Avec un programme limité à six épreuves, Etienne Debarre savait que sans joker, il lui serait difficile de tirer son épingle du jeu au sein du Challenge Open F3. Mais le Nordiste a fait preuve d’une belle régularité qui lui permet pour son retour sur le Championnat, d’accrocher une excellent cinquième place.
Course automobile, ultra-trail, musique, Etienne Debarre est un homme de passions, et il assouvit chacune d’entre elles avec assiduité et minutie. Animateur du Championnat de France de la Montagne, il participe régulièrement à des ultra-trails de plus de 100 kilomètres, et quand ses heures de loisir le lui permettent, il chante et joue de la guitare au sein du groupe Roobars Water, que l’on peut retrouver dans le cadre de divers festivals. Professeur / chercheur en génie mécanique à l’IUT de Béthune, Etienne Debarre donc un homme particulièrement occupé, qui s’investit dans ses passions en sachant pleinement savourer les satisfactions que peuvent lui amener ses diverses activités.
La compétition automobile est intimement liée à l’enfance d’Etienne Debarre. Maxime, son père, et Serge, son oncle, participaient dans les années 80 aux Courses de Côte organisées dans le nord de la France. Etienne et Jérôme, son ainé d’un an, ne manquaient pas de suivre sur les épreuves, un père et un oncle qui pratiquaient un sport qui ne peut laisser indifférent de jeunes garçons.
Dix années au volant d’une Alpine
Dès sa plus tendre enfance, Etienne a donc baigné dans l’environnement des Courses de Côte, « avec des périodes plus ou moins intenses, mais sans aucune interruption », se souvient-il. Spectateur, supporter de son père, c’est en 1999 qu’Etienne Debarre devenait acteur en s’installant derrière le volant de l’Alpine A110 familiale : « La première année j’ai essentiellement disputé des slaloms, avant de me tourner vers la Course de Côte. »
Ses participations à des épreuves régionales voyaient Etienne Debarre se qualifiait pour les Finales de la Coupe à Donzy, à Remiremont, et le pilote du Nord faisait ses premières apparition sur le Championnat en 2006 sur la Course de Côte de La Broque – Schirmeck : « J’ai rapidement pris goût à des épreuves offrant de plus longues distances, ce qui m’a incité à découvrir le Mont-Dore, Vuillafans, Chamrousse… Mais je ne me suis jamais engagé sur le Championnat avec l’Alpine. »
L’aventure Alpine durera 10 ans, avant qu’Etienne ne décide de passer à la monoplace : « En 2009, Jérôme a disputé ses premières courses, et il avait fait le choix de la Formule Renault. C’est ce qui m’a incité à faire de même l’année suivante et à m’engager sur le Championnat, en Open, au volant d’une Formule Renault. » Les premiers résultats ne se feront pas attendre, puisque sur sa deuxième épreuve, le Mont-Dore, Etienne se classait troisième derrière Samy Guth et Didier Chaumont.
Fin 2011, Etienne Debarre vendait sa Formule Renault pour venir grossir les rangs de la F3 : « La Formule Renault est une auto géniale pour apprendre la monoplace, mais elle a ses limites, et j’avais l’impression de ne pas disposer d’un vrai moteur de course. J’avais envie de sentir un moteur qui vrombissait derrière moi. » Etienne rachetait la Dallara F302 de Patrick Cholley, et se concoctait un calendrier mixant manches du Championnat de France, épreuves régionales, et quelques courses disputées en Belgique. Des victoires de classes et de groupes venaient enrichir le palmarès d’Etienne Debarre, que l’on retrouvait régulièrement sur les podiums : « Mais je cours toujours après ma première victoire scratch », confie-t-il dans un immense sourire. « J’ai le matériel pour, mais jusqu’à présent je suis passé tout près, mais ça n’a jamais voulu sourire. »
Etienne poursuivait sa carrière sportive en alternant épreuves régionales et championnat, et en étoffant son calendrier au fil des ans : « J’ai le souvenir d’une très bonne saison 2014, où j’ai dû participer à une quinzaine d’épreuves, avec de gros déplacements et quelques bons résultats. »
Le Championnat, pour la qualité de l’organisation
Pour cette saison 2018, Etienne et Jérôme décidaient de retrouver le Championnat de France de la Montagne, le cadet au volant d’une Dallara F308, l’ainé en Formule Renault : « La motivation vient avant tout de la qualité d’organisation des épreuves. Les courses se déroulent sur deux jours, ce qui laisse le temps de réfléchir entre les montées, de travailler sur les autos, ce qui est très difficile à faire en régional. »
Comme objectif, Etienne Debarre ne prétendait pas remporter le Challenge Open, mais espérait pouvoir se mettre en valeur : « Je savais que les forces en présence m’interdisait de viser la victoire. Mais je pensais être en mesure de bien figurer au classement du Challenge, et finalement je suis assez satisfait du résultat final », estime Etienne qui, en n’ayant pris part qu’à six épreuves, est parvenu à accrocher la cinquième place.
Pour son entrée en lice sur le Championnat, à l’occasion de la Course de Côte de Thèreval – Agneaux, Etienne Debarre aurait pu signer un premier succès en F3, si la Championne de France en titre, Sarah Louvet, n’était pas venue le coiffer au poteau : « Pour moi c’est une belle entrée en matière… J’ai eu l’occasion de féliciter Sarah et je la félicite encore puisqu’elle est venue chercher la victoire sur la dernière montée. Je ne cache pas que j’aurais aimé gagner, mais je n’en reste pas moins très satisfait de cette deuxième place. » Une satisfaction renforcée par le fait que deux mois plus tôt, Etienne avait participé à la Course de Côte régionale de Thèreval, et que cette participation ne lui laissait pas un très bon souvenir : « Ça s’est soldé par une sortie de route au premier virage dès les premiers essais. Donc là c’était bien mieux ! »
On retrouvait une nouvelle fois Etienne Debarre sur le podium de la F3 à Saint Gouëno, où il était devancé par David Guillaumard et Billy Ritchen : « Là aussi c’est un très bon souvenir, tant pour la course que pour les concerts du Festival Déjanté », confie ce musicien, guitariste à ses heures : « La musique est une passion que je partage avec Aline, mon épouse, qui joue également au sein de notre groupe. Donc pour moi, Saint Gouëno est un moment à part avec un festival d’une excellente qualité, et une organisation de l’épreuve qui est au top. » Côté sportif, le Nordiste est tout aussi satisfait : « Je ne pouvais pas espérer mieux que cette troisième place derrière David et Billy, et j’améliore considérablement mon chrono des années précédentes. De quoi être tout aussi content. »
Comme c’est le cas chaque année, la Course de Côte de Marchampt propose un des plus gros plateau de la saison. Ce sera une également le cas pour cette 57ème édition, avec la présence de plus d’une vingtaine de F3 au départ. Etienne Debarre savait donc qu’il devrait faire face à une forte opposition : « Mon objectif était avant tout d’améliorer mes chronos, puisque c’est la seconde fois que je participais à Marchampt. C’est chose faite ! Mais ce que je retiens également, c’est que si nous ne jouons pas les premiers rôles, nous avons l’occasion de livrer de belles confrontations pour les accessits, avec des pilotes comme Samy Guth, Miguel Vidal, Julien Bost, Didier Brun, Arnaud Cholley, avec qui les écarts étaient dérisoires. On s’est battu entre nous pour rentrer dans le top 10, et c’était vraiment sympa. »
Etienne Debarre aime la montagne sous toutes ses formes, et si au mois de juillet il n’était pas à Vuillafans, il se livrait à un tout autre genre de compétition, en prenant part à l’Eiger Ultra Trail, épreuve disputé en Suisse, dans le Canton de Berne, et comptant pour l'Ultra-Trail World Tour. Une course à pied, dans les Alpes, qui se dispute sur 101 kilomètres, et qu’Etienne couvre en une vingtaine d’heures.
C’est dans le Massif du Sancy, à l’occasion de la Course de Côte du Mont-Dore, qu’Etienne Debarre reprenait le volant de sa Dallara F308. Cette fois, c’est au pied du podium qu’il terminait sa course, en pointant derrière les as de la catégorie que sont Billy Ritchen, Alban Thomas et David Guillaumard : « C’est un tracé que j’apprécie tout particulièrement, et quand j’ai vu la liste des engagés, je me suis dit que ça serait très bien de terminer quatrième de ma classe. J’y suis parvenu et j’en suis très content. Ça n’a pas été facile, car sur la dernière montée, la concurrence est bien revenue, mais je suis parvenu à conserver mon acquis. »
A Turckheim, c’est sur la première montée qu’Etienne Debarre signait son meilleur chrono du week-end pour se classer sixième : « C’est un chrono proche de celui que j’avais réalisé en 2017, ce qui est plutôt bien puisque le revêtement s’est détérioré par rapport à l’année précédente. J’avais signé un bon résultat l’an dernier, j’espérais faire un peu mieux, ça n’a pas été le cas, mais je suis malgré tout satisfait de mon week-end. »
La saison d’Etienne Debarre se concluait à Limonest, sur une épreuve qu’il découvrait : « On m’avait décrit cette course comme très spéciale, et il est vrai que c’est spécial… C’est un parcours assez lent, technique, mais sur lequel j’ai pris beaucoup de plaisir. Il faut être fin technicien, précis dans les réglages et j’ai adoré. Il est clair que j’y reviendrai en modifiant notamment deux ou trois choses au niveau des rapports de boîte, car j’étais un peu pénalisé cette année dans ce domaine. »
En dehors du Championnat, on a pu voir cette saison Etienne Debarre à Eschdorf, une participation à l’épreuve luxembourgeoise qui s’explique notamment par le souhait de régler sa F3 : « Cette participation est consécutive à ma sortie de route à Thèreval, sur l’épreuve régionale. J’avais été contraint de faire des réparations sur ma voiture, et je voulais valider mes réglages avant de m’élancer sur le Championnat », précise Etienne. « J’ai pu, au Luxembourg, livrait une belle bagarre avec Ludo et Patrick (Cholley), ainsi qu’avec Samy Guth. Ludo a dominé les débats, et je termine troisième à un dixième de Samy. C’était vraiment très plaisant. »
Comme de coutume depuis 2013, Etienne Debarre participait cette année encore à la Course de Côte de Saint Ursanne – Les Rangiers, manche suisse du Championnat d’Europe : « J’affectionne cette course, disputée sur un parcours mythique. L’an dernier j’avais signé un chrono en 1’59’’, j’étais donc content de passer sous la barre des 2 minutes. Cette année j’espérais faire mieux et je suis parvenu à faire un 1’58’’301. J’en garde un excellent souvenir, car sur le classement national, je termine deuxième au scratch derrière Samy (Guth) qui l’emporte. »
Un bon résultat et beaucoup de plaisir
En n’ayant pris part qu’à six manches du Championnat de France de la Montagne, Etienne Debarre parvient à se classer cinquième du Challenge Open F3. Le bilan de cette saison est donc pour lui largement positif : « C’était osé de se lancer sur le Challenge Open sans joker, mais ça a marché, ce qui démontre que je dispose d’un matériel fiable. J’ai pris énormément de plaisir sur chacune des épreuves du Championnat. Mon seul petit regret c’est de ne pas avoir été plus régulier sur certaines courses, pour accrocher la troisième place du Trophée Assurances Lestienne », confie Etienne dans un éclat de rire. « J’avoue que quand on voit la dotation, terminer quatrième c’est un peu râlant, mais bon j’ai manqué de régularité. Mais je profite de l’occasion pour saluer l’initiative de Jean-Michel Lestienne, car c’est génial que tout le monde puisse se battre à égalité, et que même les plus ’’petits’’ aient leurs chances. »
S’il salue l’initiative de Jean-Michel Lestienne, Etienne Debarre veut également remercier tous ceux qui ont été d’une aide précieuse dans le déroulement de sa saison : « Un grand merci à mes parents sans qui nous ne pourrions pas mon frère et moi pratiquer ce sport dans ces conditions. Merci à Aline, mon épouse, qui depuis 20 ans accepte de me laisser pratiquer ma passion, mon frère Jérôme avec qui nous partageons une passion commune et une parfaite entente. Un grand merci à tous les pilotes de la F3, catégorie dans laquelle tout le monde travaille sérieusement sans se prendre au sérieux. Il règne entre nous une excellente ambiance et c’est toujours plaisant de les retrouver. Et je n’oublie pas les organisateurs, les officiels, les commissaires, les médias, les spectateurs, en fait tous les acteurs de la Course de Côte sans qui il n’y aurait pas d’épreuve. »
En 2019, Etienne Debarre animera à nouveau le Championnat de France de la Montagne, toujours au volant de sa F3, mais en devant faire face à un nouvel adversaire, son frère Jérôme, qui rejoint la catégorie : « Pour l’heure ma voiture est en révision, mais si tout fonctionne en temps et en heure, je devrais repartir sur un Open avec un calendrier comptant six ou sept épreuves, certainement les mêmes que cette année », conclut-il.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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