Voilà plus de 20 ans que Raynald Thomas évolue en Formule 3 sur le Championnat de France de la Montagne. Et pour la troisième année consécutive, le natif de Nancy termine la saison à la quatrième place du Challenge Open F3. Vainqueur de ce même challenge en 2010, deuxième en 2014 et à nouveau sur le podium en 2013 et 2015, Raynald démontre que s’il n’a pas le matériel le plus performant du plateau, il n’en reste pas moins l’un des pilotes les plus rapides.
Depuis 2017, Raynald Thomas a troqué sa Lola B06/30 propulsée par un moteur Opel contre une Dallara F308 disposant d’une motorisation Volkswagen. Et apparemment sa nouvelle monture lui donne entière satisfaction, ce qui le motivait à se relancer en 2018 sur le championnat dans le cockpit de sa Dallara : « Je suis vraiment enchanté de l’acquisition de cette monoplace en 2017. Le moteur Volkswagen s’avère très performant par rapport à ses concurrents, et en vitesse de pointe il se confirme qu’il est plus rapide. Pour moi c’est un excellent compromis. »
L’idée de changer de monture étant totalement écartée, Raynald Thomas s’attelait durant l’intersaison a une révision complète de sa monoplace : « Je fais tout moi-même, et durant l’hiver j’ai révisé la boite de vitesses, le moteur, et j’ai apporté diverses petites finitions pour améliorer la compétitivité de l’auto. »
En quête de podium
Raynald Thomas compte de nombreux succès à son palmarès. Il a déjà eu l’occasion par le passé de terminer le Championnat en tête des F3, et a plusieurs reprises de se hisser sur le podium du Challenge Open. En 2016 et 2017, il accrochait la quatrième place du Challenge, et il fondait cette année l’espoir de renouer avec le podium : « Je savais que ce serait compliqué. Outre Alban (son frère, ndr) qui avec l’ancienne voiture de Cécile (Cante) dispose d’une auto compétitive, j’allais devoir affronter Billy Ritchen et David Guillaumard qui roulent aux volants de monoplaces plus récentes et bien évidemment plus performantes. Mais j’avoue que je pensais qu’en début de saison, ils risquaient fort d’être pénalisés par la mise au point de leurs montures, et que j’avais donc une carte à jouer. Finalement, ils ont été très rapidement dans le coup ! »
Si d’aspect, les F3 de Billy Ritchen et David Guillaumard présentent d’énormes similitudes avec celle de Raynald Thomas, ce dernier sait qu’en y regardant de plus près la technologie de ces deux monoplaces est bien plus évoluée : « Ils n’ont plus de ressorts d’amortisseurs mais des barres de torsions, il y a divers éléments plus perfectionnés qui rendent leurs autos particulièrement performantes. Alors, certes c’est tout nouveau en côte, mais apparemment cela s’avère parfaitement adapté. Contrairement à nous, ils ont de plus l’opportunité de bénéficier du soutien d’ingénieurs qui leurs apportent une aide substantielle. »
C’est à Creys, lors de la journée d’essais organisée par Creys Passion Sport Mécanique que Raynald Thomas pouvait valider les réglages de sa Dallara avant de s’élancer sur les épreuves du Championnat : « J’ai terminé le remontage de la voiture le samedi soir et j’ai pu rouler lors de la journée de dimanche. Ça permet de se faire une idée du comportement de la voiture. »
La courte journée de roulage qui précédait la première manche de la saison avait certes permis à Raynald de se faire une idée sur le comportement de la voiture, mais pas de peaufiner les réglages, notamment d’amortisseurs. C’est donc à Bagnols-Sabran qu’il allait devoir affiner le set-up de sa monoplace : « Ce ne fut pas évident. J’ai connu quelques soucis, notamment avec un moteur qui laissait entrevoir des dysfonctionnements et qui avait du mal à démarrer. J’ai un peu pris ce premier rendez-vous comme une séance d’essais grandeur nature. Et puis j’avais fait l’acquisition de nouvelles pièces auprès de Spiess. A cette occasion, on m’a donné quelques renseignements sur leur utilisation, mais on ne m’a pas dit qu’il fallait ajuster certaines paramétrages, et j’ai donc un peu galéré sur cette première épreuve. »
Un souci qui allait perdurer sur le Col Saint-Pierre, Raynald Thomas n’ayant pas eu l’opportunité de modifier les paramètres incriminés entre les deux épreuves gardoises : « Là encore, le moteur ne fonctionnait pas correctement et je n’ai pas pu exploiter la voiture comme je le souhaitais. La météo ne nous a pas aidé, avec des variations permanentes entre route sèche et tracé humide, mais ça c’était pareil pour tout le monde. Malgré tout, j’ai pu observer que la voiture disposait d’un réel potentiel, et finalement je ne suis pas mécontent de mon week-end », confie Raynald avant de laisser transparaitre un bémol : « Le classement était établi à l’addition des deux meilleures montées, ce que je ne remets pas en cause, nous avons eu l’occasion de le faire par le passé. Mais il aurait été de bon ton de disputer l’ensemble des montées de course le dimanche, car avec les changements climatiques durant le week-end, cela a faussé la donne. En clair, tout s’est joué le dimanche, et nous n’avions donc aucun joker. »
Podium en terre lorraine
Natif de Nancy, c’est donc sur ses terres qu’évoluait Raynald à l’occasion de l’épreuve lorraine d’Abreschviller. Et sur ce court tracé à la fois rapide et technique, il terminait sur le podium de la F3 en pointant derrière Billy Ritchen et David Guillaumard : « J’avais bien dégrossi mes problèmes de paramétrages électroniques, et la voiture fonctionnait bien mieux. A partir de là tout est rentré dans l’ordre et sur l’ensemble des épreuves suivantes, j’ai été en mesure d’améliorer mes chronos des années précédentes. »
Les progrès enregistrés par Raynald Thomas à Abreschviller allaient se confirmer à Marchampt où, face à une énorme concurrence, le pilote de la Dallara à moteur Volkswagen se classait cinquième : « A partir d’Abreschviller, j’ai fait jeu égal avec Ludo Cholley, un coup il me devançait, un coup j’étais devant lui. On va dire que comme en F1 les ’’ténors’’ étaient devant – Billy (Ritchen), David (Guillaumard) et Alban (Thomas) – et nous nous battions pour les accessits avec Ludo et quelques autres. On termine pas loin des premiers, j’étais donc satisfait de ma course. »
Une satisfaction qui sera également de mise à Vuillafans où à l’issue de l’épreuve Franc-Comtoise on retrouvait à nouveau Raynald au cinquième rang : « Là encore je me bats avec Ludo et je suis satisfait de ma prestation. A Vuillafans, nous sommes sur les terres de mon partenaire Jura Filtration, et je signe un bon résultat, j’avais donc de quoi être enthousiaste. »
Au Mont-Dore, Raynald Thomas allait devoir se battre tout au long du week-end avec une voiture rétive, au comportement erratique : « Le ressenti n’était pas bon, je n’étais pas en confiance avec l’auto, et sur un tracé sur lequel j’ai été victime d’une grosse sortie de route en 2014, ça compliquait les choses. Sur la dernière montée je fais d’ailleurs un tête-à-queue. Avec le recul, le problème venait de ma méconnaissance des pneus Michelin qu’Alban et moi nous découvrions à l’occasion de cette épreuve. Il fallait que nous adaptions les réglages de nos monoplaces à ces nouvelles gommes. C’est la seule course sur laquelle je n’ai pas amélioré mes chronos, c’est pour moi une grosse déception. »
Sixième des F3 sur le Mont-Dore, Raynald Thomas allait accrocher à Chamrousse une belle quatrième place, au pied du podium : « La principale difficulté venait des températures particulièrement basses qui empêchaient de faire chauffer correctement les pneus. Mais je suis content de mes temps, pas loin des trois premiers, donc je garde un bon souvenir de cette édition de Chamrousse. »
C’est à nouveau au pied du podium de la F3 que l’on retrouvait Raynald à l’arrivée de la Course de Côte de Turckheim : « Etant originaire de Nancy, Turckheim c’est un peu ma course, car pas très éloignée de ma ville de naissance. J’ai toujours bien réussi sur cette épreuve, et ça se confirme cette année avec de bons chronos. J’ai bien roulé dès les essais, pour rester dans le sillage de Billy qui, chez, lui n’allait pas ménager ses efforts. A l’issue de la première montée d’essais je pointe au troisième rang, à une seconde de Billy et d’Alban, j’étais donc dans le rythme. Tout a parfaitement fonctionné, j’ai battu mon propre record qui datait d’un petit moment, je suis ravi de mon week-end. »
« Limonest n’est vraiment pas la course que j’apprécie le plus », confie Raynald à l’heure d’évoquer la manche de clôture de la saison 2018. « Tout au long de la saison, nous travaillons conjointement avec Alban pour améliorer nos monoplaces, et je peux dire que grâce à lui, je suis parvenu à finalement limiter la casse à Limonest. Car au départ j’avoue que j’étais totalement largué », poursuit Raynald. « Je termine cinquième des F3, pas très loin de ceux qui me précédent, excepté Alban qui a marché comme un avion et qui a pris le large. Alors qu’il avait mal débuté, ce week-end se termine très bien pour moi et je suis très satisfait de mes chronos et du combat que j’ai livré à Ludo (Cholley). »
Pleinement satisfait de sa saison
Quatrième du Challenge Open F3 en 2016 et 2017, Raynald Thomas prend décidemment un abonnement à cette position au pied du podium, c’est en effet une nouvelle fois au quatrième rang qu’il conclut la saison : « Je savais qu’il me serait difficile d’aller chercher les trois premiers, même s’il était hasardeux de savoir dans quel ordre ils allaient terminer. Je sais quels sont les moyens que j’engage, et on peut donc considérer que je termine premiers ’’des autres’’, ce qui me satisfait pleinement et me fait dire que j’ai réalisé une très bonne saison. Je me suis battu avec des pilotes talentueux tels que Ludovic Cholley, Etienne Debarre ou Samy Guth, je suis vraiment content. »
Une satisfaction partagée par des partenaires qui lui sont fidèles et que Raynald tient à remercier : « Un grand merci à Bruno Bazaud de Jura Filtration, par l’intermédiaire de Hifi Filter et h-air Filter, et aux Huiles Seven. Merci également à Michelin avec qui, je me permets de le rappeler, j’ai développé il y a une quinzaine d’année la gamme de pneumatiques destinée à la course de côte. J’espère pouvoir toujours compter sur le soutien de Michelin à l’avenir, que notre collaboration soit renforcée et toujours aussi fructueuse. Merci à Olivier dont l’aide est toujours précieuse, à Benjamin, à mon fils Thibault, mon jeune fils Nathan, Eric, ma compagne Sandrine, à mon ami Didier Chaumont, pilote mais également excellent producteur de Pouilly-Fuissé, et tous ceux qui me suivent et se reconnaitront. »
Même si au fil des ans il a étoffé son palmarès, Raynald Thomas n’est pas homme à se reposer sur ses lauriers, et c’est toujours avec l’envie de constamment évoluer qu’il aborde la compétition : « Je me remets constamment en question pour tenter de comprendre dans quels domaines on peut améliorer les choses. Je sais qu’il faut que je travaille sur moi, et sur certains paramètres de la voiture. Mais cette monoplace me convient parfaitement et c’est toujours avec cette Dallara que je repartirai en 2019. Bien évidemment, je pourrais songer à faire l’acquisition d’une F3 de dernière génération, mais cela nécessite un budget dont je ne dispose pas, et qui peut sembler démesuré pour une catégorie comme la nôtre. Et puis j’ai la chance d’avoir chez Spiess des interlocuteurs à l’écoute, abordables, qui me permettent de pouvoir exploiter un moteur Volkswagen particulièrement performant… A mon avis, je devrais rouler avec cette voiture durant encore quelques années. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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