Novice, Baptiste Tognet-Bruchet a rapidement pris la mesure de sa Formule Renault sur les cinq épreuves du Championnat de France de la Montagne qu’il a disputées cette saison. En constante progression, le jeune espoir de la Course de Côte accroche au final la deuxième place du Challenge Open DE/7.
Les passions ne sont pas génétiques mais souvent virales, et se transmettent habituellement de père en fils. Baptiste Tognet-Bruchet ne sera pas épargné par ce virus qui incitait Rémi, son père, à se plonger dans la lecture de différents magazines dédiés aux sports mécaniques et à se rendre sur de nombreux événements pour suivre au plus près les prestations de pilotes évoluant dans diverses disciplines : « J’ai le souvenir de cassettes de rallyes qui passaient en boucle sur le téléviseur familial, de nombreux numéros d’Echappement que l’on trouvait disséminés dans la maison. Dès mon plus jeune âge, j’ai été plongé dans l’univers des sports mécaniques, F1, Rallyes, MotoGP », se souvient Baptiste.
S’il assistait avec son père à de nombreuses épreuves en tant que spectateurs, Baptiste Tognet-Bruchet affirmera rapidement ses goûts, différents de ceux de son papa : « Il était très branché rallyes et pour ma part j’avais une attirance particulière pour la Course de Côte, ne serait-ce que par la diversité des voitures que proposait cette discipline. Au fil du temps, je suis parvenu à le convaincre que la Course de Côte était réellement attrayante. »
Mais avant de pouvoir s’installer derrière un volant pour assouvir pleinement sa passion, c’est sur les terrains de Hand-Ball que Baptiste Tognet-Bruchet prendra goût à la compétition : « J’ai pratiqué cette discipline pendant 9 ans au niveau régional », explique-t-il sans vouloir mettre en avant qu’il avait été retenu pour des présélections qui auraient pu lui permettre de jouer à plus haut niveau en intégrant l’équipe de Suisse.
Du karting en loisir à la Course de Côte
S’il n’est pas parvenu à concrétiser son souhait de devenir professionnel dans le Hand-Ball, Baptiste n’a pour autant aucun regret, estimant que c’est certainement grâce à cela qu’il s’est tourné vers le sport automobile, sport qui lui apporte aujourd’hui de fabuleuses satisfactions. A 16 ans, alors que la plupart de ses amis faisaient l’acquisition de scooters, moyen de locomotion le plus tendance pour les jeunes de sa génération, Baptiste se posait la question d’un investissement selon lui plus judicieux : « Quand j’ai fait la part des choses, j’ai pris conscience que pour le prix d’un scooter je pouvais avoir un karting, et que le karting pouvait m’offrir des sensations nettement plus intenses. » C’est donc en loisir que le natif de Haute-Savoie allait acquérir ses premières notions de pilotage : « J’habitais à une heure d’une piste où je pouvais laisser mon Kart en gardiennage, j’ai donc franchi le pas. »
En 2017, l’année de ses 18 ans, une fois le permis de conduire en poche, Baptiste Tognet-Bruchet se posait sérieusement la question de prendre part à ses premières compétitions : « Mais dans le même temps, je menais en alternance études et travail, et je suis parti six mois en Australie et six mois en Allemagne. Je n’avais pas de temps à consacrer au sport auto, mais ces boulots m’ont permis de mettre de côté un petit pécule en vue de disputer mes premières courses. » Baptiste faisait alors le tour des possibilités qui lui étaient offertes et pensait se diriger vers le rallye : « J’avais trouvé à la location des autos qui me semblaient abordables. Mais se posait la problématique de trouver un copilote, de gérer les reconnaissances, ça paraissait un peu compliqué. Mon père m’a alors incité à regarder du côté de la Course de Côte, discipline moins onéreuse, où les reconnaissances sont plus limitées et où le problème du copilote ne se posait plus. »
En 2019, Baptiste Tognet-Bruchet prenait donc contact avec Nicolas Schatz pour intégrer sa structure et disposer d’une Mitjet sur trois manches du Championnat de France de la Montagne : « C’était une saison de totale découverte. En l’espace de trois épreuves j’ai pris énormément de plaisir et j’ai réussi à me battre avec ceux qui animaient la classe sur chaque course. Je n’ai pas signé de victoire de classe, mais je me battais pour le podium et cela m’a convaincu qu’il fallait que je poursuive dans cette voie. »
La poursuite de ses études, les emplois nécessaires pour finaliser ses budgets pour la compétition, et la crise sanitaire due à la Covid-19 incitaient Baptiste Tognet-Bruchet à faire l’impasse sur la saison 2020 : « Il y avait trop d’incertitudes, et je n’avais pas envie de prendre de risques et d’en faire prendre à ma famille qui m’accompagne sur toutes les épreuves. J’ai donc pris le temps de la réflexion. »
Une saison en monoplace au sein du Helium Racing
Une réflexion qui poussait Baptiste à se tourner vers le Team Helium Racing qui proposait à la location une Formule Renault : « J’avais réellement envie de rouler en monoplace, j’ai donc rejoint l’équipe de Steeve Gérard. Nous avons mené plusieurs séances d’essais, ce qui m’a permis de bien cerner la voiture, de me familiariser avec son pilotage », explique Baptiste qui investissait à plusieurs reprises l’Anneau du Rhin avant de prendre part à deux importantes séances de roulage sur le circuit du Bourbonnais. « Durant ces tests, j’ai pu intégrer les notions d’adhérence, de gestion des pneumatiques, de l’aérodynamique, énormément de choses qui m’étaient jusqu’alors totalement étrangères. J’ai énormément travaillé et c’était très enrichissant. »
Avant d’entamer cette année 2021 sa campagne sur le championnat, l’expérience en compétition de Baptiste Tognet-Bruchet se limitait à trois participations à des épreuves du CFM au volant d’une Mitjet. En 2019, au sein de la structure de Nicolas Schatz, il avait en effet pris part à Abreschviller, Chamrousse et Turckheim. En découvrant en 2021 une nouvelle voiture et de nouveaux tracés, le jeune espoir ne pouvait qu’afficher des prétentions limitées : « Me faire plaisir et apprendre, était mes seuls objectifs. Le but initial était tout de même de prendre du plaisir, c’est avant tout pour cela que je souhaitais courir. »
La saison de Baptiste Tognet-Bruchet débutait sur la Course de Côte de Vuillafans, épreuve qu’il découvrait, ce qui allait nécessiter un nombre conséquent de passages en reconnaissance avant de bien cerner le parcours Franc-Comtois : « C’est étroit, rapide, assez technique, et j’avoue qu’avec la pluie qui s’était invitée, j’avais une certaine appréhension. Je n’avais jamais eu l’occasion de rouler avec la Formule Renault sous la pluie, ce n’était pas évident. » Mais au fil des montées, la confiance venant, Baptiste signait de très bons chronos qui lui permettaient de se positionner à la deuxième place de sa classe devant Etienne Pernot, qui évoluait sur ses terres : « Mon week-end n’a pas été exempt d’erreurs, mais j’ai pris du plaisir et le résultat est là, ce qui était amplement satisfaisant. »
C’est dans le Massif du Sancy, sur les pentes de la Course de Côte du Mont-Dore que l’on retrouvait par la suite Baptiste Tognet-Bruchet. Là encore, il devait découvrir le tracé auvergnat qui n’est pas le plus facile à assimiler : « J’ai eu la chance de pouvoir travailler sur les caméras embarquées d’Alexandre Bole qui, me semble-t-il, détenait le record des Formule Renault. Après, j’ai pris la course comme elle venait, sans réel objectif en termes de résultats, et finalement ça a bien fonctionné », analyse Baptiste qui termine à nouveau deuxième des Formule Renault derrière Etienne Pernot et devant un plateau conséquent de monoplaces engagées dans la classe DE/7.
S’il connaissait le tracé de Chamrousse pour l’avoir abordé deux ans auparavant au volant d’une Mitjet, Baptiste Tognet-Bruchet reconnait que l’approche avec une Formule Renault est radicalement différente. Cette fois, c’est Marc Pernot qui prenait le relais de son frère pour dominer la classe DE/7, alors que Baptiste sortait vainqueur d’un duel entamé avec Antoine Uny : « Je suis devant pour sept dixièmes et vraiment ce genre de bagarre fait plaisir et offre une motivation supplémentaire. C’est d’autant plus réjouissant que mon week-end avait mal débuté puisque je suis parti en tête-à-queue sur la première montée d’essais. Par la suite, il a fallu que je retrouve la confiance, et dimanche tout est allé dans le bon sens. J’ai dû me concentrer tout au long du week-end, travailler énormément, et lorsqu’au final c’est payant, le plaisir est au rendez-vous. C’est aussi pour cela que l’on court. »
Les vitesses de passage au volant d’une Mitjet et d’une Formule Renault sont très différentes. Autant dire que Baptiste Tognet-Bruchet avait tout à réapprendre au moment d’aborder la Course de Côte de Turckheim : « J’avoue que ce fut plus compliqué. Le samedi, j’ai eu du mal à trouver le rythme. J’étais un peu en dedans… Dimanche matin j’ai commis une erreur sur la première montée en voulant trop attaquer. Je me suis repris par la suite, et je termine troisième. Et même si Antoine Uny me passe devant, je suis entièrement satisfait de mon week-end. »
Limonest offrait l’occasion à Baptiste Tognet-Bruchet de découvrir un nouveau tracé sur lequel il allait une nouvelle fois accrocher la deuxième place des Formule Renault à seulement 1’’2 d’Etienne Pernot : « J’ai énormément travaillé sur les caméras embarquées, notamment celles de Steeve (Gérard) et de Sarah Louvet lorsqu’elle roulait en F3. J’étais surpris par le nombre de virages lents. Ça change de ce que je connaissais, mais c’est enrichissant en termes de travail et d’expérience. Côté résultat, je suis pleinement satisfait de terminer aussi près d’Etienne, ce qui confirme ma progression durant cette saison. J’ai également la satisfaction de faire un meilleur chrono que Steeve avec la Formule Renault sur ce tracé. »
A la 2ème place du Challenge Open Formule Renault
Baptiste Tognet-Bruchet n’aurait jamais imaginé connaitre une telle réussite durant cette saison 2021. Mais ce à quoi il n’aurait jamais osé rêver, c’est une participation aux FIA Hill Climb Masters : « Incroyable, j’ai pas d’autre mot ! », lâche Baptiste. « Un mardi soir, alors que je rentrais des cours, mon père m’a appelé pour me dire, ’’est-ce que ça te dit de faire les Masters ?’’. Je pensais qu’il plaisantait et j’ai éclaté de rire. Mais il m’a confirmé qu’il était sérieux ce qui pour moi était tout simplement incroyable. A aucun moment, en m’engageant sur le Championnat de France de la Montagne en début de saison je pensais pouvoir être sélectionné pour les Masters. Fabuleux ! »
Et le week-end allait être à la hauteur de l’annonce, tout aussi fabuleux : « J’ai pris des étoiles plein les yeux. Les paddocks, les spectateurs, l’ambiance, ça restera jamais gravé dans ma mémoire » confit Baptiste qui repart du Portugal en terminant Meilleur Jeune de la Catégorie 2.
« J’ai vraiment vécu une superbe saison en termes de découvertes, que ce soit de la voiture, des tracés », estime Baptiste en termes de bilan. « J’ai été engagé dans de belles bagarres, avec Antoine Uny ou avec Etienne Pernot à Limonest. Je n’aurais jamais pensé pouvoir réaliser de tels résultats dès ma première saison avec la Formule Renault, et franchement, si j’avais su cela, j’aurais certainement rejoint bien plus tôt la structure Helium Racing… Tout a bien fonctionné. »
Baptiste Tognet-Bruchet a pris un plaisir certain cette année au volant d’une Formule Renault. A l’heure de tourner la page d’un saison riche en excellents résultats et en émotion, il ne veut pas oublier ceux qui lui ont permis de concrétiser ce rêve : « Un immense merci à la structure Helium Racing grâce à qui cette saison s’est parfaitement déroulée. Merci donc à Steeve, à Seb, à Mathieu qui était mon mécano attitré et qui me prépare une auto ’’aux petits oignons’’, à Thomas, à Rémy, à la famille de Steeve qui gère l’intendance, et à tous ceux qui nous accompagnent. Je remercie également ma famille qui était présente sur toutes les courses pour m’encourager, me rassurer et me conseiller, et à mes partenaires, les Caves du Vallon, le Garage de la Gare à Etoy, ’’A deux pains de là’’, et Pirelli. »
En 2022, on devrait retrouver Baptiste Tognet-Bruchet au sein du Helium Racing, structure dans laquelle il avoue s’épanouir pleinement : « Au sein de cette équipe, je sais pouvoir rouler en étant totalement libéré, en ayant la possibilité de me concentrer uniquement sur mes chronos. L’encadrement est vraiment top, on a le sentiment d’être dans un cocon et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai porté mon choix sur cette structure et que je renouvellerai mon engagement en 2022. »
Le programme sportif de Baptiste n’est pas encore totalement arrêté. S’il est sûr d’être présent sur plusieurs manches du Championnat de France de la Montagne, il espère également pouvoir courir hors de nos frontières : « J’aimerais bien rouler sur des épreuves en Suisse ou en Allemagne, ne serait-ce que pour accroitre mon expérience. Ma seule certitude c’est de rouler avec la Formule Renault au sein du Helium Racing », conclut Baptiste.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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