julien Adoir : « Mes premiers remerciements vont vers mes parents (Nathalie et Jean-Louis) qui ont déplacé mon camping-car et ma remorque sur l’ensemble des épreuves et qui ont assuré mon assistance. Un grand merci également à mes partenaires : Matit Industrie (Pierre Petit), Outrun Motor Company, Cleancars, Swisswash. Je n’oublie pas les organisateurs des épreuves du championnat ainsi que les commissaires, et je remercie chaleureusement les familles Bourgeon, Dojat et Tissot. Avec Jean-Marc (Tissot) nous avons partagé de très bons moments lors des week-ends sur les épreuves et je suis très content d’avoir un concurrent tel que lui. »
Il n’est évidemment pas question pour Julien Adoir d’en rester là. Sa belle prestation de la saison 2023 l’incite à rééditer l’expérience en 2024 : « Je vais repartir avec le TracKing pour un programme similaire auquel je vais essayer d’ajouter une ou deux épreuves de la campagne de l’Ouest », conclut Julien qui sera donc un des animateurs de la classe CM cette année.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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