Cela fait de nombreuses années, que lorsque l’on consulte les classements du Championnat de France de la Montagne, le nom de Pascal Cat figure dans le top 10. Cette saison encore, celui qui reste la référence en Groupe N, termine sa campagne de France au dixième rang, deuxième de son groupe.
85 victoires en groupe N à son palmarès à l’issue de la saison 2019, neuf Trophées FFSA de ce même groupe, Pascal Cat reste à n’en pas douter l’homme à battre. Ce n’est pourtant pas en cador du Championnat que se présente le pilote à la Mégane. Sa combativité et égale à son humilité, et il faut souvent le pousser dans ses retranchements pour qu’il daigne évoquer une once de talent.
Pourtant, cette saison encore, il était attendu par les animateurs du Groupe N qui, pour la plupart aux volants de vénérables BMW M3, espéraient bien venir à bout de la Renault. Car il est vrai que si Pascal prend au fil du temps la mesure de sa Mégane R.S., il ne maîtrise pas encore totalement le potentiel de sa nouvelle arme, comme il pouvait le faire lorsqu’il affrontait les épreuves du Championnat avec sa M3 à la magnifique livrée rouge.
Pascal et la Mégane en constante progression
C’est en toute honnêteté que Pascal reconnait que s’il y a encore de petites améliorations à apporter à sa Mégane, c’est surtout sur le bonhomme qu’il va falloir travailler : « Contrairement à ce que j’ai connu avec la BMW, avec la Mégane je pense ne pas encore avoir trouvé les limites de la voiture. Il faut encore que je parvienne à accroitre le capital confiance à son volant », analyse-t-il.
En sport automobile, pour vaincre il faut souvent trouver le bon compromis, pour Pascal Cat, cela passe par des réglages qui l’obligent à une certaine adaptation : « Pour cette saison, Renault Sport m’a rendu une auto plus performante en ligne droite, mais c’est au détriment de sa docilité sur les appuis. L’auto est un peu plus brutale, il faut que je m’adapte à ce phénomène, qui m’a notamment dérangé sur un tracé comme celui de Bagnols-Sabran… Pour être clair, la pression du turbo monte plus rapidement qu’auparavant, c’est un avantage en ligne droite, mais cela m’oblige à aborder les courbes sur un rapport de boite supplémentaire pour calmer l’auto. L’auto dispose de tellement de couple, qu’en quatrième ça accélère autant qu’en troisième. »
La crise sanitaire n’a en rien gêné la préparation de Pascal qui avoue toutefois que la longue pause a un peu rouillé certains automatisme : « Je n’ai absolument pas roulé depuis la fin de la saison 2019, il m’a donc fallu retrouver le rythme lors des premières montées sur le Mont-Dore. »
Son palmarès et ses références en groupe N obligent quasiment Pascal Cat à se fixer comme objectif de remporter le titre. Il abordait donc cette nouvelle saison en quête d’un dixième trophée, même s’il savait que les épreuves inscrites au calendrier ne seraient peut-être pas à son avantage : « Je pensais réellement être bien à Bagnols-Sabran et moins bien sur le Mont-Dore et Turckheim, et finalement ce fut radicalement l’inverse » confie Pascal qui ne cache pas qu’il manque parfois de régularité : « Il y a des matins où je me lève en étant très motivé, d’autres où j’ai plus de mal, je manque un peu de cohésion, et la fourchette de mes performances est parfois trop importante puisque je peux aborder un passage à 100 km/h et le lendemain lâcher 10 km/h, ce qui n’est jamais très bon. Je reste un pilote amateur, qui au mieux est à 95% et parfois à seulement 85 % », analyse Pascal en toute humilité, et en en occultant que nombre de pilotes aimeraient bien passer aussi vite que lui dans certains secteurs.
Une 86ème victoires à Turckheim
La montée d’essais qui se déroulait le samedi sur les pentes du Mont-Dore permettait à Pascal de se familiariser à nouveau avec l’environnement de sa Renault Mégane R.S avant d’attaquer la course. Mais le lancement sur la première montée allait être le théâtre d’une petite déconvenue : « Je dispose d’un frein à main hydraulique que j’utilise lors de la procédure de départ. N’ayant plus de crémaillère sur le frein à main, j’utilise un petit loquet qui permet de caler la voiture à l’arrêt. Mais quand j’ai relâché le frein à main au départ, le loquet censé être inopérant a fait son office. Malheureusement, il faut les deux mains pour ôter le loquet, de ce fait j’ai calé sur la ligne de départ après avoir franchi la cellule, et j’ai perdu là une vingtaine de secondes. »
Cette déconvenue allait obliger Pascal à assurer sur la seconde montée, histoire de signer un chrono et de ne pas d’entrée de jeu griller un joker : « Mais je ne me faisais guère d’illusion sur l’issue de la course. Les années précédentes, face aux BMW, c’est sur les épreuves du Mont-Dore et de Turckheim que j’avais eu le plus de mal avec la Mégane. De ce fait, j’abordais le Mont-Dore avec des pneus usagés car j’estimais qu’il n’était pas judicieux d’user des gommes sans garantie de résultats. » Deuxième du Groupe N derrière Sébastien Lemaire, Pascal acceptait facilement son sort, sans réelle frustration.
La course de dimanche, en revanche, sera à l’origine d’une petite frustration, car si Pascal termine à nouveau deuxième, l’écart qui le sépare de Sébastien Lemaire n’était alors que de cinq dixièmes de secondes : « Et là j’ai un peu regretté de ne pas avoir de gommes neuves pour jouer la gagne. C’est comme ça ! ... Après, alors que mon meilleur temps avec la Mégane était en 2’’59, je signe cette année un 2’58’’878. C’est réjouissant, même si je suis loin des 2’55’’ obtenus avec la BMW. »
Dans l’esprit de Pascal Cat, c’est à Turckheim qu’il estime avoir le mieux roulé durant cette courte saison. D’ailleurs, sur l’épreuve alsacienne, c’est lui qui le samedi viendra imposer sa Mégane en tête du Groupe N : « J’étais dans un bon week-end, on peut toujours mieux faire, mais c’était pas mal », se contente-t-il de dire.
Dimanche, Pascal tentait de réaliser un doublé en allant chercher un second succès consécutif, « mais j’ai eu un petit souci avec la quatrième qui décrochait. Le problème est survenu à deux reprises à l’accélération, ce qui me fait perdre quelques dixièmes de secondes. Mais ce n’est pas ça qui fait l’écart sur Sébastien (Lemaire) », avoue Pascal en toute honnêteté, alors qu’il échouait à une seconde quatre de son adversaire. « Mais en comparaison avec mes chronos de l’an dernier où j’étais en 3’17’’, là je suis en 3’’13, ce qui est une progression rassurante. »
Pascal Cat attendait beaucoup de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, qui offre un terrain de jeu favorable à sa Mégane. Mais le recordman de victoires en groupe N reconnait qu’il n’a pas su assez rapidement trouver la bonne manière d’aborder la course : « J’aurais dû passer de nombreux virages en étant non pas sur un, mais deux rapports au-dessus de la BMW. Il faut vraiment être sur un rapport presque trop haut pour que la Mégane soit docile sur les appuis… A la sortie du petit pont, je suis à 2300 tours, ce qui peut paraitre dérisoire quand tu sais qu’avec la BMW j’étais à 7500. Mais la Mégane a tellement de couple que tu peux te le permettre. L’approche est donc radicalement différente, je l’ai intégré trop tard. »
Dimanche, Pascal terminait à nouveau à la deuxième place, mais réduisait l’écart qui le séparait du vainqueur : « Je ne suis pas très content de moi, car je refais mon chrono de 2017 avec une auto qui est censé aller plus vite. Il aurait fallu continuer la course le lundi, j’aurais pu être plus performant », plaisante Pascal.
2021, toujours en Mégane
Le record de succès en Groupe, que Pascal porte aujourd’hui à 86 victoires, n’est pas prêt d’être égalé… Pour ce qui est du bilan de cette saison 2020, c’est au deuxième rang du groupe, 10ème du Championnat et 6ème du Championnat 2ème Division que l’on retrouve Pascal Cat : « Ce fut un championnat un peu spécial, pas très long, même s’il reste représentatif car Sébastien méritait de gagner et moi d’être deuxième. Il m’aura toutefois permis de tirer des enseignements sur l’auto, et surtout de rouler et de retrouver tous les gens que l’on apprécie dans cet univers du Championnat de France de la Montagne. »
Parmi les gens que Pascal était heureux de retrouver, il y a ceux qui l’accompagnent chaque année sur le Championnat : « Un grand merci à toute mon équipe d'assistance, à Bernard, Morane, Christine, Lydie et Emilie. Merci également à mes partenaires, KSK Transports Logistiques, Yacco Lubrifiants, Garage Rendu, Assurances Aviva, Garage Gerdy, Carxpert, Enseigne EB et Mag Auto. Un grand merci à Renault Sport, Michelin et Accrorace pour leurs soutiens techniques. »
S’il n’est pas du genre à se mettre en avant, Pascal Cat en revanche ne tarit pas d’éloges lorsque l’on évoque les prestations de sa fille Morane, dont il n’est pas peu fier. Une fierté légitime lorsque l’on voit ce que la jeune femme a réalisé sur la Course de Côte de Tonnerre. Sur cette épreuve, Morane Cat Mackowiak partageait la Porsche 997 GT2 de Philippe Marion. Un temps leader du Production, Morane devait s’incliner suite à un souci mécanique qui la prive de la dernière montée. Elle termine finalement deuxième des Production et devance Philippe Marion : « Avec le peu d’expérience qu’elle a, signer de tels chronos avec une auto de 600 chevaux, j’avoue que c’est assez bluffant », reconnait le papa qui ne fut pas le seul à être épaté par la performance. « Je voulais surtout qu’elle se fasse plaisir et qu’elle ramène l’auto à l’arrivée. Et au final, elle ramène en supplément un superbe résultat. C’était courageux, même si le plus courageux dans l’histoire ça reste Philippe (Marion) qui lui a confié son auto », estime Pascal dans un large sourire.
Pas de grosses surprises concernant 2021, Pascal Cat sera une nouvelle fois de la partie, toujours en Groupe N, avec la ferme intention de se battre pour tenter d’accroitre son record de victoires et de décrocher si possible un dixième trophée de groupe : « Concernant un éventuel changement de voiture, il est à mon sens urgent d’attendre », estime Pascal. « Avec les réglementations qui risquent de changer, je ne sais pas comment les choses vont évoluer. De ce fait, pour le moment je conserve la Mégane sur laquelle il y a encore un petit potentiel à extraire et sachant qu’en ce qui me concerne je pense encore pouvoir progresser au volant de cette voiture. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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