Depuis 15 ans, c’est au volant de diverses monoplaces que Billy Ritchen a accumulé les succès sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne. En 2021, pour la première fois, il optait pour un Proto pour une courte saison d’apprentissage. Nul ne doutait que l’Alsacien apprenait vite, il le confirme dès ses premières apparitions en ne manquant pas de monter sur le podium.
Après avoir connu le succès en karting dans sa jeunesse, c’est au volant d’une Formule Renault que Billy Ritchen faisait son entrée en courses de côte. Vainqueur du Challenge Espoir en 2007, on le retrouvera par la suite aux volants d’une F3000 et de diverses F3 avec lesquelles il s’imposait à plusieurs reprises sur le Challenge Open F3.
Pour les observateurs de la discipline, le nom de Billy Ritchen est intimement lié au groupe DE. L’Alsacien s’est construit un éloquent palmarès dans le cockpit de monoplaces évoluant dans les différentes classes que compte le groupe. Sa décision d’opter pour la saison 2021 pour un Proto ne manquait pas d’attiser la curiosité. Le choix de Billy se portait donc sur une Nova NP-01 propulsée par une motorisation Judd : « C’était le moment », débute Billy. « Le moment idéal pour assouvir un rêve de gosse. Cela fait plusieurs années que je rêve de rouler avec un Proto mais je n’ai jamais osé franchir le pas. Mais là, j’avais le sentiment d’être arrivé au bout de ce que je pouvais faire avec une monoplace. Je n’allais pas repartir avec une F3000 alors qu’elle n’est plus dans l’air du temps, je ne me voyais pas poursuivre avec une F3, donc le choix naturel allait vers un Proto. »
Il faut dire que les planètes étaient parfaitement alignées. Car si ces dernières saisons il fallait franchir de nombreuses difficultés pour disposer d’un Proto performant, à présent le groupe E2-SC apparait comme bien plus accessible : « J’avais eu comme intention il y a quelques années de me lancer sur un projet avec une CN+. Mais plusieurs de mes partenaires étaient frileux à l’idée d’investir sur un Proto qui ne pouvait évoluer qu’en France, ce que je comprends parfaitement. Aujourd’hui, avec une E2-SC on est plus dans la tendance actuelle, et on a surtout la possibilité de s’exporter en Europe. Les risques sont donc moindres lorsque l’on investit sur ce type de voitures. »
Deux podiums en quatre courses
Ce n’est que fin juin, une quinzaine de jours avant que ne se déroule la Course de Côte de Vuillafans, que Billy Ritchen disposait de sa nouvelle Nova Proto NP-01. Pas vraiment le temps de peaufiner les réglages avant de débuter la saison : « J’ai pu faire une courte séance d’essais à Chambley avant de démonter l’auto pour avoir la certitude que tout fonctionnait correctement. »
Tous les animateurs du championnat s’accordent sur un fait, le tracé de Vuillafans est très loin d’être le plus facile lorsque l’on doit découvrir une nouvelle monture. Billy se lançait donc sur l’épreuve franc-comtoise sans autre objectif que de réellement cerner le comportement de sa Nova NP-01 : « C’était pour moi une totale découverte. La première fois que je me suis assis dans le cockpit d’un Proto c’est lorsque je suis allé chercher la voiture chez Nova. Je savais donc que j’allais devoir m’adapter au gabarit de la voiture, bien différent de celui d’une monoplace. Je n’avais donc pas pour cette saison d’autres prétentions que de comprendre ma voiture et d’essayer d’améliorer mes chronos au fil des épreuves. »
Une nouvelle voiture laisse parfois apparaitre quelques défaut de jeunesse, Billy ne sera pas épargné puisqu’il rencontrait quelques soucis de batterie à Vuillafans : « Ce fut déjà le cas lors des essais préparatoires de la saison, et alors que je pensais avoir résolu le problème, je suis tombé en panne à Vuillafans sur la deuxième montée de course. Heureusement, Geoffrey (Schatz) a eu la gentillesse de me prêter une batterie pour que je puisse être au départ de la dernière montée. Finalement grâce à cela j’ai pu accrocher la cinquième place. »
Cette première expérience au volant d’un Proto permettait à Billy Ritchen de se faire une idée de ce qu’offre ce type de voiture : « J’allais le sentiment que l’on avait rétréci le tracé de Vuillafans tellement ça va vite », confie-t-il dans un sourire. « Je n’avais vraiment pas l’habitude d’une telle puissance, des montées en régime, du comportement de l’auto. Ce n’était pas évident, mais les sensations étaient bonnes et le maniement de la voiture ne m’a pas paru très compliqué. Au départ de la toute première montée, j’ai ressenti une certaine angoisse, mais je me suis rapidement senti en confiance et même s’il y a un gros travail à faire sur les réglages, ça semble moins complexe que sur une monoplace. Ce que je retiens au final c’est que même si j’avais le sentiment ’’d’être garé’’ les chronos n’étaient pas si mauvais que ça. »
Conforté dans son choix, Billy pouvait se rendre à Marchampt l’esprit serein avec l’envie de poursuivre son apprentissage en gardant à l’esprit que, pour cette première saison en Proto, il n’avait bien évidemment pas droit à l’erreur : « Mais j’en ai commis une petite sur la deuxième montée où je tape, ce qui endommage mon aileron arrière. En fait je me suis fait surprendre par un ’’coup de raquette’’ au Tarrès. Mais ça fait partie intégrante de l’apprentissage et ça m’a permis de me remettre dans le droit chemin. » L’Alsacien allait une nouvelle fois améliorer son chrono sur l’ultime ascension pour venir cherche, à l’issue de sa deuxième participation avec un Proto, son premier podium. « C’est un excellent souvenir, un résultat particulièrement enthousiasmant. »
Sur le Mont-Dore, Billy a bien failli accrocher son deuxième podium consécutif. Mais au final il terminait à la quatrième place, à seulement cinq dixièmes de Fabien Bourgeon : « J’ai été victime d’une coupure moteur sur la partie basse du parcours lors de la dernière montée. De quoi avoir des regrets parce que je pense que le podium était jouable. Mais c’est la course… Je suis malgré tout particulièrement satisfait du résultat puisque nous ne sommes pas très loin du record de Christian Merli, et sans mon souci de coupure moteur il pouvait être battu. L’important finalement n’est pas d’accéder au podium mais de parvenir à réaliser de tels chronos me satisfait pleinement. Je suis dans le rythme alors que je ne disputais là que ma troisième course en Proto. »
La saison de Billy Ritchen se concluait chez lui, sur la Course de Côte de Turckheim – 3 Epis, où même si un souci électrique venait une nouvelle fois perturber sa progression, il s’avouait enchanter de son week-end : « Malgré ce problème sur la dernière montée, je suis pleinement satisfait de terminer par un podium à domicile. Mais il me restera un goût amer car même si mes chronos sont plus qu’honorables, encore une fois un petit souci ne me permet pas d’améliorer aussi bien que je l’aurais voulu. »
Un énorme potentiel à disposition
On peut toujours faire mieux, Billy Ritchen, perfectionnisme dans l’âme le sait. Mais les chronos et les résultats sont là, ce qui permet à l’Alsacien d’être confiant pour la suite : « L’auto a connu quelques soucis de jeunesse, plutôt logique quand on sait que nous n’avons pas eu le temps de la configurer comme nous le souhaitions. Nous n’avons pas eu l’occasion de beaucoup rouler durant cette saison 2021, et nous avons dû énormément travailler durant l’hiver. Mais ça reste une saison d’apprentissage qui m’a permis de me sentir à mon aise avec la voiture et durant laquelle j’ai pu signer des podiums. Mais j’ai surtout pris conscience que la voiture dispose d’un potentiel énorme et que je vais devoir travailler sur l’auto, mais surtout sur moi-même pour tirer pleinement profit de ce potentiel. »
Pour mener à bien son investissement sur le Championnat de France de la Montagne, Billy Ritchen sait pourvoir bénéficier de précieux soutien qu’il tient à remercier : « Un immense merci à ma famille, mes amis, mon Mécano Matthieu, ma copine Léonie et ma fille Solène, ainsi que tous mes partenaires qui me soutiennent depuis de nombreuses années : LCI Group Bosch, Gas 39, EMAP, Agence Europa Cannes, Seven Oil, O puissance 4, Carrosserie Cattin, Carrosserie Daddy, Nicolas Millet Photography, Nova Proto, Domaine de Lascamps ainsi que le soutien de ma nouvelle Asa, l’Asa Rhône-Cèze. »
Billy Ritchen sera bien présent sur le championnat 2022 au volant de sa Nova Proto NP-01. Mais pour l’heure son calendrier n’est pas totalement défini : « Il est clair que je serai au départ des trois premières épreuves de la saison. J’ai prévu pour le moment de faire sept des treize courses inscrites au calendrier du championnat. Pour ce qui est de la campagne de l’Ouest, tout dépendra des résultats obtenus sur les premiers rendez-vous. Il est évident que si nous sommes dans le coup, je ferai tout pour accroitre mon nombre de participations », conclut Billy.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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