C’est en ayant dominé les débats que Sébastien Brisard obtenait ses trois premiers titres de Champion de France de la Montagne VHC Sport. Mais cette année, le Haut-Saônois a dû compter sur sa bonne étoile pour en accrocher un quatrième à l’issue d’une saison où il ne devait initialement pas jouer le titre.
Depuis ses débuts en karting en 1986, Sébastien Brisard s’est toujours partagé entre les diverses disciplines que compte le sport automobile. On a pu le voir évoluer en rallyes avec différents modèles avant qu’il ne se tourne vers les circuits et la course de côte. Après une interruption dans sa carrière sportive entre 2008 et 2018, il faisait son retour derrière le volant sur le Championnat de France de la Montagne dédié aux Véhicules Historiques de Compétition, sans toutefois délaisser les circuits. Champion de France de la Montagne VHC Sport à l’issue de la saison 2020, il coiffera deux nouvelles couronnes au termes de ses campagnes 2022 et 2023.
Sébastien Brisard apprécie autant les belles mécaniques que l’historique des voitures avec lesquelles il évolue. En 2020, c’est au volant d’une Martini MK25 qui avait connu ses heures de gloire aux mains de Guy Fréquelin que Sébastien remportait son premier titre. En 2022 une nouvelle Martini MK25 ex-Roger Damaisin viendra remplacer la précédente et permettra au Haut-Saônois de conserver son titre. Pour la saison 2023, Sébastien délaissait le groupe 8/9 pour engager une Martini MK43 dans le groupe DE. Une auto là encore chargée d’histoire puisqu’au volant de cette monoplace propulsée par un moteur 2 litres BMW, Anne Baverey avait pris part au Championnat de France de la Montagne 1987. La campagne de France 2023 sera une nouvelle fois synonyme de réussite puisque Sébastien qui coiffait une troisième couronne de Champion de France.
Fin 2023, Sébastien Brisard avait l’intention de se séparer de plusieurs de ses voitures : « Je disposais de trois autos. J’ai voulu mettre les trois à la vente afin que personne ne pense que je me débarrassais de la moins compétitive. Ensuite je comptais rouler avec celles que je ne parviendrais pas à vendre », explique-t-il. « Mais il se trouve qu’en moins d’une dizaine de jours je suis parvenu à trouver acquéreurs pour les trois voitures. »
Une nouvelle Martini MK52 pour la saison 2024
Se posait alors la question de savoir vers quoi porter son dévolu : « J’avais le choix entre terminer le montage d’une March 732 que j’avais dans le garage, mais je savais que le temps m’était compté pour remettre la voiture en configuration avant le début de saison. Ou alors je mettais une croix sur la saison et je concentrais mes efforts sur le circuit en espérant faire une paire d’apparitions en course de côte en fin d’année. » Mais au mois de janvier, Stéphane Baudin dénichait une Formule 2, une Martini MK52, et faisait part de sa trouvaille à Sébastien : « Je pensais que c’était une Formule 3, mais finalement je me rends compte que c’est une Formule 3 transformée en Formule 2 pour Nani Nerguti. C’est une monoplace qui en 1987 a participé à trois courses aux mains de Jean Alesi, qui pour être honnête n’en était pas satisfait. Mais je ne pouvais pas laisser passer une telle voiture, et je l’ai donc acheté sachant qu’elle était dans un excellent état et qu’elle n’avait jamais subi de transformation depuis l’époque où Nani Nerguti évoluait à son volant. Je disposais d’un moteur M12/7 que je me suis empressé de remonter dans cette monoplace au mois de février, afin de demander le PTH pour pouvoir courir dès le début de saison. »
Initialement la saison 2024 devait voir Sébastien Brisard participer à quelques épreuves du Championnat de France de la Montagne, sans toutefois viser un nouveau titre. En effet, le Haut-Saônois avait décidé d’axer principalement sa saison sur le circuit : « Avec Jean-Marie, mon frère, nous avions prévu de rouler dans le championnat Groupe C organisé par Peter Auto. Plusieurs manches se déroulaient durant les mêmes week-ends que des épreuves du Championnat de France de la Montagne, je savais donc que je serais absent sur plusieurs manches et que je ne pouvais donc pas prétendre au titre cette saison. »
Sébastien Brisard faisait donc l’impasse sur les trois premiers rendez-vous du Championnat de France de la Montagne VHC – Lodève, Bagnols-Sabran et le Col Saint-Pierre – et prenait part à sa première course avec sa nouvelle monoplace à Abreschviller : « Je me suis rendu compte qu’il y avait encore beaucoup de choses à revoir sur la voiture, mais j’avais le sentiment qu’elle était saine », confie Sébastien qui débutait la saison par une première victoire : « L’auto était à mon goût beaucoup trop souple, mais je me sentais tout de même très bien à son volant. »
Les succès allaient rapidement s’enchaîner avec une nouvelle victoire scratch à Saint Gouëno : « Comme à Abreschviller, je roulais avec des pneus qui dataient de 2017. Mais malgré tout j’améliore mes chronos de l’année précédente lorsque je roulais avec la Martini MK43. On avait bien travaillé sur le châssis entre Abreschviller et Saint Gouëno, et j’avais de quoi être optimiste pour la suite. Ce fut pour moi un week-end parfait, dans une excellente ambiance », reconnait Sébastien. « Cette année, de nombreux pilotes évoluant en Véhicules Historiques de Compétition avaient fait le déplacement en Bretagne, ce qui tend à démontrer que les cinq points ''assiduités'' ont eu leur effet. »
A Marchampt, Sébastien Brisard ne manquera pas d’améliorer là encore ses chronos de la précédente édition pour venir chercher dans le Beaujolais une nouvelle victoire scratch : « Là encore je n’ai pas connu de problème et ce fut une course parfaite qui me laisse un excellent souvenir. »
Plus vite que les ''Modernes''
Pour le Franc-Comtois qu’est Sébastien Brisard, Vuillafans c’est une peu la course à la maison, sur laquelle il n’allait pas manquer de s’illustrer : « Dimanche matin, dans d’excellentes conditions, je suis parti pour faire un temps. Mais dans le stadium je flirte avec le rail et je casse la jante arrière. Dans le droite qui suit, la voiture n’a pas tourné et je tape le rail assez violemment sur le côté gauche. » De retour au paddock, Sébastien tente de réparer au mieux pour finalement repartir sur la troisième montée de course : « Et là, chose exceptionnelle, je profite des bonnes conditions pour signer le meilleur chrono de la troisième montée, Moderne et VHC confondus. Quand tu sais que j’avais le moral en berne la montée précédente, c’est une belle résurrection. J’avoue que j’ai eu ma part de chance de ne pas avoir trop endommagé la voiture lors de ma rencontre avec le rail. »
Les épreuves de Spa-Francorchamps et de Dijon sur lesquelles Sébastien et son frère devaient rouler étant annulées, le triple Champion de France prend conscience qu’en s’alignant sur toutes les manches de seconde partie de saison il devenait envisageable de conserver le titre. On retrouvait donc Sébastien Brisard à Dunières où, s’il n’améliorait pas ses chronos des précédentes éditions, viendra chercher en Haute-Loire une nouvelle victoire scratch : « Les conditions météos n’étaient certainement pas idéales et j’avais peut-être un reste d’appréhension après la touchette de Vuillafans, ce qui explique que les chronos ne sont pas exceptionnels. Mais la victoire est au bout. »
Fidèle licencié de l’ASA Luronne, Sébastien Brisard met un point d’honneur à participer à la Course de Côte des Mont de Fourche organisée par son ASA. Malheureusement cette participation allait se conclure par un faux-pas : « J’ai arraché un demi-train avant gauche. Je ne suis donc pas classé et, le lundi matin à l’issue de la course, je partais en vacances pour une quinzaine de jours », explique Sébastien. « Je suis rentré le jeudi précédent le Mont-Dore et j’ai récupéré ma voiture que j’avais confiée à Jean-Philippe Graby de la société FG Racing. L’auto était prête, j’ai donc pu m’aligner au Mont-Dore. »
L’épreuve auvergnate sera le théâtre d’une belle confrontation. Sébastien trouvait sur sa route Nicolas Defix qui alignait la Martini MK43 dont il s’était porté acquéreur auprès du triple Champion de France. Et au cumul des deux meilleures montées, Nicolas Defix s’imposait avec une seconde neuf d’avance sur Sébastien : « J’arrivais de vacances et j’avoue m’être présenté au départ en touriste, sans faire la moindre reconnaissance. J’avais avant tout pour objectif de valider que tout fonctionnait sur la voiture, et finalement je suis monté crescendo pour assurer un résultat et accrocher la deuxième place. »
Surpris par la vélocité de Nicolas Defix sur le Mont-Dore, Sébastien Brisard tenait à lui rappeler qu’il restait pour le moment le patron. A Chamrousse, c’est avec sept secondes d’avance que le Franc-Comtois imposait sa Martini MK52 devant la Martini MK43 de son rival : « J’avais pris un petit camouflet au Mont-Dore, je tenais à remettre l’église au centre du village. Je me suis remis au boulot, je me suis fait une centaine de kilomètres de course à pied, et là c’était fini les vacances… C’est remonté à bloc que je me suis présenté à Chamrousse… Et ce fut le week-end parfait. »
Turckheim sera pour Sébastien Brisard le tournant du championnat. Car si la chance n’avait pas voulu lui sourire, le Franc-Comtois estime que ses chances de conserver son titre auraient été réduites à néant : « Samedi, après la deuxième montée d’essais, la voiture commençait à chauffer et on s’est aperçu que la pompe à eau était grippée. » Heureusement pour Sébastien, une chaine de solidarité allait lui permettre de se sortir de ce mauvais pas : « Un immense merci à Charles Veillard qui m’a fourni une pompe à eau que je n’avais pas. Et puis un immense merci à Jean-Philippe Graby, mon préparateur, à René Serrière grâce à qui j’ai pu amener ma voiture au Garage Girard situé à Labaroche, au-dessus de 3 Epis. Là nous avons pu réparer grâce notamment à des roulements dont disposait le garage. » Sébastien pouvait rejoindre les paddocks en espérant que les quatre montées de course inscrites au programme auraient lieu, puisqu’il lui fallait impérativement deux ascensions pour valider un résultat : « Finalement, là encore la chance sera de mon côté et je termine avec une nouvelle victoire au scratch. » Un succès qui permettait à Sébastien de récupérer la tête du Championnat de France de la Montagne VHC Sport détenu jusqu’alors par Viviane Bonnardel.
Un quatrième titre de Champion de France
La saison se concluait donc à Limonest où Sébastien Brisard se devait d’enregistrer un résultat pour s’assurer de conserver la tête du championnat et de coiffer une quatrième couronne : « Je savais que ce n’était pas encore gagné, et je devais donc assurer. De ce fait je gardais à l’esprit que ma priorité n’était pas de devancer Nicolas Defix mais d’être au bout en terminant sur le podium. » Toutefois, une alerte allait se déclencher lorsque, durant les essais, Sébastien ressentait des vibrations inhabituelles dans son dos : « Il s’avérait que le couple conique de la boîte de vitesses était en train de me lâcher. Je devais donc rouler vite sans brusquer la voiture pour ne rien casser. » Au final, la chance sera de nouveau au rendez-vous et Sébastien parvenait à l’arrivée pour accrocher la deuxième place derrière Nicolas Defix. Une deuxième place qui était synonyme de nouveau titre.
Au terme de cette saison 2024, Sébastien Brisard coiffe donc une quatrième couronne de Champion de France de la Montagne VHC Sport. De quoi être pleinement satisfait : « J’ai vraiment eu une bonne étoile pour accrocher cette quatrième étoile au palmarès du championnat. J’ai vécu une excellente saison qui se termine de la plus belle des manières. Mais les diverses péripéties m’ont fait comprendre que dans l’avenir il allait falloir être plus rigoureux dans la préparation de la voiture face à des adversaires qui arrivent et qui se présentent comme de sérieux rivaux. J’ai eu énormément de chance cette année, ce n’est pas une raison pour la provoquer par la suite », analyse Sébastien qui reconnait qu’avec sa Martini MK52 il disposait de la voiture la plus confortable qu’il n’ait jamais eu à piloter.
S’il doit à son talent, et à un peu de chance, l’obtention de son quatrième titre, Sébastien n’oublie pas que Mylène, son épouse, n’est pas étrangère à sa réussite : « C’est elle qui a tout mis en œuvre pour que je sois bien présent au Mont-Dore, je tiens donc à sincèrement la remercier. Un immense merci à Jean-Philippe Graby de FG Racing et WRS (Wassermann Racing Service) qui assure la préparation de moteurs qui fonctionnent même sans eau, (c’est un clin d’œil que comprendra le principal intéressé), à François Girard du Garage Girard situé à Labaroche, à Charles Veillard et René Serrière. Je n’oublie bien évidemment pas l’équipe de l’ASA Luronne et mes acolytes Philippe Ginel, Alexandre et Alain Chamagne. Merci pour conclure à Josuhan, un jeune garçon que j’ai connu il y’a déjà quelques temps à la course de côté de Vuillafans et qui ne loupe jamais une occasion de me préparer mes pneus à chaque montée. C’est mon meilleur supporter. »
Sébastien Brisard va mettre à profit l’intersaison pour continuer à travailler sur la Martini MK52 et poursuivre son évolution, « en lui offrant un moteur digne de ce nom et une boîte de vitesses révisée. Je suis également en train de finaliser une Martini MK62 ex-Nani Nerguti qui j’espère sera opérationnelle pour la seconde partie de saison 2025. Je voudrais également prendre part à quelques épreuves avec la March 732 dont j’achève la préparation », conclut Sébastien qui pourrait être en 2025 un sérieux prétendant à sa propre succession.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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