Pour sa première saison sur le Challenge Open Formule Renault, Gilles Depierre a parfaitement maîtrisé son sujet puisqu’il termine à la deuxième place. Un résultat qui se situe dans le prolongement d’une saison 2018 à l’issue de laquelle il était monté sur le podium du Challenge Open CM.
Gilles Depierre était adolescent à l’époque où Marcel Tarrès, Christian Debias, Daniel Boccard tenaient le haut de l’affiche du Championnat de France de la Montagne. Et c’est en spectateur que le jeune Bressan accompagnait son père sur les épreuves. Passionné de Sport Mécanique, et plus particulièrement de Compétition Automobile, Gilles reconnait avoir toujours eu une certaine fascination pour ces pilotes.
Si la passion était fortement ancrée chez lui, des raisons personnelles et professionnelles l’empêchaient d’assouvir se penchant immodéré pour le pilotage. Gilles attendra donc le début des années 2000 pour commencer à pratiquer le karting, en compagnie d’un ami qui allait devenir un animateur assidu du Championnat de France de la Montagne, Emmanuel Arbant : « Nous avions fait l’acquisition d’un karting 125 cm3 ce qui nous permettait de nous faire plaisir, mais uniquement en loisir, sans penser à la compétition », débute Gilles.
Mais un manque de temps obligeait Gilles Depierre à renoncer à poursuivre dans cette voie, et alors que ’’Manu’’ Arbant se tournait vers la Course de Côte, Gilles mettait entre parenthèse sa passion pour le sport automobile : « Mais j’ai toujours suivi les prestations de Manu qui me retransmettait parfaitement les sensations qu’il pouvait ressentir au volant. Ça ne pouvait que m’inciter à le rejoindre. »
Les débuts au volant d’un Proto BRC
En 2016, Gilles Depierre rachetait le Proto BRC avec lequel Emmanuel Arbant avait deux saisons consécutives – 2012 et 2013 – terminé en tête des CM sur le Championnat : « J’ai rapidement pris énormément de plaisir avec cette voiture. C’était juste génial d’autant que sur les épreuves régionales sur lesquelles je m’étais engagé, j’ai pu signer d’entrée de jeu de bons résultats avec notamment deux succès en CM. » Seul bémol, une sortie de route à Lormes consécutive à un manque d’expérience : « En prégrille, j’ai l’accélérateur qui à un moment est resté un peu bloqué. C’est une alerte dont je n’ai pas tenu compte, et au premier virage la pédale est restée au fond et je suis allé taper le côté. »
Une petite mésaventure qui permettait à Gilles Depierre d’acquérir de l’expérience à l’issue d’une saison d’apprentissage particulièrement réussie. Si cette entrée en matière lui avait donné entière satisfaction, Gilles était conscient que le Proto BRC avec lequel il évoluait avait ses limites : « C’était une auto qui avait subi par le passé quelques dommages, mais qui surtout affichait un poids de 70 kilos supérieur à la limite autorisée dans la catégorie. »
Pour ses débuts, s’il était agréablement surpris par ses performances, Gilles le sera tout autant par l’ambiance qui régnait dans les paddocks : « J’avoue que je ne m’attendais à une telle convivialité, à cette entraide entre concurrents. J’ai rapidement constaté que, contrairement à ce que je craignais, les conversations ne tournaient pas uniquement autour de la mécanique, mais qui il avait de vrais échanges, des liens qui se tissaient, et ça ne pouvait que m’enthousiasmer. »
Pour 2017, Gilles Depierre se trouvait confronté à un choix. Soit faire évoluer son Proto BRC, soit changer de voiture : « J’avais un excellent feeling avec le BRC qui m’apportait de belles satisfactions et que je trouvais assez facile. Mais j’ai rapidement pris conscience que pour évoluer, le BRC était un peu dépassé et je me suis tourné vers le TracKing. »
Gilles Depierre ne peut faire que des louanges de son TracKing qui à son sens est la voiture idéale pour s’exprimer pleinement en CM, mais le pilote de l’Ain ne cache pas que son apprentissage fut assez compliqué : « Le feeling n’était pas au rendez-vous. Sur les épreuves régionales que j’avais déjà disputées la saison précédente, j’avais du mal à rééditer les mêmes chronos alors que je disposais d’une auto plus performante. »
Cette saison 2017 permettait à Gilles de découvrir quelques manches du Championnat de France de la Montagne, et pour 2018, il poursuivait dans cette voie et s’engageait sur le Challenge Open CM. Une première participation qui allait se solder par une troisième place : « J’aurais pu prétendre à mieux, mais Simon (Taponard) disposait d’un programme plus étoffé que le mien et grâce à cela il me passe devant. Mais je garde un excellent souvenir de cette saison qui s’est passée pour moi sans encombre et sans soucis majeurs. Mes chronos étaient en amélioration et j’ai commencé à prendre réellement du plaisir au volant. »
Passage à la monoplace
L’environnement d’une monoplace a toujours fasciné Gilles Depierre qui, depuis sa plus tendre enfance, rêvait de s’installer dans le cockpit de l’une de ces voitures atypiques. Et 2019 sera l’année de l’assouvissement de ce rêve de gosse, puisque Gilles faisait l’acquisition d’une Formule Renault : « J’ai pensé que c’était le moment, et je ne voulais pas nourrir éternellement des regrets, j’ai donc franchi le pas. Je suis conscient que je n’ai pas fait le tour du CM, mais mon objectif étant avant tout de me faire plaisir, je me devais de passer à la monoplace. »
Le début de saison 2019 s’annonçait particulièrement compliqué pour Gilles Depierre qui devait faire face à des problèmes personnels rendant la course accessoire : « Face à la gestion de ces problèmes, je n’ai pas eu le temps de me préoccuper de la préparation de la saison, et pour être honnête, deux jours avant Bagnols-Sabran je n’avais pas de remorque pour transporter la Formule Renault. A la dernière minute, j’ai pris contact avec la structure de Max Motorsport qui a pu prendre en charge ma voiture. »
Quelques tours sur le circuit de Bresse permettaient à Gilles Depierre de découvrir l’environnement de sa nouvelle monoplace, avant de se rendre à Bagnols-Sabran, manche d’ouverture du Championnat : « J’étais autant enthousiaste que déstabilisé », reconnait Gilles. « Le fait d’être très bas sur la route, dans une voiture ouverte, de voir les roues, c’était un changement radical… Mais quel pied ! »
Totalement satisfait d’avoir opté pour la Formule Renault, Gilles signait dès son entrée en lice un bon résultat puisqu’il terminait troisième de sa classe : « Lors des essais libres j’étais littéralement perdu, je me demandais même ce que je faisais là. Mais rapidement j’ai pris mes marques en mettant de côté les appréhensions, sans me mettre de pression, sans tenir compte du résultat final. Terminer sur le podium de la classe pour une première, c’est très satisfaisant. »
Avant de poursuivre sa campagne de France sur le Championnat, Gilles Depierre se rendait à Coligny où il remportait sa toute première victoire de classe au volant de sa Formule Renault : « Pourtant ce ne fut pas facile, des problèmes de train avant m’ont fait perdre l’auto sur la première manche, et j’ai fait mon seul tête-à-queue de la saison. Mais par la suite je suis parvenu à faire un bon chrono. »
C’est à Marchampt que l’on retrouvait par la suite Gilles Depierre qui allait poursuivre sa progression en accrochant la deuxième place de sa classe derrière l’expérimenté Didier Chaumont : « Hormis le passage de l’épingle toujours délicat avec une monoplace, tout s’est bien passé », se souvient-il. « Les sensations était au rendez-vous, sur un tracé rapide avec un passage hallucinant au ’’Tarrès’’. J’en garde un excellent souvenir, même si je reconnais que sur le bas du parcours j’avais du mal, ce qui était un peu frustrant. »
Gilles Depierre n’allait pas attendre avant de connaitre une première consécration, puisqu’à Vuillafans, c’est lui terminait en tête d’un plateau de Formule Renault particulièrement relevé : « Honnêtement, je ne m’y attendais pas, puisqu’à l’issue des premières montées, alors que j’étais en tête, je me souviens t’avoir dit que les autres allaient me repasser devant », me remémore Gilles. « Finalement j’ai conservé l’avantage sur une épreuve fabuleuse où les sensations étaient extraordinaires. J’avais la chance de disposer de pneus neufs qui à mon sens m’ont beaucoup aidé… C’est une très belle surprise pour moi. »
L’approche de la Course de Dunières ne sera pas une partie de plaisir pour Gilles Depierre. Dans la nuit de vendredi à samedi, alors qu’il allait reconnaitre le tracé auvergnat avec son véhicule personnel, il tombait en panne : « Je me suis retrouvé à minuit, bloqué sur le bord de la route. Yannick Latreille m’a gentiment proposé son aide, puis m’a ramené au paddock et à nouveau à ma voiture dans laquelle j’ai dû dormir car elle était placée sur le bord de la route. Ce n’était idéal pour débuter un week-end, en ne sachant pas comment j’allais rentrer dimanche soir… J’ai passé mon week-end au téléphone pour trouver une solution, et j’avoue que je n’étais pas dans le rythme pour la course », estime Gilles qui termine troisième derrière Yannick Latreille et Steeve Gerard.
Mais ce que veut avant tout retenir Gilles Depierre se sont les évolutions que l’on a pu trouver cette année à Dunières : « Depuis quelques éditions, les organisateurs font un énorme travail, en matière d’accueil, d’aménagement des paddocks et du tracé, et il faut les en remercier. »
A Chamrousse, Gilles Depierre devait faire face une nouvelle fois à un énorme plateau. Dans les Alpes, pour la première et seule fois de la saison, on ne le retrouvera pas sur le podium de sa classe : « J’affectionne particulièrement ce tracé sur lequel avec le TracKing j’ai signé mes meilleurs chronos. Mais pour cette édition les sensations n’étaient pas au rendez-vous même si je me sentais plutôt bien dans la voiture. Je suis trois secondes plus vite qu’avec le TracKing, mais le résultat n’est pas là, les copains étaient juste meilleurs que moi. Je termine cinquième ce qui est évidemment une déception en termes de classement, mais j’ai tout de même vécu un super week-end. »
A l’heure de s’engager sur le Course de Côte de Turckheim, Gilles Depierre savait qu’il lui serait difficile de prétendre à la victoire face à un Steeve Gerard qui, en plus d’être un pilote rapide, bénéficie à domicile d’une parfaite connaissance du tracé. Au final, le pilote de l’Ain peut donc se satisfaire pleinement de sa deuxième place : « Sur la première montée de course, j’ai bénéficié de conditions météorologiques plus favorables, ce qui m’a permis d’être deuxième des monoplaces derrière la F3 de Daniel Allais. Je devance alors Steeve de plus de sept secondes, mais il a fait ce qu’il fallait sur la deuxième manche et au final c’est lui qui l’emporte. Pour ma part, je me suis fait deux petites chaleurs qui m’ont incité à calmer le jeu, et là, Steeve ’’me met une pile’’ en me devançant de près de neuf secondes. C’est nettement mérité, il est vraiment allé la chercher. »
Gilles Depierre en profite d’ailleurs pour rendre hommage à celui qui, en fin de saison, remportera le Challenge Open Formule Renault : « A l’issue de la campagne de l’Ouest, Steeve avait pris une avance conséquente qui lui permettait d’envisager sereinement la seconde partie de saison. Mais loin de se reposer sur ses lauriers, il a démontré qu’il méritait amplement son titre en venant chercher des victoires sur les épreuves suivantes. C’est tout à son honneur. »
En conclusion de la saison, Gilles Depierre accrochait un ultime podium à Limonest. Mais le pilote de l’Ain avoue ne pas être satisfait de sa prestation : « Je n’avais plus de pneus. Dès Turckheim ça devenait compliqué et à Limonest l’auto était très sous-vireuse. Ce tracé atypique n’est pas sans intérêt, mais je n’ai pas trouvé le feeling, je n’ai jamais été dans le rythme. Après les deux premières montées, n’ayant plus rien à gagner, j’ai abordé la dernière ascension sur un rythme prudent. Je termine troisième derrière Steeve (Gerard) et Arthur (Fiard) et je suis persuadé que s’il y avait eu une ou deux montées de plus, je me faisais taper par Corinne (Flandy) qui revenait très fort. »
Deuxième du Challenge Open Formule Renault
Pour sa première saison en Formule Renault, Gilles Depierre termine au final 2ème du Challenge Open, ce qui est au-delà de ses espérances : « Je n’aurais jamais imaginé terminé à une si bonne position. Je découvrais la voiture et l’environnement d’une monoplace, je suis totalement satisfait », confie-t-il. « Sur le plan sportif c’est une excellente saison, avec de belles sensations, en ayant la satisfaction d’avoir rejoint l’arrivée de chaque manche. Sur le plan humain il en est de même avec de belles rencontres et une très bonne ambiance au sein des paddocks et une fabuleuse entente et un très bon esprit entre les animateurs du Challenge Open Formule Renault. »
Les premières pensées de Gilles Depierre vont vers les personnes sans qui Gilles est conscient qu’il ne pourrait pas assouvir sa passion derrière le volant. C’est donc avant tout à Marie-Lou et Laurence, respectivement sa maman et sa compagne que Gilles veut rendre hommage : « Un énorme merci à ma mère qui palie à toutes mes absences pour gérer parfaitement l’accueil de nos visiteurs au gîte dont je m’occupe, et à ma compagne qui m’a permis d’assouvir ma passion malgré ses craintes et qui m’a accompagné lorsque ça lui a été possible… Un grand merci à Alain et Manu Arbant, toujours présents à mes côtés et toujours les premiers à me soutenir et à m’épauler lorsque je rencontre un problème. Merci également aux organisateurs, aux officiels, aux commissaires, aux photographes, vidéastes et l’ensemble des médias. »
Le programme de Gilles Depierre en 2020 devrait ressembler à celui dont il disposait en 2019. Le pilote de l’Ain prendra part une nouvelle fois à plusieurs manches du Championnat de France de la Montagne : « Et je compte bien m’engager sur quelques épreuves régionales. Une chose est sûre, ce sera à nouveau au volant de la Formule Renault. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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